Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
mardi, novembre 08, 2005 Atala Il y a quelque temps, dans un couloir de métro, je suis tombée sur ceci :
Je m’y attendais, l’évènement était prévu de longue date. Je me préparais au choc, mais je ne savais pas que l’image phare serait ce tableau, précisément. Le voir là, même coupé et collé en série dans le couloir d’un métro, m’a forcée à m'arrêter, le coeur battant à tout rompre. Le flux de mes pensées du moment s'est interrompu pour laisser place à celui du temps d'avant, d'il y a longtemps. Si longtemps que je ne me serais pas reconnue. A cette époque, j'étais l'Atala de quelqu'un. Jeune femme pure, passionnée et chrétienne. C'était de cette manière qu'il me percevait. Je me demandais comment il en était venu à m’assigner cette identité. Puis je suis tombée sur ce passage du roman de Châteaubriand.
...Les perpétuelles contradictions de l'amour et de la religion d'Atala, l'abandon de sa tendresse et la chasteté de ses mœurs, la fierté de son caractère et sa profonde sensibilité, l'élévation de son âme dans les grandes choses, sa susceptibilité dans les petites, tout en faisait pour moi un être incompréhensible. Atala ne pouvait pas prendre sur un homme un faible empire : pleine de passions, elle était pleine de puissance ; il fallait ou l'adorer ou la haïr.
Le Génie du Christianisme, Chateaubriand, le romantisme, le vrai, celui qui fait mal pour de vrai, bien plus offensif que le dîner aux chandelles et le bouquet de roses rouges (mais si, enfin, ça fait un moment qu'on sait que le ridicule ne tue pas).
Vous vous en doutez, je n'ai jamais été complètement comme ça. Pas à l’époque du moins. Pour cela il a fallu que je découvre que je pouvais avoir une certaine valeur, ne fût-ce qu’à mes propres yeux.
Une fille statufiée. Statue de porcelaine. Pure, naturellement, d'une pureté qui appelle... la profanation. Je ne sais pas si j'ai raconté ici la manière dont cette histoire s'est terminée. C'était il y a longtemps. C'est presque comme si on parlait de quelqu'un d'autre. Pourtant c'était bien moi, la fille forcée, pas quelque chose de violent, juste un bon mélange de conjonctions psychologiques nocives, juste quelque chose de moche... C'était bien moi encore, la fille qui découvre confusément que la nature a décidé de l'aider à ne pas s'enfoncer davantage. Fausse couche. Bien entendu, je n'avais parlé de la chose à personne à l'époque.
J'ai du mal à dire jusqu'à quel point cet épisode m'a formée par la suite. L’immobilité de la jouvencelle, la pureté, les petits jeux traditionnels du sacrifice et de la possession... me mettent mal à l'aise. Ca fait une bonne dizaine d'années que j'ai pris mes distances avec ces rouages pour commencer à vivre autre chose. Mais c'est en partie ce fonds qui rend ma colère sombre quand une personne mal renseignée me sort : "mais tu chercherais pas le prince charmant toi ?".
Je ne suis plus Atala. A la rigueur, je suis atlante. Atlante de ce en quoi je crois, de ce qui me rend vivante. C'est lourd parfois, je dis pas que je dois pas poser un genou à terre de temps en temps, mais tant que ça tiendra...
12:13 PM