Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
jeudi, août 15, 2002 A plein régime Ca bosse, ça bosse... Je suis contente, j'ai l'impression d'y voir de plus en plus clair dans mes révisions, après une période de doute où j'avais l'impression d'en savoir moins que l'année dernière... Ce qui m'effare, c'est toutes ces choses que je ne savais pas l'an dernier quand je ne suis présentée au concours... Affolant. Et pourtant j'étais parvenue à rendre des copies qui ont eu l'air de satisfaire relativement les correcteurs... Bon. On va bientôt pouvoir voir ce que ça donne...
Entourée de volutes de mon narguilé à la pomme, je me fais une petite pause blog. Hier, comme je vous disais, j'ai vu ma mère. Ca devait faire depuis mars que je ne l'avais pas vue (j'avais dû la croiser dans les eaux de mon anniversaire). Il faut savoir qu'elle vit avec son ami en région parisienne. Donc non, ce n'est pas l'éloignement géographique qui explique l'espacement de nos rencontres. Je n'ai pas grand chose à dire à ma mère, et dit comme ça c'est encore un doux euphémisme. Enfin, quand je dis que je n'ai rien à lui dire, je veux dire que ce que j'aurais à lui dire de profond lui échappe complètement. Ou ça risque de créer des discussion qu'elle serait absolument incapable d'assumer. Alors j'évite. Pourtant j'en ai des choses à dire sur ma relation avec elle. J'ai bien essayé d'en parler à mots couverts quand on avait discuté de "La pianiste" (un film qui vaut la peine d'être vu). Ce film me rappelle certains aspects de la relations que j'avais dans le temps jadis avec ma mère. Pour ceux qui l'ont vu, vous devez supposer que ce n'était pas une relation très épanouissante. Enfin je crois qu'elle avait senti que le terrain était glissant et elle a changé de sujet.
J'ai essayé des tas de fois de communiquer avec elle, sans succès. Disons que ma famille n'avait pas la communication pour tradition. C'était vrai il y a quelques années, je crois que ça n'a pas trop changé. Quand j'avait 17-18 ans, ça comptait pour moi. J'étais encore engluée dans l'idée que ma famille était fantastique, que c'était un refuge pour moi. Ce qu'on peut être aveugle. C'est seulement aujourd'hui que je me rends compte que ni l'un ni l'autre n'a jamais été vrai. Je n'ai jamais eu aucun soutien de la part de ma famille. Bon d'accord, ça fait très Causette, la dernière phrase. C'est vrai que j'ai toujours eu un toit au-dessus de la tête et de la nourriture que je n'ai commencé à me faire qu'à partir de 14-15 ans. J'ai fait quelques voyages d'étude. En surface, c'est ce que toute famille normale offre à un enfant. Bon, maintenant, quelques petits détails qui montrent que ça devait bien clocher quelque part : jusqu'à l'âge de 15 ans, quand on j'allais chez quelqu'un et qu'on me demandait ce que je voulais boire, je répondais systématiquement "un verre d'eau", parce que j'avais tellement honte de faire se déplacer la personne pour ma minable petite personne que je ne voulais pas lui coûter des sous en plus. Pour moi c'était une vraie torture, j'en avais mal au ventre. Autre détail : jusqu'à 17-18 ans, je devais bien mettre trois fois plus de temps à ouvrir mes cadeaux à Noël : j'essayais de repousser au maximum le moment où j'allais devoir admettre que j'avais coûté des sous à quelqu'un, et qu'en plus, honte des hontes, l'objet qui m'était offert me faisait plaisir. D'ailleurs j'étais tellement obnubilée par mon angoisse que je n'arrivais à déterminer que bien après si le cadeau me faisait plaisir ou non. Faire une liste de cadeaux pour mes parents était pour moi une calamité. Autre chose : pour se faire obéir de tous ses enfants, ma mère n'avait qu'à les regarder. Pour ma part, le principe était le suivant : j'étais si peu assurée des sentiments de mes parents pour ma minable entité que tout mouvement contraire à leur volonté revenait pour moi à un grand pas de la neutralité à l'inimitié. Bon, allez, je m'arrête là, je suppose que vous avez compris.
Tout ça c'est des choses que j'ai réalisé et essayé de discuter avec ma mère et le reste de ma famille à la fin du lycée et au début de la fac. Impossible de faire avancer d'un pouce le débat. Et comme j'arrivais pas à m'en sortir, que ces histoires ça me faisait un mal de chien, et puisque j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir, je me suis éloignée. Et avec l'éloignement, j'ai fini par entrevoir la réalité : je n'aime pas ma famille. Il y a peut-être des individus avec lesquels je serai peut-être amenée à avoir une relation plus poussée un jour, mais ma famille en tant que groupe m'inspire aujourd'hui un puissant sentiment de répulsion, et d'étrangeté aussi. Comme une espèce de cauchemard improbable dont on est content de se réveiller.
Ma mère ne fait pas partie de ces personnes avec lesquelles je pense être capable de nouer un jour des relations réelles. Elle fonctionne un peu trop sur le mode "tu m'aimes-tu m'aimes pas" (qui rend impossible toute réflexion et toute discussion), elle est trop bloquée dans son système pour être capable de discuter sérieusement. Alors pourquoi ai-je des relations avec elle? La première raison que j'avais, c'était que j'avais peur de regretter d'avoir coupé définitivement les liens avec elle. J'ai connu plusieurs personnes (des femmes surtout) qui vers la fin de la trentaine, ou au début de la quarantaine, essayaient de renouer des liens avec leur famille. A une certaine période, j'avais peur que ce soit quelque chose d'inéluctable qui risquait de m'arriver... Alors j'ai maintenu le strict minimum (de plus en plus ténu, d'ailleurs, je ne la vois plus que tous les six mois environ). Et puis, à une période, il y avait aussi l'idée que ça ne me pesait pas trop de la voir pour le plaisir que ça avait l'air de lui faire. Alors ça, c'est sujet à fluctuations... Quand elle arrive à se retenir de me poser les questions qui me mettent les nerfs en boule, ça va. Mais parfois, j'ai l'impression de me retrouver plongée dans ces discussions sans queue ni tête que j'essayais de provoquer quand j'étais "jeune"...
Alors voilà, ça c'est un petit bout de ce que je pense de ma famille. Bon, maintenant, j'ai pas mal fait le vide autour de moi, ça limite les conflits. Vide... Oui, quand même ça fait vide. Ce qui me rassure, c'est que je n'ai jamais été séduite par les ersatz. J'ai beau me sentir parfois complètement déracinée, je préfère rester éloignée de mon trou d'origine... J'aimerais ne jamais avoir envie de m'y replonger... Si ça arrivait je voudrais que mes amis viennent me secouer un grand coup...
Dites, vous me pardonnerez, je n'arrive pas à déterminer si ce post forme un tout cohérent, et c'est long. Et je n'ai pas envie de le relire, celui, là. J'ai autre chose à faire que de me re-remplir la tête de malaises qui pour la plupart appartiennent au passé.
9:07 PM