Shibari
Je suis debout, les yeux fermés. Inutile de me les bander, tu sais bien que je les garderai fermés jusqu’à ce que ce soit mon corps qui me l’impose.
Un premier contact, le lien qui file le long de ma peau. Chauffant l’épaule, contournant un sein, s’enlaçant à mes poignets maintenus dans mon dos. A mesure que filent les cordes, je me fige dans un silence qu’entrecoupent mon souffle court répondant au tien et le murmure des liens. Sous cette contrainte, les marges pleines de mon plaisir confiant s’étendent librement, ma perception aiguisée, aux aguets dans le silence de la pièce.
Le rayonnement de ton corps près du mien. Tu disposes, t’assures de l’ensemble, son esthétisme, sa fermeté, de son confort aussi. Je sens ton souffle, tes doigts qui me frôlent, ta présence, ta tendresse, en ce moment parfait où bien qu’aveuglée je sais où je suis.
Au fil du cheminement des liens, comme en miroir, d’autres liens, noués il y a longtemps, trop longtemps, glissent et se délient sous ma peau, à mesure que tes doigts cherchent leur chemin.
Puis tu dénoues tes liens et lentement, me rends à moi-même.
Ne t’inquiète pas des traces qu’auront laissé nos jeux sur mon corps ; c’est en moi que se trouvaient les liens les plus douloureux. Quand je partirai, je garderai ce fil de soi, infime, extensible, qui me relie à toi.