Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
dimanche, décembre 31, 2006 "Messieurs les Anglais, tirez les premiers" Bien longtemps que je ne suis pas venue ici, l'idée de me justifier me démange, je dois avouer. Mais je ne vais rien en faire. Sachez seulement que je lutte pour me tenir la tête hors de l'eau, pour faire comme si tout allait bien alors que je me sens toute lacérée de l'intérieur. Crises de larmes ravalées, l'image d'un sourire qui me maintient juste au dessus du vide, et puis cette idée que je peux tomber et que rien n'arrète ma chute si je lâche tout. Rien, rien, avec toute la bonne volonté du monde, rien. Je vous remercie, vous qui persistez à être là, même loin, je vous remercie, votre présence me fait chaud, m'apporte une force que je ne saurais pas dire plus que je ne saurais dire le fond de ce qui ne va pas. Je pourrais vous parler de la mort. Vous vous demanderez si je vais bien, je vous répondrai que je n'ai pas l'ombre d'une maladie attestée, à part quelques petits désagréments liés à une somatisation somme toute gérable. Alors, quelqu'un est mort dans ta famille ? Tes amis ? Non. J'ai envie de dire pas encore mais c'est déjà trop en dire. Ou pas assez. On fait des choix, des choix qui semblent des broutilles quand on les fait, puis finalement on réalise que ça n'est pas neutre. Il y a aussi des choix que les autres font pour nous, parce qu'on a décidé de lier sa vie à la leur, à un moment ou à un autre, ou que tout simplement on est lié à eux sans l'avoir choisi. Si c'est bien ou mal, qui le saura. Mais il y a beaucoup de choses qui se tiennent. Parfois les liens font un mal de chien. Depuis mon dernier post, je suis dans cet état. Une fille qui pleure au milieu de ses rires, qui rit au milieu de ses larmes. Mais je repense aux choix que j'ai la liberté de faire. Que je fais et refais, quand bien même ça nécessite de faire du mal, quand bien même ça nécessite que je doive m'isoler parce que je suis moralement épuisée. Les choses se bousculent dans ma tête, mixées plus fort par quelques menus désagréments matériels qui blanchissent mes nuits. Des moments fulgurants, intenses, qui me feraient presque dire "j'ai vécu", d'autres, intenses aussi, d'inquiétude, de ruminations, de fuites. Tout doucement je redresse ma barre. D'abord, cesser de fuir. Ensuite, cesser les ruminations. Enfin, accepter assez certaines vérités élémentaires pour cesser d'avoir peur. Je m'attaque au premier, les deux autres viendront en leur temps. Je n'ai jamais éprouvé cet état. Je n'oserais pas appeler à votre indulgence, à vous mes amis qui passez ici. Je ne maîtrise pas grand chose en ce moment, et les moments ont l'air de s'être allongés pour une durée indéterminée. Certains d'entre vous me sont devenue indifférents, l'éloignement, le décallage personnel, et sans doute tout un tas de choses que je ne saurais ni nommer ni quantifier. Je pense aussi souvent à certains de vous qui me sont chers, que je n'ose pas vous appeler ou recontacter. L'énergie me manque et j'ai honte (là, je l'ai dit) de me montrer "comme ça". Je traverse une drôle de remise en question, pour couronner le tout. L'année s'achève ; elle m'a apporté énormément de moments fantastiques, j'y ai été aussi très secouée. Je voudrais que celle qui vient m'apporte enfin un peu de paix. Je vous en souhaite aussi.
4:08 PM
samedi, octobre 28, 2006 Message à caractère informatif Je me suis fait voler mon portable hier soir (j'ai pas été bousculé, rien du tout). Si certains d'entre vous pouvaient me redonner leur numéro de mobile, ce serait la joie, la félicité et le retour de l'être aimé dans les 24h... Bientôt ici, un distributeur de vrais posts.
12:08 AM
vendredi, octobre 06, 2006 Moutons carnivores C'est un peu la crainte que j'ai en ouvrant Blogger après tant de temps. Les moutons qui s'accumulent ici ont largement eu le temps de subir mille mutations, de s'organiser , de se syndiquer peut-être même. Je divague. Le manque de sommeil peut-être, la fatigue aussi un peu. Je n'ai pas osé répondre dans les commentaires ces derniers temps parce que je ne voulais pas céder à la facilité de poursuivre mon blog dans cette zone, mais me pousser à faire un vrai post. J'espère que ceux à qui je n'ai pas répondu comprendront. Tout va bien, je traverse une fois n'est pas coutume, des semaines compliquées, mais riches, si riches. Ma vie est un joyeux bordel, et ma chambre à l'image de ma vie, un petit bronx en miniature. Le travail d'abord. Quand on commence un nouveau travail, on découvre de nouveaux collègues, de nouvelles tâches aussi, une nouvelle manière de travailler. Accueillir les gens, mener trois ou quatre choses de front sans bien savoir combien de temps chacune d'entre elles peut ou doit prendre. Emploi du temps à géométrie variable, je terpigne, je pédale dans la semoule mais ça avance tant bien que mal. Les habitués de l'endroit commencent à m'apprécier. Je sauve le monde à peu près une trentaine de fois par jour, mine de rien, en toute discrétion. Vous ne vous en doutez même pas, c'est dire si je suis discrète. Ce que j'apprécie, c'est de ne pas avoir à revêtir le collant boudinant pour avoir droit à mon statut de super-quelquechose. La famille. Je suis retournée dans l'ouest, dans la maison de ma mère qui avait une permission de sortir hors de sa maison de convalescence. Une occasion en or d'aller lui dire bonjour, offerte par mon frère dimanche dernier. Neuf ans que je n'y étais pas allée, je ne pensais pas que je reviendrais un jour... Les choses ont changé, un peu, une forêt entière a poussé devant la maison qui a subi quelques modifications majeures. Je m'attendais à trouver un esprit lugubre dans cette maison. Mauvais souvenirs qui menaçaient d'avaler les bons. J'y ai vu une maison vivante, je pourrais même dire heureuse. L'ami de ma mère n'y est pas pour rien dans cette ambiance apaisée que j'ai pu saisir, même avec mon nez bouché et mes 39 de fièvre. Impression de pouvoir me promener tranquillement dans mes souvenirs, ancienne chambre toujours en place, sensiblement la même vue de la fenêtre, même si la grande haie de peupliers qui clôturait l'ensemble a disparu. J'étais malade, je me suis offert trois maladies différentes en à peine une dizaine de jours. Monsieur Simple dit que c'est normal vu les circonstances. Une histoire de trucs que je me rumine en tête et qui ont besoin de sortir. Ca se bouscule un peu dans ma tête, mais je m'en fous, je continue. Des choses importantes sur lesquelles je me fais discrète. Je crois qu'enfin la petite phrase de trois mots est devenue vraie, cette phrase qui a tremblé tant de fois sur mes lèvres ces derniers mois. Je suis heureuse.
7:59 AM
jeudi, septembre 07, 2006 Entre deux Demain est mon dernier jour en tant que secrétaire. Mon dernier jour à passer par la gare Saint Lazare, à voir les gens s'arracher les 20minutes comme si leur vie en dépendait, à passer devant le petit monsieur aveugle qui passe du Brassens dans les couloirs. Dernier jour pour régler les affaires de la société avant une période sans secrétaire vu qu'il semble que la remplaçante que j'avais trouvée et commencé à former a plus ou moins pris la tangente. Dernier jour à manger du riz sans rien sur mon bureau, en me demandant comment je pourrais retrouver le plaisir de manger le midi avec un traitement pareil. Dernier jour à changer l'eau de Monsieur Bulle, Boris IRL. Dernier jour à entendre les compliments tardifs de mon chef, qui me dit que je me suis adaptée très vite, que j'aurais pu monter très vite (en même temps quand la société dans laquelle on travaille a un effectif de trois personnes soi compris, il y a peu d'échelons à gravir pour arriver au sommet), avec un salaire mirifique. Je crois que mon boss n'a pas compris une ou deux petites choses sur le mode de fonctionnement de sa secrétaire, comme par exemple que je ne rêve pas d'avoir une belle BMW, que la pierre ne me tente pas plus que ça et que je n'ai pas charge d'âme, ayant abandonné il y a quelques mois mon idée d'adoption d'un cochon d'Inde (oui, je sais c'était une mauvaise idée, les cochons d'Inde sont des êtres décérébrés qui n'ont d'autre occupation que de glapir de plaisir quand on les caresse. Mais j'aime ça, je ne pourrais trop dire pourquoi. J'ai dû être cochon d'Inde dans un autre vie. En même temps ça expliquerait beaucoup de choses.). Mardi je commence mon nouveau travail à moi que j'ai. Matinée papiers, entrée dans le vif du sujet dans l'après-midi. Pour mon premier jour, je mange même à la cantine avec mes nouveaux collègues. A la cantine. Avec mes nouveaux collègues. Je vais peut-être finir par m'habituer. Sinon ce soir, on m'a proposé une mission "de rêve" pour le début du mois d'octobre, pour quinze jours dans un pays lointain que j'aime tellement. Exactement ce dont j'aurais rêvé il y a quelques mois. Toujours cette loi du bien qui appelle le bien... Faites semblant d'avoir un job passionnant, vous verrez, on vous proposera des mannes. Je me demande comment les gens font pour savoir que vous avez le vent en poupe afin de vous proposer des plans délirants alors que ça ne vous arrange pas mais alors pas du tout. Ils doivent avoir leur réseau à eux, un réseau secret dont le but est de vous pourrir votre groove. Comme dans le domaine des amours, j'ai juste envie de dire : "il est un peu tard pour me recontacter et me faire des yeux de merlan frit, organise toi un peu la prochaine fois, et sans rancune, hein". Et sans plus de regret, mardi prochain, c'est la rentrée. Ne le répétez pas mais j'ai un peu le trac...
8:35 PM
mardi, août 29, 2006 Ca y est Mon téléphone sonne dans le métro. Je regarde : numéro masqué. Je décide de laisser sonner et qu'on me dise ce que l'on me veut. Quelques instants après, un message sur mon répondeur. Je tends l'oreille jusqu'aux circuits de mon téléphone high tech qui est parfait pour tout sauf pour l'usage normal d'un téléphone (je crois que je me suis fait avoir, ça se confirme), c'est la mairie du pays où toutes mes pensées ou presque allaient ces derniers temps, j'arrive juste à entendre vers la fin du message qu'il faut que je rappelle pour faire le point. Je suis partagée entre le "nous n'avons pas pu retenir votre candidature, appelez moi demain pour qu'on fasse le point" et "nous avons retenu votre candidature, appelez moi demain pour qu'on fasse le point". La ligne 5 du métro a des lenteurs incroyables, c'est à croire qu'elle est partie dans l'autre sens tellement ça ne va pas vite. Je me dis "c'est gentil qu'elle m'appelle, la dame, qu'elle veuille faire le point pour me dire pourquoi ils ne m'ont pas retenue". Je me prépare à entendre le début du message. Puis je sors, je veux être près de chez moi pour entendre le message dans sa totalité. En sortant, je vois qu'il pleut à grosses gouttes. Je compose le numéro de la messagerie. Alors voilà. Je suis retenue, la DRH veut me parler demain. Pour faire le point. Avant 11h. Mes jambes de dérobent sous moi, un peu plus et je rampe jusqu'au cocon qui me sert de chez moi, ce qui finalement est assez logique quand on y pense. Cinq personnes mises au courant. Demain je passe un coup de fil avant 11h, donc. Et puis je parle à mon chef, s'il est rentré de vacances, ce qui a priori n'est pas gagné. Il faut que je me trouve une remplaçante, que je la forme aux petits oignons et que je commence autre chose. J'avoue avoir du mal à réaliser, quand même. Comme quoi, une lueur d'espoir, ça peut faire énormément...
