Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
mardi, décembre 30, 2008 Les cauchemars se suivent.
Je m'approche lentement de son oreille, prends une longue inspiration. J'ai tout le temps qu'il me faudra. Ecoute moi à présent. Je forme les mots consciencieusement, appuie sur certains. Marque une pause pour être sûre que les mots sont entendus. Je ne peux pas. Je ne peux pas, ça m'est tout à fait impossible. Je ne peux pas, parce que je n'en ai pas envie. Parce que je ne veux pas me détester. Nous vivons dans un monde à géométrie variable, en mouvement au gré de nos ressentis. Madone un jour. Putain le lendemain. Des forces qui nous écrasent. Je sais sortir les griffes maintenant. Je sais aussi les laisser dans leur fourreau. Je suis en train de tenir ma garde en veille. Je suis pressée, mes urgences se font douloureuses, pourtant j'ai ralenti mon pas. Et je te parle. Je ne peux pas. Parce que je ne veux pas. Cette raison seule emplit tout l'espace. Je forme les mots, lentement. Je suis dans cet instant. Dans la seconde qui suivra le moment où j'aurai cessé de chuchoter, je desserrerai mon poing du déroulement des événements, il ne m'appartiendra plus. Le temps filera à nouveau. Et tu frapperas. Ou tu ne frapperas pas. Je me battrais si nécessaire, mais cela, je n'ai pas besoin de le dire. Ca ne m'appartient déjà plus. Tu ne peux voir mon visage ; je montre la fenêtre. On m'attend. Je dois y aller, des choses sont en train de se produire en plein coeur de ma vie, je dois y aller. Laisse moi partir. Nous sommes tous le cauchemar de quelqu'un. C'est à toi d'arrêter tout cela, si tu le veux. Nous sommes tous le monstre de quelqu'un. Va en paix, j'accepte ton existence. Mais ta haine ne m'est pas destinée.
Vendredi 9 octobre, porte de Champerret. Je tape du pied sur le trottoir pour essayer de me réchauffer. Je me suis habillée en fille pour lui plaire et j'envoie des pensées d'amour à mon pantalon et à mes docks qui sont restées au chaud à la maison. Je suis en avance, il est en retard. Je retourne les deux propositions pour essayer de ne pas trop penser. Ma présence ici est irréelle, d'ailleurs tout ça n'est peut-être encore qu'une de mes ruminations inaccomplies. Si je fumais des cigarettes, je serais probablement en train de m'en griller une pour essayer de dissiper la sensation de ridicule qui s'attaque gentiment à l'inébranlable assurance que j'arborais huit minutes plus tôt.
Le voilà dans mon champ de vision, souriant et surpris par le froid, et en sourdine, par mon invitation. Je ne lui ai rien dit pour ménager le peu d'effets dont je dispose. Nous nous écartons de la bouche du métro.
-On va où ?
Ca y est. Il fallait bien que ça arrive. Nous voilà à proximité des grandes bâtisses. Je lève le nez pour lui indiquer la façade. Une photographie aux tons sépia. Deux mains nouées sur un costume sombre d'un côté. De l'autre côté, une robe très blanche.
-Je ne comprends pas.
Bien sûr, tu ne comprends pas.
-Je ne sais pas très bien comment on fait, mais je vais essayer : j'ai l'honneur de te demander en mariage. J'aurais dû dire vous ? Je ne sais pas. C'est bien comme ça ?
-Ca ne peut qu'être une blague. Tu sais ce que je pense de tout ça, et tu m'as toujours répété que tu ne te remarierais que si tu envisageais d'avoir un enfant... Attends, tu n'es pas... ?
-Mais non, pas du tout ! Bon, je vais te dire plus précisément ce que je voudrais. Je veux ton joli nom et mon joli nom sur un joli bristol. Je veux sept cent invités au bas mot. Ca se passerait dans la grande maison de ma famille quelque part dans l'ouest. Elle est entourée de grands champs qu'on me prêtera sans problèmes. On peut y installer trois grands chapiteaux, peut-être quatre... Et je veux la presse.
-La presse ?
-Oui, la presse. Il s'en passe, en un an. Ton nom et le mien auront d'ici quelques mois suffisamment d'impact pour que quelques journalistes parmi ceux qui comptent fassent le déplacement. Le mariage de la carpe et du lapin, un truc à voir non ?
-Le lapin, je te remercie. Bon, et tout ça, ça va servir à quoi ?
-Je veux une jolie liste de mariage. Une liste que l'on remplit en ligne. Si nous sommes ici c'est que j'espère trouver là-dedans une petite entreprise conciliante.
Et c'est comme ça que serait né le festival Libres et engagés. Un Woodstock en mieux, pour voir si on peut à la fois rêver et agir. Ca m'aurait plu. Mais je crois pas qu'il m'aurait dit oui. Allez hop, essayer autre chose maintenant.
mercredi, décembre 17, 2008 Infiniment se voir rouler dans la farine J'écoute le même morceau en boucle depuis deux-trois semaines maintenant, pourtant c'est ça qui me revient à longueur de journées. J'ai de plus en plus la sensation qu'on se fout de moi. Oh, nothing personal hein, c'est juste qu'on vit dans un monde difficile et que les gens n'ont plus assez de disponibilité d'esprit pour se comporter comme des gens civilisés. Ou peut-être qu'ils ont toujours été comme ça et que j'arrive à un seuil de saturation qui m'a fait remarquer ce phénomène. Je crois que, plus que les quantités de travail irréaliste que j'essaie d'abattre quand je suis pas malade ou endormie (ou en train de vivre des moments délicieux avec des personnes que j'ai choisies parce que quand même), c'est ça qui m'épuise. J'ai besoin de vacances pour ça, me recharger en humanité. Cette saloperie commence à me contaminer peu à peu. Je ne suis pas faite pour la mesquinerie, je suis faite pour boire mon verre d'un trait, pour rire fort de quelque chose (et non pas de quelqu'un), pour sortir des sentiers de ce que je suis supposée faire, et marcher sans boussole en me foutant éperdument d'avoir perdu le nord depuis longtemps. J'ai besoin de vacances. Ca urge. Parce que ça va plutôt bien et mon cerveau ne fait pas tout simplement des bonds d'euphorie.
12:48 AM
On n'est pas rendus Je suis un peu fatiguée. Dans le RER les larmes veulent couler, je les laisse faire. Je suis plutôt fatiguée. Un peu déprimée aussi. J'ai un fond de colère qui refuse de sortir, parce que je suis quelqu'un de civilisé, alors je garde. Et puis je tape sur des trucs aussi, parce que ça va bien, j'ai compris.
Je suis une maison. Une maison ouverte aux quatre vents. Entre qui veut. Quand on entre, la maison semble vide, puis à mesure qu'on revient, on voit progressivement apparaître une table, un fauteuil, un bouquin. Parfois il ne se passe rien, la maison reste vide parce que c'est comme ça dans l'immobilier, on a le coup de foudre ou on l'a pas. C'est pareil pour les maisons. Parfois il y a des gens qui vivent dans la maison, non que ça soit concerté, prévu, cautionné par une quelconque autorité. C'est comme ça. La plupart des gens que je côtoie ne font que passer. Ca ne dure pas très longtemps, mais ils passent quand même, font grincer les lattes du parquet. Rien que cela, parfois, c'est fatiguant. La semaine dernière, on m'a parlé deux fois de suicide. Deux fois on s'est ouvertement foutu de moi. Je n'ai pas d'ego sur-dimentionné, mais. On m'a dit aussi que j'étais "très jolie, aujourd'hui". J'ai éprouvé de la pitié, aussi. Je n'aime pas ce sentiment.
12:23 AM
mercredi, novembre 26, 2008 Une fuite de trente secondes Je te parle de grandeur. Pas celle des livres, non, je te parle de celle qui te tiraille quand tu l'as perdue. De celle qui te pousse vers d'autres auprès desquels te pousse l'émulation. Je te parle de puissance. Je te parle de violence assumée. De cet indéfectible pouvoir de nuisance qui rend la bonté vraie, enfin. Je te parle d'amour. Je n'ai jamais parlé que de ça.
9:04 AM
dimanche, octobre 26, 2008 Décidément j'ai du mal avec les roses
Je sais qu'il peut se débrouiller seul. Je sais qu'il reviendra. Je sais qu'il n'y a aucune gravité dans ce qui se passe. Je sais qu'il reviendra plus vite qu'il ne le pense. Je m'inquiète quand même, un peu, parce que. J'essaie d'oublier. Ca tombe bien, j'ai trois tonnes de boulot sur le feu, et ça commence à accrocher un peu au fond, faut que j'aille touiller.
Passer à autre chose. Tiens j'ai un gros trou dans mon bugdet. Les impôts. L'Inde me file probablement entre les doigts pour le mois d'août. Jusqu'à la fin 2009 au moins, je vais devoir m'offrir des voyages immobiles. Ca tombe bien, j'ai trois tonnes de boulot sur le feu. La petite mère indienne me reviendra, peut-être plus vite que je ne le pense.
Je suis un peu fatiguée, moralement, physiquement. Il serait bien que je me retrouve un Mr Simple-like, mais pour des raisons bêtement financières autant que par orgueil, je poursuis seule le démêlage de mes petites affaires. C'est comme les écouteurs, on pense avoir tout démêlé et le lendemain quand on veut écouter un peu de musique, on se rend compte que tout s'est à nouveau emmêlé dans la nuit. Ca tombe bien, j'ai encore plein de carnets à remplir.
Je commence à savoir ce que je veux. Ca viendra. Pour le moment je retourne bosser, je vous laisse avec ça.
mardi, octobre 14, 2008 Note to self Notre amour prenait le chemin des écoliers et tu étais beau comme un café et une tartine au soleil.
Plus que jamais. Je commence à aller mieux, enfin. Je suis vivante.
2:57 PM
mardi, août 26, 2008 Mais tellement Je marche d'un pas accéléré le long de l'avenue grise. Mes docks trouvent l'endroit comme s'ils s'y étaient rendus la veille. La puissance du cauchemard. C'est reparti. Cette fois-ci j'y suis seule, personne dans ma poche, le téléphone éteint, inutile. Je marche jusqu'à la foule qui s'amasse devant le centre. Pourquoi tu le repasses ? Je parle de revenir sur les lieux d'un crime, d'exorcisme.
"Tu m'as déçu". Toi aussi, et combien plus profondément. Et aujourd'hui je t'emmerde, et je me le répète juste pour le plaisir de cette réalité simple, avant d'arriver, un petit sourire tranquille posé sur le visage. Tu ne savais pas qui j'étais, aveuglé par ton désir malade de me faire entrer enfin dans l'une de ces cases et d'échapper à ta propre peur. Maîtrisée, docile. Je t'emmerde. Maintenant je sais. Je sais que je n'avais pas tort. Je sais que je n'avais pas tort d'avoir envie de te péter les dents quand tu disais que tu m'aimais. Parce que c'était tout bonnement inacceptable, on ne devrait jamais accepter ça de quelqu'un qui ne connaît ni les traits de son visage ni le son de son propre cri. Je sais maintenant, j'ai compris cela.
