Le blog d'une névropathe (mais vous n'avez rien de mieux à faire, vous?)





























 
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Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...












 
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur... Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
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Sans Prétention
 
mardi, janvier 07, 2003  
Le Vieux, la Vieille et le chocolat
Un petit Vieux et une petite Vieille dans la salle d'attente de Philippe Rance. Je suis dans une salle d'attente attenante, je ne les vois pas, mais je peux les entendre.
Passe une infirmière, ou bien une bonne soeur (l'officine du médecin se trouve dans les locaux d'un couvent, ça sent la soupe de légumes avec vermicelles et le laurier dans les couloirs). Elle demande des nouvelles du couple. La Vieille prend la parole. Elle se plaint de la vie, un peu mais pas trop de peur que le tout-puissant la lui enlève séance tenante. Elle se plaint du Vieux, un peu mais pas trop, de peur que le tout-puissant lui enlève séance tenante. Or justement le Vieux tousse ces derniers jours. C'est pour ça qu'on est là. A cause du Vieux elle dort moins, la Vieille, mais ça ira mieux, peut-être, après la consultation chez le médecin. La bonne soeur crache quelques paroles rassurantes et neutres. La Vieille reprend : le Vieux tousse beaucoup. La nuit. Tout le temps. Dans la journée aussi. Le seul moment où le Vieux ne tousse pas, c'est quand il est chez le médecin. La Vieille se tourne vers lui (tiens, elle vient de s'apercevoir qu'il était présent !), et essaie de lui faire comprendre qu'il faudrait qu'il tousse en présence du médecin. On dirait qu'elle s'adresse à une otarie qui refuse de faire tourner son ballon sur le bout de son nez quand il y a du monde. Justement, le Vieux tousse. La Vieille soupire contre cette vieille carne qui décidément n'en fait qu'à sa tête. Elle ne l'a peut-être pas bien dressé. La bonne soeur quitte la salle d'attente. Alors la Vieille continue à parler au Vieux : tu tousses beaucoup. Tu tousses beaucoup plus depuis hier soir. Tu as mangé du chocolat hier soir. Le Vieux commence à comprendre où elle veut en venir, grommelle en faveur de la précieuse substance, mais il est battu depuis longtemps déjà. Et la sentence tombe : c'est à cause du chocolat; je ne te donnerai plus jamais de chocolat. Le tout dans des intonations de voix où on sent l'angoisse qui point, l'angoisse d'être seule, de faire face au grand vide, une fois le compagnon de toute une vie parti on ne sait où dans une boite qu'on revoit dans son sommeil.
Pauvre conne de Vieille! Ton Vieux, il est déjà mort, et tu as contribué à le tuer. Tu lui pompes toutes ses envies pour maintenir en l'état tes angoisses, que tu refuses d'affronter. Et même dans cette mort artificielle, tu le rends malheureux. Ton crime est double, réveille-toi! Donne lui du chocolat, à ton Vieux, essaie de réparer un peu la frustration que tu lui infliges depuis de longues années. Fais le frémir, de chocolat ou d'autre chose, essaie de comprendre ses désirs, essaie de le comprendre, aime le au lieu de le posséder. Prends sur ta pension et va chez Jeff de Bruges, ou bien chez ce petit chocolatier du bas de la rue Mouffetard, ils y servent du vrai chocolat chaud. Epais comme à Turin. Turin, c'est loin, mais ce petit chocolatier, il est à peine à vingt minutes de cette foutue salle d'attente où vous vous exposez à une mort sous anesthésie. Debout!

2:31 PM

 
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