Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir
C’est un message. Qui répond au mien, ancien, trop ancien. Tu veux passer chercher les clés. J’espère t’offrir un verre, peut-être manger avec toi si tu as un peu de temps. Je te dis oui, je te dis passe. Je t’attends chez moi, mets sur le feu quelque chose, j’attends que tu m’appelles pour me demander le code. Ca sonnaille au mobile. Tu seras dans cinq minutes devant le Club Med. Pas chez moi. Tu files en voiture et tu ne t’arrêtes pas. Je descends te rejoindre avec un ou deux nuages dans la tête, ça assombrit un peu l’horizon, mais s’il faut, j’y vais. Puis tu trouves à te garer près de chez moi parce que tu te rends compte que la course de relais ça n’est pas très pratique. Je rebrousse chemin, vois ta silhouette devant la porte de l’immeuble. La clé, je te la rends, tu restes debout, tu discutes à peine, tu n’es pas là, tu t’en vas et le gris s’est un peu assombri, juste un peu mais sensiblement.
Je l’ai dit encore, « appelle moi qu’on se fasse quelque chose ensemble », « tu m’avais dit que tu me montrerais comment tu travailles un jour ». Il prend des notes mentales dont il ne fera rien.
Il passe, le temps, tu le sais très bien. Je ne sais pas où tu cours comme cela. Je sais bien que vendredi soir tu es à cette soirée avec plein de gens que je connais, cette soirée à laquelle je suis bien entendu « cordialement invitée ».
Noyés dans la masse. Comme d’habitude.
Je suis assez grande pour distinguer le don et le partage. On ne me fera pas confondre de la figuration et une présence réelle. Je voudrais que tu nous offres du temps. Je me suis usée à te le dire, à te le répéter. Que je voulais un vrai moment - un moment vrai.
Je suis fatiguée, je suis très fatiguée. Il est temps que je fasse quelque chose là-dessus aussi. Quand il y a quelques semaines je comptais sur mes doigts au creux de la vague, il y avait toi, et ta manière de jouer les fantômes dans ma vie.
Je ferai avec toi comme j’ai fait avec d’autres. De ce que tu ne me donnes pas, je te volerai une partie, un bout de toi qui fera partie intégrante de moi. Plutôt que de m’appauvrir à mendier, je m’enrichirai, je m’embellirai à faire vivre cela.
Ma porte te reste ouverte mais je ne peux plus t’attendre.