Plus de cinq heures après, je sors, vidée, heureuse, riche de cette paix-là. En partant ce soir j'ai vu une sculpture représentant un sablier ailé et le petit pont sur lequel j'avais pleuré comme si je ne m'en remettrais jamais. A l'instant je me suis rendu compte que j'ai parlé de chamanisme dans ma copie. De chamanisme. Je souris à travers ma fatigue en savourant ce moment de liberté que je désespérais de pouvoir jamais m'offrir.
jeudi, juillet 17, 2008 Attendu J'arrive dans son cabinet. La douleur que j'avais sous l'oreille s'est un peu résorbée, je me demande s'il va me traiter de petite nature. Il faut aussi que je lui reparle de cette histoire de lettre, un michmuch, un bête malentendu. On embraye tout de suite là-dessus ; et au fur et à mesure, ça commence à se déliter gentiment sous mon crâne. Je me dis mais arrête, qu'est-ce qui ne va pas. Je papillonne des yeux. Je sais que ce qu'on est en train de se dire n'est pas ce qui me fait maintenant lever les yeux au plafond mine de rien histoire d'endiguer ce qui vient. Pourquoi ? Je ne peux pas dire quoi. Ou je peux dire tout, c'est selon. Dans un cas comme dans l'autre je n'ai pas de réponse appropriée à proposer. Je demande un mouchoir, commence à attaquer la boîte comme une boulimique à qui on aurait tendu par erreur un paquet de Schamallows. Depuis à peu près une grosse semaine ça ne se voit plus ; là il ne sert à rien d'essayer de jouer la comédie davantage. Je mets quelques mots, donne des fréquences, une ou deux raisons. Reparle du Lexomil que je me promène dans mon sac depuis quelques semaines comme un talisman. Un talisman qui n'a pas suffi, un talisman qui ne suffit plus. Dr Vert me propose avec mille pincettes le premier échelon des antidépresseurs ; c'est à la fois pour soigner les angoisses et les coups de blues, qu'il dit. Je capitule, ça me permettra peut-être d'y arriver. Et puis je suis si fatiguée. On dit qu'on attend la rentrée, que si le médoc ne convient pas je peux arrêter, ou changer. Ordonnance pour une prise de sang histoire de voir s'il n'y a pas autre chose à poutrer pour que ça remonte. Et puis mademoiselle, je suis convaincu que vous avez encore des choses à sortir.
J'ai essayé, médecin de mon coeur, avec ton collègue. J'avais commencé à faire ici la liste des merdes qui m'étaient tombées dessus, je suis très listes et bilans en ce moment. Mais à quoi bon. Faudrait expliquer la liste, pourquoi il y a un truc qui a été plus important que l'autre. Et puis il y a peut-être des clés pour moi dans mon passé, mais c'est en 2008 que je suis pas bien. Si je reprends une psychothérapie, il va encore me falloir tout reprendre au début, analyser ma famille et tout mon mode de vie avant d'arriver au coeur de ce qui m'amène. Pitié. Alors ok pour le deal, je les prends les pilules, paraît que ça peut donner envie de se suicider dans les deux premières semaines du traitement. Je trouve ça terriblement spirituel, les notices de médicaments. Pas d'alcool, ou plutôt alcool déconseillé. Ok je vais essayer. Il me faut du temps, du temps pour écrire, du temps pour me relever. C'est très curieux, autant je m'isole dès que je peux en ce moment, autant je me sens plutôt seule avec cette boîte de 27 (28-1) comprimés pelliculés sécables à prendre par voie orale.
12:50 AM
samedi, juillet 05, 2008 Secret J'ai quelques secrets dans ma besace. Il y en a que je garderai probablement toute ma vie. Aujourd'hui je suis d'humeur à en révéler un. Un secret des tout débuts de Sans Prétention, du temps où je croyais encore que faire un blog c'était faire du html mais que j'avais probablement loupé une ou deux sections dans mon HTML pour les Nuls. Je traînais à cette époque sur le Net avec un petit modem et ça coûtait ce que ça coûtait. Je voyais se mettre en place une communauté qui me fascinait. Je suivais alors certains blogs avec une assiduité presque maladive. Il y a un blog que je suivais tout particulièrement. Ca tapait dans tous les sens, c'était méchant, c'était désordonné, c'était injuste parfois, c'était bon pour tout dire. C'est ce blog, et ce blogueur qui me fascinait. Et à mesure que je le lisais, un mouvement désagréable progressait en moi, un mouvement très agaçant, une sorte de dépossession de moi qui m'irritait souverainement. Je ne savais pas si c'était ce nouveau medium ou la personne en elle-même qui exerçait une telle attirance. C'est pour cela que j'ai franchi le pas et que j'ai ouvert un blog. Depuis j'ai rencontré le blogueur, j'ai rencontré aussi un peu la personne. Sans prétention a suivi sa vie de blog et moi ma vie de truc bizarre qui cherche son chemin au milieu de tout ça. J'avais juste envie de dire que si Sans prétention existait c'était un peu à cause de Kobal2.
5:31 PM
Rha. Pas mieux. Je ne sais pas combien de fois je me suis demandé quel était mon problème, à moi. Qu'est-ce qui va pas avec toi ? Ca fait un mal de chien. Winamp curieusement ne fait pas son connard ce soir à me balancer des trucs pénibles, tout à l'heure il me donne ça. Alors je dis d'accord.
12:27 AM
jeudi, juillet 03, 2008 Sans transition Un thé à la menthe. Le matin et son ciel clair posent un petit voile paisible sur les angoisses de la nuit. Mon macramé cérébral attendra encore un peu.Et j'écoute ça. Un jour un se la fera avec mon acolyte, et ça sera drôle, et ça sera bien. Il me tarde.
8:31 AM
Je ne vais pas recommencer, hein Je pleure sans discontinuer. Les larmes ont cela de magique qu'elles vous rendent invisibles de vos contemporains. Le métro se fait calme et affairé à plein de choses. Ca fait un mal de chien. Quoi ? J'égrenne mes récriminations muettes et je me perds dans tout ça. Rien de bien grave, quand ça pleure ça vit, c'est ce que disait le formateur aux premiers secours. Ca vit. Je peux pas dire que j'ai pas été prévenue, dès ce matin ça pointait. La vague qui vient te lécher les orteils gentiment, mine de rien. Faut juste pas baisser sa grade, dormir. Manger correctement. S'offrir des moments agréables en quantité. Fallait bien que ça retombe. Et tout me revient, tout. Depuis le début. C'est fou ce qu'on peut vivre comme moments pas intéressants. De l'un qui te dit que mais enfin tu n'existes pas, à l'autre qui te dit que tu peux exister si tu te changes de fond en comble. De l'un qui te dit "mais tu confonds tout", mais comment est-ce que je ne pourrais pas tout confondre bon sang ? C'était évident depuis le début. J'ai plus que jamais envie de dire vas-y puisque tu es si malin, je te file les commandes, mais alors tu prends tout, les écorchures aux genoux, les griffures aux mains, la solitude dans ces moments affreux et laids, tu prends tout, pauvre con, et montre moi quel est le chemin par lequel je vais m'en sortir haut la main, sans perdre ce qui fait que je suis moi, sans me perdre, mais vas-y bordel, montre moi ton chemin magique, ta putain de success story où l'on a les dents blanches, l'haleine mentholée et la mèche au vent. C'est trivial n'est-ce pas ? Alors montre, montre moi enfin. Je suis si fatiguée que je serais presque capable de t'écouter, même si par chance je suis la dernière des dupes de ton manège délirant. En attendant, je te monterai mon autre chemin, faute de mieux. Parce que non, on n'a pas le choix. Tout me revient ce soir, tout. Heureusement je n'oublie pas le reste. Pourquoi suis-je incapable d'accepter ce que l'on me dit ? Je ne sais pas. Il est urgent que je recommence à écrire. Seule. Comme j'ai toujours fait, de loin en loin. Pour tenir debout.
12:15 AM
lundi, juin 30, 2008 Divagations Je reprends la plume électrique. Des mots qui ne sortent pas. Je me rends compte que je parle peu. Soit que je n'aie rien à dire, soit que mes idées ne soient pas assez étayées à mon goût d'éléments solides. Ca ne m'empêche pas de croire. Ca a failli me jouer des tours il y a quelques poignées de jours. Lassitude, fatigue, je tire la sonnette d'alarme à qui veut bien m'entendre. Je ne fais pas ça souvent, pas aussi globalement, pas aussi profondément. Par chance je ne suis pas seule, maintenant je le sais. J'ai un chiffre qui me tourne en tête, qui me fatigue et me secoue en même temps. 46. Ca me fatigue et ça m'aiguillonne. Qu'on me dise ce qu'on veut, il faut commencer par avoir 46 en tête pour commencer à comprendre. Je ne devrais pas parler de ça. Alors, Fab, qu'est-ce que tu veux ? Je veux un baroud d'honneur, la fête jusqu'à la tête qui tourne, les cordes, l'alcool, l'ivresse du rire, les confrontations, les combats, les châteaux en Espagne. Je veux Rome, je veux Compostelle, je veux Bénarès, encore, je veux les mains qui tremblent, je veux l'esprit qui divague, délirer d'amour, dériver d'ardeur. Brûler de feux constants, de feux de Bengale, d'étincelles d'allégresse. D'émulation. De tendres guerres de territoires. Rencontrer encore de ces gens que je reconnais et qui me reconnaissent dans la foule, un signe de tête et chacun reprend son chemin comme si de rien était, mais avec au fond de soi le plaisir d'avoir été reconnu. Un maillage sensible de corps, d'esprits, vivants, au milieu de cette vie comateuse. Je rêve de courses poursuites à la recherche de trésors enfouis tout au fond des êtres. Je veux marquer mes territoires de traces à l'encre sympathique, laisser des énigmes ici et là qui feront sourire ceux qui parviendront à décrypter. Je veux les regards fulgurants où l'on croit avoir enfin compris quelque chose d'essentiel, de fondamental, d'indispensable. M'inviter encore dans des esprits pour qu'ils se mettent à rêver eux aussi. M'enthousiasmer enfin pour la mécanique quantique. Poursuivre ma pêche, revenir avec une nasse vide et le coeur empli de tous ces petits bouts de vie. Je veux tirer de moi tout ce que j'ai de plus fort, le dispenser sans plus compter, je ne sais pas compter de toutes façons, il en restera bien assez. Je suis triste et exaltée, je suis pessimiste mais forcenée, je veux encore dire que je ne veux pas vivre dans un monde où, et m'arranger pour que ce que je veux existe. Je ne veux rien lâcher, je n'en ai plus le temps. Je veux. Un jour deux yeux très bleus m'ont dit you can do whatever you like.
9:57 PM
jeudi, juin 26, 2008 Archives - Des hommes Un post perdu dans les méandres de mon ordinateur. Deux ans qu'il prend la poussière. C'est étrange de retrouver ça. Deux ans, une autre vie, de combats, certains perdus, d'autres obsolètes, d'autres encore actifs. Des vertiges de rage, d'incompréhension et de tendresse mêlés.
Ils vous posent sur un socle de marbre et vous vénèrent en vous ordonnant de ne surtout, surtout pas bouger. Ils vous prennent sauvagement et s’étonnent, penauds et perdus, que vous pleuriez au bord du lit. Ils rêvent de vous et vous jettent comme une mauvaise idée et vous avez beau les hanter, ça ne changera rien. Ils passent devant vous et vous tombez. Ils vous tendent la main et vous attirent vers les fonds d’eux-mêmes et vous vous perdez dans les méandres irrésolus de leur pensée. Ils aimeraient bien que vous les aimiez toujours et vous embrassent du bout des lèvres. Ils se livrent poings liés avant de s’en aller sur les chemins. Ils vous aiment ou ne vous aiment pas, mais cela ne changer rien. Ils évitent de vous regarder dans les yeux, vous demandent de détourner le regard, gestes d’aveugles. Ils découvrent l’amour ou se demandent si un jour ils retrouveront la fulgurance des premières émotions. Ils vous cherchent sous les draps ou vous quittent au milieu de la nuit. Ils boivent du thé, de la bière, des litres de café. Fument, fument, fument, regrettent un peu mais continuent. Toutes ces brunes. Ils rêvent de filles aux yeux couverts de voiles, de filles gentiment assises dans un café à les attendre, de filles qui ne sont pas là, rêvent de la mère de leurs enfants, de filles qui les dévorent. Ils parlent d’eux, parlent parfois de nous, mais il n’y a plus de nous, c’est ce que je répète sans cesse maintenant, une petite phrase qui s’accroche à mes basques. Il n’y a plus de nous mon pauvre amour, il n’y a plus que toi, et moi aussi parfois, mais de nous… Il y a un homme qui m’appartient. C’est drôle. Mais il m’appartient. Il aimerait bien qu’on oublie, il a d’ailleurs peut-être oublié, mais moi je n’oublie pas et tant qu’il me plaira je ne le libèrerai pas. Il y a des gens qui vendent leur âme au diable, le calcul aurait peut-être été moins dangereux.
lundi, juin 16, 2008 Les enveloppes ont été ouvertes Peut-on aimer sans mesure ? La foi peut-elle survivre à toutes les épreuves ? Peut-on être fidèle à soi-même et être heureux ? Peut-on être présent à l'autre sans se perdre ? Peut-on être libre et engagé ?
