Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
jeudi, novembre 15, 2007 Assumer Je suis rentrée il y a une demi-heure du travail. Je travaille en proche banlieue, mais de l'une de celles que les rer disponibles ne desservent plus depuis mardi soir. C'est l'aventure pour arriver jusque là-bas. C'est amusant la déformation des distances qu'entraîne la fermeture d'une ou deux pauvres lignes de transports. J'aime les grèves. Je le paie, je l'ai déjà payé. Par chance le prix à payer n'est pas élevé, pas de rtt ou de jour de congé posé pour cause de grève. Au travail, je suis en contact avec un public varié. Tous y vont de leur ronchonnement contre la grève. Je dis gentiment que personnellement je suis contente qu'on ait encore le droit en France de faire la grève. J'avoue que je trouve ça formidable. J'ai un souvenir très spécial de 1995, où j'allais à la fac à pieds du 13e. C'était dur, j'avais des brûlures aux mains tant il faisait froid. Mais le ciel était si purement bleu. Et quelque chose bougeait. Il y avait de la vie. Aujourd'hui c'est un groupement de métiers qui gueule pour les acquis qu'ils ont signé au départ. C'est un peu fermé comme perspective, même si bien entendu je comprends que ça irrite passablement de voir un contrat qu'on a signé se faire piétiner comme si la parole donnée n'avait pas la moindre importance. N'empêche, j'avoue que j'aimerais bien un peu plus de hauteur, un mouvement plus fédérateur, qui mette un bon gros paquet de gens d'accord. Mais il y a les étudiants. Cheminots et étudiants mécontents en même temps, ça ne vous rappelle rien ? ... bon d'accord, ne rêvons pas trop. Mais quand même. Et le 20, ça merde encore plus avec les fonctionnaires qui vont eux aussi se mettre à foutre le bronx. Et dire que ce que je viens de dire, qui n'est même pas au niveau de "la contestation pour les Nuls", est un truc qui pourrait m'être "reproché" si on venait à faire le lien avec celle que je suis dans la "so-called" vraie vie. Et même si a priori je ne risque pas grand chose pour le moment, parce que je suis petite, que j'ai la tête ronde, que j'ai le parler paisible et chaleureux la plupart du temps, ben je te prie de croire que ça m'emmerde grave. Quand j'étais petite je voulais sauver la veuve et l'orphelin. J'allais à l'école dans un patelin minusculissime, avec une classe unique de la maternelle au Cm2. Les gârs de mon école ils avaient décidé que les filles elles auraient que 3m² de toute la cour, et ils faisaient des raids, les bras dressés comme des avions de chasse, pour empêcher qu'on dépasse. Je m'étais battue avec un Mathieu dans la cantine. Je m'étais réveillée la tête dans la corbeille d'épluchures avant d'avoir eu le temps d'organiser ma défense. En plein dans le plexus solaire, j'avais eu comme une éclipse. Et bien sûr quand l'instit était venu demander ce qui s'était passé, j'avais dit d'ine petite voix faible "hypoglycémie". L'avantage d'être fille de médecin. Les grands n'avaient rien à faire dans nos histoires. C'était grand, cette histoire, je voyais déjà se profiler un grand mouvement de résistance contre l'oppression des plus forts. Bien entendu c'est presque exactement le contraire qui s'est produit, les filles timorées ou qui finalement trouvent qu'elles n'ont pas forcément besoin de plus que de 3m², graines d'esclaves. Je suppose que certaines d'entre elles ont fait les yeux doux à leurs abrutis de compagnons quelques années plus tard, qu'elles les ont épousés un peu plus tard encore. Il y avait une sorte de réalisme visionnaire dans leur démarche finalement. Qu'est-ce qu'on fait quand on a nettement la sensation que la majorité des gens se décérèbre soigneusement, qu'il y a une majorité écrasante de boeufs, que ça rappelle des moments peu glorieux de l'histoire européenne ? J'avoue que je ne vois plus très bien à quoi peut servir un bulletin de vote. Ou plutôt, je crois que j'ai enfin compris mais que je ne suis pas sûre d'avoir envie de contribuer à ça. Les gens m'inquiètent. Ce qui est en train de se profiler avec leur plein assentiment majoritaire me fascine comme le scénario d'une aventure cataclysmique. A chaque palier, l'issue semble devoir être par le bas. J'ai beau être animée des meilleures intentions, je reste figée et immobile. Mes rares gestes me semblent parfois si vains et si brouillons. Peut-être qu'il faut finalement faire intégralement le deuil de l'espoir que ce que l'on fait change quelque chose et n'agir qu'en se disant que c'est cette petite histoire qu'on a envie de se raconter avant de mourir.
9:28 PM