EDIT : Blogger lui-même en est tout incrédule, il m'affiche les accents avec des point d'interrogation... Je tirerai ça au clair plus tard, hein... EDIT : Ecoutez Clarika, ça ne peut vous faire que du bien (ne cherchez pas)
7:36 PM
vendredi, août 25, 2006 En vrac Ca y est, j'arrive à me débloquer. Comme dans les films à suspense où le héros baraqué pourtant, peine à manoeuvrer le gouvernail d'un mastodontique paquebot pour éviter qu'il ne s'échoue sur les récifs. Ca va un peu mieux mais ce n'est pas encore tout à fait ça. Ce week-end, rencontre pour la deuxième fois d'un jeune homme que j'avais croisé quelques mois plus tôt à la gare de Lyon. Montpelliérin. Le fait que l'on se soit vus relève déjà du bon score. Le pauvre, s'il savait qu'il quand même un peu les frais d'une anciennes histoire de train qui s'est terminée... comme c'était prévu, disons. Tout être vivant à plus de 30 km de mon domicile devait être con, difforme et de manière générale, sans le moindre intérêt. Surprise, j'ai été. Le jeune homme, bien qu'assez marqué par la tradition, se montre curieux, ouvert (lecteur, lectrice de longue date, ne viens pas me rappeler les règles de la prudence, je me souviens très bien ce qu'il y a dans mes archives). Une soirée avec lui, qui se termine d'une manière très étrange, en sucré-salé. Mais je n'ai pas oublié, j'assomme quiconque me fait le coup des jumeaux cosmiques. Une envie difficilement répressible me vient d'enfoncer les dents d'autrui à cette simple idée. Puisque j'en ai assez de parler à demi mots de choses que seuls ceux que ça intéresse comprennent, à propos de Nava, je crois que je vais encore laisser tomber. De l'eau a eu beau couler sous les ponts, j'ai beau vivre quelque chose d'assez complètement différent de ce que je vivais avec lui, je n'arrive pas à supporter le côté "moribond" de notre (non)-relation, en plus de quelques petits points de détail du passé, réactivés par la rencontre du jeune homme dont je parlais justement, qui se trouve exercer dans une branche proche de celle de Nava, et être (je l'ai appris ce week-end) bordelais. J'avais prévu cette déliquescence de notre relation, ce n'est pas pour ça que ça me fait plaisir de le vivre. J'étais partie une fois, je lui avais expliqué pourquoi. Et puis d'une manière qui m'échappe, on avait plus ou moins repris contact. A présent je ne sais plus pourquoi. Je sais que ce qui va suivre ne va pas me plaire, que ça entraîne l'arrivée (tardive) d'un mail amical et "mine de rien" dans ma boîte ou un mail courroucé et/ou fataliste, du genre "tu n'as rien compris, laissons tomber puisque c'est ce que tu veux". Ou rien du tout, naturellement. Rien ne me plaira. C'est fou ce que cette rencontre récente a fait revenir sur le devant de la scène, des choses que je ne veux plus jamais vivre. Plus jamais. J'arrive à vivre bien aujourd'hui, mais dès que ça commence un tant soit peu à ressembler à l'un de ces vieux scénars moisis, j'ai des envies d'étranglement. And now, something completely different. J'attends une réponse pour un poste plutôt très sympa, tu sais, celui dont je te parlais en me demandant comment on rompt un CDD sans se retrouver avec toutes les polices internationales aux basques (minimum). D'ici le 31, allumez des cierges à Sainte Rita, envoyez des ondes positives vers le 93 et vivez votre vie parce que je sais bien que ça ne changera rien. De toutes façons si ça ne marche pas je continue mes pérégrinations au pays des secrétaires proprettes et tout le toutim jusqu'à ce que la chance tourne à mon avantage. Patience et longueur de temps et tout le tralala. Même avec un boulot alimentaire j'ai bien ce qu'il me faut d'activités et de projets épanouissants qui n'attendent que moi.
11:41 PM
mercredi, août 16, 2006 Et puis un jour ... je parlerai peut-être autrement que par symboles. Mais là j'ai une de ces pétoches que finalement mes petites images à la gomme sont plus proches de la réalité. D'ailleurs mes craintes sont tout à fait à l'image du dragon de Paolo Uccello, si on les regarde en face, on a plus envie de sourire...
9:25 PM
Saint Georges et le dragon ou Fabienne Franseuil sur le seuil de sa vie Il s'est approché. Jour après jour. J'ai cru qu'il finirait par se dissoudre dans mon imagination, dont il est issu. Du coin de l'oeil je l'ai vu, mais je ne voulais pas le voir. J'ai pris un air détaché, serré les poings, rien à faire, le voilà tout proche maintenant. Je sens son haleine chaude traverser mes vêtements, la masse de son corps massif, glacé. Statufiée par la panique, je regarde en tous sens. Personne. Tu n'es pas dans une peinture de la Renaissance. Fabienne Trébizonde, c'est un rôle qui n'est pas le tien. Tu sais très bien ce qu'il te reste à faire mais tu hésites. Oh, quelqu'un, quelqu'un. Tes appels sont vains. Tu sais que si quelqu'un vient, cela reviendra. Les princesses, on ne sait pas ce qu'elles deviennent quand le chevalier est venu pour faire place nette. Comme dans les contes, "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Et après, qu'est-ce qu'il s'est passé après ? Quelle affreuse réalité cache l'ellipse ? Tu sais très bien. Le regard sombre, une lueur de haine froide, les anneaux de métal qui se resserrent jusqu'à l'étouffement, la tétanie. Alors tu vas relever tes rubans, saisir la lance laissée par un aventurier en goguette, viser la gueule béante. Et si tu frappes aussi fort que tu as peur, la bête est déjà morte.
8:59 PM
jeudi, août 03, 2006 Ma vie est un miracle perpétuel D'accord, un miracle qui se fait attendre, mais tout de même, un miracle, qui en suit un autre, qui en suit un autre. Celui qui te concerne le plus directement, c'est que j'ai enfin une connection internet. L'adsl chez moi, je te jure que ça fait tout drôle. Tout drôle parce que j'ai passé quatre mois sans, et que ça a été dur, surtout sur la fin. Les netcoffee qui me rappelaient mes gentils débuts sur le net (qui a fait que j'ai rencontré Nava à Londres alors qu'il était lui même pas loin de Marseille), ça a fini par me taper sur le système. Je n'ai même pas eu l'envie de poster le message que j'avais écrit quand ma mère m'a annoncé qu'elle avait un cancer du larynx (j'ai fini par poster ce que j'avais écrit ce soir). Toi qui suis depuis un bout, tu sais que côté famille, c'est pas tout à fait l'entente la plus profonde. Mais j'ai toujours continué à voir ma mère, à raison de, mettons, une fois tous les six-neuf mois. Elle ne me comprend pas et je ne la comprends pas, même si pour être tout à fait franche je crois que je la comprends nettement mieux qu'elle et que ce que je comprends ne me plaît pas outre mesure. Je dois dire que ça m'a fichu un sacré coup. J'ai assuré au téléphone, tranquille, encourageante, professionnelle. Rien à redire. C'est quand j'ai raccroché que ça a commencé. Je croyais en être quitte pour une bonne crise de larmes, allez hop on range tout et ça va aller mieux. Rien à faire. Le lendemain, j'ai fini par appeler au secours, pour l'une des premières fois de ma vie avant que tout soit terminé. Je crois que ce soir là j'ai grandi, j'ai compris certaines choses sur moi et sur la meilleure manière d'agir dans ces moments là. J'ai appelé, pas n'importe qui, et ça a répondu. Et ça m'a fait tellement de bien. C'est drôle, je me croyais malade dans ce genre de situations, mais force est de constater que même quand le hasard joue un peu contre vous il y a quand même une solution pour les "cas comme moi". Excusez moi, je règle (gentiment, hein) mes comptes. Ca a répondu au téléphone, sans catastrophisme, tranquillement, emmerdé mais pas misérabiliste. Exactement ce que j'espérais. Quand j'ai raccroché pour quitter mon appart j'avais cessé de pleurer et j'avais un sourire étrange vissé au visage. Un vrai, un qui dure. Ces derniers temps je suis jalouse du temps et de l'attention que je m'accorde. Je découvre le temps pour moi et rien que pour moi. Comme avec les sucreries nouvelles, j'ai un peu tendance à abuser un peu. J'ai pas encore trouvé l'équilibre. Je poursuis depuis une dizaine de jours une quête de plaisirs différents. C'est parti d'une discussion sur ce qui pourrait me pousser à limiter vraiment le narguilé. Je lançais l'idée qu'un plaisir aussi intense pourrait peut-être servir de bouclier. Naturellement, mon interlocuteur et moi avons pensé à la même chose que ce à quoi vous pensez. De même que le poète disait nulla dies sine linea, je me suis mise à m'occuper des moindres envies de mon corps. Petite expérience de chimie plutôt amusante, que je poursuivais en parallèle avec l'activation de mes fourneaux, et de longues séances de lectures diverses, histoire de multiplier mes chances d'arriver à me libérer de l'emprise de la nicotine. Résultat : j'ai pris énormément de plaisir durant ces quelques jours écoulés, en plus du narguilé qui a continué à servir à régime plutôt, disons, soutenu. Un bien agréable fiasco, il va falloir que je trouve une autre tactique parce que celle-ci est pour le moins inopérante, sauf pour ma culture générale, mon embonpoint et en général mon épanouissement personnel. Tu as manqué quelques petites choses, comme ce soir de quart de finale où j'ai manifesté contre la bêtise nationale en déambulant chemise ouverte pour offir un petit cadeau à ceux qui n'avaient pas l'oeil rivé sur l'écran footbalisé. Mais peut-être ne manqueras tu pas les aventures de Fabienne Franseuil pirate du CDD qui rompt la Très Sainte Alliance pour convoler en injustes noces avec un travail qui lui ressemble un tout petit peu plus que sa Très Glorieuse Activité de faiseuse de devis merveilleux et de factures fantastiques pour des choses qui n'ont pas grand chose à voir avec sa formation initiale ou ses aspirations personnelles (à part se nourrir, naturellement). Tout ça pour dire que je suis de retour, et que c'est un sacré plaisir de terminer ce post confortablement assise sur mes coussins, à la lueur des vaches, à boire lentement une tisane.
10:39 PM
mercredi, juillet 26, 2006 C’est des brunes qu’il faudrait se méfier La nouvelle est tombée tout à l’heure. Ma mère qui m’appelle, laisse un message sur le répondeur. Un gros problème de santé. Je savais, ça faisait bien des semaines que je m’en doutais. Quand j’étais petite, je devais avoir neuf ou dix ans, je pleurais toutes les nuits en pensant à ma famille dont les membres mouraient les uns après les autres, me laissant toute seule puisque j’avais le mauvais goût d’être la dernière née. Des rêves éveillés dont je ne sortais que quand les larmes m’avaient assez épuisée pour que je m’endorme. Une armée de cercueils qui descendaient en terre sans que j’y puisse rien. Ma grand-mère venait de mourir d’un cancer de l’utérus, dont elle avait pris conscience quand elle avait commencé à se plaindre de maux de ventre. Ma grand-mère était quelqu’un qui n’était pas du genre à se laisser regarder *là* par un homme, ou même par une femme. Le bas de son ventre ne devait pas exister. Il a fini par cesser d’exister, et elle avec. Maladie héritage, comme celle que mon père, quelques mois ou quelques années plus tard, m’a transmis. Rupture d’anévrisme. L’héritage est lourd. Cancer du laxynx. Opération d’ici quelques semaines. Ma mère avait déjà beaucoup de mal à parler ces derniers temps. Quand elle m’appelait, elle avait toujours cette voix qui donnait l’impression qu’elle avait pleuré toute la journée. Elle n’a pas pu tout me dire, d’autres me diront les détails, parce qu’elle ne pourra bientôt plus parler. Ca reviendra peut-être, les cordes vocales ne sont pas encore touchées. Pas encore, elle a dit. J’ai pleuré. Laissé la crainte prendre sa place, cette crainte que je connais bien, que j’ai apprivoisée. Je suis cernée par la mort, je me suis dit. Nous allons tous mourir, je le sais depuis que j’ai huit ans. Ca fait un mal de chien, mais ça passera. Ce que je sais aussi, c’est que je vivrai jusqu’à ce que je sois morte.
