Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
dimanche, avril 13, 2008 Semaines et années Encore cette déformation du temps. Etrangement quand je regarde mon calendrier j'ai la sensation qu'un mois s'est glissé dans à peine une semaine. Je n'y comprends rien. Je poste peu, je n'en pense pas moins. Quelques évènements, je veux dire des évènements à mon échelle personnelle. Un mot, un geste. Qui changent tout. (au terme de l'écriture de ce post, finalement je ne pourrai en développer qu'un pour cette fois-ci).
"On n'était pas amoureux, hein ?" Il y avait une question et je n'ai pas donné la bonne réponse. J'ai donné une réponse mais pas celle qui m'aurait apaisée. Depuis je suis... mal à l'aise. Il est inutile de réécrire les dialogues. Tant pis. Tant mieux.
Je suis quelqu'un qui prend un malin plaisir à réfléchir sur ce qu'on aimerait laisser dans le flou. Le reste du temps mon intelligence est plus que médiocre. Un esprit de contradiction. Depuis je remue ça. On s'en fout en fait, mais c'est comme les symboles, comme le sens, difficile de vivre sans. J'exhume tout cela, cherche à faire la part entre le révisionnisme et quelque chose que par facilité je pourrais honnêtement appeler vérité.
Je savais au moment de l'embrasser pour la première fois ce que j'éprouvais. Ca allait être quelque chose qui se construirait et s'affirmerait. L'histoire pouvait être belle, même si j'étais alors déboussolée, anesthésiée par mon histoire récente. Après, ça serait long, trop long à retracer et il y a plein de manières valables de retracer tout ça. Une vie de couple. J'ai fait des choses, écrit maladroitement ce que j'avais à dire. Jusqu'à ce que tout mouvement naturel ne se tarisse et que les choses se gâtent. Quand je me suis mariée, en 97, le matin même je me disais que notre amour était sur la mauvaise pente, que si mes intuitions étaient bonnes, on ne se relèverait pas. J'avais poursuivi tout de même en me disant que je me trompais peut-être et qu'en faisant de mon mieux on y arriverait peut-être, que si toi tu te lançais là-dedans tu devais savoir, toi. A l'époque je m'efforçais de suivre n'importe quoi sauf mes intuitions. Il faut dire que ces intuitions m'avaient poussée une fois ou deux hors du chemin que je pensais devoir suivre. Je ne cherche pas à me dédouaner. A cette époque j'aurais été capable des pires bassesses pour un peu (plus ?) de tendresse. Les choses étaient compliquées entre nous, des disputes impossibles, dont je ne sortais qu'un peu plus appauvrie, blessée, braquée.
Même du temps de l'âge d'or de notre histoire, il y avait quelque chose que je ne sentais pas, une absence persistante coexistant avec un paysage parfaitement rationnel. Je lui en avais parlé, j'avais essuyé une réaction très forte... C'était il y a plus de dix ans. On s'en serait peut-être sortis si on avait été amoureux. La question ne se serait peut-être même pas posée. Je m'en serais peut-être sortie si tu avais eu le courage d'accepter que tu n'étais pas amoureux de moi. Je ne t'aurais peut-être pas retiré mon soutien. Je m'en serais peut-être sortie si j'avais eu le courage de croire un peu plus en moi, de voir ce qui était évident. Tu me l'aurais dit, je n'aurais pas eu à me soumettre à cet amour sous conditions qui m'a fait le mal que tu sais. On n'aurait pas eu à se déchirer stérilement. Au moins tu m'as libérée de la culpabilité que tu m'avais imposée : je ne t'ai pas rendu incapable d'aimer, puisque tu n'étais pas amoureux de moi. Tu comprendras que j'aie du mal à accepter avoir traversé tout ça pour une histoire secondaire. Jamais je ne serai dédommagée de toute cette violence, de tout ce mépris. C'est peut-être ça le plus dur. Qu'est-ce que ça aurait été si j'avais été amoureuse. J'ai cherché longtemps à essayer de déterminer la réalité des sentiments qu'il avait éprouvés à l'époque. Je dispose de preuves confondantes et imparables. Et tout à fait contradictoires. Encore un mystère pour la science. Ce que je sais c'est qu'assez ironiquement, notre histoire a servi de base à son épanouissement professionnel actuel. Pas de quoi s'enorgueillir vu les circonstances, mais ça me fait plaisir tout de même.
Epilogue (du moins j'espère). Il y a quelques jours nous avons vidé la cave de Thiom. Notre ancienne cave, où j'avais encore des choses entreposées que j'avais laissées en quittant l'appartement. Il y a un peu plus de deux ans. Je redoutais la séance, trop long, trop personnel, avec l'ombre d'une dispute récente qui avait tendu nos rapports. Deux heures je crois, cela a duré. Il y a eu des moments forts, des déballages de paquets soigneusement emballés révélant là une statuette que j'avais faite pour lui, ici un ouvrage d'aiguille sur lequel j'avais bien passé une semaine sans avancer de plus de quelques centimètres tellement c'était long, des cadeaux personnels imbriqués dans notre histoire. Il m'a regardé avec un air perdu, j'ai dit "jette, il faut laisser de la place pour la vie". Jette tout ça, ça n'a plus de sens. J'ai pris un sac poubelle et j'ai engouffré ce que j'avais sous la main dedans. Pas de cadavres dans mon placard, ni dans le sien. Le reste de la soirée, paisible, agréable. Vodka citron vert pour me réchauffer, escargots et discussion informelle mais animée pour agrémenter le tout. Quand la clochette retentira, tournez la page. 4:17 PM