Est-ce qu'il est parvenu à faire de son mieux ?
8:47 AM
mardi, juin 10, 2008 Une pause dans le silence Je viens de lire le dernier post de Chat Fou. Comme une grande claque en travers de la gueule. Une claque qui fait du bien. Courageux. Des choses nouvelles se développent sur le courage de quelques uns. Il est trop tôt pour dire si cela changera complètement la société. Elle nous emmerde, la société. Elle a peut-être raison, mais ce n'est pas le propos. Ce que j'avais envie de dire, plus que dans un commentaire posté là-bas, c'est que je respecte et soutiens cette démarche. Je la soutiens pleinement, véritablement. Il y aura des gens pour s'élever contre, pour dire le droit, effrayants censeurs qui savent tout mieux que tous, ont peu appris, peu vu et rien vécu. Je crois sentir combien cette situation doit être délicate. Mais ce n'est pas parce que c'est délicat qu'il ne faut pas le faire. Il y a des moments où la complexité et le caractère ardu des actions que l'on envisage cèdent devant l'évidence qu'il faut les faire.
2:03 AM
samedi, juin 07, 2008 Silence -Nous ne sommes pas un couple. Il y a des rôles que je ne peux jouer, les autres semblent pris, ils ont déjà été distribués, offerts. Je ne sais où diriger mes pas. Je ne sais plus comment rester fidèle à ce que j'éprouve, je ne sais pas si je dois me battre, abdiquer, emprunter une autre voie que je n'entrevois pas. Il est inutile de poser certaines questions, je le sais, c'est pour ça que je me tais. Appuyer sur le bouton publier est le seul geste que je parvienne encore à faire avec ce carcan qui se referme sur moi et m'emmure vivante.
comme elle vient, comme on peut, c'est cruel et sans fard, ça choisit pas merci pour eux 3:24 AM
lundi, juin 02, 2008 Un jour sans Il pleut dans ma tête depuis ce midi. J'ai eu beau essayer de repousser les nuages avec mes petits bras musclés, rien à faire. Alors je laisse filer et je teste mon narguilé relooké. J'accepte d'être triste en attendant de pouvoir parler. Quelques mots posés là-dessus. En l'état des choses, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre. En attendant j'écoute ça (un grain de poussière dans la grisaille) :
La porte s’ouvre, dans l’encadrement, un garçon aux yeux en amande et au regard clair. Les amandes qui se plissent, deux bras se referment sur moi comme sur un trésor difficilement estimable. Il murmure, sourit, me libère de mes sacs, de ma veste. Mène une bataille rangée contre l’oppression textile.
Par la fenêtre, une église. Au portail de cette église, une dame aux longs cheveux noués en une tresse fine. Je me suis encore arrêtée pour la regarder longuement avant d’aller le rejoindre. La maison est calme. Il y a toujours un ordinateur allumé et des contacts msn qui dingdonguent de temps à autre. Feeder chante sans discontinuer, se grave en surimpression sur nos mémoires. Il y a ce grand lit dont les pieds cèdent toujours dans les moments les plus inopportuns, nous chassant vers des lieux plus stables. Une étoile au plafond diffuse sa lumière parcimonieusement.
Ses cheveux en bataille lui donnent un air de doux dingue que je suis dans ses vertiges. Ses lunettes qu’il pose, reprend parfois pour me regarder. Mes mains cartographient, dessinent, inlassables, des sentiers sinueux. L’amour prend le chemin des écoliers, j’atermoie, ponctue, biffe et reprends, puis il me défie du regard en s’humectant l’index et le majeur et je ne réponds plus de rien. Encore une fois les pieds ont cédé dans un grand fracas et il faut déménager sur le canapé.
Il a lu mon journal de voyage en Inde. C’est lui qui me l’a demandé. Garam larki, il m’appelle maintenant. De temps en temps, l’air béat, il lance avec l’accent un « I love my India ». Forcément. Si tu m’aimes, tu l’aimeras aussi.
Son monde. Et le mien.
Bien sûr que je me suis un peu inquiétée quand il m’a dit qu’il y avait là-bas, à Rennes, une copine d’enfance qu’il avait envie de connaître mieux et qu’il allait essayer d’aller la voir bientôt. Cela fait longtemps que j’attends ça. Hormis les surprises que cette badine de vie nous réserve, j’ai confiance. C’est la meilleure forme d’amour que je puisse offrir, des liens qui libèrent plus qu’ils n’enferment. La crainte rend petit et mesquin. Et moi, moi, j’veux être grande et belle.
Toujours un soir. Je paresse, allongée contre le corps paisible d’Amorgen. Là-bas, sur la table, il doit y avoir deux verres de vin vides, une bouteille épuisée. Je regarde ce panneau de bois représentant deux longues femmes. Une question anodine.
Il la pose avec un air d’incompréhension profonde. Les mots sont hésitants au début, le reste suit en bloc : pourquoi, toi, tu aimes les bollywood ?
Haha. Avec la vie que tu mènes, Fab.
J’aime les bollywood parce que ça parle d’amour et que j’avoue que c’est une émotion que j’aime tout particulièrement, multiforme, métamorphique, une émotion qui rend meilleur, ou pire. Un révélateur.
On pourrait me répondre « Oui mais l’amour des bollywood est sirupeux, on a la sensation que c’est la st Valentin tous les jours ».
Certes les goûts indiens pour les roses rouges sont quelque peu irritants pour moi qui n’aime pas les roses. Mais elle est sirupeuse, l’impulsion d’un amant qui joint les mains de son amante et celle se son meilleur ami parce qu’il sait qu’il ne vivra pas assez longtemps pour qu’elle soit heureuse avec lui ?
On pourrait me répondre « Oui mais ça n’existe pas ce genre d’émotions dans la vraie vie ». Ah bon ? Ouvre toi aux autres, permets toi d’éprouver ce que tu ressens, vraiment. Ecoute toi, retrouve ton chemin parmi les cadres culturels dans lesquels tu as toujours vécu. Parfois tu te retrouveras dans un cadre ou un autre, d’autres fois, non. Les définitions qu’on t’a données en bagage ne te suffiront plus parce que les sentiments à l’état naturel ne sont ni carrés ni rectangulaires. Une fois ce seuil franchi, tu sauras enfin la nature réelle de ce que tu éprouves.
Ce que j’aime dans les bollywood, c’est que les limites des émotions sautent et se redéfinissent sous l’impératif de l’ouverture et du don. Cela se produit dans une société, la société indienne, qui est très structurée par tout un tas de règles. Les bollywood ont pour moi la valeur d’un exemple dont on peut trouver la déclinaison en moins spectaculaire (ça reste à voir), dans notre société.
Le caractère transgressif et destructurant de l’amour en fait une valeur ambiguë, aussi choyée que crainte et combattue. « Que se passerait-il si tout le monde vivait ainsi ? ». Les choses seraient probablement tout à fait compliquées, d’autant que la réflexion personnelle, et sur ce genre de sujets à plus forte raison, n’est pas encouragée. Elle fait partie, au mieux, de la sphère privée, et pour cause. Je ne vois pas une société encourager des réflexions individuelles qui peuvent la mettre en danger, et peut-être la mener à son extinction. Les religions, les codes civils ont posé des normes pour permettre une perpétuation sociale de génération en génération. Avec la cellule familiale, des fils qui perpétueront le nom. Nos pensées sont marquées par cet impératif de conservation dans la préoccupation dans laquelle nous sommes de « construire » et la manière de le faire.
Voilà pourquoi on me dit que je ne construis rien. Que nous ne construisons rien. J’ai beau ne pas être d’accord, je comprends. Ca ne m’empêchera pas de poursuivre dans cette voie dans laquelle je trouve enfin le meilleur épanouissement. Voilà ce que je vois dans les histoires étranges des bollywood.
Je ne suis qu’une fille, et ce n’est pas moi qui transmettrai le nom de mon père, ni celui de ma mère d’ailleurs. J’ai quitté la maison familiale depuis longtemps. Quand ma mère mourra, j’accepterai son héritage, mais je ne possèderai pas avec d’autres cette maison.
Quand je mourrai, on voudra mettre mon corps dans le caveau familial, quelque part dans l’ouest. L’idée que mon corps soit déposé dans ce caveau à six places (pour mon père, ma mère, mon frère et mes sœurs, ohoo), où l’on a déjà placé mon père, m’est désagréable, mais moins depuis quelque temps finalement. J’y ai pensé quand j’ai divorcé, que si je mourrais maintenant, ce serait à ma famille biologique de disposer de mon corps. J’ai longtemps fantasmé qu’on m’incinère pour que j’échappe à ce retour dans des cadres dans lesquels je ne me retrouve pas. Un enlèvement post mortem. Mais ce n’est qu’un fantasme et je ne veux pas que ceux qui resteront se pourrissent la vie avec cela. Je voudrais qu’ils poursuivent leur chemin. Peut-être que ça leur ferait du bien d’avoir un lieu où retrouver une trace de moi. Je connais mal les mécanismes du deuil.
Je fonde des liens qui pour signifiants, tellement signifiants qu’ils soient à mes yeux et à ceux de qui partage ma vie, n’ont aucune valeur aux yeux de la société, ce que je comprends parfaitement. Au-delà de ma vie et de ceux que j’aime, rien ne restera que quelques écrits, des traces qui se disperseront et perdront leur sens. La postérité ne saura rien d'à quel point on était beaux, forts, puissants et irrésistiblement drôles. La pauvre.
Voilà en quelques mots (et quelques digressions) pourquoi j’aime les bollywood. Qu'est-ce qu'on ne raconterait pas comme bêtises pour ne pas avoir à confesser une attirance coupable pour le grand Shah Rukh Khan, dont les posters pavent les murs de mon petit studio où je rêve qu'un jour il viendra m'enlever pour aller danser une chorégraphie improbable sur les Champs Elysées couverts de tulipes.
C’est Antisocial qui ouvre le bal quand je me lève (je perds mon sang froid). Midi passé. Je baille, les yeux collés de sommeil.
Sur l’étagère, un prince se frappe la tête contre les parois de son bocal. Les plantes photosynthétisent gentiment. Je me rallonge pour me rappeler le plaisir de cette nuit. Mon lit.
Je jette un œil sur le bureau. A côté du mammouth violet qui me fait des yeux interloqués entre ses deux grandes défenses incurvées, deux carnets. Aujourd’hui j’ouvre le plus grand, carnet noir à spirales et feuilles blanches. Aujourd’hui j’y poserai une peinture, une nature morte de Cézanne.
J’aurais voulu un maître, je m’en passerai. Pour dire le vrai, je crois ne pas en avoir vraiment besoin.
