Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
mercredi, septembre 11, 2002 Le Fabuleux Avenir... Bon, je me rends compte que je ne vous ai toujours pas expliqué pourquoi Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain est pour moi LE film triste par excellence. Ca devrait tenir en peu de mots, du moins je l'espère parce qu'Amli vient manger chez moi ce soir, et il faut que je range un peu mon bordel avant son arrivée...
Donc. Je suis sortie de la salle de cinéma enthousiaste, transportée. Le film m'avait touchée très personnellement, pour des raisons qui sont liées à cette époque, mais plus profondément parce que je me suis reconnue dedans. C'est très prétentieux, c'est tout ce que vous voulez, mais c'est ce que je pensais et j'en reste convaincue. Ce film me disait que quelqu'un avait reconnu une partie de ma pensée la plus individuelle comme une chose valable, et l'avait mise en images dans un film.
Vous ne devez pas trouver ça très clair, je vais essayer d'éclaircir votre lanterne. Il y a des choses jolies, qu'on a envie de faire, qui nous feraient nous sentir "nous", mais "qui ne se font pas" : un musicien qui joue tellement bien qu'il vous en remplit les yeux de larmes, vous voudriez le lui dire, mais finalement vous reculez par peur du ridicule, parce que ce n'est pas sérieux. Qu'est-ce qui est sérieux? Se transformer en pingouin pour passer un entretien pour vendre des frites, c'est sérieux peut-être?
A force de se nier de cette sorte, les gens restent complètement inconscients du pouvoir qu'ils possèdent. Et pourtant... Un exemple : j'ai été capable de retrouver une personne dans une foule de 30 à 40 000 gens. Le hasard m'a peut-être donné un petit coup de pouce (petit, quand même). Mais je sais que je pourrais retrouver quelqu'un dans une ville de la taille de Paris (à condition bien sûr que cette personne ne se cache pas, sinon...). Ca déjà, c'est "magique" pour certaines personnes. Je peux parler un langage de signes, embarquer quelqu'un dans une histoire où la réalité embrasserait à pleine bouche la fiction, et que la personne n'y voie que du feu. Mais je crois que je m'égare.
Ce que j'ai vu dans ce film, c'est justement quelqu'un qui découvre qu'il peut déployer tout ça, le laisser s'exprimer dans la réalité.
Il y a plusieurs personnes qui m'ont dit à propos de ce film "c'est magique, ça fait oublier la vie de tous les jours". Voilà ce qui me blesse. Parce que non, il n'y a pas de magie dans ce film, en tout cas rien de surnaturel, mais plutôt un (ou des) être(s) humain(s) qui laisse(nt) s'exprimer des mouvements trop longtemps réfreinés. Et non, moi ça ne me fait pas oublier la vie de tous les jours : c'est l'effet contraire qui se produit chez moi. Ca me rappelle le chemin qu'il me reste à parcourir pour devenir digne de ce que je pense être profondément.
Je ne suis pas une "fan" de ce film; d'ailleurs, ça me gêne de passer par Montmartre depuis que j'ai vu le film. On ne me verra pas dans le bar où certaines de ses scènes ont été tournées. Depuis que j'ai vu le film, j'ai largement suspendues les activités qui pouvaient faire penser que je "copiais" son héroïne. Mais pour moi ce film, c'était un appel au lâcher de chimères, et il me semble que personne n'a entendu.
"Et toi alors?", me direz-vous. J'ai essayé. J'essaie toujours, quand je ne m'abrutis pas à préparer un concours ;) Mais je me suis pris une grosse claque, quand j'ai commencé à espérer que l'on me réponde, qu'on "joue" avec moi. Mais les gens que j'avais autour de moi n'avaient visiblement pas la même envie. J'ai épaté la galerie pendant un petit moment, puis il y a eu un temps où j'ai arrêté de m'agiter en direction des gens. Leurs encouragements (du genre : "ouais c cool, continue, c'est super ce que tu fais, j'adore mater ça du fond de mon canapé"), ben ça me faisait déprimer. J'ai mis du temps à m'en remettre, de ces conneries. Aujourd'hui ça va mieux, mais j'ai vraiment eu l'impression de me faire vampiriser sans que personne n'ait eu l'idée qu'il pouvait avoir une part active au délire, ni offrir un petit quelque chose en retour (et bien oui, je suis égoïste, parfois, surtout quand je me sens appauvrie...). La suite? On verra, je suis optimiste, mais c'est une autre histoire.
Et quand je vois le succès que Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain a encore aujourd'hui, ça me rend un peu plus amère. Vous avez une clé, il ne vous reste qu'à vous en saisir, et vous vous débarrassez de la responsabilité de ne pas la saisir en affirmant qu'elle n'existe pas, que tout ça n'est qu'un "conte"... "Conte", cruels ;(
Bon j'espère que c'est à peu pès compréhensible, qu'en relisant ça demain je n'aurai pas trop envie de corriger ce post, mais là je suis fatiguée, et je n'ai même plus la présence d'esprit de ne pas poster...
7:46 PM