Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
lundi, mars 29, 2004 Dans la vase Toujours pas remise de mon voyage. Je me sens faaaaaatiguée ! Il faut dire que se donner à fond, se bouffer l'estomac d'inquiétude pendant plus de 20 jours, il faut pas s'étonner d'avoir une petite baisse de tonus ensuite. Je suis très positivement surprise de voir que finalement je m'en tire si bien. Pas de dépression insurmontée, juste d'importantes secousses psychologiques que je parviendrai à dépasser. J'ai fait ce voyage pour ça aussi, pour apprendre à relativiser. Je m'angoisse souvent pour des trucs sans grande importance, finalement.
Aujourd'hui je suis allée voir ma boss pour lui dresser un peu le portrait de la catastrophe. Elle m'a dit que c'était tout à fait normal, que les gens changeaient complètement en voyage, qu'ils aimaient se plaindre même quand c'était parfait, et que si j'ai eu le pourboire que j'ai eu à la fin c'est qu'ils étaient vraiment très contents finalement. Bref. Elle veut me garder, elle espère m'attribuer une autre mission prochainement. Un bilan plutôt positif. En la quittant, elle m'a dit que je pouvais la tutoyer.
Reprendre une vie normale, ça ne se fait pas comme ça. Je suis rentrée samedi matin et je n'arrive toujours pas à me faire au fait de ne pas toujours donner mon programme minute après minute, je ne me fais pas au fait d'avoir du temps pour moi, pour rêver, pour me reposer, pour flaner dans les rues sans avoir à compter et à recompter mes visiteurs. Sans avoir à sans cesse rendre des comptes.
Je suis tenue au secret professionnel, mais ça serait vraiment succulent de reprendre le récit de mon voyage. J'appellerais ça "Néo-esclavagisme ou le danger de l'argent". Ce que je retire de cette expérience, en dehors du fait que j'ai pu voir ce que j'avais dans le ventre, c'est que ça n'est pas toujours très bon d'avoir de l'argent. Parfois ça rend suffisant, égoïste, con parfois. Certaines personnes croient que parce qu'ils ont payé, ils vous possèdent. C'est d'autant plus troublant que je suis une fille, et qu'il m'a fallu parfois supporter de voir certains monsieurs faire la roue devant moi comme des adolescents. Je voulais vraiment que mes visiteurs profitent au maximum de leur voyage, mais bon... mon dévouement a tout de même des limites...
Tout me semble bien calme. Mes boîtes à mail s'emplissent de spam tranquillement, Paris semble embrumée dans la floraison d'un printemps tout neuf, tout prend son temps. J'ai envie d'un verre de rosé, d'une salade, de sushi, j'ai envie de voir des gens. J'ai envie de tirer complètement parti de tous ces privilèges que j'ai : celui de vivre dans un pays au climat clément, de bénéficier de suffisamment d'argent pour pouvoir étudier sans avoir à me préoccuper de ma subsistance, celui de pouvoir faire des choses intéressantes, celui de pouvoir prendre mon temps, celui de pouvoir prétendre au respect d'autrui, celui même d'aller au cinéma, de faire des pique-nique, celui de trainer au lit, de passer du temps avec les gens que j'aime, de les aimer et qu'ils m'aiment en retour.
J'ai manqué cruellement de tout ça pendant ces 22 jours. J'ai dû me battre, sans pouvoir avoir de liens avec ceux que j'aime et qui m'aiment. Seuls quelques sms me reliaient à eux. Je ne sais pas combien de caractères on peut mettre dans un sms mais je vous assure que c'est pas énorme. Et puis dans ce contexte de mépris, il valait peut-être mieux oublier que quelque part, très loin, il y avait des gens qui m'aimaient et me respectaient... J'ai traversé des moment affreux. Je n'ai pas pu les décrire au moment où ils se sont déroulés. A présent je peux tenter de les formuler, je n'arriverai pas à faire ressentir le quart de la force de mon désarroi. C'est une chose que je suis seule à savoir. Après tout, on est souvent le seul à connaître la valeur réelle de ce qu'on a accompli, ce que ça nous a coûté comme efforts... Je suis rentrée, j'y suis arrivée, je reviens à l'essentiel.
7:29 PM