C’est un message. Qui répond au mien, ancien, trop ancien. Tu veux passer chercher les clés. J’espère t’offrir un verre, peut-être manger avec toi si tu as un peu de temps. Je te dis oui, je te dis passe. Je t’attends chez moi, mets sur le feu quelque chose, j’attends que tu m’appelles pour me demander le code. Ca sonnaille au mobile. Tu seras dans cinq minutes devant le Club Med. Pas chez moi. Tu files en voiture et tu ne t’arrêtes pas. Je descends te rejoindre avec un ou deux nuages dans la tête, ça assombrit un peu l’horizon, mais s’il faut, j’y vais. Puis tu trouves à te garer près de chez moi parce que tu te rends compte que la course de relais ça n’est pas très pratique. Je rebrousse chemin, vois ta silhouette devant la porte de l’immeuble. La clé, je te la rends, tu restes debout, tu discutes à peine, tu n’es pas là, tu t’en vas et le gris s’est un peu assombri, juste un peu mais sensiblement.
Je l’ai dit encore, « appelle moi qu’on se fasse quelque chose ensemble », « tu m’avais dit que tu me montrerais comment tu travailles un jour ». Il prend des notes mentales dont il ne fera rien.
Il passe, le temps, tu le sais très bien. Je ne sais pas où tu cours comme cela. Je sais bien que vendredi soir tu es à cette soirée avec plein de gens que je connais, cette soirée à laquelle je suis bien entendu « cordialement invitée ».
Noyés dans la masse. Comme d’habitude.
Je suis assez grande pour distinguer le don et le partage. On ne me fera pas confondre de la figuration et une présence réelle. Je voudrais que tu nous offres du temps. Je me suis usée à te le dire, à te le répéter. Que je voulais un vrai moment - un moment vrai.
Je suis fatiguée, je suis très fatiguée. Il est temps que je fasse quelque chose là-dessus aussi. Quand il y a quelques semaines je comptais sur mes doigts au creux de la vague, il y avait toi, et ta manière de jouer les fantômes dans ma vie.
Je ferai avec toi comme j’ai fait avec d’autres. De ce que tu ne me donnes pas, je te volerai une partie, un bout de toi qui fera partie intégrante de moi. Plutôt que de m’appauvrir à mendier, je m’enrichirai, je m’embellirai à faire vivre cela.
Ma porte te reste ouverte mais je ne peux plus t’attendre.
Je suis debout, les yeux fermés. Inutile de me les bander, tu sais bien que je les garderai fermés jusqu’à ce que ce soit mon corps qui me l’impose.
Un premier contact, le lien qui file le long de ma peau. Chauffant l’épaule, contournant un sein, s’enlaçant à mes poignets maintenus dans mon dos. A mesure que filent les cordes, je me fige dans un silence qu’entrecoupent mon souffle court répondant au tien et le murmure des liens. Sous cette contrainte, les marges pleines de mon plaisir confiant s’étendent librement, ma perception aiguisée, aux aguets dans le silence de la pièce.
Le rayonnement de ton corps près du mien. Tu disposes, t’assures de l’ensemble, son esthétisme, sa fermeté, de son confort aussi. Je sens ton souffle, tes doigts qui me frôlent, ta présence, ta tendresse, en ce moment parfait où bien qu’aveuglée je sais où je suis.
Au fil du cheminement des liens, comme en miroir, d’autres liens, noués il y a longtemps, trop longtemps, glissent et se délient sous ma peau, à mesure que tes doigts cherchent leur chemin.
Puis tu dénoues tes liens et lentement, me rends à moi-même.
Ne t’inquiète pas des traces qu’auront laissé nos jeux sur mon corps ; c’est en moi que se trouvaient les liens les plus douloureux. Quand je partirai, je garderai ce fil de soi, infime, extensible, qui me relie à toi.
-Je veux pas qu'on se marie, je veux pas qu'on ait d'enfants, je voudrais qu'on fasse un long bout de chemin. Il est tard, l'obscurité dissimule jusqu'aux sourires...
-Occupe-toi d'Amélie -Ton corps, dressé contre le mur, écartelé à l'infinis'offre et résiste à la torture de mes caresses, de mes cris
-Bwaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa (bande son "Girls wanna have fun" de Cindy Lauper) (le pire c'est que je le fais presque à chaque fois que j'entends cette chanson)
-c'est en termes de plaisir échangé qu'il faudrait compter.
mercredi, mai 21, 2008 Tirer un trait Ce que je lui reproche ? Que je n'aie pas eu 15 ans. D'avoir à cet âge été un petit simulacre de mère en même temps que de future épouse, soumise et étriquée. Qu'il ait invoqué ses tendances suicidaires pour me forcer durant une année n'est rien en comparaison du fait qu'il ait ouvert devant moi un lourd ouvrage d'embryologie pour que je désigne ce qui était sorti de mon corps quelques mois auparavant. Qu'il m'ait coulée avec lui alors que j'étais sa cadette de quatre ans.
J'en ai eu envie. Retourner le voir, tout piétiner dans sa vie comme il l'avait fait dans la mienne. Avec méthode, consciencieusement. Mes doigts frémissaient d'impatience d'écrire ce fameux mail anodin. Fut un temps je n'aurais reculé devant aucun artifice.
Hier soir, je marche dans la rue Oberkampf, j'écoute de la musique. Au moment où Excalibur de Sheller commence, je lève les yeux et je vois sur le mur trois panneaux que je connais bien. Un timing parfait. Un message on ne peut plus clair.
Mais je n'irai pas. Je ne ferai rien. A cause de lui je n'ai pas eu 15 ans. L'adresse, je l'ai. Je suis à peu près sûre que c'est la bonne. J'ai cette possibilité, le l'ai pesée, mais je ne le ferai pas. Parce que j'ai aujourd'hui des raisons réelles de laisser ça définitivement au passé.
Je n'ai pas eu 15 ans. En toute logique, il me reste une année pour faire plein de bêtises. Yahaaaaaaaaa !
1:02 AM
mardi, mai 20, 2008 Subversion et submersion, ou "Ne t'éloigne pas trop du bord du pédiluve, mon chéri" Soirée avec les copains théâtreux. Une sorte de répèt autour d'une scène pour rire où il est question d'une vieille femme qui raconte ses aventures sensuelles et sexuelles. C'est amusant, c'est joli. Le St Pourçain coule gentiment et les langues se délient. Il y a une fille qui lance quelques mots sur des histoires d'épilation qui amorçent une discussion plus large sur le sexe, la libération sexuelle, la libération des moeurs. J'écoute beaucoup. Et puis forcément puisqu'on s'engage dans un domaine où j'ai quelque chose à dire de pas trop stupide et de pas trop bateau, je jette une première remarque. Laisse passer quelque temps, en lance une deuxième. Quelque chose cloche. Les participants s'émerveillent de leur audace, et moi je ne vois rien. On n'a pas commencé le début du quart de l'introduction que les voilà pleinement satisfaits. Il faudra que le mec d'une s'épile parce que sinon, plus de pipe, et la libération sexuelle touça, on a fait vachement de progrès, on peut... enfin... si on voulait on pourrait. Et on parlerait librement, mais pas de ça quand même parce que faut pas déconner. Je suis pleine de bonne volonté et j'aurais bien aimé y croire, hein. On était un ramassis de trentenaires, en 2008. A trente ans, on a eu un peu l'occasion de se tester, voir un peu ses limites, se triturer d'un peu partout avec les doigts, les méninges et tout le reste, on se connaît un peu mieux, on connaît un peu mieux le corps des autres. Les propos peuvent se permettre d'avoir du corps. Saloperie d'anniversaire de mai 68, misérable miroir de notre pauvreté et de notre indigence.
Une discussion aussi subversive qu'un mode d'emploi de la Tisanière, autant de sensualité qu'un Epilady. Je vide mon verre. J'ai horreur des villes fantômes, où tu crois te promener dans une avenue animée et où tu pousses la porte du saloon pour constater qu'elle n'ouvre que sur le désert.
8:40 AM
lundi, mai 19, 2008 Amour laborieux
On n’est pas éduqués à connaître la nature exacte de ce qui nous lie aux autres.
Ca m’est tombé dessus l’été dernier, en août à Hyderabad. J’étais en transit pour Aurangabad, une trentaine d’heures de voyage en tout. J’arrive dans l’Hyderabad mélangée, où se pressent les femmes voilées, les femmes en sari, les hommes pressés qui vont rejoindre leurs familles dans les alentours de cette ville fourmillante. Un cyber. Un joli cyber, avec de l’air frais, des ordinateurs en état de marche et une connexion qui va un peu plus vite que ce que j’ai eu dans la vieille ville de Bénarès.
Je lis mes mails. Je suis seule, et je me sens seule. Besoin du contact des miens dans tout le bordel de ce voyage. Et puis je regarde ça (profite, j'enlève dans une semaine maximum) :
C’est pas tout à fait ce que j’écoute d’ordinaire, mais ça me fait du bien. Et ça me rappelle quelque chose. Je regarde à nouveau, je regarde en boucle, je regarde le reste. Et ça fait tilt.
On en a traversé, des moments pas intéressants. On s’est disputés, déchirés, avant d’arriver enfin à la conclusion qu’on ne cherchait pas la même chose. Et puis on s’est perdus de vue.
Mais il y a une chose, une seule, qui est toujours restée. Une seule sur laquelle j’avais en lui une confiance absolue. Bien sûr, j’étais mal placée pour que cette confiance puisse avoir du crédit. Pourtant, après tout ce temps, elle est restée intacte. Quand il se mettait devant son écran, ses consoles, dans la touffeur de sa chambre. Son visage de profil. Les éléments qui reviennent en boucle, modifiés, remodifiés, modifiés encore, léchés, pétris, polis jusqu’à ce qu’il soit tard, très tard. Cent fois sur le métier. Cette exigence du détail, tout simplement fascinante. Jusqu’au résultat final.
Il a cette capacité à concevoir, à sentir les choses que j’ai eu le plaisir de connaître de près. Dans ces moments-là il était vivant. Il était beau.
Pour tout cela, respect, monsieur, profond respect.
6:19 PM
samedi, avril 26, 2008
Parachute ou trampoline
Vaguement la sensation que mon parachute s’est barré en torche en cours de route. Une soirée de bric et de broc, avec des after, des before, des téléphones qui s’oublient, de la bière et de la viande, du texte, des ordis, des lapins. Des mots aussi, parce que je n’ai jamais su faire semblant très longtemps et que parfois c'est important d'aller droit là où c’est difficile, dire qu’on n’est pas très loin. Puis les mots prennent d’autres chemins, se rejoignent ou rebondissent les uns contre les autres. Une bonne soirée qui démarrait pourtant assez mal. J’ai traîné longtemps, fatiguée, très fatiguée, avant de rejoindre le petit monde, à brasser des monceaux de nuages noirs dans les méandres de mon cerveau. En arrivant j’éprouve un petit soulagement, je respire mieux déjà. Je lance en plaisantant que je suis comme les gamins fatigués, ce soir soit je fais le pitre, soit je fais une crise de larmes. Ou je fais les deux l’un après l’autre. Je ne croyais pas si bien dire.
Je sors légère dans la tiédeur de ce mois qui s’achemine gentiment vers de vrais beaux jours. Cela sent les pollens des fleurs dans l’obscurité, la terre réchauffée, des envies de nature me reprennent, de forêts, de montagne peut-être. C’est doux, c’est bien, mais à mesure que j’avance mes semelles se doublent de plomb et je retombe à une vitesse effarante. Incrédule d’abord, à me demander pourquoi je me sens submergée comme ça, pourquoi maintenant, pourquoi si vite. Et puis comme faire semblant de me poser la question et essayer de m’empêcher de pleurer n’a aucun effet, je me permets d’ouvrir les vannes en me disant que si jamais ma tête ne trouve pas, mon corps lui sait ce qu’il veut. Et je me pose vraiment la question en faisant la liste et le compte le plus immédiat de ce qui ne va pas. Bien sûr j’en compte, des trucs, pense m’en tirer avec une seule main, passe, mal à l’aise, à la deuxième main.