11:00 PM
dimanche, juillet 16, 2006 Petite sœur de mes nuits, ça m’a manqué tout ça Elle a commencé par se marier, elle aimait son époux mais ne se sentait pas à l’aise dans les conventions qu’impliquaient ce genre de lien. C’était il y a longtemps et celles-ci étaient particulièrement impératives. M’est avis que quoi qu’on dise elles le sont toujours mais c’est une autre question. Sa relation avec lui a évolué et ils sont devenu un « couple libre » : tu as des relations charnelles avec d’autres, et tu me racontes tout. Pour l’un et l’autre. Mais de sentiments, point. Elle s’est pliée à ce garde-fou, maitrisant tellement bien ses émotions qu’elle se passait à côté sans s’en rendre compte. Et puis un jour où elle essayait de vaincre sa peur de l’eau, incapable qu’elle était de descendre dans le petit bain sans une armada de bouées, elle a compris. Les profondeurs. Un jeu de miroir lui a permis de comprendre que ce qu’elle vivait était un fantôme de ce qu’elle pouvait vivre, qu’elle devait encore évoluer dans sa relation avec les autres vers, justement, plus de profondeur. Ca ne s’est pas déroulé sans heurts, son époux effayé de la voir se construire un monde où il n’aurait pas droit de regard menaçait de divorcer. C’était l’homme qu’elle aimait, non le lien social qui la reliait à lui, elle a fait face. Je suppose qu’elle a dû se poser tant de questions à ce moment, et j’admire le fait qu’elle ne se soit pas reniée, ni d’ailleurs sa conviction que le mieux qu’elle avait à offrir passait par ce chemin relativement chaotique. Elle a réfléchi, beaucoup. Au milieu de la génitalité galopante, sa sensualité joyeuse a gêné, on l’appelait pour des interview sur l’adultère au féminin et on était perplexe quand elle disait ne pas comprendre pourquoi on l’appelait pour un tel sujet, car elle était très fidèle, à son époux, à ses amants (et aussi à elle-même, en passant). On la disait croqueuse d’hommes, voulait la voir déballer ses petites histoires de coucheries pour vivre par procuration quelques frissons qui n’avaient pas grand-chose à voir avec sa vie réelle. Elle a réfléchi à l’autonomie, autonomie sentimentale, matérielle aussi. Elle souligne un parallèle assez intéressant entre relations amoureuses et travail, dans la question de la sécurité, du minimum de stabilité qui permet de vivre sa vie de manière sereine. Poly-travailleuse parce qu’elle ne voyait pas son bien être matériel dépendre d’une seule personne, d’un seul employeur. Etre libre. Se dire que rien n’est jamais, jamais acquis. Que la seule certitude qu’on puisse avoir, c’est peut-être l’amour que l’on porte à l’autre. Présent à l’autre, sans figer quoi que ce soit. Une vie dans le mouvement qui semble lui avoir apporté une plénitude réelle. Dans ce domaine comme dans d’autres, j’affirme aujourd’hui que je ne suis pas folle. Ce que je pressentais depuis longtemps existe, et la preuve en est que d’autres le vivent et sont heureux dans cette vie. Je te parle d’amour, je ne parle jamais que de ça. Et je n’ai pas fini.
« L’autonomie affective ne consiste pas à refuser d’aimer pour ne pas souffrir et à fuir tout lien durable, mais au contraire à s’engager sans être soumis, à accepter d’exprimer sans peur ses désirs. S’abandonner sans se perdre, posséder sans se croire propriétaire, avoir envie sans avoir besoin. » « Ne rien attendre, ne rien espérer, est-ce être libre ou être vide, sans désir ? » « Se délivrer du désir n’est pas non plus refuser le désir, c’est accepter de l’éprouver en prenant le risque de ne pas le satisfaire. » C’est lui laisser la possibilité d’exister.
Ce que je crois avoir compris : avoir envie sans avoir besoin. Ne plus se prostituer pour de la tendresse. Il y en a assez pour que j’y trouve ma part en restant digne, et pourquoi pas, heureuse. Qu’un nous est possible dans ce monde de mouvement et d’éphémère, je l’aperçois confusément. Je crois avoir compris aussi que je ne comprendrai pas tout immédiatement, qu’il faudra de la vie pour que tout ça m’apparaisse clairement, un jour. Que même étant seule face à tout ça, je ne le suis plus réellement.
Je viens de terminer (enfin) le livre de Françoise Simpère, Aimer plusieurs hommes. C’est paru en Pocket Evolution, ça te coûtera six ou sept euros, mais rassure toi, quand tu l’auras terminé tu ne penseras plus à cette dépense dispendieuse. Ne lis pas le quatrième de couverture, c’est clinique et hygiénique. Ce livre, c’est l’histoire simple d’une femme qui raconte plus de trente ans de sa vie, ses interrogations, ses expériences, sans imposer grand-chose, même à son lectorat. C’est bon pour ta tête.
7:12 PM
Presque rien Appelle moi Appelle moi Je veux juste entendre ta voix
J’ai acquis il y a quelque temps le dernier album des filles des Maximum Kouette. Elles ont grandi, un peu, mais elle ne se sont pas calmées. Et j’écoute la chanson qui dit ça. C’est l’histoire d’une fille qui aurait été prête à se laisser de côté pour lui plaire. Et puis en refrain, cette demande simple qui me rappelle quelque chose. Je me retrouve plongée dans un passé plus ou moins récent à présent. Je ne sais pas si j’en suis tout à fait sortie d’ailleurs. Ma perception, mes rapports amoureux sont différents.
Appelle moi
C’est simple, c’est faisable, et pourtant le silence s’installe, et avec elle la sécheresse que pourtant quelques mots suffiraient à apaiser. Ca maintenant je l’ai compris, sur moi en tout cas. Je ne suis pas celle que l’on croit.
Je repense à son constat. Il n’y a pas eu de « nous ». C’est ce que je me répète sans cesse en ce moment. Pas de nous. C’est presque effrayant, j’y étais pourtant. Et pourtant il n’y a pas eu de nous.
Appelle moi
Ce qui m’a fait tenir un temps, c’était la conviction qu’il fallait trois fois rien pour qu’il existe, ce putain de nous. Quelques mots, quelques gestes, du silence, même, parfois, ça aurait été amplement suffisant. Mais de même qu’il aurait suffi de trois fois rien pour que le nous existe, à l’inverse, il suffit de trois fois rien pour qu’il disparaisse et que plus rien n’ait de sens. C’est comme ça que lentement j’ai mis en mouvement mon petit chariot de plumes pour aller chercher ailleurs mon équilibre entre le rien et le tout. Imperceptiblement, à regret, mais de manière irrévocable. Pour presque rien, qui pour moi signifiait tout.
On croirait presque que je vais fermer Je n'ose même pas regarder la date de la dernière entrée. C'est pareil pour le mail, ces deux dernières semaines ça a été la catastrophe. Donc, vivante, débordée, ressortez les mots clés et ça vous donnera la même sauce que d'habitude. Quelques petits changements tout bêtes, ça y est je suis officiellement divorcée. C'était important, et c'est fait. J'ai candidaté pour deux postes et même si c'est pas tout à fait dans la droite ligne de ma formation, ils ont eu l'air de trouver ça normal qu'au moins je candidate. J'ai eu droit à l'appellation d'atypique, ça peut être négatif, ça peut être très positif. A voir. J'ai écrit quelques petits trucs dernièrement. Pas forcément les textes dont je suis la plus fière mais depuis le temps que je n'ai pas posté, je serais curieuse de voir si vous vous coltinez vraiment tout de ma prose. J'ai trié pourtant mais je certifie pas que ça soit merveilleux. Ca a au moins le mérite d'être moi. Vous me manquez, vous le savez ? Normalement je devrais quitter mon isolement du monde virtuel d'ici, mettons cinq semaines maximum. Au mieux ça sera d'ici trois semaines. On n'est pas à l'abri d'une bonne surprise il paraît. D'ici là, ce sont des posts épisodiques qui partent un peu dans tous les sens. Je suis en train de mettre de l'ordre dans tout ça.
6:47 PM
mardi, juin 27, 2006 Come what may
Je suis venue. Bien sûr je suis venue. Il y a bien longtemps que je n’ai plus la force. J’ai dû perdre conscience longtemps. Attachée. Une lame fichée dans le mur entaille ma nuque, courbée pourtant. L’un de tes raffinements. Je regarde mon pauvre corps qui persiste à me rappeler vainement qu’il a froid. Mes vêtements roulés en boule dans un coin, et ces rubans pourpres qui serpentent autour de moi. Tu as serré trop fort. Rouvert la cicatrice à ma main droite. Misérable, je suis misérable devant toi. Je meurs à chaque fois et ça n’en finit pas. Tu peux tout sur moi, peut-être. Je suis fatiguée, mais ça tu ne veux pas l’entendre. Je peux à peine lever les yeux pour voir ton visage. Je t’entends filer des paroles qui n’ont aucun sens, tu me réprimandes, tempêtes, je ferme les yeux pour essayer de comprendre, sens une main sur mon visage. Tu me cajoles, me consoles, me berces, je concentre mon esprit pour essayer de résister au prochain assaut. Tu ne lâches ta proie que pour la rattraper alors qu’elle tente de s’enfuir. Tu t’es lassé de la situation et il n’y a plus que la chasse qui t’excite, l’espoir, la peur, la douleur de ton gibier. Je me demande si c’est pour cette fois. Comme toutes les fois je me demande. Habitude de fantoche épuisé. Cela dure depuis longtemps, pourquoi cela ne continuerait-il pas ? Je tente un nouvel effort pour rencontrer ton regard. La lame cisaille, un liquide tiède glisse le long de mon cou. Et c’est là que je comprends. Tes gestes mesurés, nerveux, tes attentions soutenues, ta désinvolture inquiète. J’ai compris. J’ai tout compris. Le plaisir dans ton regard, assombri. Tu as besoin de moi. Un besoin viscéral, impérieux, premier. Je te tiens. D’où je suis je te défie. Tu es lié à moi. Je te tiens et tu le sais. Mon corps est secoué d’un spasme qui se mue en rire. Je te souris. Je veux voir, je veux te voir, je veux voir ton regard. J’ai payé déjà, je suis encore prête à payer pour cela. Dans un mouvement presque imperceptible, j’écarte les cuisses. Je rassemble mes dernières forces pour le dernier mouvement. Sur ton visage, l’incrédulité, puis la satisfaction, puis, enfin, le triomphe. L’affreux triomphe. La reddition. Ta reddition. Une éternité. Regarde moi. Regarde moi. Regarde moi. Je suis désormais la seule femme qui te soit interdite.
Elle se jettera sur mon couteau avant que je l’aie tiré (Valmon dans Quartet)
Mes yeux sont déjà en train de se vitrer tandis que dans ses derniers soubresauts mon corps te signifie qu’il te quitte. Je suis en train de crever. A ton tour à présent.
12:39 AM
jeudi, juin 15, 2006 C'est plein de poussière, ici Bon, je passe un coup de chiffon sur les meubles et je m'y remets. J'avais promis un post joyeux pour cette fois-ci, hein. C'est pas que j'ai pas des moments de pure félicité, mais j'ai quelques petites choses désagréables en tête que j'aimerais bien sortir sous peine que ça me ronge dans le dedans de moi-même... J'enchaîne.
J'ai fait il y a quelques semaines une expérience tout à fait singulière. Me catapultant, une fois n'est pas coutume, d'un point à l'autre de notre belle capitale par le moyen le plus rapide mais le plus nauséabond, j'étais assise dans le métro, profitant des 8 minutes 17 secondes de tranquilité que m'offrait la translation jusqu'à la prochaine correspondance pour me reposer confortablement assise sur un strapontin (mes références en termes de confort sont ce qu'elles sont). Et c'est là que c'est venu. Une sensation de chaleur d'abord, un rayonnement très précis, partant de la zone du coeur, et irradiant dans l'ensemble de mon corps. Ca se répandait lentement par vagues successives à mesure que je me concentrais sur l'épicentre du phénomène. Une sorte de crescendo lent, très lent, régressant à l'occasion d'un mouvement de foule en direction de la sortie, d'un mouvement de foule vers le fond du wagon. Me concentrer, reprendre, pour retrouver la sensation et voir jusqu'où ça pouvait aller. Une sensation de compréhension globale et en même temps de tranquilité d'une intensité que je n'avais jamais atteinte. Et cette paix profonde, ce détachement qu'ont peut-être éprouvé ces gens qui disent avoir atteint l'éveil, l'illumination, appelez cela comme vous voulez. Je ne suis pas allée jusqu'au bout. La sensation a fini par se résorber quand je suis arrivée à ma correspondance. C'est incroyable ce que l'on peut faire rien qu'avec un esprit profondément athée. Ce n'était peut-être pas un voyage astral, en même temps ma carte orange ne couvre que trois zones et j'ai préféré descendre à Saint Lazare en attendant de trouver l'abonnement adéquat. Je n'ose même pas imaginer le montant de l'amende que j'aurais pris si j'avais été surprise par des contrôleurs juste au seuil du voyage.
