Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
mardi, novembre 11, 2003 Elle est pas gentille Ben non. Je suis pas là pour être gentille. Il y a eu un temps où je croyais qu'être gentil avec tout le monde c'était la plus grande des vertus. Et puis je me suis posée, assez tardivement, pour réfléchir à la chose. Et je me suis rendu compte que mon éducation était largement responsable dans mon engluement dans cette idée, mais qu'il n'y avait pas que ça. Une autre raison bien plus présente me motivait et cette raison c'était la peur qu'on ne m'aime pas.
Quand on ne t'aime pas parce que tu as une sale gueule et que tu es mal dans ta peau, tu as probablement plusieurs moyens de tenter d'améliorer ton sort. Moi j'avais choisi d'être gentille. Ca rendait le rejet des autres plus injuste, et si ça les rendait pas plus gentils avec moi au moins ça me faisait passer du statut de vermine méprisable à celui de martyre (ou presque, mais c'était tellement injuste, aussi), ce qui, on en conviendra, est autrement valorisant. "Ils sont pas gentils avec moi alors que moi je suis gentille bouhouhou".
Aujourd'hui, parce que je ne crois plus forcément tous ceux qui me dénigrent, et parce que j'ai réussi à prendre ma vie en main et à en faire quelque chose qui me plait de plus en plus, je n'ai plus ce besoin d'être gentille et je peux me permettre le luxe de m'offrir une gentillesse qui touchera d'abord les gens que j'aime et que j'estime avant de toucher le quidam moyen. Mon minimum gentillesse reste, je crois, relativement élévé (à Laon, j'ai failli manquer mon train en aidant un jeune irakien qui ne parlait pas un mot de français ou d'anglais à prendre son train pour Lille), mais il n'atteint plus les sommets délirants d'autrefois.
Accordons avec largesse à ceux que l'on rencontre le bénéfice du doute. Mais une gentillesse aveugle, qui s'applique à tous sans aucune espèce de discrimination, quelle est sa valeur ? Je ne suis pas bouddhiste pour croire que les "méchants" ont autant de valeur que les "bons". Je ne veux pas être gentille avec une personne dont je crois les idées nauséabondes, surtout que je n'ai pas assez de temps pour l'être avec ceux que j'estime et que j'aime.
Le problème que je rencontre depuis quelques années est celui des personnes qui sont gentilles avec moi mais pour lesquelles je n'ai pas l'ombre d'une trace d'estime. Je ne sais pas encore comment réagir dans ce genre de situations : la logique voudrait que je mette les choses à plat avec la personne, que je lui explique que franchement, ben non. Mais c'est bien là le problème : qu'est-ce qu'il faut faire quand c'est tout le mode de fonctionnement de la personne, ses idéaux, ses relations amicales et amoureuses, sa relation à la vie qui me rebute ? J'ai peur de blesser inutilement : ce que j'ai à dire, peu de personnes en feront quelque chose pour l'excellente raison qu'elles ne le veulent pas, voire qu'elles ne le peuvent pas.
C'est dur ce que je dis, mais je ne crois pas que je suis capable de m'entendre avec tout le monde. Et puis je suis convaincue que ces personnes si gentiiiiilles, si elles affrontaient un peu leur angoisse d'être seules, si elles réfléchissaient à d'autres moments que celui des mots croisés, elles me rejetteraient probablement. J'ai fait des choix qui m'isolent de la majeure partie des gens, et que je crois définitoires de moi. C'est assez amusant de la part de quelqu'un qui voulait tant s'intégrer, plus jeune.
6:32 PM