Le blog d'une névropathe (mais vous n'avez rien de mieux à faire, vous?)





























 
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Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...












 
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur... Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
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Sans Prétention
 
samedi, juin 21, 2003  
En avant la musique
Je pense que comme beaucoup d'enfants nés en 1977, un bout de mon enfance a été bercé par l'une de ces boîtes à musique en forme d'oiseaux. Quand on en actionnait la cordelette, l'oiseau se mettait à agiter ses ailes de plastique et à rouler des yeux tandis qu'il dispensait une musique stridente, supposée apaiser les angoisses de l'enfant et lui faire voir la vie de la même couleur que celle de l'oiseau (oui, il était rose, parce que j'étais une fille, je suppose...). Cette musique collait très bien avec le papier peint de ma chambre, réalisant un sobre mélange d'orange et de marron (car à l'époque, je crois qu'on pensait faire "sobre"...).
Puis je me rappelle d'avoir été marquée par quelques chansons précises, alors que j'avais tout au plus cinq ans, peut-être moins. Ces chansons, je les entendais dans la cuisine de cet appartement de mon enfance, carrelé dans des dominantes bleues assez déprimantes. Du petit poste qui crachotait sur la paillasse, j'ai entendu la musique de King Crimson, "The Eye of the Tiger" (ne faites pas ceux qui ne connaissent pas ;), et the Wall, de Pink Floyd.
King Crimson, j'avais oublié ce que c'était, mais le hasard (sous la forme d'un jeune homme bienveillant) en a remis un morceau sur mon chemin, et j'ai repris de plein fouet l'intense mélancolie que cette musique a imprimé sur cette époque... Mélancolie liée à la fin d'une époque mythique où la grandeur l'amour et le courage existaient encore, époque révolue si elle avait jamais existé... C'était ce que je ressentais confusément. C'était fort mais c'était aussi tellement triste, cette musique, que ça ne pouvait être que ça...The Eye of the Tiger, c'était mon remontant : certes, le monde était sombre, mais on pouvait se battre, il le fallait, et ma soeur m'avait dit qu'il fallait faire des pompes alors j'essayais d'en faire dans la cuisine, sans bien savoir ce que c'était ni à quoi ça pouvait bien servir.
Enfin, the Wall, le germe d'une colère qui allait éclater après onze années de gestation. The Wall. Même coloration sombre que les deux autres morceaux, avec en plus la colère, le sentiment de révolte. De révolte face à ces carreaux bleus de la cuisine, face au papier peint marron, face à mon père... La colère et la révolte de ma soeur, qu'elle me transmettait par ses goûts musicaux. Epoque sombre, sombre... Grandeur des rêves et des aspirations, vertige de la chute, nous sommes à la fin des années soixantes dix et tout cela a un goût d'amertume.
Je saute de l'Allemagne occupée par les forces françaises installées en terrain conquis pour la Polynésie Française. La musique qu'on entend là-bas est toute différente. Je n'entends plus trop la musique de ma soeur, je suis très souvent dehors dans le jardin, et puis il y a l'école, je vais à la maternelle et donc je suis moins souvent à la maison. J'entends la musique de là-bas, une musique qui parle d'amour dans des mélopées sirupeuses à vous en filer la nausée. "Je t'appartiens, et pour toujours, soyons uniiiiiiis...". Les pauvres hères qui chantent ces chansons ont l'air bien malheureux, il leur arrive des choses terribles, mais il faut croire qu'ils y trouve un certain intérêt parce qu'ils se débrouillent toujours pour que leur arrivent les pires histoires... Je ne comprends pas grand chose à tout ça et de toutes façons tout ça me casse un peu les oreilles... Moi je préfère Emilie Jolie :
"Quellle est la fée dans ce livre
qui me donnera l'envie de vivre
quelle est la petite fille aux yeux bleus
qui m'rendra heureux
(tantantan)
Moi, je ne vois que moi
il n'y a que moi
dans ce livre là..."
Oh, c'était tellement joli que j'aurais bien aimé avoir les yeux bleus, j'aurais embrassé la chanson... Mais non, le hérisson ! ;)
Puis je fais l'expérience de la perte du paradis. On m'arrache à Tahiti, j'ai encore à peine 6 ans, et c'est reparti pour l'Europe. Tout est terne, peu de choses m'intéressent. On me colle entre les mains quelques 45 tours, mes premiers, et un petit tourne-disques. Des vieux trucs (l'histoire du premier pas sur la lune, Régine, Pierre Perret), et des trucs neufs : Elsa (sans commentaire) et Daniel Balavoine : "L'Aziza" en face A et "Tout les cris les SOS" en face B. Un disque qui parlait de ségrégation, de différences culturelles, voilà qui faisait tristement écho à mon actualité personnelle... Tahiti a beau être un territoire français, c'était quand même bien différent de l'ouest de la France. Je me sentais Tahitienne, et mes petits camarades se foutaient de cette différence... Personne ne me disait "je te veux si tu veux de moi".