10:00 PM
mercredi, mai 24, 2006 Laissez moi, laissez moi, il faut que [...] Un être à l'identité protéiforme. Additionnez chacun de ses noms, chacun de ses titres, il vous restera l'espace fécond où se poursuit l'histoire. Méfiez vous, cet homme est chargé.
3:55 PM
dimanche, mai 14, 2006 Je profite ... de l'hospitalité internetesque de Thiom pour laisser, à nouveau, un petit message ici. Je me rends compte que j'ai pas épilogué sur mes histoires de déménagement, sur ce que ça signifie pour moi et sur ce que ça me fait. J'ai pas non plus épilogué sur ce que cette séparation d'appartements fait et fera à ma relation avec Thiom. C'est peut-être pas le moment de parler de ça, je suis passée à l'ancien appart rapporter deux tournevis, Thiom m'a dit "si tu passes ce soir je te fais à manger" (pas un dîner en bonne et dûe forme parce que j'avais pas le temps mais un truc genre casse-croûte histoire de). En fait il avait fait un truc ma foi plutôt sympa, Clems était là, et c'était sympa. On s'est mis à parler de ce que je lui avais demandé de garder dans sa cave, des docs sur le concours sur lequel je me suis cassé les dents. Il a commencé à critiquer mon choix de garder ces trucs, puis comme je n'ai répondu que par un hochement de tête à l'une de ses affirmations il a fait la gueule avant de partir plus froid qu'un glaçon. Avant, quinze secondes plus tard, de toquer à la fenêtre pour me demander d'aller lui choper un paquet de chewing gum sur sa table, tout sourire. Je crois que je suis un peu trop fatiguée pour ce genre de jeux stupides. Je lui ai balancé ses trucs très sèchement et j'ai refermé les volets avec l'envie de pleurer. J'aurais bien eu envie de m'en fumer un histoire de me consoler, mais j'ai décidé de limiter ma consommation de narguilé et j'ai décidé que le prochain que je fumerais, ce serait dans un mois. Résiste ma fille, montre toi un peu qu'il te reste un fond de volonté. Bon, je me suis bien vidée de ma hargne, à présent je retourne à mes activités. Ce n'est pas très propre de venir balancer ses petites saletés pour ensuite repartir en sifflotant... La prochaine fois je m'essaie à quelque chose d'un peu plus gai. En ce moment je suis pleine de fiel et de colères diverses. J'ai envie de casser les dents des gens en ce moment. Je suppose que c'est l'abus de transports en commun aux heures de pointe. Ca et l'excès de repas au tupperware, assise sur un strapontin de métro, peut-être.
9:50 PM
vendredi, mai 12, 2006 Au pas de course dans un netcoffee et sans relecture... (et c'est un message qui date d'une semaine au moins...) Bien, me revoilà. Ces derniers temps, je ne vous le cache pas, ont été passablement pénibles, pour tout un tas de raisons profondes et superficielles. Je suis repassée il y a peu à l’endroit où j’avais fondu en larmes en regardant ce misérable monument qu’on appelle l’arc de Triomphe. Je vous emmerde, vous qui ne m’avez pas ouvert votre porte, vous qui m’avez dit que je n’y arriverai pas. Quand on vit près de la Place de l’Etoile dans un confortable appartement, on est coupé des réalités d’une partie non négligeable de la population, c’est une chose connue. Ce qui est amusant c’est qu’on a une conviction proportionnellement plus convaincue de savoir ce qui peut se faire et ce qui ne peut pas se faire avec, mettons, 800 euros par mois. Eh bien, je vous emmerde. Mais profond, hein. C’est un peu cryptique ce que je raconte (je crois en avoir parlé ici de manière plus précise, mais je rédige ce post avec mon ordi chez moi avant d’aller le poster dans un cybercafé et je ne peux pas vérifier). En fait j’ai été assez secouée par une entrevue avec un potentiel propriétaire qui avait un placard à louer. Qui m’a expliqué qu’il ne pouvait pas me louer sa putain de chambre pour mon bien, hein, pas du tout parce qu’il cherchait une source plus confortable de revenus pour régler le loyer exorbitant de ladite chambre. Bordel, ce qu’il ne faut pas entendre. J’avoue avoir nourri l’envie de repasser un coup de fil au monsieur pour le mettre face à ses contradictions.
Je suis installée dans mon petit tout petit appartement, ça y est. Ca n’a pas été évident de quitter l’appartement des environs de la rue Mouffetard. Je m’y étais installée quand je me suis mariée, il y a de cela… Presque neuf ans (je dis ça de tête sans vérifier sur mon livret de famille) ? Quand je me suis installée là-bas, j’avais déjà des difficultés avec Thiom depuis un moment. Je pensais que j’arriverais à changer, à être plus comme il voulait. Je voulais me plier par amour à ses exigences, d’autant que je m’étais convaincue que ce dont il avait besoin, j’en avais besoin aussi. Je me suis sclérosée dans la poursuite de chimères qui n’étaient pas les miennes. Il m’a fallu presque dix ans pour réaliser tout ça, pour faire le tri de ce que je voulais et de ce que je ne voulais pas. De gros gadins, de vrais moments de solitude, ma cicatrice à la main droite, et au moins une fois, une envie véritable d’arrêter tout. Non pas d’arrêter ma relation avec lui, mais de m’arrêter moi-même. Un jour j’avais vu une armurerie au métro Alésia. Juste en face de l’église. Une toute petite échoppe. Je me sentais tellement mauvaise, tellement inutile, tellement incapable. Ce qui est amusant c’est que c’est à ce métro que je descends pour aller à mes séances avec monsieur Simple. L’armurerie a laissé la place à une friperie inoffensive. Une nouvelle vie pour des fringues qu’on a aimé un jour, plutôt qu’une échoppe avec des canons neufs pour défoncer des gens fatigués. Difficile de quitter cet appartement. Je suis une sale symboliste, et dans mon changement d’adresse, il y a beaucoup, beaucoup de choses. C’est dans cet appartement que j’ai reçu Nava, avec qui les liens se sont distendus comme je l’avais prévu. Dans cet appartement que j’ai fondu en larmes parce qu’il m’avait encore lâché, parce qu’avec tout son bon fond il m’a balancé les plus affreuses vérités que j’aie dû assumer. Dans cet appartement que j’ai pleuré dans les bras de Thiom qui me répétait que le vent l’emporterait. Des anniversaires les larmes aux yeux, à tenter de faire bonne figure quand j’aurais voulu qu’il soit là, même à des centaines de kilomètres. C’est là que j’ai passé des heures au téléphone à essayer de trouver des solutions à des problèmes que je savais ne pas être les bons. Je quitte cet appartement. C’est une des étapes de notre séparation avec Thiom. C’est un peu évident ce que je dis, mais je vous assure que ça fait bizarre. On nous a donné une date pour divorcer. Thiom n’est pas disponible mais ça se fera, un jour ou l’autre. Au pire, en septembre (en attendant la suite des carnages…). Nous avons vécu sous le même toit, en couple puis séparés, depuis 1997. Nous sommes fin avril 2006. J’avais quitté l’appart de ma mère pour venir m’installer avec lui. Autant dire que du haut de ma presque trentaine, je fais ce que font les jeunes adultes quand ils quittent le domicile de leurs parents pour aller s’installer dans un appartement où ils vivront seuls. Toujours cette sensation de faire les choses à l’envers…
J’ai deux travaux principaux pour le moment. Je travaille toujours pour la boîte dont on voit les affiches partout dans le métro. C’est affreusement mal payé, mais le bénéfice que j’en tire est énorme, du moins pour le moment. Une histoire de passion que je parviens à transmettre même aux rétifs. Prendre le temps de comprendre ce qui ne va pas, laisser le cœur parler. J’aime voir leurs yeux briller, les retours indirects que me renvoient les commanditaires de l’opération. Hier une dame m’a appelée pour me dire que c’était un très beau travail, ce que j’avais fait. Qu’on en revoulait même si la dame n’avait pas vraiment les moyens de poursuivre. Si elle savait ce que je reçois de ce qu’elle paie… Le deuxième travail m’est tombé dessus par hasard. Un coup de fil sur mon mobile. Un bon contact, et c’est parti pour six mois d’un travail alimentaire. Le lendemain après l’entretien, il m’appelle pour me dire qu’il est désolé… mais que je suis prise (salaud). Et puis il y a le reste. Mes activités annexes dans un domaine plus… artistique. C’est un peu en sommeil pour le moment mais ça reprend dès que j’ai dormi un peu et que je ne suis plus malade (parce que oui, je suis malade, mon corps n’a pas encore compris que même malade je continue à travailler).
Je tiens à remercier ici les quelques personnes qui m’ont manifesté leur soutien, d’une manière ou d’une autre, de très près ou de plus loin. Je n’oublie pas. Je n’oublie pas les autres non plus, parce que je ne suis pas une fille gentille. Les autres, je me permettrai seulement de leur dire que je les emmerde, mais à un point… J’ai du ménage à faire, et il serait bien que de leur côté ils en fassent aussi, mais ça… J’ai reçu un coup de fil d’un revenant. « Gnagnagna, j’appelle pour prendre de tes nouvelles, gnagnagna je t’en donne pas (sans doute est-ce trop fatiguant) » Que me veux-tu pauvre con, on n’a jamais rien partagé et on ne partagera jamais rien, aimes-tu tellement le vide que tu le collectionnes ? Je ne comprends, ou plutôt je ne veux pas comprendre. Comprendre que tu es seul avec ton putain de téléphone un soir, que tu as épuisé la liste de ton répertoire et que ça tombe sur moi. Que tu te prends pour un garçon intéressant, un bon parti, presque, alors pourquoi je n’aurais pas une furieuse envie de frayer avec toi, hein ? Ben oui tiens, pourquoi… Ce n’est pas parce que je suis une fille dite « libre » que je fais n’importe quoi. J’aime ce genre de paradoxes apparents. Tout de que j’ai eu envie de te dire, pauvre con, c’est une réplique inspirée d’un des bouquins de Duras (dont j’ai oublié la référence)… Jamais autrement que par hasard. Regarde moi, je suis la seule femme qui te soit interdite.
J’attends toujours que ma situation se stabilise un peu. Un peu de stabilité dans mon monde en mouvement serait bienvenu. Monsieur Simple me dit de ne pas m’inquiéter, que je traverse des moments difficiles, mais. L’ordonnance que m’avait faite mon généraliste pour du Lexomil est rangée quelque part dans mes papiers, je n’y ai pas touché. L’ancienne boîte que je me gardais comme un talisman a quitté la poche avant de mon sac à dos il y a quelques jours et n’y est pas revenue. J’attends de voir ce que je vais donner en tant que personne seule aux commandes de ma propre vie. J’ai cherché longtemps à trouver ma norme chez d’autres et j’ai besoin de reprendre ma souveraineté sur les affaires qui me concernent. Je suis assez folle pour penser que j’y suis prête.
Je suis amoureuse, toujours. Il y a quelque temps je disais que c’était presque un état chez moi. Là où c’est, disons, spécial, c’est que je suis amoureuse de quelqu’un. Je suis pourtant pas toute jeune mais je découvre des choses plutôt nouvelles pour moi. Certaines me plongent dans une perplexité amusée. En tout cas la situation dans laquelle je me trouve ne ressemble à rien de ce que j’ai pu vivre avec d’autres personnes (c’est juste différent). Entre autres, je découvre la nuance et le jeu. Je ne suis pas enfermée, je n’enferme pas (du moins j’essaie). Nous partageons, de la nourriture, du vin, des mots, et les soirées prennent la direction qu’elles veulent. J’essaie aussi de faire parler l’envie plus que le besoin, de jouer sur les anciens rôles que j’ai été amenée à occuper. Aucun plan, mais des directions qui se dessinent naturellement. « Naturellement ». Une urgence à prendre son temps, à observer, à sentir pleinement les choses et les situations, à comprendre par petits bouts. En me laissant assez de champ pour me tromper. S’il y a une chose que je sais et que j’aime faire, c’est regarder. J’ai compris tellement de choses à travers tous ces petits détails que je vois. J’ose dire que j’ai parfois compris des choses que celui ou celle que j’avais en face de moi ne voulait pas me dire, qu’il ou elle n’aurait jamais admis.
