Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
vendredi, octobre 17, 2003 La Grande Dame "Vous n'écrivez plus". C'était à peu près ma manière de dire bonjour à JB quand il lui arrivait, par hasard, de frapper à mon carreau (ce que je déteste au plus haut point, vous êtes prévenus).
Le mail était le seul moyen de le joindre. Jusqu'à ce qu'il décide que décidément, il était trop débordé pour continuer. Exit Martha K. Et à chaque fois c'était la même chanson : "je vous écris dès que je rentre". Résultat, au mieux, un mail aussi plat qu'une limande, et tout pollué de fatigue et de travail.
Je ne sais plus la chronologie de l'histoire. Je crois qu'un peu avant de poser mes lèvres sur les siennes, j'avais caressé le rêve de l'emmener avec moi là-bas. J'aurais organisé une sortie avec mes petits, et je me serais arrangée pour arriver plus tôt. Je voulais le rencontrer dans cet espace gigantesque, ce formidable château de cartes. J'étais en plein rêve informulé quand il a commencé à me fausser compagnie. Il lui arrivait de venir me voir au compte goutte, et de me servir son babil survolté.
Une correspondance qui fut foisonnante, et à défaut d'être brillante, elle était ponctuée par quelques travaux d'écriture qu'il avait en stock. J'aimais sa prose et chose étonnante, par écrit il parvenait à se quitter lui-même pour devenir tout autre. L'un de ses romans était le roman d'un jeune homme réfléchi, tour à tour grave et fantaisiste, et je dois dire, assez intelligent. Pas de quoi effacer les discussions où il "m'apprenait la vie", m'assénait clichés et a priori effarants, réac même pour le siècle précédent, mais c'était toujours mieux que rien. J'étais dans un complet désoeuvrement, j'avais rencontré trop de cyniques et je n'aspirais pour l'heure qu'au calme, agrémenté de relations aussi éphémères qu'inoffensives. Le seul rêve que je me permettais à son égard, c'était ce voyage à Beauvais ; deux amateurs d'architecture face à l'un des monuments les plus fascinants de l'époque médiévale. Et puis j'ai voulu tirer au clair les raisons de son étrange comportement, mélange de distance, de nervosité, de contradictions. Un baiser me semblait des plus efficaces, et effectivement, il fut. J'ai enfin eu ma réponse : toute jeune fille soigneusement dissimulée par ses soins, relation à distance depuis trois ans... D'accord, la méthode était musclée ; en l'occurence, il me semble qu'il a récolté ce qu'il avait semé... Bref.
Au moins, il y avait enfin une raison autre que son "surbooking". Fini Beauvais. De toutes façons, l'année scolaire s'est poursuivie sans que je trouve le moyen, ou le courage, d'organiser la fameuse sortie. Les petits ne verront jamais Beauvais. Je ne sais pas si j'avais vraiment cru un jour pouvoir l'arracher à son travail pour aller contempler cette merveille d'architecture médiévale.
Et puis finalement, je verrai Beauvais. D'ici quinze jours, je verrai Beauvais. J'irai seule, minuscule, j'entrerai comme une voleuse dans le grand édifice, et après tant de rêves, je me construirai mon histoire. Une histoire d'architecte, de silence, et de vaisseau. Un vaisseau de pierre et de verre. Une histoire de fragilité...
12:42 AM