Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
Vendredi 9 octobre, porte de Champerret. Je tape du pied sur le trottoir pour essayer de me réchauffer. Je me suis habillée en fille pour lui plaire et j'envoie des pensées d'amour à mon pantalon et à mes docks qui sont restées au chaud à la maison. Je suis en avance, il est en retard. Je retourne les deux propositions pour essayer de ne pas trop penser. Ma présence ici est irréelle, d'ailleurs tout ça n'est peut-être encore qu'une de mes ruminations inaccomplies. Si je fumais des cigarettes, je serais probablement en train de m'en griller une pour essayer de dissiper la sensation de ridicule qui s'attaque gentiment à l'inébranlable assurance que j'arborais huit minutes plus tôt.
Le voilà dans mon champ de vision, souriant et surpris par le froid, et en sourdine, par mon invitation. Je ne lui ai rien dit pour ménager le peu d'effets dont je dispose. Nous nous écartons de la bouche du métro.
-On va où ?
Ca y est. Il fallait bien que ça arrive. Nous voilà à proximité des grandes bâtisses. Je lève le nez pour lui indiquer la façade. Une photographie aux tons sépia. Deux mains nouées sur un costume sombre d'un côté. De l'autre côté, une robe très blanche.
-Je ne comprends pas.
Bien sûr, tu ne comprends pas.
-Je ne sais pas très bien comment on fait, mais je vais essayer : j'ai l'honneur de te demander en mariage. J'aurais dû dire vous ? Je ne sais pas. C'est bien comme ça ?
-Ca ne peut qu'être une blague. Tu sais ce que je pense de tout ça, et tu m'as toujours répété que tu ne te remarierais que si tu envisageais d'avoir un enfant... Attends, tu n'es pas... ?
-Mais non, pas du tout ! Bon, je vais te dire plus précisément ce que je voudrais. Je veux ton joli nom et mon joli nom sur un joli bristol. Je veux sept cent invités au bas mot. Ca se passerait dans la grande maison de ma famille quelque part dans l'ouest. Elle est entourée de grands champs qu'on me prêtera sans problèmes. On peut y installer trois grands chapiteaux, peut-être quatre... Et je veux la presse.
-La presse ?
-Oui, la presse. Il s'en passe, en un an. Ton nom et le mien auront d'ici quelques mois suffisamment d'impact pour que quelques journalistes parmi ceux qui comptent fassent le déplacement. Le mariage de la carpe et du lapin, un truc à voir non ?
-Le lapin, je te remercie. Bon, et tout ça, ça va servir à quoi ?
-Je veux une jolie liste de mariage. Une liste que l'on remplit en ligne. Si nous sommes ici c'est que j'espère trouver là-dedans une petite entreprise conciliante.
Et c'est comme ça que serait né le festival Libres et engagés. Un Woodstock en mieux, pour voir si on peut à la fois rêver et agir. Ca m'aurait plu. Mais je crois pas qu'il m'aurait dit oui. Allez hop, essayer autre chose maintenant.