Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
jeudi, octobre 07, 2004 Communautés On se plaint parce que je critique régulièrement la famille. La famille il est vrai est mon souffre-douleur favori, mais avec ses quelques particularités qui la rendent plus amusante encore, ça reste une communauté.
Ce post est inspiré d'une remarque qui m'a été envoyée sur un forum où il m'arrive encore de traîner quand le désoeuvrement ou la fatigue me prennent. Je n'y viens pas souvent et je mets un point d'honneur à connaître le moins de ragots sur cette communauté qui se voit dans la vraie vie par ailleurs.
J'étais tranquillement en train de discuter avec un jeune homme quand celui-ci a pris la mouche parce que je m'étais fiée à son profil et que son profil disait qu'il habitait à Orléans. Alors qu'en fait pas du tout, malheureuse ! Du coup je n'ai jamais su où il habitait et le café que je lui devais pour le petit service qu'il m'avait rendu, il le prendra à son travail, à la machine à café.
Ce n'est pas grave, et je n'en parlerais pas si ça ne me semblait pas symptomatique d'une des plus agaçantes manies des communautés, celle de dissimuler ou de crypter*. Le savoir c'est le pouvoir. On essaie d'assurer la cohésion du groupe en construisant un ensemble de codes complexes reposant sur la mémoire du groupe. Si tu as les mots magiques, tu entreras, si tu ne les as pas, tu restes dehors. La cohésion nécessite-t-elle absolument l'exclusion ? Ca serait quand même pas croyable que ça fonctionne de cette manière. Pourtant j'ai un autre exemple qui va dans ce sens, c'est la pratique du bouc émissaire.
Passée une première euphorie du groupe nouvellement constitué, moment où chacun prend son rôle dans la communauté et découvre l'autre, l'ennui s'installe. On a sorti tous les éléments factuels qui composent les discussions superficielles à moyennement profondes, et on commence à s'ennuyer. Arrive une personne qui va permettre au groupe de reprendre un nouveau souffle : le bouc. Cette personne peut avoir intégré le groupe en même temps que les autres, ou débarquer en cours de route, il me semble que ça ne l'empêchera pas de jouer ce rôle qu'elle n'a pas choisi. Taper sur l'Autre offre des possibilités de discussions nouvelles, de la consultation grave sur son état mental à la volée de blagues sur son physique (elle est rarement top model), sa diction, ses fringues, son goût pour la poésie médiévale aux tournants des XIVe et XVe siècles.
Et ça encore, c'est désagréable, mais il y a aussi l'enfermement. Communauté centripète. Rien que l'adjectif n'est pas joli. Tout le monde est officiellement ami avec tout le monde, alors tout le monde dit à tout le monde tous les petits secrets qui lui ont été confiés moyennant la promesse de ne rien répéter. Et puis naturellement, quand la communauté est exclusive (on se voit tout le temps), tout le monde couche avec tout le monde. C'est fait avec plus ou moins de finesse et de poésie mais on en vient plus ou moins à ce constat. Et comme on est en vase clos, on peut jouer à Sartre à loisir, en se convainquant qu'on vit une véritable tragédie. Au moins on a l'unité du lieu. c'est un peu comme être coïncé dans le métro aux heures de pointe : si on a le malheur de bouger un tout petit peu, on va éborgner son voisin avec son parapluie, et en essayant de ranger ses mains, on va frôler de manière équivoque les parties intimes de son petit camarade d'à côté. Tout est comme déformé par une loupe grossissante.
Je suis peut-être asociale, mais j'ai horreur de ce genre de situations. J'aime passer du temps avec un ou une amie, échanger autant que possible du vrai, éviter la représentation qui se déclenche si rapidement à partir du moment où il y a un public, c'est à dire plus d'une personne qui regarde.
Je suis aussi bien dans ma chambre, avec un thé aromatisé qui fume dans la cruche, quelques bouquins que j'ai envie de lire, et des numéros de téléphones de gens que je peux appeler pour boire un verre en tête à tête. Mais pour le moment je suis un peu en repli sur moi-même, j'ai des choses à régler avec moi, je suis fatiguée. Reviendront les grandes réceptions à dix personnes. Quand je serai sûre de ne pas passer pour la larbine de service, aussi (mais là c'est un autre problème) ;-)
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* Vous pourriez me répondre : oui mais toi aussi tu cryptes parfois tes posts, alors ? Et je vous répondrai que ça ne fonctionne pas pareil, que le but premier n'est pas le même, que les effets non plus parce que je suis toute seule à faire ma cryptique et qu'il n'y a pas cinq mille pingouins pour hocher la tête d'un air entendu et donner envie de mourir au nouveau venu.
11:25 AM