Je pleure depuis mon entrée dans le RER, je continue sur le chemin, ça s’arrête le temps qu’un mec à Châtelet me tape fort sur le cul en m’appelant « salope » avec un air mauvais. J’ai envie de lui casser les dents, et a posteriori les phalanges, mais il est accompagné de trois ou quatre copains qui se marrent, et qui sont tous plus grands que moi d’une tête. J’étais en train d’essayer de tirer deux photos à scotcher sur ma porte pour le gars d’EDF. Je retire ma carte de l'appareil, balance un « pauvre con » tout en le fixant et m’en vais. Je ne peux rien faire de plus offensif ou de plus fin, parce que je sais que ça va me retomber dessus.
Ligne 5, strapontin. Et ça reprend. Pourquoi ? J’ai beau chercher, rien à faire. Je me promets une liste exhaustive de ce qui ne va pas pour y voir plus clair (j’écris plusieurs jours après, la liste, j’ai essayé de la faire, ça n’a pas suffi pour comprendre). Je laisse couler, j’ai la sensation que ça ne s’arrêtera jamais, jamais, jamais. J’arrive à destination. Les rues sont glauques. La maison, la maison vide. Je continue à pleurer. J’ai envoyé des tonnes de sms à J. qui avait essayé de me joindre plus tôt dans la soirée. Joue au chat et à la souris avec lui, parce que je ne peux pas dire exactement pourquoi ça ne va pas. Tire ce qui le concerne dans ma liste mentale. Finis par appeler. On parlera. Ebauche d’un premier mieux.
« Oh vous avez fait la fête, vous. Vous avez de petits yeux. ». C’est le lendemain matin, un visiteur à mon travail qui se rêve à travers ma personne une jeunesse insouciante. Je souris. Je me suis maquillée pourtant, le soir même je vois ma maman pour son anniversaire. Mon frère m’avait lancé quelque temps plus tôt un sms qui disait « je ne lui ai rien dit » qui m’avait appris 1) qu’à ses yeux mon problème était plus important que je n’avais pensé 2) qu’il fallait protéger notre génitrice de l’inquiétude que cette histoire pouvait lui causer.
J’avais toute la journée pour décider de faire la bonne fille ou la mauvaise. J’ai finalement opté pour la « mauvaise fille qui inquiète sa pauvre petite maman qui a déjà bien autre chose à penser ». C'est fou ce besoin maladif de protéger la manman.
De toutes façons, je ne peux pas lui parler des autres raisons tangibles pour lesquelles ça peut ne pas aller, et il faut bien qu’elle voie que sa fille peut ne pas aller bien parfois. Au cas où.
mercredi, avril 23, 2008 Forcément Ben oui forcément. Forcément j'ai réussi à me sortir du point mort et recommencer à avancer, enfin. J'en bave des ronds de chapeaux, je me permets des compensations inavouables pour tenir, le narguilé à la cerise, mon dieu personnel (je fume trop), la mauvaise bouffe (quand je me nourris pas de Nutella ou de cochonneries apéritif, mais je me soigne), un peu d'alcool, et de petits fantasmes à fleur de conscience. C'est ça de passer la nuit dans un appartement presque vide. Dans cet appartement à plus forte raison. Non mais sans blague, je suis entrée dans un lieu bien étrange, avec une alcôve rouge pompéien, la chambre des époux dotée de neuf petites ouvertures carrées, pour que le passant voyeur puisse juger de l'ardeur des amants. Une salle de bains avec une vitre sans tain pour observer sans être vu ce qui se passe dans le séjour. Une douche dotée d'un système de lumières qui rendrait n'importe quel corps puissant et beau.
Je repense aux gestes de mon frère. Ses gestes enroulants, décrivant des arabesques dans le dos de son amant à la dérobée. Cet appartement ne pouvait être que le sien. Mon petit frère, plus âgé que moi. Le fils chéri par tous, même par ceux à qui il fit considérablement de l'ombre. Aimé au delà de la raison parfois. Qu'importe. Modèle et obstacle à la fois. "Oh, ils parlent pareil", exclamation d'une petite jeune fille d'à peine 18 ans alors que le frère et la soeur se disaient au revoir un soir, tard. Eh oui, ils parlent pareil. Ca et une ou deux autres choses. On sort les dents pareil, aussi, je serais prête à en jurer. La colère froide. Que j'aimerais n'avoir jamais à affronter, parce que je sais ce que ça donne de l'intérieur.
Drôle de sensation en ce moment, d'un âge d'or étrange, qui précède des moments sombres, très sombres. J'entends des éloges, je les éprouve jusque dans les recoins silencieux de mon corps. J'aimerais bien que tout ça soit vrai. Quelque part j'aimerais bien, beaucoup, et j'enrage de ne pouvoir prendre ce qui m'est dit pour une réalité sinon immuable, du moins durable dans une échelle de temps supérieure à celle des minutes, des heures... La séduction des mots, ah la séduction des mots. Alors je continue à agir, aveuglément, parce que c'est joli, parce que c'est ça que je sens qu'il faut faire, et que quand j'ai une intuition aussi puissante qui se fait jour, il n'y a pas à hésiter. On ramassera les morceaux après si jamais y a lieu. Ceux qui m'aiment m'aideront parce qu'ils m'acceptent comme ça. Je me plais à penser cela, même si j'ai quelque appréhension à le vérifier.
Je lis en ce moment des pages qui me troublent et m'emportent, me jettent dans des dispositions d'esprit qui frôlent l'égarement. Ca parle de dépassement spirituel, de résolution des contraires, ça parle d'amour tout simplement. Chaque page parle de mes émotions les plus puissantes, les plus déroutantes. Je trouve un bout d'explication de ce que je ressens et dont je n'ai jamais trouvé la trace ailleurs. Je prends de plein fouet ces vérités qui m'étaient acquises depuis longtemps avec ivresse, joie et tranquillité. Je suis et reste profondément athée. Pas agnostique, mais athée. Il n'empêche que ma psyché tortueuse se mire dans ce qui est dit des relations que les Indiens entretiennent avec leur dieu, quel que soit son nom ou sa forme. Je savais que c'était vrai de la mythologie, mais pas de la religion en elle-même. Si tu me cherches, c'est dans cette direction qu'il faut aller. Même si, pour être cohérente avec ce que j'ai dit plus haut, je doute que ça t'intéresse à ce point (ceci n'est pas de la provocation ni même un appel muet, je ne crois plus que dans les mouvements naturels, tu dois t'en douter maintenant).
Dans la cage de mon immeuble, ça sent toujours la fumée. Ce parfum persistant, de plastique fondu, de tout un tas de choses symboliques qui disparaissent en même temps.
(Va jusqu'au bout de la vidéo, c'est la fin qui m'intéresse, là)
Quand j'étais petite, je devais pas avoir huit ans, nous avons déménagé du Sud dans l'Ouest de la France. Un grand camion marqué d'un cheval au galop. Un cheval à la crinière en feu. Notre déménagement a partiellement brûlé. Une histoire de court-circuit, peu importe. Je me souviens de l'arrivée de ce grand camion blanc, de son aspect intact d'en bas, du grand trou noirci dans la toiture. L'attente, interminable, pour savoir qui était mort, qui avait fondu. Il faut toujours garder ses peluches préférées avec soi. Je crois me souvenir que c'était le bateau de pirates des Playmobils qui avait trinqué. Le trésor, inaccessible à jamais. De mon côté, aucun disparu. Mais dans les chevelures de mes poupées, le souvenir lancinant, le danger mué en un parfum omniprésent. Dans les semaines qui ont suivi, ce parfum, ce foutu parfum, de brûlé, de plastique fondu, de catastrophe, était venu hanter nos mémoires. Avec le recul je me prends à rêver que cet incendie ait pu brûler les coins sombres de l'histoire familiale, cette histoire d'inceste qui allait émerger quelques années après la mort de mon père et qui continue à me rendre perplexe quant au matin où, à même pas neuf ans, je me suis réveillée dans mon lit, du sang séché plein les mains. Il y a des choses qu'il faudrait se résoudre à ne jamais élucider. C'est dur parfois.
Curieusement, ce parfum de fumée m'apaise. Parfum froid et âcre, qui atteste que la catastrophe appartient au champ du passé. Qu'il y a peut-être un petit répit avant que cela ne recommence à nouveau. L'aiguillon du danger récent et l'apaisement. Qu'il faut aller de l'avant tant que c'est possible, reconstruire, retricoter les liens qui nous relient au passé, pour se retourner sereinement vers l'avenir. C'est dans ces moments-là que je m'en sors peut-être mieux que d'autres. Inutile de se demander, alors, contre ou pour quoi se battre : tout menace ruine, tout est à reconstruire. Agir, c'est aussi un excellent remède pour oublier qu'on a peur.
8:47 PM
lundi, avril 21, 2008 Epreuve Elle me tourne autour, me couve, me protège, car je suis sa meilleure protectrice. Cet après-midi elle ouvre grand son capuchon, triomphe et m'enserre de ses anneaux. Je me sens perdue. J'ai beaucoup de mal à mener ce combat qui se déroule dans ma tête. J'ai beau me dire que j'ai des armes, que je me suis déjà dégagée de bien des situations, je reste bras ballants, impuissante. L'étau se resserre. Des semaines, des mois peut-être. Une brûlure plus intense depuis que je sens le temps, le manque de temps. Les incendies. Le reste. Tout ça est plus concret, l'urgence plus tangible. Oh tout va bien, hein. J'assure le minimum vital, mais ça ne (me ?) suffit pas et j'en viens à me mépriser. Je supporte de moins en moins le fait de ne pas tirer le plus complet bénéfice de tous les privilèges dont j'ai été dotée, de ceux pour lesquels je me suis battue, aussi. Quelque chose ne passe pas, et depuis ce qui me semble une éternité, je suis seulement sur le seuil de le contourner. J'en ai assez de me dire que "ce n'est pas le moment". Ca sera quand, le moment ? Ils me disent qu'ils ont confiance en moi. Certains se laissent séduire par les mots, par l'envie que ça soit vrai, parce que ça serait joli. Puis ils sont déçus parce qu'"ils ne me voyaient pas comme ça", parce qu'ils ne pensaient pas que j'étais "comme ça". "Comme ça". Ou ils se mettent à me détester parce que ce que je traverse leur est inconnu, qu'ils ne comprennent ni comment ça fonctionne ni ce qu'ils peuvent y faire, et que leur orgueil est trop puissant pour qu'ils continuent à être seulement présents. Je suis incapable de croire ces mots-là. Presque. Heureusement qu'il y a ce presque. Et les gens qui sont à l'intérieur.
Il faudrait peut-être trois fois rien. Mais pour le moment je tourne en rond. Peut-être cesser de me braquer à vouloir que ça vienne tout-en-bloc-tout-de-suite. Quand je cesse mes auto-parodies j'ai bien en mémoire des situations où c'était plus facile, où les choses se faisaient naturellement et où, finalement, j'étais assez satisfaite de ce que je faisais. Ces temps-ci j'ai beaucoup de mal à être patiente. Rhaaaa, rien que d'écrire ça, ça m'énerve.