J’écris au fil de la plume sans trop savoir où je vais. Ce post n’apparaît pas au panthéon des posts les mieux écrits ou les plus profonds. Je suis dans une veine introspective, ce qui en sort m’échappe un peu. C’est un peu comme une photographie de moi à ce moment précis que je suis en train de vivre. Je le mets là pour avoir la possibilité d’y revenir, même si je ne suis pas trop du genre à relire tout mon blog. Un jour peut-être. J’aime bien m’en laisser la possibilité. Et puis j’écris aussi pour vous donner quelques nouvelles, à vous qui passez, au cas où ça vous intéresserait.
9:58 PM
mardi, avril 04, 2006 Bulletin de santé Vivante. Mais pas très bien. Les larmes affluent aux yeux tous les jours, ne tombent pas sauf dans des contextes où je peux me le permettre. Retour du Lexomil. Ca fait bientôt un mois que je suis dans cet état. Débordée. Par tout. Partout. Je ne manifeste pas contre le CPE parce que là j'en suis à d'autres préoccupations plus urgentes pour ma survie. Jetez moi des pierres. Si vous avez à attendre dans les cortèges, lisez En un combat douteux de Steinbeck. Moi j'ai trouvé ça très puissant. La fin est intéressante. Je trouve que ça ouvre des horizons, même si l'intrigue se place dans un autre context que le nôtre. Pour aller vite, je n'en conclus pas qu'il ne faut pas manifester, contre le CPE ou contre autre chose. Faudra peut-être en reparler. Sinon, j'ai trouvé un appart pas très loin de Bastille. Une toute toute toute petite chambre. Je deviens la Sorcière du Placard aux Balais. Sinon, j'ai trouvé un emploi. Mal payé, et précaire, hein, et bien plus qu'un CPE mais là encore on va pas s'engager dans une discussion trop longue. Je vais toucher le RMI. On me dit que je ne vais pas m'en sortir financièrement et on a même essayé de me faire croire que si on ne voulait pas me louer un placard dans le 17e c'est pour mon bien (ce qu'il faut pas supporter d'entendre parfois...). Enfin, tant que c'est des propriétaires dans le 17e arrondissement, je me permettrais bien de leur dire qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'est un budget honnête et que je les emmerde mais à un point... Mais je suis une fille bien élevée, hein. C'est vrai que si on en était venus à sympathiser on ne serait pas allés toutes les semaines à l'opéra. Ca tombe bien, l'opéra n'est pas encore dans la liste des choses que je considère comme vitales. En conclusion, ça bouge, et j'ai bon espoir que ça avance suffisamment pour que je puisse tenir sans m'effondrer avant que ça se calme.
3:06 PM
dimanche, mars 26, 2006 Fantaisie en Si Je presse le pas pour rentrer chez moi. Quand je lève les yeux vers la porte, je me retrouve devant une jeune fille aux sourcils froncés. Elle m'appelle par mon nom. Je n'ai pas besoin de lui demander le sien. -Il est à moi, il faut le laisser tranquille. -Il n'est pas plus à vous qu'il ne serait à moi. J'hésite à poursuivre. Je la vois, toute petite, très en colère. Sa présence irréelle à la porte de chez moi tient d'un coup de rage inconsidéré. Je pense à tout ce chemin qu'elle a dû faire pour se retrouver ici. Un acte ridicule qui me la rend profondément sympathique. Il ne sait pas qu'elle est là. -Rassurez vous, je ne suis pas là pour vous arracher quoi que ce soit. Il n'y a pas de rivalité entre nous. Je m'apprête à pousser la porte, me ravise. -Je ne vous connais pas et je ne devrais peut-être pas vous dire cela. Finalement, nous serons peut-être amenées à rivaliser, mais pas à la manière que vous pensez. Ce ne sont que des suppositions, mais si mon intuition se confirme, vous avez intérêt à vous battre parce que je n'ai aucune intention de vous laisser établir votre loi. Maintenant si vous le voulez bien, je vais rentrer chez moi, ces sacs plastique sont très lourds et me scient les doigts.
Elle était si jolie le visage en colère et les poings serrés.
5:45 PM
A présent quand je lis ce qu'il écrit j'entends sa voix. Ce soir je relisais son dernier texte et j'ai compris pourquoi j'aimais travailler depuis plusieurs jours ce tissu noir et épais. Il me rappelle le grain de sa voix. Robe de bure ou fourreau de garce, manteau d'hiver pour une petite jeune fille fatiguée ou cape de bandit de grands chemins...
1:57 AM
jeudi, mars 16, 2006
J'en ai marre des douches glacées après un bain chaud et rassurant. J'en ai marre de frôler cette envie de ne plus être vivante, pas tout le temps mais de temps à autres. J'ai la sensation de ne rien comprendre, de n'être capable de rien. Enfin de rien qui fasse de moi un être vivant à peu près potable aux yeux d'une personne que je côtoie tous les jours. Thiom m'a dit pour la première fois qu'il avait hâte qu'on divorce, mais qu'il avait aussi hâte que je me barre. C'est peut-être là qu'on se retrouve, une dernière fois. Il a ajouté qu'il n'avait pas toujours pensé ça. Mea culpa, mea maxima culpa je suppose. Je ne comprends rien, sauf peut-être qu'il est temps pour moi de partir, et de le faire vite.
3:42 PM
dimanche, mars 12, 2006 Du fond de mon lit, vive le wifi Je suis à Bordeaux, confortablement installée dans mon lit. De la fenêtre, les deux tours de l'église m'indiquent que je suis formidablement bien placée. Ca va. Hier, conférence à moitié aphone, devant un comité plus que réduit. Ce n'est pas mon fan club qui a étoffé les rangs, personne n'est venu. Mais ça c'est un détail. les gens qui étaient là sont de drôles de personnages, l'asso qui proposait la conf est un peu leur bébé et ils y tiennent beaucoup. Ils ont des liens très humains, et ça aussi c'est joli. Je suis logée dans une famille adorable. Un couple autour d'une petite Chipie à fondre d'amour. Une vraie petite fille, avec ses mimiques, ses colères, son petit carafon. Ils me font boire du vin, et du vin, et du vin. Tout à l'heure, je vois Nava. Un peu "entre deux portes", ça devient une habitude. Je suis animée d'une sorte de fatalisme. Si les choses sont comme elles sont, c'est sans doute que ça doit tourner comme ça. Ensuite je vois mon amie Chris. Drôle de ressenti vis-à-vis d'elle. C'est mon amie mais plus ça va, plus je la sens froide, du moins du téléphone. Je ne sais pas à quoi ça tient. Une sorte de carapace pour se protéger des agressions trop nombreuses dans sa vie ? Je suis pas encore assez réveillée pour résister à la psy de comptoir. Mais ça m'emmerde. J'ai laissé en partant des taaaaas de petits dossiers ultra-super urgents et j'essaie de les laisser soigneusement hors de mes pensées de ce week-end jusqu'à lundi après-midi. Vous savez quoi ? Je n'aime pas ce post. Il n'a aucune valeur nutritive. C'est aussi intéressant qu'une liste de courses. Mais je vais poster quand même pour donner un peu signe de vie...
10:28 AM
lundi, mars 06, 2006 "Ok, picture this" Jamais été aussi débordée. Résumons nous : -Recherche d'emplois active de chez active, -Agent artistique en prise d'envergure (deux nouveaux artistes semi-confirmés dans mon escarcelle d'ici bientôt...), -Relations publiques pour une petite entreprise qui connaît la crise, mais sur un truc que j'aime aussi, -Couturière pour Elisabeth d'Angleterre, première du nom, -Conférencière, -Projet de site sur un truc que j'aime, -Rédactrice d'un article sur l'art érotique d'un pays lointain, -Relectrice d'un manuscrit de 250 pages assez tendu à lire, -Amoureuse, -Amie aussi un peu, enfin j'essaie, -Citoyenne, -Etre humain, -Et là maintenant, un petit projet de spectacle érotique à monter. Ca aussi c'est drôle. "Oh, les garçons dans les vestiaires, oh..."
En digne fille de Mars, je continue à me battre. Et le 25 mars, je fais une fête pour mon anniversaire. Là encore je lèverai mon verre. A cette liste, et à tout ce qui ne s'y trouve pas. Tellement de plaisir, d'une telle richesse, d'une telle intensité.
12:05 AM
vendredi, mars 03, 2006 Petites ruminations en interne Alors là c'est ta ligne de dialogue où tu dis "t'inquiètes pas, je m'occupe de tout, donne moi juste deux ou trois infos et ça va marcher comme sur des roulettes". Et ça serait vrai en plus. Un côté protecteur que j'accepterais de toi, et peut-être de toi seulement. Ton silence me fait un peu de peine. J'en ai trop mangé du silence, maintenant je m'en méfie. Je préfère m'en foutre, un petit peu, essayer de trouver autre chose. Merde, ça fait de la peine quand même, tu m'as habituée à compter sur toi ; et s'il t'était arrivé quelque chose ? Pas de mail, pas de message sur mon téléphone. Un grand vide glaçant. Demain j'essaierai de te joindre en craignant qu'il se soit produit le pire. EDIT : petits enfants, votre Fabienne Franseuil nationale va faire une petite tournée à Bordeaux du 10 au 13 mars. Et je sais où je vais dormir.
12:53 AM
mercredi, mars 01, 2006 Entre les lignes A tout ce que je ne dis pas, tout ce que je n'ose pas dire. Ce bon chaud qui me prend aux tripes, cette envie de rire tellement que je ne m'arrêterai peut-être jamais, ces regards à couper au couteau, ce regard que je ne parviens pas à soutenir, cette allégeance à des choses anciennes cette séduction que je n'arrive pas à dévoiler mais qui me porte depuis si longtemps ce plaisir conjoint de faire la nique à tout un tas de choses que je vois bien dans son regard et que je sens en moi, des liens qui se serrent jusqu'à la douleur. Vous avez remarqué que plus les liens étaient fins et transparents plus ils étaient contondants ? Vous n'avez jamais senti la brûlure du fil de pêche. Et les images qui reviennent, et les mots à la pelle, qu'il en restera bien quelque chose, comme une impression en négatif des chemins que l'on peut emprunter, et de ce choix, de ces choix, toujours présents, toujours pressants, toujours actifs. Je lève mon verre à tout cela.
7:03 PM
lundi, février 27, 2006 Je crois que ça va pas être possible Tu es là, bien enfoncé dans ton confort, et tu me laisses de côté ? Tu as tort, mais ça me fatigue de te le démontrer. Je me passerai de toi. Je ne suis pas performante, vendeuse, agressive ? Tu hésites, fais la moue, et puis tu me jettes. Et si tu ne me jettes pas, tu me gardes au chaud en attendant d'avoir peut-être besoin de moi. Ta tasse fait des ronds sur mon écriture jusqu'à ce qu'elle se renverse et que tout devienne illisible. Tu oublies de m'appeler parce que tu as bien trop de choses importantes à penser ? Je ne veux pas vivre dans ton entourage. J'y resterai un peu, je me servirai de toi, comme tant d'autres. Au petit jeu des faux-semblants je suis très forte, et je ne m'encombrerai pas de scrupules. Faut pas en faire une affaire personnelle, hein ? La guerre c'est la guerre, pas vrai ? Puis quand j'aurai épuisé toutes les ressources que toi et ta maison avez à m'apporter, je repartirai avec ma ressource humaine pour d'autres vertes contrées. Où on n'oublie pas les gens, où faire attention à eux n'a pas besoin d'être écrit en trois exemplaires sur papier glacé, au risque qu'on oublie de s'en faire valoir devant les autres, où tendre la main n'est pas une faiblesse, où on peut croire en ce que l'on fait, où il y a de la vraie vie. De la vraie vie, tu sais ? Ca me plaisait ton trip, mais j'en ai pas oublié ce que ça voulait dire.