Puis mon frère a grandi et a commencé à quitter la maison pour faire sa scolarité ailleurs. Il oxigénait mon univers renfermé par des musiques nouvelles, et c'est grâce à lui que j'ai découvert les Cure, Kate Bush, la Mano Negra, et Noir Désir. Des artistes que je ne pouvais écouter que dans la chambre de mon frère parce qu'il avait un tourne-disques et que le mien était mort, et qu'à cette époque on ne faisait pas de copies cassettes naturellement. Moi je m'évadais de la vie et de ma famille par les musiques de film, le Grand Bleu et le Temps des Gitans, que j'écoutais le soir en sortant le chien, ou la nuit quand tout le monde dormait... Petits plaisirs volés à une existence où on a toujours l'impression d'être dimanche... C'est donc surtout quand je viendrai à Paris après l'accident de mon père que je m'approprierai les musiques de mon frère, et en particulier Noir Désir et la Mano, qui à mon sens allaient très bien avec ma perception de Paris.
Paris, Paris, ville tentaculaire, plongeant tes racines dans la fange, t'élevant dans la pierre, le verre, le métal. Paris, ville lumière, ville obscure, tu me rappelais un peu ... moi (sans aucune modestie) : ivre d'aspirations grandioses, écoeurante de noirceur, et bassesse, d'impureté (quelques mois auparavant, j'avais eu un doute sur la non existence de dieu, un doute d'un mois, alors le jeu entre le pur et l'impur, ça me parlait)...
"Emmène-moi danser dans les dessous de villes en folie puisqu'il y a dans ces endroits autant de songes que quand on dort mais on n'dort pas alors on danse se tordre de ci et là et se rejoindre en bas puisqu'on se lasse de tout pourquoi nous entrelaçons-nous ?".
Sur cette interrogation s'est ouverte ma période romantique, le terme étant à comprendre dans le sens plein du terme. Kate Bush - "The Man with the Child in his eyes" - Oh, j'aurais tellement aimé qu'il vienne, cet enfant qui avait un homme dans ses yeux et qui s'appelait Grégory K. Quintessence de la pureté sur terre, je ne t'ai jamais avoué ma flamme désordonnée tout autant que sincère. Au lieu de cela, je buvais du thé à la mûre en écoutant Kate Bush. On occulte comme on peut son incapacité à vivre son rêve.
Kate Bush, que j'écoutais encore avec le premier jeune homme avec lequel je suis sortie pour la première fois. De quatre ans mon ainé, il n'en était pas moins triste, déjà vieux garçon à 18 ans... J'aimais Kate Bush, j'aimais aussi William Sheller qu'il m'avait fait découvrir, et que j'associe à lui. William Sheller, figure passionnée, mais posée, avec des textes où la vitalité n'est plus juvénile...
Or justement, je voulais redevenir ou devenir juvénile. J'étais attirée par des musiques nouvelles qui lui faisaient faire la grimace. Ah ça pour sûr, il fallait vraiment être bizarre pour aimer Nirvana, les Pixies, les Breeders, les Guns, Radiohead. Notre séparation m'a offert une nouvelle jeunesse à l'âge de 16 ans.
"If man is five
then the devil is six
and if the devil is six
then god is seven
this monkey's gone to heaven" (Pixies - Monkey Gone to Heaven)
Que c'était bon, bon dieu que c'était bon. Puis l'amour m'a fait découvrir Jean-Jacques Goldman. Violence des textes, exactitude du propos, Rouge m'a secouée, bouleversée, sur des blessures que je n'identifiais même pas. Blessures familiales, mises au jour par les conflits qui venaient d'éclater brusquement entre moi et ma mère, puis tout le reste de la famille. Dans cette période, je me suis mise à écouter des filles énervées, Tracy Bonham, les Breeders, Alanis Morissette. J'avais besoin de me construire, et la force de leur voix devait me porter loin de cette image de fille molle et sans vie que je craignais d'être.
Progressivement, mes goûts musicaux s'équilibrent, et je me mets à écouter aussi de la musique française, les Têtes Raides, la Tordue, Vincent Delerm, des musiques tantôt plus virtuoses du point de vue de l'orfèvrerie des paroles, tantôt plus intimistes. Un équilibre qui se nourrit toujours d'émotions, comme j'ai pu le constater récemment en écoutant les adaptations de chansons rock par la Scala, et en particulier la reprise de "Somebody" de Depeche Mode, qui m'a fait fondre en larmes au coeur de mes récentes angoisses vis-à-vis de l'avenir de ma relation avec Nava, et de l'avenir de mes relations amoureuses en général. C'était quelque chose de si intense et de si douloureux que je n'en ai ni parlé à Nava, ni à la personne qui m'a permis de découvrir de fabuleux album. Cette chanson parlait de choses si claires, si simples, rendues si belles par les choeurs de ces adolescents, nos difficultés à trouver alors un mode de relation amoureuse qui nous comble tous deux semblaient tellement insurmontables, en dépit de l'amour qui nous portait l'un vers, l'autre, que j'aurais eu envie de me couler avec lui dans cette chanson, que l'on cesse de se meurtrir l'un l'autre pour vivre ce moment de plénitude absolue... Envie d'autant plus pénible que je voyais bien le caractère illusoire du bonheur auquel on aurait goûté. Il fallait continuer à chercher dans la tempête... Je ne pleure plus que rarement en écoutant de la musique, et ce soir-là, je n'ai pu retenir mes larmes. J'étais perdue.
Mais maintenant je sais où je vais. Je vais me coucher, avant d'aller en cours puis de prendre le train. Un train qui me mènera à Bordeaux. Demain. Pour écouter Nava. Nava des lendemains qui chantent, et qui jouent aussi, les doigts qui courent, Nava de la voix et des doigts, du sol au ciel...

12:53 AM

 
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