4:24 PM
samedi, avril 19, 2008 Fabienne construit son nid Je vous la fais en version courte car j'ai vraiment la sensation de radoter. Deux débuts d'incendies dans mon immeuble en même pas une semaine. Le premier, feu de poubelle, plus de peur que de mal. Le deuxième, même foyer, plus grave. électricité off, tout un tas de fils fondus. Personne de blessé ou intoxiqué par les fumées. Les deux fois, J. était là. Une dispute à cause d'une histoire d'héroïsme inutile. M'a oublié un moment, plongé dans la fumée dont j'avais voulu le protéger. Je suis mal placée pour exiger de quelqu'un qu'il rejette des plaisirs destructeurs. J'aime seulement savoir que les autres font leurs choix en toute conscience. Je ferai comme je pourrai, après. le deuxième incendie s'est produit, comme le premier, dans la nuit. Probablement criminel, vu la fréquence et quelques détails concrets. On a même eu droit à un commissaire de série américaine. La police fait son travail. Dormez tranquilles. J'ai une ou deux bonnes raisons de ne pas dormir tranquille mais j'ai fait récemment un test sur mes connaissances en termes de diffamation et j'en conclus qu'il faut mieux que je me taise. Les nuits courtes, courtes, l'inquiétude, les réveils en sursaut, la course dans une cage d'escalier noire, les cris, le crépitement des flammes, la fumée. Le pire c'est qu'une fois le gros passé, il est difficile de se dire qu'il faut faire quelque chose, parce que les livres sont toujours là et qu'il commence à y avoir du soleil dehors, parce que pour une fois les enfants sont calmes. Elle est forte, la tentation de se dire que ça va aller, que les connards qui ont failli nous faire griller deux fois vont remettre ça. Mais je m'étais déjà dit ça la première fois, et je ne vois pas ce qui pourrait les dissuader de revenir. C'est même devenu plus facile car les portes donnant sur la rue sont maintenant grandes ouvertes et les portes à code désactivées. Ca se fera sans moi. J'ai fait ma pauvrette et j'ai trouvé une solution pour ne pas avoir à dormir ici pour un moment. Je ne vais pas me mettre en danger par inertie. Je peux plus me mettre en danger parce que j'ai un mal de chien à demander de l'aide. Je suis épuisée, les grands pans de ma vie me semblent tellement éloignés. Tout semble si irréel parfois. Toujours ce même kaléidoscope d'images claires et sombres.
7:31 PM
lundi, avril 14, 2008 Au cas où Tu me fatigues. J'ai suivi longtemps tes histoires, de loin, avec amusement parfois, j'ai été emmerdée quand tu avais des soucis, vraiment. Et ça reste vrai. Je sais que ça n'est pas facile pour toi. Je t'assure que ça ne l'est pas tout à fait pour moi non plus. Mais là, non.
Ce concert, c'était une bonne idée et je suis contente que tu l'aies eue. Toute attention à son égard, je l'accueille avec joie. Seulement voilà, c'est un peu plus compliqué que tu l'avais prévu. Il ne t'appartient pas. Il n'appartient qu'à lui-même. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui se satisfont de liens maladifs où une possession plus ou moins destructrice étouffe l'amour, mais ce n'est pas une raison. Je me suis éclipsée sur certains terrains qui étaient les vôtres, j'ai poussé jusqu'à ne pas rencontrer la petite, pour ne pas la perturber, parce que je crois que vous avez des liens forts et que je ne voulais pas les parasiter. Mais il m'en coûte énormément de l'entendre dire "ma fille" quand il parle de cette petite dont je connais le prénom et qui compte tellement pour lui. Triste victoire, tu ne trouves pas ?
Si tu es venue jusqu'ici il faut bien t'attendre à lire des choses qui peuvent t'être désagréables. Je suis ici chez moi, et la sacro-sainte mesure que je mets par ailleurs dans mes propos n'a pas cours. Je n'autorise personne à m'en blâmer. Je suis en colère, vraiment. Ca suffit.
Alors ce concert, j'irai. J'irai avec lui s'il le veut, et ça sera bien. Ca sera une boucle qui se boucle, c'est mon histoire, et la sienne. Tu aurais énormément de mal à me gâcher ce plaisir, et franchement, ta victoire serait bien médiocre par rapport aux efforts que tu auras dû fournir. J'ai passé l'âge des parties de cache-cache. Tu me trouveras sans problèmes. Je ne suis pas un secret, je n'ai rien à cacher, et si je t'ai en face de moi ne t'attends pas à ce que je baisse les yeux. Si tu me voyais ça t'aiderait peut-être à comprendre qu'il n'y a ni abandon, ni rivalité, qui ne soient seulement dans ta tête. Petite fille, regarde sous ton lit et tu verras qu'aucun monstre ne s'y trouve.
4:23 PM
dimanche, avril 13, 2008 Semaines et années Encore cette déformation du temps. Etrangement quand je regarde mon calendrier j'ai la sensation qu'un mois s'est glissé dans à peine une semaine. Je n'y comprends rien. Je poste peu, je n'en pense pas moins. Quelques évènements, je veux dire des évènements à mon échelle personnelle. Un mot, un geste. Qui changent tout. (au terme de l'écriture de ce post, finalement je ne pourrai en développer qu'un pour cette fois-ci).
"On n'était pas amoureux, hein ?" Il y avait une question et je n'ai pas donné la bonne réponse. J'ai donné une réponse mais pas celle qui m'aurait apaisée. Depuis je suis... mal à l'aise. Il est inutile de réécrire les dialogues. Tant pis. Tant mieux.
Je suis quelqu'un qui prend un malin plaisir à réfléchir sur ce qu'on aimerait laisser dans le flou. Le reste du temps mon intelligence est plus que médiocre. Un esprit de contradiction. Depuis je remue ça. On s'en fout en fait, mais c'est comme les symboles, comme le sens, difficile de vivre sans. J'exhume tout cela, cherche à faire la part entre le révisionnisme et quelque chose que par facilité je pourrais honnêtement appeler vérité.
Je savais au moment de l'embrasser pour la première fois ce que j'éprouvais. Ca allait être quelque chose qui se construirait et s'affirmerait. L'histoire pouvait être belle, même si j'étais alors déboussolée, anesthésiée par mon histoire récente. Après, ça serait long, trop long à retracer et il y a plein de manières valables de retracer tout ça. Une vie de couple. J'ai fait des choses, écrit maladroitement ce que j'avais à dire. Jusqu'à ce que tout mouvement naturel ne se tarisse et que les choses se gâtent. Quand je me suis mariée, en 97, le matin même je me disais que notre amour était sur la mauvaise pente, que si mes intuitions étaient bonnes, on ne se relèverait pas. J'avais poursuivi tout de même en me disant que je me trompais peut-être et qu'en faisant de mon mieux on y arriverait peut-être, que si toi tu te lançais là-dedans tu devais savoir, toi. A l'époque je m'efforçais de suivre n'importe quoi sauf mes intuitions. Il faut dire que ces intuitions m'avaient poussée une fois ou deux hors du chemin que je pensais devoir suivre. Je ne cherche pas à me dédouaner. A cette époque j'aurais été capable des pires bassesses pour un peu (plus ?) de tendresse. Les choses étaient compliquées entre nous, des disputes impossibles, dont je ne sortais qu'un peu plus appauvrie, blessée, braquée.
Même du temps de l'âge d'or de notre histoire, il y avait quelque chose que je ne sentais pas, une absence persistante coexistant avec un paysage parfaitement rationnel. Je lui en avais parlé, j'avais essuyé une réaction très forte... C'était il y a plus de dix ans. On s'en serait peut-être sortis si on avait été amoureux. La question ne se serait peut-être même pas posée. Je m'en serais peut-être sortie si tu avais eu le courage d'accepter que tu n'étais pas amoureux de moi. Je ne t'aurais peut-être pas retiré mon soutien. Je m'en serais peut-être sortie si j'avais eu le courage de croire un peu plus en moi, de voir ce qui était évident. Tu me l'aurais dit, je n'aurais pas eu à me soumettre à cet amour sous conditions qui m'a fait le mal que tu sais. On n'aurait pas eu à se déchirer stérilement. Au moins tu m'as libérée de la culpabilité que tu m'avais imposée : je ne t'ai pas rendu incapable d'aimer, puisque tu n'étais pas amoureux de moi. Tu comprendras que j'aie du mal à accepter avoir traversé tout ça pour une histoire secondaire. Jamais je ne serai dédommagée de toute cette violence, de tout ce mépris. C'est peut-être ça le plus dur. Qu'est-ce que ça aurait été si j'avais été amoureuse. J'ai cherché longtemps à essayer de déterminer la réalité des sentiments qu'il avait éprouvés à l'époque. Je dispose de preuves confondantes et imparables. Et tout à fait contradictoires. Encore un mystère pour la science. Ce que je sais c'est qu'assez ironiquement, notre histoire a servi de base à son épanouissement professionnel actuel. Pas de quoi s'enorgueillir vu les circonstances, mais ça me fait plaisir tout de même.
Epilogue (du moins j'espère). Il y a quelques jours nous avons vidé la cave de Thiom. Notre ancienne cave, où j'avais encore des choses entreposées que j'avais laissées en quittant l'appartement. Il y a un peu plus de deux ans. Je redoutais la séance, trop long, trop personnel, avec l'ombre d'une dispute récente qui avait tendu nos rapports. Deux heures je crois, cela a duré. Il y a eu des moments forts, des déballages de paquets soigneusement emballés révélant là une statuette que j'avais faite pour lui, ici un ouvrage d'aiguille sur lequel j'avais bien passé une semaine sans avancer de plus de quelques centimètres tellement c'était long, des cadeaux personnels imbriqués dans notre histoire. Il m'a regardé avec un air perdu, j'ai dit "jette, il faut laisser de la place pour la vie". Jette tout ça, ça n'a plus de sens. J'ai pris un sac poubelle et j'ai engouffré ce que j'avais sous la main dedans. Pas de cadavres dans mon placard, ni dans le sien. Le reste de la soirée, paisible, agréable. Vodka citron vert pour me réchauffer, escargots et discussion informelle mais animée pour agrémenter le tout. Quand la clochette retentira, tournez la page. 4:17 PM
mardi, avril 08, 2008 La paix
Je ne te donne pas le droit de me parler comme ça Je ne te donne pas le droit de me mentir comme ça Je ne te donne pas le droit de me traiter comme ça Je ne te donne pas le droit de me blesser comme ça
J'ai l'intention d'exercer, enfin, mon droit à la paix.
11:45 PM
mercredi, mars 26, 2008 Aveu Si tu m'as trouvée entre les pages d'un livre, sur un banc, si tu m'as entendue un jour dans un lieu public, sache que je suis bien la pêcheuse d'âmes. Et qu'après une phase de sommeil plus ou moins agité, juchée sur mon chariot à bulles et plus déterminée que jamais, je reprends mes petites activités dans les prochains jours. J'ai encore de la voix, de l'encre et de l'enthousiasme. Allez Google, fais ton travail, pour une fois que je t'autorise à cafter.
8:09 AM
Pensées mélangées Je me lève comme on tombe du lit. La journée sera longue. Je repense aux quelques jours qui se sont écoulés. J'attendais avec une certaine impatience que la semaine soit terminée, craignais des moments pénibles, et c'est exactement le contraire qui s'est produit. Mes trente ans étaient passés par la petite porte, l'année suivante s'offre un bain de soleil et emprunte le chemin des écoliers. Deux agendas de ministres se sont concertés pour m'arracher à ma soupe et à ma solitude studieuse, me plongeant dans un état second presque louche, le visage et l'ensemble du corps paralysé par le caractère subit de leur arrivée et l'incrédulité ravie qu'elle avait suscitée. Je suis sûre et certaine que j'aurais été contrôlée positive à l'anti-dopage. Euphorie. Allégresse. Les voir, là. Et puis le soir, une soirée où je ne suis pas arrivée la première, dans un appartement en désordre, des gens, des amis, quelques cloisons qui pètent dans ma vie parce qu'à force de poser des cloisons pour ne pas blesser, pour protéger, pour je ne sais quoi, je finis par m'étouffer. Et tu sais quoi ? Ca n'a pas été la catastrophe que j'avais craint. Rarement les soirées que j'ai données ont été aussi joyeuses, paisibles. De très bonnes pizzas livrées, le gâteau magique de ma Laureena. Et des cadeaux, des taaaas de cadeaux. Et notamment dans la catégorie "sidéralement crétin" : un Spider le cochon qui monte pas au plafond mais qui a les narines lumineuses, et un prince charmant sorti du fondement d'un crapaud et qui continue à grandir dans son bocal.