Ben tiens, pour quelques jours, j'ai envie de m'improviser Fabienne de Carême-Prenant. Toujours mieux que de grommeler sur ma manifeste inadaptation au Très Saint Marché du Travail. Je vais commencer par faire des bugnes, parce que pendant qu'on fait les bugnes, on ne s'en prend pas. Je sais c'est facile. Et puis je reprendrai mes petites affaires, parce que même si je sais pas combien de lettres de motivation j'ai pu envoyer depuis le début, en faire deux de plus ce soir je sais pas pourquoi mais ça me fait plaisir.
12:46 PM
jeudi, février 23, 2006 Message à caractère informatif Ceci est un petit message non littéraire pour vous dire un peu par quoi je passe concrètement en ce moment. Mon but est de faire savoir au monde entier que je cherche un poste de maîtresse du monde. Et croyez moi, ça marche plutôt bien. On m'a même laissé miroiter un poste d'impératrice, dans un palais et tout. Mais si ça se trouve ça ne marchera pas, hein... Ca je le saurai d'ici vendredi. Je suis comme une midinette à attendre une missive de l'un de ces messagers vêtus d'argent avec lesquels j'ai désormais coutume de m'entretenir. Si ça ne marche pas, je projette de jeter mon dévolu sur l'une des républiques bananières à disposition actuellement, ce n'est tout de même pas ça qui manque. Sinon ? J'ai présenté ce matin mes excuses à monsieur Simple. Parce que quand je vais le rejoindre en séance, je m'arrange toujours pour lui sortir les emmerdes les plus sombres en me disant que c'est sans doute le plus intéressant pour l'analyse. Métier ingrat que celui d'analyste... Monsieur Simple veut du rose, de la guimauve, des lendemains qui chantent. Le pauvre enfant va être servi. Parce que vous savez quoi ? Eh bien ça va plutôt bien. Bientôt je pourrai lâcher cette putain de phrase qui me brûle depuis tant d'années, mon vieux fantasme, ma chimère affolée hululant le soir au fond des bois. La phrase de trois mots qui me trotte en tête depuis de si longues années, vers laquelle je n'ai fait que tendre, encore et toujours, contre vents et marées. Il est encore un peu tôt pour vous la lâcher en pâture maintenant tout de suite. Si ça se trouve, il me faudra encore de longs mois à en baver des ronds de chapeaux, à me rendre compte que j'ai fait fausse route sur les grandes largeurs. Mais ça viendra. Et ce jour-là, il me semble bien que Sans Prétention prendra une toute autre tournure. (C'est du teasing, ça...)
12:18 AM
vendredi, février 17, 2006 Talisman - répétition Mais arrête tes petites histoires de fille fragile. Tu as bien appris à tenir debout toute seule, non ? Bon, alors ? Gnagnagna je suis fatiguée, gnagnagna je tire sur la corde… Tu as toujours tiré sur la corde non ? Plus qu’il ne fallait, mais quand tu te réveillais ça allait toujours mieux, les vertiges, le froid qui envahit ton corps après la mauvaise chaleur, les gifles, l’eau, le sucre, laissez la respirer (oui, c’est ça, laissez la respirer) ? Ben là ça sera pareil. Ca ira mieux quand tu auras passé le cap. Avant ça, fume autant que tu en auras besoin, et bois, et parle, parle, parle, ne regarde pas sur les côtés et surtout pas derrière. C’est pas intéressant, derrière. Les vieux démons n’attendent que ça. Alimente toi de la bonne rage, tourne la vers l’avant et file, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Tu tiendras. Là encore, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est ton boulot, personne ne le fera à ta place celui-là. Pour pas retomber dans les anciens jeux. Pour être grande et belle, tu te rappelles ? Ces anciens jeux ne sont plus les tiens, faut trouver autre chose pour attirer l’attention. Tu ne fais pas partie des faibles et des gagne petit, même si parfois. Ben oui, parfois. C’est parce qu’ils ont vu autre chose que tu les respectes, tu vas quand même pas le manquer le fameux rendez-vous que tu attends depuis si longtemps ? Un jour sur un quai de métro une toute jeune fille d’à peine dix-sept ans a dit « moi je voudrais être quelqu’un ». On s’était foutu de sa gueule à l’époque. Tout ça tu t’en souviens. T’as pas oublié. Ca et d’autres choses. Moi je la veux, la part du lion. Avec les ongles, avec les dents, c’est comme ça que ça se passe et sans doute ça s’est toujours passé comme ça. Encore une fois ton pire ennemi tu en connais le visage, tu le connais très bien. Depuis le temps. Regarde, il se recroqueville déjà un peu. Depuis le temps. Ca aussi ça bouge. Tu te souviens, Fabienne Franseuil ? C’était ton programme, tu savais pas encore jusqu’où ça te mènerait que tu savais. Tu pourras pas te défendre que tu savais pas, qu’on t’avait pas dit. C’est écrit en toutes lettres. C’est toi-même qui l’as tracée, la ligne. Toutes les portes que tu as dit. Toutes, les unes après les autres.
------------------- Ce poste écrit d'un jet n'a pas été relu. Si je relis, je poste pas.
1:49 PM
mardi, février 14, 2006 Les temps changent Dans les temps anciens, on frappait les jeunes filles avec des lanières de cuir lors de la fête des Lupercalia. Il paraît qu'aujourd'hui "on ne frappe pas une fille même avec une rose". On peut la mener en bateau pour assurer son petit confort, la bourrer dans tous les sens et par tous les trous, lui foutre des coups de boule si elle s'écarte de la ligne qu'on lui a tracée, lui faire les pire chantages qui soient, pendant la saint Valentin on prendra la peine de gommer ces petits détails avant de se rendre chez le fleuriste pour acquérir une gerbe de roses rouges à vomir. En ce jour bizarre, j'aurais lancé un escadron brise-couples d'une douzaine de personnes spécialement motivées et triées sur le volet. On aurait travaillé au grand air toute la journée, puis on se serait retrouvés vers la fin de la soirée pour boire, et boire, et boire. Et parler, aussi. Mais aujourd'hui j'ai juste envie de me terrer chez moi. Qu'ils se débrouillent sans moi.
12:02 PM
mardi, février 07, 2006 Moi aussi je veux être une superstar Je suis malade. Mais bien, hein. Le médecin en me voyant m'a demandé qui m'avait fait ce joli cadeau. "C'est beau, c'est vraiment très beau". Jamais on ne m'avait regardé comme ça. Surtout le fond de la gorge, et encore moins dans l'état où il se trouve. On discute un peu, tension, oh, c'est bien bas qu'il me dit, ben forcément le dernier repas que j'ai pris c'était hier et j'ai déjà du mal à avaler ma salive alors... Pour la gourmandise, il reprend sa lampe et regarde une nouvelle fois en poussant des exclamations admiratives. Je suis une fille exceptionnelle. Exceptionnellement malade mais exceptionnelle quand même. Ordonnances avec des noms exotiques, longue liste de trucs à *avaler* (ventre saint gris, mais pourquoi moiiiiii ?), et puis quand même, ça finit pas revenir parce que : "ça faisait longtemps que j'en avais vu une aussi belle, si vous pouviez garder la bouche grande ouverte, j'aurais même fait une photo". C'est dit sur un ton badin, du genre "mais vous pouvez pas, hein ? De toutes façons vous n'avez sans doute pas envie de faire une séance de photo, sans doute, hein ?". Il en avait vraiment très envie, de sa photo... C'est comme ça qu'on s'est retrouvés à faire une séance de shoot. J'aurais pas pu lui faire un plus beau cadeau. Voilà comment je suis devenue moi aussi une superstar. Depuis je vis allongée, je bouquine des livres trop compliqués pour moi, je mate des films pendant lesquels je m'endors profondément. Je rêve que je rencontre des tas de gens dans des couloirs et que je n'ai qu'une envie c'est d'être seule. Je me réveille et je me retrouve seule, mais vissée à mon lit, dans ma piaule qui ressemble de plus en plus en plus à un terrier, je pose des trucs tout autour du lit, je les pousse pour faire de la place aux autres, ça s'empile, ça s'accumule. Et j'avale ma salive, aussi. C'est toute une opération. C'est pas croyable ce que ça peut arriver souvent. Je ne m'en rends compte que maintenant que j'ai envie de hurler chaque fois que ça arrive, je suis vraiment une ingrate. Je ne sais peut-être pas très bien quel travail je peux être amenée à occuper prochainement (la dernière candidature en cours s'est soldée par un non), mais avaleuse de sabres, c'est définitivement mort. Je dis ça parce que je viens de passer une heure montre en main à essayer d'ingurgiter un petit bol de fromage blanc. Et que je l'ai pas terminé. Quelle folie d'y avoir ajouté des copeaux de chocolat, je vous le demande. Bon, je sais c'est très passionnant ce que je viens d'écrire (pas moins que d'habitude me direz vous). C'est que, faute de pouvoir bramer ma rage et mon courroux parce que bien entendu je suis quasi aphone, j'avais besoin de déposer quelque part mes jérémiades pleurnichardes.
2:48 PM
jeudi, février 02, 2006 Archives (Again) J'ai retrouvé ce qui suit. Un truc du 5 octobre 2005, apparemment. Il m'a fallu du temps pour comprendre un peu de quoi il était question. Je suis pas sûre de connaître le destinataire de cette prose que je n'ai sans doute jamais envoyée. Je suppose que ça n'aurait rien changé.
« I can’t put you out of my mind ». La phrase me tourne en tête depuis plusieurs jours, impossible de déterminer si je l’ai lue quelque part, et si oui, où. A moins que j’aie rêvé que quelqu’un se penchait vers moi pour me dire ça d’une voix éteinte. Qui ? Je n’y comprends rien. La fatigue mélange un bon paquet de choses, comme une grande marée cérébrale qu’il ne sert à rien de tenter de contrer. Ca se voit que je te fuis ? Tu t’en rends compte ou… ? J’ai l’impression qu’on ne voit que ça, moi immobile, muette, ma tête ronde aux lèvres scellées, un petit sourire qui ne veut rien dire. Et j’ai beau écrire ça ici, tu verras que si jamais tu venais m’en parler je ne serais pas foutue de faire un mouvement. Pourquoi ? Parce que je ne veux pas, plus jamais. C’est assez simple quand on y pense. Et puis j’essaie de me convaincre que ça ne sert à rien, que ça tournera nécessairement comme ça a déjà tourné. Je ne veux même pas me demander ce que je pourrais en penser. Avec des si on mettrait Paris en bouteille. Je t’épargne la suite, ne me remercie pas. 11:32 PM
mercredi, février 01, 2006 High and low Deux heures. S'achève la Nième dispute. Paroles amères, impuissance, épuisement. Guerre sourde et larvée entre deux conceptions. Aujourd'hui non plus je n'ai pas trouvé la clé. Je cuve ma tristesse recroquevillée sous la couette. Je n'ai pas eu le courage de me déshabiller. Quand je me rends compte que je ne pourrai pas y couper, bon prince, je me permets de pleurer comme bon me semble, en me fustigeant quand même de me crever aussi inutilement. Envie d'être loin. Envie de ne pas être là. Je repense à cette période où j'avais commencé à me découper la main droite au cutter. Temps lointain. Ca va mieux. Cinq heures et de grosses poussières. Je me lève, reprends le fil de mon récit muet. L'énergie revient, l'envie s'affirme. Tout à l'heure je m'habillerai pour aller parler à monsieur Simple. Librement, décortiquer, sans entraves, sans cette crainte de blesser alors que de toutes façons je blesse et suis blessée en retour. Alors ? Plus tard encore j'irai retrouver la Venus in Furs. Décidément, ça lui va bien à la blonde Arlésienne qui n'en est plus une. Heurtée, mais présente, présente pour de vrai. Là maintenant tout de suite, j'ai envie de rendre hommage à ceux qui sont présents aujourd'hui dans ma vie, présents pour de vrai. Des liens étranges et puissants, et singuliers, comme vous, d'ailleurs. Toujours cette sensation que se dessine... autre chose. J'essaie de garder le cap, quitter mes anciens rôles, laisser de côté les craintes qui étriquent la réalité. Rappelle-toi Fabienne, tu la connais la notion de violence nécessaire, non ?
