Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
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dimanche, juillet 16, 2006 Petite sœur de mes nuits, ça m’a manqué tout ça Elle a commencé par se marier, elle aimait son époux mais ne se sentait pas à l’aise dans les conventions qu’impliquaient ce genre de lien. C’était il y a longtemps et celles-ci étaient particulièrement impératives. M’est avis que quoi qu’on dise elles le sont toujours mais c’est une autre question. Sa relation avec lui a évolué et ils sont devenu un « couple libre » : tu as des relations charnelles avec d’autres, et tu me racontes tout. Pour l’un et l’autre. Mais de sentiments, point. Elle s’est pliée à ce garde-fou, maitrisant tellement bien ses émotions qu’elle se passait à côté sans s’en rendre compte. Et puis un jour où elle essayait de vaincre sa peur de l’eau, incapable qu’elle était de descendre dans le petit bain sans une armada de bouées, elle a compris. Les profondeurs. Un jeu de miroir lui a permis de comprendre que ce qu’elle vivait était un fantôme de ce qu’elle pouvait vivre, qu’elle devait encore évoluer dans sa relation avec les autres vers, justement, plus de profondeur. Ca ne s’est pas déroulé sans heurts, son époux effayé de la voir se construire un monde où il n’aurait pas droit de regard menaçait de divorcer. C’était l’homme qu’elle aimait, non le lien social qui la reliait à lui, elle a fait face. Je suppose qu’elle a dû se poser tant de questions à ce moment, et j’admire le fait qu’elle ne se soit pas reniée, ni d’ailleurs sa conviction que le mieux qu’elle avait à offrir passait par ce chemin relativement chaotique. Elle a réfléchi, beaucoup. Au milieu de la génitalité galopante, sa sensualité joyeuse a gêné, on l’appelait pour des interview sur l’adultère au féminin et on était perplexe quand elle disait ne pas comprendre pourquoi on l’appelait pour un tel sujet, car elle était très fidèle, à son époux, à ses amants (et aussi à elle-même, en passant). On la disait croqueuse d’hommes, voulait la voir déballer ses petites histoires de coucheries pour vivre par procuration quelques frissons qui n’avaient pas grand-chose à voir avec sa vie réelle. Elle a réfléchi à l’autonomie, autonomie sentimentale, matérielle aussi. Elle souligne un parallèle assez intéressant entre relations amoureuses et travail, dans la question de la sécurité, du minimum de stabilité qui permet de vivre sa vie de manière sereine. Poly-travailleuse parce qu’elle ne voyait pas son bien être matériel dépendre d’une seule personne, d’un seul employeur. Etre libre. Se dire que rien n’est jamais, jamais acquis. Que la seule certitude qu’on puisse avoir, c’est peut-être l’amour que l’on porte à l’autre. Présent à l’autre, sans figer quoi que ce soit. Une vie dans le mouvement qui semble lui avoir apporté une plénitude réelle. Dans ce domaine comme dans d’autres, j’affirme aujourd’hui que je ne suis pas folle. Ce que je pressentais depuis longtemps existe, et la preuve en est que d’autres le vivent et sont heureux dans cette vie. Je te parle d’amour, je ne parle jamais que de ça. Et je n’ai pas fini.
« L’autonomie affective ne consiste pas à refuser d’aimer pour ne pas souffrir et à fuir tout lien durable, mais au contraire à s’engager sans être soumis, à accepter d’exprimer sans peur ses désirs. S’abandonner sans se perdre, posséder sans se croire propriétaire, avoir envie sans avoir besoin. » « Ne rien attendre, ne rien espérer, est-ce être libre ou être vide, sans désir ? » « Se délivrer du désir n’est pas non plus refuser le désir, c’est accepter de l’éprouver en prenant le risque de ne pas le satisfaire. » C’est lui laisser la possibilité d’exister.
Ce que je crois avoir compris : avoir envie sans avoir besoin. Ne plus se prostituer pour de la tendresse. Il y en a assez pour que j’y trouve ma part en restant digne, et pourquoi pas, heureuse. Qu’un nous est possible dans ce monde de mouvement et d’éphémère, je l’aperçois confusément. Je crois avoir compris aussi que je ne comprendrai pas tout immédiatement, qu’il faudra de la vie pour que tout ça m’apparaisse clairement, un jour. Que même étant seule face à tout ça, je ne le suis plus réellement.
Je viens de terminer (enfin) le livre de Françoise Simpère, Aimer plusieurs hommes. C’est paru en Pocket Evolution, ça te coûtera six ou sept euros, mais rassure toi, quand tu l’auras terminé tu ne penseras plus à cette dépense dispendieuse. Ne lis pas le quatrième de couverture, c’est clinique et hygiénique. Ce livre, c’est l’histoire simple d’une femme qui raconte plus de trente ans de sa vie, ses interrogations, ses expériences, sans imposer grand-chose, même à son lectorat. C’est bon pour ta tête.
7:12 PM