Je suis chargée de tout cela. C'est une chaleur qui part du coeur et me parcourt le corps tout entier. Je finirai peut-être par trouver un moyen de les remercier et de leur dire à quel point je les aime.
La semaine sera longue, beaucoup de travail. Impossible de remettre la main sur ma bible. Je crois bien qu'elle a fait partie des purges d'il y a deux ans, les purges de mon départ de chez Thiom. Elle m'avait été offerte par une adepte de l'église du Christ. Et avec le recul, pas vraiment par sympathie mais dans un souci d'agrémenter son tableau de chasse d'âmes sauvées. Tu comprendras pourquoi je ne me suis pas encombrée d'états d'âme. Je suis très biblique en ce moment. Les vierges sages et les vierges folles. Le Christ au jardin de Gethsémani. Jacob et l'ange. Forcément. Toujours les mêmes tensions à l'oeuvre. Tu sais que je suis parfaitement athée, pas agnostique mais athée. Il reste vrai que je sais lire dans ces textes, comme dans d'autres d'ailleurs, et trouver ce dont j'ai besoin pour m'alimenter et me construire.
Je suis en train de me relever. D'une chute immobile, assez peu spectaculaire, cérébrale dont quelques traces sont visibles ici. J'ai assez frôlé le sujet, et je ne souhaite pas entrer davantage dans les détails. Mais si je me relève, j'ai bien conscience que je vous le dois aussi à vous. C'est ça, mon cadeau ultime, ce petit coup de pouce composé d'une mosaïque d'évènements récents, qui m'était nécessaire pour repartir. Merci.
6:49 AM
jeudi, mars 20, 2008 Bien sûr Je me souviens de cet après-midi où tu avais débarqué dans ce chez moi qui n'était pas chez moi, je me souviens de ton chagrin, je me souviens de la forme de ton corps gorgé de tristesse cherchant un réconfort dans mes bras, de ta taille dessinée qui m'a fait me sentir bien rebondie... De tes billes brunes avec lesquelles tu ponctuais les fins de tes phrases, ta force au milieu de la tempête. Je me souviens de ces grands tirades dont personne ne gardera mémoire si ce n'est nous, de notre obstination à remettre cent fois, mille fois, notre ouvrage sur le métier. Des volutes qui entouraient tout cela (pardonne moi, je ne peux pas m'empêcher de faire mon serpent) aussi un peu. Et tu te demandes si j'ai envie de te voir ?
10:27 PM
Un monstre à deux visages Je presse le pas. Depuis mardi soir j'essaie de l'éviter. Elle court vite, la garce, elle ne me lâche pas. Parfois elle me caresse, me regarde avec un air plein de sollicitude, enfonce son dard plus profond. Elle est toujours là, ses ongles griffant les murs des immeubles et me faisant grincer des dents. "Ca doit être si péniiiiible de croire ... et puis finalement..." Elle ne finit pas sa phrase, se perd dans un rire de fausset qui me donne envie de lui enfoncer mes pouces dans les orbites pour la faire taire. "Et sinon, tu as des projets pour l'avenir ?" Elle s'étouffe dans sa propre spiritualité. Connasse. Non, des projets je n'en ai pas. Il faudrait peut-être que j'y pense un peu plus sérieusement, mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Je retomberais sur mes pattes si ça tournait mal. Je ne peux pas mettre une partie de mon énergie dans cela. Je mise sur ce que je veux, ce que je veux vraiment. Ma place est là où je suis, maintenant. On verra dans dix ans, mais pour le moment il y a des choses importantes qui se jouent. Je n'en mène pas large, j'ai un peu mal, je dois avouer à demi-mots que j'ai mal. Blessure d'orgueil. Je n'en suis pas à ma première. Je m'en fous, d'abord. Réaction naturelle. Amertume. La goule est là, goguenarde et triomphante, ne me laisse le choix que de continuer à fuir en attendant que tout soit enfin clarifié. Si seulement je pouvais savoir si c'est calomnie... ou trahison. Elles sont chiantes ces allégories. Moi je voudrais juste savoir. Je ne sais pas s'il me lit, ça peut être possible, on ne sait jamais. Si tu veux me faire un cadeau pour mon anniversaire, pour mes 31 ans, qui tombent demain, tu as le présent tout trouvé. Un rendez-vous, quelques lignes, à écrire en ton âme et conscience. Je ne demande pas de traitement de faveur. Tout ce que je demande, c'est de la cohérence. Rien que cela. Ca m'est insupportable de savoir que d'autres s'activent pour moi alors que tu restes en retrait. Je ne veux pas que ça se fasse en dépit de toi, mais avec toi. Mais s'il le faut, ça se fera, et de cette manière. Je me battrai. Et s'il le faut vraiment je partirai, par le chemin des écoliers, avec ce que je vis, ce que j'ai compris, ce que je suis. En sifflottant mes chansons de Miossec et avec au coeur mon humanité maladive. Mais j'ai mal. J'ai pleuré mardi dernier à cause de cela, même si en ce moment je prends pour une victoire le fait de ne pas verser de larmes durant toute une journée. Ce soir je n'en mène pas large mais je ne te laisserai pas avoir une telle importance, pas maintenant. Je le dois à eux.
9:38 PM
mercredi, mars 19, 2008 Tout simple J'accumule les phrases qui traduisent ce que j'éprouve en ce moment. Ca me fait du bien d'avoir repris mon carnet noir dans mon sac. Fuck off Dr Simple, reste en dehors de tout ça.
Ce soir je bois une bouteille de Veuve Cliquot avec lui. Un an que j'attendais qu'on la boive ensemble, cette bouteille, depuis l'anniversaire de mes trente ans où il est arrivé après tout le monde, reparti rapidement pour affronter de nouveaux soucis, me laissant la bouteille pleine avec personne avec qui l'ouvrir. Et ce matin je suis enfin arrivée à les trouver, les mots.
Tes absences, ta bienveillance me flinguent. Je voudrais tout simplement que tu m'aimes.
C'est limpide maintenant. Au moins là dessus ça va mieux. Il faut continuer, ne pas baisser sa garde, je sais que je ne suis pas tout à fait seule dans tout cela, et je commence à savoir sur qui je peux me permettre de compter réellement. Les temps sont étranges, je ne comprends pas très bien ce qu'il se passe. Il me tarde de quitter ces remous.
7:08 PM
mardi, mars 18, 2008 Miroir Il m'a dit quelques mots en me ramenant à la gare. Des mots importants. Je sais regarder, je sais écouter aussi, parfois. J'ai entendu et j'ai annulé quasi tout ce que j'avais prévu le lundi. Tes mots m'ont suivie tout au long de cette journée. Un talisman qui me retient de tomber trop bas. Je suis en train de me relever. Les émotions effleurent encore trop, j'ai du mal à les dissimuler. Quand au cours ils ont joué une scène du Temps qu'il reste, je n'ai pas pu. En rentrant j'évitais de croiser le regard des passants. Je sais que c'est le tien cette fois-ci, intense, perçant. Je me protège avec l'amour de ceux qui m'aiment, je prends le meilleur d'eux et ça me fait un bien fou. Au delà du doute, au delà des déceptions, au-delà de la perte. Des sentiments pleins.
10:50 PM
samedi, mars 15, 2008 Addendum C'est que moi aussi je me consume. D'une manière surprenant, inattendue, inappropriée sans doute. Mais. A demi nue et à genoux, j'ai rouvert mon Gaffiot. Ce que j'ai trouvé : Comburo, ussi, ustum, urere, tr., brûler entièrement, comburer aedes, brûler la maison, combuere aedes, frumentuml naves, détruire par le feu du blé, des navires, aliquem vivum, faire brûler vivant quelqu'un, comburere diem, passer gaiement la journée, combustus Semelâ, brûlé d'amour pour Sémélé. Je suis fatiguée. Je voudrais une page blanche où quelqu'un me coucherait pour me faire dormir. D'amour. Mais il est tard et il faudra agir seule.
9:29 PM
Erase and rewind Tu as de la chance. Tu dois à l'alcool ce que je vais oser te dire. Bien entendu je prendrai des chemin de traverse pour te dire tout cela. Il y a des chemins droits, d'autres tortueux. Je ne comprends pas parfois. J'ai l'impression d'être mise en marge, sans comprendre pourquoi je le suis. Je vis mal le fait de laisser mes amours dans l'anonymat. Pourquoi ? On me demande avec qui je vais passer le week-end. Je réponds "avec mon amoureux". Un singulier qui me blesse. Un singulier qui frôle l'infidélité que j'ai tant fui en tentant d'adopter ce qu'on appelle le polyamour. J'ai mal à mon amour. Car il est fort, il est puissant. Il n'y a aucune raison valable de le cacher. Aucune. Je vais avoir trente et un ans et il est temps que le monde dans lequel je vis évolue en même temps que moi, ou qu'il se dépèche de rattraper son retard. Je ne suis pas là pour jouer des seconds rôles dans des histoires sans avenir. Mon histoire, je l'affirme, touche bien plus de gens que ce qu'on voudrait bien croire. J'aime. C'est ma force, c'est ma faiblesse aussi. Tu le sais bien, toi qui me suis depuis quelque temps. Ma force, c'est ma capacité à aimer, à aimer différemment. A aimer sans posséder, en préférant que celu,i ou celle, que j'aime soit heureux (se) avant tout, avant moi, mes petites envies. Bien sûr j'aimerais, j'aimerais compter et le sentir. Ca me fait un mal de chienne de réaliser parfois que je n'ai pas tout à fait l'importance que je voudrais avoir dans la vie de ceux que j'aime, je veux dire de ceux que j'aime vraiment. "Passe faire une dinette mercredi". J'ai le coeur au bord des lèvres. J'ai mal, j'ai très mal, pourtant je suis là, plus que jamais, pour te protéger jusque dans les dangers qui n'ont strictement rien à voir avec moi. J'ai mal mais je suis là pour te protéger. Tu ne le vois pas mais là tout de suite j'ai le coeur empli à bloc, le coeur empli de toi, de lui, de lui, encore, est-ce pour ça que j'ai si mal ? Je sais bien que tout est éphémère, que moi même en premier lieu je devrais maisser les choses telles qu'elles sont. Je pleure à gros sanglots tout en écrivant cela, j'ai un mal de chien. Peut-être qu'en relisant tout cela, plus tard, je pourrai comprendre, désamorcer. Bordel Fabienne, tu perds tes billes. Tu tombes dans une chute vertigineuse dont rien n'a l'air de vouloir te rattraper. Rhoooo mais Fab, secoue toi hein, rappelle toi. Ca a l'air terrible comme ça, mais tu t'en es toujours tirée. Pense à ce pauvre homme. Tu as encore le temps, toi. Je sais bien que tout cela a un petit quelque chose d'exagéré. C'est peut-être le signe que ça va meix que ce qu'on pourrait croire. Tout cela est peut-être trop fort pour ce que je suis capable d supporter. Faudrait peut-être que je m'habitue à tout cela. Mais dans moins d'une semaine j'ai 31 ans. En soi ce n'est pas grave, mais j'ai une bouteille de champagne à boire, et si je ne la bois pas avec la bonne personne, ou bien un remplaçant digne de ce nom, je n'ai plus envie de répondre de rien.