---------------- EDIT : oui, je sais, je le poste tardivement celui-là, il date d'hier. Je voulais le relire mais je l'ai oublié
2:40 PM
dimanche, janvier 29, 2006 Age déraison Ce sont vos victoires, vos colères, vos déceptions, grandeur et décadence s'embrassant à pleine bouche sur la place publique. Ce sont les fils de vos histoires qui vous maintiennent éveillés jusque tard dans la nuit. Ce sont les cicatrices que vous portez, et qui montrent que vous avez vécu. Cicatrices vives ou anciennes sur lesquelles glisseront de nouvelles caresses. Votre capacité à vivre alors que beaucoup sont, bien que cliniquement vivants, morts avant dix-sept ans, plus tôt encore parfois. Ce sont les rides aux yeux qui se plissent quand vous vous ouvrez, enfin. C'est votre art consommé de la chaleur et de la glace. C'est, inespéré, insolent, votre choix de la chaleur. C'est votre maîtrise du feu, et aussi, un peu, votre capacité à souffler sur la braise.
En amour, l'âge ne compte pas
Ô jeune homme de soixante ans, Tombe amoureux si tu veux. En amour, l'âge ne compte pas.
Une règle de l'amour dit-elle Qu'il faut avoir entre vingt et vingt-cinq ans ? Qu'a l'âge à faire avec l'amour ?
A seize ans comme à soixante, Le fleuve souterrain de l'amour suit son cours. A soixante ans, le coeur peut encore saigner, Et les doigts saisis d'amour trembler Dans une étreinte.
A soixante ans, l'esprit peut encore plonger Dans une marre de boue et en remonter un lotus.
L'âge est une barrière dérisoire Par-dessus laquelle on peut sauter à son gré. Au fur et à mesure que l'âge avance, La jeune plante de l'amour pousse avec luxuriance, Atteint le ciel et devient un arbre. Plus elle avance en âge, Plus une femme sait aimer. (Taslima Nasreen)
Personnellement, j'ai un programme précis : j'ai décidé qu'à trente ans je serai bien dans ma peau, qu'à quarante je serais irrésistible, et peut-être même que je draguerai de manière éhontée dans les parcs quand j'aurai les cheveux blancs. Parfaitement. Et je suis en avance. Enfin, sur le premier point, vous l'aurez compris de vous-mêmes...
C'est un hasard mais ce poème explique bien pourquoi j'appelle certaines personnes "jeune homme" ou "belle enfant" sans tenir compte du nombre de bougies qu'ils vont souffler à leur prochain anniversaire. C'est tout simplement parce qu'ils sont encore capables de tomber amoureux.
1:51 AM
samedi, janvier 28, 2006 Apparition De loin en loin me revient cette image imprécise issue de mon esprit. Toujours la même. Il y a quelques jours, elle s'est éclaircie. C'est un homme qui passe de pièce en pièce en marchant lentement. La lueur d'un jour de pluie hésite à percer à travers les fenêtres. Sa tête arrondie est penchée, ses yeux sont fixés au sol. Il a laissé ses lunettes sur la table de nuit et tout est flou autour de lui. De toutes façons il ne regarde rien. Je ne vois pas les traits de son visage, je ne sais pas si je pourrais le reconnaître si je les voyais. Je laisse les images filer. Dans ses bras, un enfant, un tout petit enfant dans une épaisse couverture. La maison est silencieuse, au loin on entend les premiers soubresauts de la ville. Tout est calme.
Plus près, plus précis.
L'enfant est une petite fille. Sa petite fille. Il la tient serrée contre lui. D'ordinaire c'est sa femme qui se lève, mais ce matin c'est lui qui vient chercher la petite dans sa chambre. Quelques instants, pour eux et rien qu'à eux. Bientôt il faudra marcher vite, faire du bruit, penser à autre chose, ne plus être ensemble. Bientôt...
Plus près, plus précis.
Le jour a pris sa décision et la pénombre se dissipe. Les rideaux de velours épais et les voilages, encore une fois, n'ont pas gagné leur sempiternelle bataille contre la lumière qui rend ses couleurs à la tapisserie à losanges bruns, ocres et oranges. Un autre temps. Confusément je commence à comprendre.
La petite fille s'est rendormie, bercée par les mouvements de son père. Tout à l'heure il la reposera dans le berceau qu'il a fait pour elle. Un grand berceau de bois aux larges bords, pour éviter qu'elle ne tombe et se fasse mal quand elle sera plus grande et qu'elle n'aura plus envie d'attendre qu'il la prenne dans ses bras pour en sortir. Un berceau bleu sombre, orné d'un motif géométrique de grandes fleurs aux couleurs vives. Du rouge, de l'orange, du jaune. Et en dessous, des réseaux de grandes feuilles vert tendre et sombre qui se terminent en crosses. Il lui en a fallu du temps pour le construire, ce berceau. Ca lui permettait d'être avec elle, déjà, d'attendre qu'elle vienne. Il est particulièrement fier des fleurs.
Les traits de l'homme ne me sont pas apparus, mais je me souviens parfaitement des fleurs du berceau, et de sa profondeur où j'ai dormi longtemps.
1:55 PM
vendredi, janvier 27, 2006 Silence radio Les yeux mi-clos, avant de me plonger sous la couette, je passe ici. Je ne poste pas beaucoup en ce moment ? Vous êtes observateurs. C'est pas moi, c'est le temps qui s'accélère. Encore. Quand j'étais petite, les années étaient longues, mais longues. Aujourd'hui les mois filent sans que j'aie eu le temps de retourner la page du calendrier. Que dire ? Que dire ici ? Je n'ai pas très envie dans l'immédiat d'écrire l'un de ces petits textes à quadruple sens dont je vous gratifie régulièrement. Finalement pour l'heure je préfère me taire. Quant au reste, je ne sais pas si ça peut vous intéresser... Mardi je suis retournée au centre de dépistage de la Croix Rouge. Faire le point, tirer un grand trait noir sur les mois qui se sont écoulés, plutôt que de déchirer la page. Il est bien, ce centre, vous devriez aller y faire un petit tour, je suis sûre que ça vous plairait. J'ai repensé aux dernières fois que je m'y suis rendue, à mes colères tonitruantes de devoir y aller toute seule, l'isolement à l'attente des résultats. C'est drôle finalement. Ma place n'est sans doute pas dans le rôle de la petite chose fragile. J'ose penser que je n'ai plus besoin de ça. Aujourd'hui j'ai décroché ma première proposition concrète pour les artistes à qui je sers d'"agent artistique". Fière, mais fière je suis ! Aujourd'hui j'ai reçu un coup de fil d'une personne avec qui j'ai passé un entretien pour un travail assez intéressant. Je devrais avoir des nouvelles d'ici la fin de la semaine prochaine. Trois personnes encore en lice pour ce poste. J'essaie de ne pas trop y penser. Ces derniers jours, j'ai appris (par mon silence) à un jeune homme rencontré via Meetic à se civiliser. Il paraît qu'il y a moyen de faire "autre chose". On verra bien. Hier soir, soirée un peu spéciale avec la belle Arlésienne. Jusqu'au dernier moment j'ai pensé qu'elle ne viendrait pas. Soirée tout ce qu'il y a de plus agréable, très policée. Je reçois ce soir un mail où elle me dit qu'elle a eu du mal à me cerner, qu'elle aimerait savoir qui sont les autres qui me composent. Tiens, quelqu'un qui sait écouter... Demain je vais déposer mon dossier de demande d'aide juridictionnelle, le premier pas pour divorcer. C'est incroyable l'incapacité dans laquelle je suis aujourd'hui de parler de ce que je pense vraiment ici. Les lignes que je viens d'écrire ne vont pas au fond des choses. Pourtant, du fond, il y en a en ce moment. Et puis des choses parfaitement incroyables, enthousiasmantes, mirifiques. Mais ce que je pense n'est pas très littéraire en ce moment. Ca me passionne et ça me mène jusqu'à tard dans la nuit, et je me demande si les bénédictions que je reçois de toutes parts vont être contrebalancées par la chute d'un gigantesque tas de briques, mais en parler... Bon, je vais essayer autre chose.
Ton corps dressé contre le mur Ecartelé à l'infini, s'offre et résiste à la torture de mes caresses, de mes cris (Higelin, Illicite)
2:10 AM
lundi, janvier 16, 2006 Et je taille ma route Le coeur au bord des lèvres. Encore un bout de vie. Un bout de vie. Se tenir sur le fil. Je dors non loin de lui. Des années qu'on avait dormi si proches. J'imagine son corps allongé. Si proche. Si proche. Je suis au milieu d'un grand espace glacial, la verrière éclaire le lit de fortune préparé pour moi, chaud et rassurant même pour mon coeur à vif. Tout ce que je voudrais lui dire. Peut-être la pudeur me sauve ? Peut-être qu'elle m'enferme. Nos visages se confondent. Regarde le fixement, tu me verras. Regarde moi dans les yeux, tu le verras. Puissant, vif, calme et offensif. Je me rappelle la dernière nuit où j'ai dormi à côté de lui. La nuit du Cavalier à la Lance Molle. Je pense à tout cela en me retournant sans cesse jusqu'à ce que la fatigue me surprenne. Le lendemain. Ambiance familière. Café amer. C'est étrange le plaisir que j'éprouve à le boire. Le timbre de sa voix qui se mélange à la mienne. Désirs contradictoires. Matin feutré, d'autres dorment dans la maison. La maison. Ma place est là, aussi. L'idée me trouble. J'ai lutté pourtant. Je l'accompagne jusqu'à la salle de bains. Oh mais je voudrais pas te déranger, et puis ça va consommer beaucoup d'eau... Il veut, il sait. Il me fait couler un bain dans la grande baignoire. Je le regarde faire. Gel douche, et puis la petite touche de lait pour bébé. Il fait son dosage consciencieusement. Des gestes simples, très simples. Désarmants. Même regard, même visage. Et peut-être, cette capacité à se tailler la part du lion au milieu du chaos. Semblables, mais différents, il faut que j'apprenne. Semblables, mais différents. Différents, mais semblables.
10:15 AM
5h40 Je me tourne, me retourne. La tête pleine à éclater, d'idées, de gens, de mots. Ne vous attendez pas à du structuré encore une fois. Hier en me promenant au hasard, écoutant du chaud et du froid pour garder le cap, j'ai découvert que même Miossec... Boire, Baiser, Apprendre. Et puis Ta chair ma chère. J'en reste muette. C'est joli. C'est inattendu. C'est très joli. Je vous avais parlé de félicité ? Voilà, je suis au coeur d'un de ces moments. J'ai ouvert mes volets sur la nuit où se pressent des figures emmitoufflées, qui se hâtent dans toutes les directions. J'en suis une de la pensée... Pour ma part j'ai le temps de savourer ces premiers moments. Mon premier cadeau de la journée. Je pense à une jeune fille. Peut-être qu'elle dort, j'espère en tout cas. Rien ne lui a été retiré. A tout hasard, je lui souhaite une nuit paisible et heureuse. Si j'étais en état, je vous parlerais d'un verre de vin. Je vous parlerais de la place du Panthéon, de cet épisode devenu mythique que je n'arrive pas à écrire depuis... Oh, quatre ans ? Il est tellement chargé d'histoires successives que j'hésite... Ca me prendra sans doute d'un coup, et alors il faudra que je publie sans relire. Je pense à un petit jeune homme que j'espère moelleusement endormi dans des bras tendres. Pour lui je voudrais une châtoyante fin de carême. J'ai envie de me trouver au centre d'un grand cirque vide, de raconter l'histoire des âges dans la pénombre. Commencer lentement, tisser le fil qui relie le passé au présent et qui file vers l'avenir (je ne parle pas de destin, je parle d'avenir, toujours). La voix qui résonne dans l'espace obscur, au milieu des ombres furtives. Et puis prendre place entre mes mots, parce que ma place est là. Parce que je sais que la fin de l'éclipse est proche, même si j'en porte toujours la marque.
samedi, janvier 14, 2006 A la ramasse Ouhouuuuuu, Fab, ma chérie, secoue toiiiii ! Rien à faire. Entre les maladies diverses et variées, les dossiers super-ultra urgents et les impératifs vitaux qui demandent du temps, je me demande comment je vais faire pour faire régresser la montagne de choses à faire qui s'amoncelle gentiment jour après jour. Là je sèche. Vous avez manqué une bonne dizaine d'occasions de vous prendre en pleine face mes élucubrations diverses et variées... Ca mouline dur en ce moment, entre les grands bilans personnels, les déliriums (non, je dirai pas les deliria, je connais mon latin mais je parle français, là) engendrés par mon esprit surchauffé. Parce que c'est un peu la surchauffe, j'ai la tête pleine, les mains qui tremblent, je parcours l'appartement de long en large, l'air très concentré. Bientôt il ne restera plus de moi qu'un petit tas de cendres. Vivre tue. Comme d'habitude quand j'arrive après un silence riche, ça part dans tous les sens. Accrochez vous. Tiens, je suis tombée en arrêt devant une devanture étrange. Hier, dispute avec Thiom. Je fatigue, vraiment. On fatigue. Il serait temps que quelque chose change. Je suis sûre que vous aussi vous fatiguez de me lire sortir mes gêgnardises à longueur de posts. Je pense aux papiers de l'avocat que j'ai reçus la veille, les choses se présentent bien, un peu plus lentement que je ne souhaiterais, mais ça avance. Ca ne m'a pas empêchée de me trimballer du gris au-dessus de la tête toute la journée, mélange de colère, de tristesse, de fatigue, avant de trouver une chanson de Kent, "Au revoir, adieu".
