Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
lundi, décembre 12, 2005 Le prochain épisode D'autres préoccupations m'ont attirée récemment, mais je ne peux plus ajourner le récit des quelques détails que j'ai promis.
Disons que je suis retournée par un biais différents aux petites affaires de peaux. J'avais pourtant été claire, mais, sur un malentendu... J'ai fini par rencontrer le jeune homme. Des corps qui se plaisent, c'est assez rare. Des morsures de la nuit j'ai gardé un temps celle que j'avais à l'épaule gauche. Comme un tatouage à l'encre sympathique. Tatouage temporaire pour un soir de fête. Et après ?
Je me débats dans mes histoires de divorce. L'entrevue avec l'avocat de la mairie... J'explique que d'un commun accord, nous souhaitons divorcer, qu'il m'a soutenue longtemps et que je ne veux pas d'aide financière de sa part (de pension, si vous voulez). Il pointe que je n'ai pas de travail (j'ai beau répondre "pas encore"...), il me dit que je n'ai pas d'appartement (j'ai beau dire...). Me dresse le portrait le plus pessimiste possible de ce qui pourrait se produire. Pas de travail, la possibilité que Thiom me jette hors de l'appartement à partir du moment où les papiers seraient signés. La sécurité de ma situation actuelle. J'ai beau faire preuve d'un certain optimiste, bien entendu j'y ai pensé, à la vie sous les ponts et tout ça. Ca ne me fait pas spécialement de bien d'entendre tout ça de la bouche d'un autre. Plumer la vache à lait, tirer au maximum avantage de la situation. S'opposer au divorce, ce genre de joyeusetés. "Et vous êtes sûre que ça ne peut pas repartir ?". J'ai dit que ça faisait cinq ans qu'on était séparés. Autant pisser dans un violon. "Le divorce est un luxe, et vous n'avez pas les moyens". Pauvre naze. Je ressors de l'entretien avec du gris partout dans la tête. Toutes mes petites angoisses à vif. Je sais tout ça. Je sais. Mais vous savez quoi ? Je m'en fous. Même si Thiom me jetait hors de l'appartement une fois les papiers signés, je serais tout de même mieux dans ma peau, même sous les ponts. Manifestement c'est hors de l'entendement de certains. Que faudrait-il que je fasse ? Une tentative de suicide pour qu'on me permette enfin ce putain de divorce ? Enfin, il paraît que le juge ne peut que retarder la procédure, pas l'interdire. On garde espoir. Au moins je ne suis pas comme les Deschiens que j'ai croisés dans la salle d'attente, à me demander si, pour mon rendez-vous anonyme, on va m'appeler par mon nom.
Repas chez ma mère. Ca commençait bien. Elle avait invité une amie artiste, "pour faire se rencontrer les artistes", a-t-elle dit. Ma mère me considère comme une artiste. Elle essaie de faire un pas vers moi, même si elle n'est pas d'accord avec les choix que j'ai faits en termes d'études. Progresserait-on ? Petit repas mitonné aux petits oignons. Vaisselle agréable à l'oeil, alcools divers, plats raffinés, et ma mère qui par dessus s'excuse parce que "ce n'est pas grand chose, vous savez". Discussion agréable. Jusqu'à la fin. "On a réussi à avoir presque tout le monde à Noël dernier, il n'y avait que toi qui manquait". "Et tu ne voudrais pas revoir tes petits neveux que tu n'as pas vus depuis des années ?" Je lui demande si elle ne pense pas que ça les troublerait un peu de découvrir une tante dont ils n'ont même pas le souvenir. Affirmative, elle me répond que bien sûr que non. Je décline, je décline, je décline. On dirait un Bescherelle. Puis les au revoir. Ma mère qui me prend les joues à deux mains pour m'embrasser. Mes poings dans mes poches, histoire de m'assurer de ne pas faire de mouvements inconsidérés. Ses yeux qui mouillent, elle s'enfuit dans le salon. Je la retrouve appuyée sur le buffet, les larmes coulent maintenant. Elle est, dit-elle tellement contente de m'avoir vue, on se voit si peu. C'est de joie qu'elle pleure, qu'elle dit. D'ordinaire je pleure quand tu es partie, qu'elle dit. Je ne sais pas qui elle cherche à tromper. Si elle souhaite tromper quelqu'un, naturellement. Je quitte l'immeuble la mort dans l'âme. Allume mon discman, tente de chasser la glu dans laquelle je suis empêtrée. Métro. Ticket. Avancer, s'asseoir. Les lumières sont grises. Elle a fait des efforts, mais ça ne suffira pas. J'ai fait des efforts, mais ça ne suffira pas. Ni l'une ni l'autre ne pouvons nous apporter ce dont nous avons besoin. J'ai fait le deuil de ça, mais qu'on m'agite sous le nez les détails de cet échec relationnel, ça non plus ça ne me fait pas de bien.
Brrrr. C'est glacial tout ça. Je referme cet épisode plus chaud. Samedi prochain je pars pour l'Inde. Avec Thiom, sa maman, et une amie commune dont j'ai sans doute déjà parlé ici. Mais avant je continue mes recherches d'emploi, et j'ai des tas de gens à voir, et de choses à faire. Je constate que le compteur de Sans Prétention va bientôt atteindre les trente mille. Et ça, ça fait plaisir, vraiment.
1:51 PM