8:47 PM
Chrysanthèmes Fontaine Saint Michel, mois et moment indéterminé. Je n'ai pas besoin de lever les yeux pour le reconnaître. A la main, une gerbe de chrysanthèmes. -Non traitées ? -Ca se pourrait. -Tu joues avec le feu.
Plus tard. Je prépare consciencieusement les pétales, les dispose dans la théière avant de les ébouillanter. Evite de m'interroger sur les prochaines heures. -Que fait-on maintenant ?
Avant que tu ne me détestes, avant que je ne te déteste, il reste un temps, une zone blanche, un havre de silence, de paix, d'amour. Celui de laisser infuser les chrysanthèmes et de boire, lentement.
8:32 PM
vendredi, mars 14, 2008 I need some sleep Ca gamberge beaucoup dans ma caboche en ce moment. Je ne connais quasiment pas de repos. Je passe de moments d'abattement sombres et muets à des périodes d'enthousiasme tout aussi déboussolants. Ce matin, sur le quai de la ligne B, l'étau qui se resserre. Une grande lassitude. Je pense à tout un tas de choses et ces choses me font mal. Mon malaise repose sur des secrets qui appartiennent à d'autres. Peu de gens à qui j'en aie parlé, et d'ailleurs pour dire quoi ? Tout ce qu'il y a à faire, c'est poursuivre, agir, protéger, entourer tant que c'est possible. Vivre. J'ai ce privilège encore. J'ai un peu honte évidemment, mais il y a des moments comme celui-ci où j'ai du mal à en profiter pleinement en oubliant pour combien de temps. Kal Ho Naa Ho.
PS : déboussolant, je te le disais tout à l'heure. Je viens juste de terminer un petit tour sur Youtube à regarder des vidéos, et de recevoir un mail où ça dit "J'ai fini l'aménagement de la maison. Passe un soir. Bisous" et je suis à nouveau à bloc... Ralentir. 12:25 PM
jeudi, mars 13, 2008
Fred
Au travail, un jour mon chef a ramené une vieille plante toute tordue et mal en point. Après quelques échanges, nous avons décidé de l'appeler Fred.
Flashback. Fred. Il y a eu plusieurs Fred mais un seul reste vissé à ma pensée comme un mauvais souvenir.
Il y a presque deux ans ? Ligne 1, gare de Lyon. Je file rejoindre Amorgen. Un regard bleu, très clair, m'agrippe, je souris. Un grand garçon engoncé dans une chemise fashion, avec une valise. Il sourit. Je réponds. On descend, je presse le pas, il me rattrape. « Je voulais juste vous dire que je vous trouve très séduisante ». Je dis merci parce que ce genre de phrase est toujours agréable à entendre. Il me suit un moment dans le long couloir qui mène au RER. Quelques bons mots. Au bout du couloir, il me file sa carte professionnelle. Il part pour quinze jours en Nouvelle-Zélande pour des vacances. Je remercie sans promettre que j'appellerai.
Et puis finalement j'ai appelé. On s'est écrit, on s'est appelés, un peu. Il n'avait pas l'air très familier des relations virtuelles et à distance, s'étonnait de l'intimité qui commençait à se dessiner.
Il me répétait que j'étais « phénoménale ». J'ai fini, après beaucoup de péripéties, par comprendre ce que ça voulait dire. Phénoménalement naïve, peut-être. De penser qu'il y avait assez peu d'enjeu pour que ce qu'il me disait ait une chance d'avoir un lien avec la réalité.
Il faut dire à sa décharge que je suis parfois étourdie. Je n'avais pas identifié que c'était une alliance qu'il portait au doigt. Les hommes maintenant portent des bijoux et cette alliance, un mélange de métaux de deux couleurs avec des étoiles (si je me souviens bien), ça aurait pu être un signe de coquetterie. Mais même aujourd'hui, je suis encore assez bête pour me dire que quelques grammes de métal à un doigt ne sont pas le seul signe d'une union maritale. Dans nos discussions il avait eu une discrétion considérable sur le sujet. Peut-être avait-il senti que si j'avais su, j'aurais coupé court.
On s'est revus quelques semaines après, un jour où il faisait beau et où Paris se faisait si douce. Le méridional passait sur Paris pour le travail. Je lui ai fait visiter des lieux que j'aimais, lui ai fait parcourir des kilomètres. On a parlé, beaucoup. Puis il s'est fait tard, le génie de la Bastille étincelait de tous ses feux artificiels quand je lui ai annoncé que je ne l'emmènerais pas chez moi, que je n'accordais pas si facilement ma confiance. Il s'est dit vraiment très blessé de cette situation, qu'il pensait... mais alors... Bref.
Les détails se sont largement effacés dans ma mémoire. Ce que je sais c'est que j'avais eu raison. La première fois que je l'invitai chez moi, il me laissait dans une colère sombre, une sensation de souillure, et la nécessité de faire un test vih. Ce n'est que longtemps après que j'aie eu mes résultats, longtemps après notre séparation, qu'il avait consenti à faire lui-même le test.
C'était quelqu'un d'assez traditionnel. Sa petite femme (dont il gardait jalousement le prénom) s'occupait soigneusement de la maison, de la cuisine et de ce qui avait trait à son confort matériel. Rétrospectivement je me demande ce qui lui avait pris de frayer avec moi. Le goût du contraire ? A moins qu'il ait pensé me changer.
Un jour j'ai eu droit à une crise de jalousie mémorable, qui d'ailleurs m'a poussée à laisser tomber l'affaire. Sébastien. Rencontré par l'intermédiaire de Fred à l'occasion d'une séance de pseudo-travail. Il y a peu de personnes qui sont capables de me faire rougir, et Sébatien faisait manifestement partie de celles-là. Une atmosphère de joyeuse ambiguité, immédiate, palpable. J'ai réussi à me composer une figure de cire la première fois que je l'ai rencontré ; une seconde rencontre et son active bienveillance avaient fini de me plonger dans des conflits cornéliens.
La scène de jalousie dont je fus gratifiée était d'autant plus ironiquement drôle que l'argument-massue de Fred était : « tu confonds personnel et professionnel ». Amusant de la part d'un jeune homme incapable biologiquement d'avoir un enfant avec son épouse, reportant sur une presque inconnue ce désir-là. Et ayant proposé à cette dernière de « porter » avec lui son bébé, son projet secret, au sujet duquel on allait justement consulter discrètement Sébastien. J'hésitais à accepter ; au lieu de cela j'ai complètement coupé les ponts.
Je suis en train de me relire. J'ai pris soin de ne pas forcer trop le trait mais j'en viens quand même à me demander ce qui m'avait plu chez lui. Enfin, tout ceci est de bien peu d'importance. Ce qui compte, c'est qu'entre temps, j'ai trouvé le moyen de redresser Fred.
mardi, mars 11, 2008 Indifférence Ce matin j'ai pris le métro pour me rendre à mon travail. A Châtelet, je sors de la rame, presse un peu le pas dans les escalators, il me reste une petite volée de marche pour arriver jusqu'au grand couloir.
Il est là.
Allongé sur les marches, la tête enfouie dans son paletot marron. Quelques mèches de cheveux gris laissent deviner son âge. On ne voit pas son visage.
Et il est allongé exactement dans la même position que la dernière fois que je suis passée par ces escaliers.
La dernière fois que j'ai emprunté ces escaliers c'était pour aller rejoindre A. Dimanche soir. Nous sommes mardi matin.
La dernière fois, voyant la position inhabituelle dans laquelle il était allongé, je m'étais arrêtée pour regarder si l'homme respirait. Avais vu le paletot se soulever doucement. J'étais partie en me disant qu'on ne pouvait pas secouer tous les sdf sous prétexte qu'ils dorment dans une position bizarre.
Je me fige pour essayer de percevoir le moindre mouvement. Rien. Juste les autres qui s'agitent pour gagner deux minutes sur le chrono. Je me mets à détester tout le monde. Pourquoi faut il que ça soit moi qui doive donner l'alerte ? Pourquoi moi, qui passe maintenant, si tard ? Un homme est mort, tout le monde s'en fout. Quelques uns bougonnent en se disant que franchement, il aurait mieux fait de se mettre ailleurs celui-là, il gêne tout le monde. Enfin il ne gêne pas tant que ça manifestement, puisqu'on l'a laissé crever sans assistance.
Ce qui me met mal, très mal à l'aise, c'est que je suis détentrice d'un brevet de secourisme. Que j'ai appris les gestes qui sauvent et que si j'avais réagi plus activement la fois précédente, on aurait peut être pu faire quelque chose. Je ne sais pas s'il aurait vraiment fallu, mais on aurait pu. Et je suis partie en me disant que l'homme était probablement trop bourré pour se rendre compte de l'inconfort de sa position. Que quand il aurait un peu atterri il changerait de place. Quelle ironie.
J'ai tenté de trouver quelqu'un de la RATP pour avertir au moins qu'il y avait un mort dans ce couloir et qu'on fasse le nécessaire. Au mec que j'ai enfin trouvé, j'ai eu la sensation d'annoncer qu'il y avait un déchet, un encombrant, qui occupait un couloir. Pas un être humain, mort. On fait un tel foin de la mort, quand il s'agit de gens "normaux". Il y a des cadavres dans les couloirs de Châtelet parce que les services de propreté sont trop occupés à vider les poubelles des canettes et des emballages de barres chocolatées. Et les gens à gagner deux minutes sur le chrono en oubliant ce qui est vraiment important. Et que je fais partie de ce lot.
11:01 PM
Heures indues Il est tard. Tout à l'heure je me lèverai pour me préparer à aller au travail. Mes affaires sont prêtes, j'ai enfin trié le quintal de papiers que j'avais en souffrance depuis des années, j'y vois plus clair. Des secousses inattendues ont secoué ma fausse tranquillité. Je ne te l'ai pas dit, mais j'ai eu récemment une dispute importante avec Thiom. Rien de très nouveau, juste la dispute de trop qui m'a fait énormément réfléchir. Car elle m'a touchée au delà de ce que j'avais attendu. La dernière fois que j'avais ressenti une telle violence, c'était il y a bien des années, du temps où nous étions ensemble. Il avait quitté l'appartement en claquant la porte et je m'étais lancée à sa poursuite. En vain. Une douleur intense, morale, tellement intense que j'avais traduite en douleur physique en me lacérant la main droite. Des traces que je porte toujours. Je m'étais promis de ne plus me retrouver dans une situation aussi critique. Je n'ai pas réussi à tenir la promesse que je m'étais faite. Ce soir-là, j'aurais eu sous la main quelque chose de contondant, je suppose que la tentation aurait été trop forte. Ne pouvant rejeter cette violence sur quelqu'un d'autre, j'étais prête à la reporter sur moi une seconde fois. Pourtant notre relation a bien changé, j'ai bien changé. Mais. Je ne me promets pas à nouveau que ça n'arrive plus, mais je fais tout ce que je peux pour éviter ça. Du moins l'explication avec Thiom a permis de dire des choses importantes. Plus précisément j'ai pu apprendre de lui des choses importantes. Je ne te cache pas que je suis dans des situations délicates. Ma dispute avec Thiom n'est qu'un élément d'un paysage complexe. J'ai une porosité à ce que vivent ceux que j'aime qui fait que leurs soucis viennent se mélanger un peu aux miens. Je m'inquiète pour eux. Ca ne va pas très bien. Il m'est parfois possible d'intervenir, d'autres fois je ne peux qu'être là et écouter, désarmée, à les regarder se débattre et s'épuiser. Difficile pour moi qui suis parfois plus qu'impliquée dans ce qu'ils vivent.
Pour finir ce post sur ce que j'écoute en boucle en ce moment, parce que j'ai vécu un concert mémorable avec J. :