Mais avec le noyau dur Ceux qui restent à mon sursis Je vais te bouffer, Ô ma vie, J'boufferai même tes épluchures
Il faut se dire adieu Se dire au revoir Ca dépend des dieux Au revoir adieu
Je pense à ce que j'ai appris ces dernières années. Etre aussi peu mesquine que possible, me demander ce que j'éprouve, me mettre à la place de l'autre autant que je peux, vivre dans le mouvement. C'est peut-être ce dernier point qui me trouble le plus, il faut dire qu'il est assez récent. Il y a quelques années, quand j'ai commencé ce blog, par exemple, je cherchais à fixer les choses importantes. Une construction avec des fondations bétonnées me semblait l'entreprise la plus solide. Peur que la moindre chose change, j'étais prise dans un carcan de métal que je reserrais moi-même dès que je pensais que j'avais un peu de place pour respirer. Récente nouvelle, j'ai trouvé du travail qui en mars devrait me propulser loin pour plusieurs mois, intéressant mais trop mal payé pour que je puisse me permettre de prendre une petite chambre en colocation (eh oui, un petit jeune adorable avait réussi le tour de force de me donner envie de me remettre en colocation)... Je n'aurais peut-être pas de pied à terre à moi sur Paris dans cette période. Pas de chez moi pendant plusieurs mois, c'était tout bonnement inconcevable il y a quatre ans. Partir ? Ouh, je ne dis pas que ça ne me fait pas un peu peur, mais je me dis que j'ai peu d'attaches, que celles qui comptent survivront à cet éloignement. Et je pense qu'à moi, ça me ferait beaucoup, beaucoup de bien. Tout n'est pas encore sûr et confirmé, mais sauf autre poste très alléchant sur Paris, ça se fera.
Tous mes enthousiasmes se sont réveillés et me laissent épuisée sur les rives de mes journées bizarres. Il va falloir que je trouve le moyen de soutenir ce rythme délicieusement infernal, ou la prophétie du petit tas de cendre va vraiment finir par s'accomplir. Je suis tellement bien dans ce déséquilibre.
8:37 PM
mardi, janvier 10, 2006 Vertige
Apportez moi du vin Que je tache ma robe Car je chancelle d'amour Et l'on m'appelle sage
(Hafiz, cité par Gide dans les Nourritures Terrestres)
6:17 PM
lundi, janvier 09, 2006 Infidèle -Tu n'as donné aucune chance à notre relation. Phrase étrange. Je marque une pause. Comment réagirait-il si je lui disais ce que je pense réellement ? Que cette relation écrasée au sol manque de... transcendance ? Alors je prends le temps de lui montrer les signes extérieurs du phénomène, point par point, que ce qu'il éprouve n'a rien à voir avec moi. Que jamais cela n'a eu quelque chose à voir avec moi. Non que ça me plaise. C'est une rencontre qui n'a pas eu lieu. Peut-être que je n'ai pas su lui plaire suffisamment pour qu'il se mette vraiment en danger. Cause the love that you gave that we made wasn't able to make it enough for you to be open wide (no). Je lui parle de solitude, je lui parle de son désir aveugle, indifférencié. Que moi aussi j'ai fait partie de cette bouillie dont il se satisfait, ou dont il fait mine de se satisfaire. Que ce n'est pas grave, mais qu'il ne faut pas confrondre certains élans. Que je crois toujours en une certaine forme de fidélité, mais que je ne vois pas comment on peut être fidèle à une personne avec qui l'on n'a pas de liens élémentaires, quand ni l'un ni l'autre ne s'est... révélé ? Je garde le silence sur le fait que (tant qu'à sortir les grandes phrases) c'est lui qui s'est montré infidèle. A ce qu'il était peut-être, à ce que je suis sans doute. Que ma place n'est, et n'a jamais été, là. Je ne suis pas sûre qu'il soit capable de comprendre ça. Je ne suis pas sûre qu'il en aie réellement envie. Et je n'ai plus envie d'expliquer.
3:46 PM
mardi, janvier 03, 2006 FF Neuf Me voilà de retour. Arrivée hier soir, complètement déphasée, dans un appartement glacial, sans eau chaude. J'allume toutes les bougies comme si j'attendais quelqu'un... Vous savez quoi ? Je commence 2006 amoureuse. Ce n'est pas une grande nouvelle ? Vous avez raison. C'est Thiom qui m'a demandé si j'étais amoureuse, début décembre. Je crois qu'il pensait à quelqu'un en particulier, mais je ne sais pas qui. La réponse est venue immédiatement. La détailler est bien plus compliqué. Mon voyage en Inde... Les strates profondes et superficielles se mélangent dans ma tête. J'ai encore vu et vécu des choses fantastiques, j'ai voyagé en moi-même aussi... Partir loin pour se regarder marcher. J'ai revu Calcutta, Babylone bizarre et bondée, j'ai retrouvé la sensation d'assister à des milliers de films diffusés en même temps en pleine rue. Une petite fille qui porte de l'eau dans une cruche, un vendeur de jus de canne à sucre, des jeunes qui se tiennent par les mains et les épaules en faisant beaucoup de bruit. Des bimbo sur-occidentalisées qui vont prier Kâli dans un temple paisible du nord de la ville. Les contradictions réunies dans un étrange balancement, un mouvement fascinant pour notre culture qui veut imposer contre vents et marées qu'une porte est ouverte ou fermée, en oubliant qu'elle peut être entr'ouverte. Retour au musée de Calcutta, sombre, je me prosterne mentalement devant mes dieux à moi, les liens qui m'attachent à eux et dont je ne dis rien. Le coeur au bord des lèvres. Je suis seule dans les salles. Solitude de l'étude, propice au recueillement. Les gens qui passent me scrutent, on doit s'y habituer là-bas. On est tellement bizarres il faut le dire. S'ils savaient jusqu'à quel point... Bhubaneshvar. Une ville plus petite, peu touristique, mais avec quelques merveilles pour qui fait l'effort. J'ai reçu mon compte de ces petites merveilles. Rencontre, enfin, avec des amis de longue date, amis de pierre que je me languissais de pouvoir voir enfin de mes propres yeux. Bhubaneshvar, ça a été aussi l'occasion de découvrir les hopitaux indiens. Passablement malade en pleine nuit, vertiges, taches devant les yeux, pliée en deux, pas moyen de trouver un docteur, du coup, en toute logique, petit tour à l'hopital pour en trouver un qui me prescrive ce qu'il fallait. Sauf qu'ils m'ont gardée... Intraveineuse avec goutte-à-goutte (ah oui, et des bulles aussi, partout ;-)), plantée après plusieurs tentatives infructueuses parce que "vous avez pas de veines". Piqûres en nombres et produits variés et exotiques... Les infirmières et les médecins qui pour la plupart ne parlent pas anglais... Et puis les indications les plus imprécises, "ne buvez pas", "oh il vous faut boire au moins un litre et demi d'eau", "non vous ne pouvez pas manger", "tenez on va essayer de vous trouver un repas mais c'est pas sûr parce que la cuisine de l'hopital n'a pas encore été construite". Changement d'hopital en cours de route, pour ne plus être dans un dortoir avec des gens qui se agonisaient toute la nuit. Je me retrouve dans un hopital sympa, où les infirmières ne parlent toujours pas anglais, et où on diffuse en boucle et à plein tubes des chants religieux à 10h et 5h du matin... J'espère ne pas avoir besoin de repos pour guérir. L'épisode se termine par une fuite de l'hopital au bout du deuxième jour, avec un bras manifestement plus grand que l'autre (on ne peut pas faire circuler les eaux du Gange par les veines de quelqu'un sans qu'il en reste quelques traces). Et puis les trains, avec leur vie propre, les vendeurs de thé qui passent toute la nuit en criant "chaï chaï chaï", les marchands de mouchoirs bariolés, de nourritures diverses dont le sillage parfumé persiste longtemps après le passage du vendeur. Petit trip en voiture pour une journée, visite d'un de mes temples favoris, puis une cérémonie que j'attendais depuis longtemps. Nous traversons des villages minuscules fichés dans des bananeraies, autour de petits points d'eau parsemés de lotus roses. Je me demande comment vivent les gens de ces villages, comment ils voient la vie, le monde qui les entoure. Je regrette de n'avoir que quelques mots de hindi. Petite étape plage dans une station balnéaire indienne. Je me rends compte qu'à part quelques perdus à gauche et à droite, on n'a rencontré presque aucun touriste éranger. On s'en passe très bien. Mais vu notre caractère exceptionnel, les Indiens nous demandent souvent de poser pour une photo, au point que nous sommes parfois obligés de refuser pour pouvoir avoir un peu la paix. La rançon du succès. Il faut dire qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de blancs qui pêchent à la lisière des vagues... Je profite d'un peu de calme pour appeler Chal. Le fait que je ne passe pas par le Karnataka l'a mis en froid. Mais dès la seconde où il réalise que c'est moi qu'il a au bout du fil, tout s'évanouit. "Anywhere with you". Encore un drôle de lien. Puis 24h de train pour rejoindre Hyderabad. Sur le quai, je discute avec un mec qui commence une thèse en sociologie sur les dalits (les Intouchables, dont il est membre). Discussion intéressante, on échange nos mails, le sujet m'intéresse, il me dit qu'il m'enverra les articles qu'il a déjà publiés. Puis chacun s'installe dans son wagon pour dormir. Il dit qu'il descend dans quatre heures seulement pour prendre une correspondance, on se souhaite un bon voyage et on se dit au revoir. Installation sur les couchettes du train. Il y en a trois par mur, je me colle dans la couchette centrale. J'ai un peu l'impression d'être prise en sandwich mais ça va. Enfin, ça va jusqu'à ce qu'à quatre heure et demie, le mec avec qui j'avais discuté ne débarque sous mon nez en plein milieu de mon sommeil. "Je vous dérange ?" Grml. Il commence à me parler assez fort, se rapproche de plus en plus. Des sensations bizarres me viennent, une espèce de malaise me vient, mais je me dis que c'est pas possible, il avait l'air civilisé le monsieur. Il me pince la joue, me sort que c'est une sacrée chance qu'on a eue de se rencontrer. Ca me semble bien étrange, comme formulation. C'est un peu dangereux de parler pour l'autre sans savoir ce qu'il en pense... Là où ça a commencé à craindre c'est quand il a tenté de m'embrasser de force, la main derrière la nuque. La configuration des lieux me donne la désagréable sensation d'être coincée. "Vous devriez partir maintenant". Petit moment de panique entre la veille et le sommeil. Le train indien. Les rizières qui défilent derrière les palmiers et les bananiers, les aigrettes blanches qui pêchent dans les étendues d'eau où le ciel se reflète, le vert tendre des jeunes pousses de riz. Les gens qui se lavent aux rivières. Femmes en sari qui travaillent aux champs. Des milliers d'images, et toujours, le parfum de la terre. C'est avec tout cela que je rentre. Et plus encore.
Moi je pense que 2006 sera un très bon cru. Je sais que ça promet d'être une galère sans nom, mais qu'on aura des vrais moments de pure félicité. Et que c'est ça qui comptera. A tout prendre en tout cas, je préfère ça à une vie sans chaos mais sans goût. Se battre, encore, détourner la puissance de la rage pour faire quelque chose. Belle année à vous.
11:14 AM