Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
lundi, octobre 04, 2004 En-vie Je passe ici avec des idées en vrac pour dire tout d'abord que je suis toujours vivante. Nava est venu ce week-end, il est reparti ce matin. Moments étranges, moments difficiles, moments d'incompréhension et de compréhension mélangés. Et puis des moments bien. Plusieurs. Elle est difficile à gouverner, la barque, en ce moment, mais je trouve qu'on s'en est pas trop mal tirés.
J'ai participé à la Nuit Blanche avec Nava et un couple d'amis. Tous les blogueurs en ont déjà parlé, alors vous fais un compte-rendu télégraphique : Antigone, fourmis, bal sous la neige (mais où sommes-nous ?), Pékin (ouvre moi la porte, toi qui as la clé), flash-mob (et mon coeur de s'ouvrir comme une pivoine), Buster Keaton (... l'idéal féminin, les yeux cernés de noir et l'air rêveur, une autre époque).
Dimanche, quartier chinois. Une vague de souvenirs d'adolescence qui reviennent. Les parfums, les gens qui s'activent tranquillement pour faire leurs courses, parlent dans la rue, générations et cultures mélangées. Rappelez-vous : moins on est bien reçu au restaurant, plus il ressemblera à une cantine, meilleure sera la nourriture. Paradoxe des restaurants asiatiques de ce quartier, ça s'est encore vérifié.
Et puis les tours, dont les innombrables fenêtres ont bercé mes premières années à Paris. Tant de gens dans une seule tour, tant de vies exposées à qui sait regarder les rideaux, les petites lumières qui s'allument le soir. Apaisement du nombre qui s'active vers 19h, de la cuisine au salon, du salon à la chambre. Parfois, vers 23h, les lumières des cuisines se rallument, pour une petite faim ou une tisane. Impersonnelles, les tours ? Celles de la Défense, peut-être, mais celles-ci ! Ami, regarde-les plus attentivement la prochaine fois.
Old Boy. Un film coréen. J'ai la grande flemme d'aller chercher le nom du réalisateur, mais là n'est pas l'important. Au milieu de l'esthétique époustouflante des images, du caractère corrosif du scénario, un détail me propulse des années plus loin dans ma propre vie. C'est tellement puissant que ç'en est indécent. Un homme dont les yeux se révulsent. Le sang irriguant de manière brutale toutes les zones du cerveau. L'anarchie du sang qui s'invite là où il ne devrait pas aller. Rupture d'anévrisme. Mon père, été 1989. Assis dans ce fauteuil rembourré. Buvant de l'eau sucrée parce qu'il pensait que ses vertiges venaient d'une hypoglycémie. On allait se mettre à table. Je crois qu'il a compris son erreur de diagnostique au moment où ses yeux on commencé à se révulser. "Marie, appelle les urgences". Diction pâteuse, cette zone du cerveau était déjà touchée. Et puis cette phrase, tourné vers mes frères et soeurs, et moi : "rappelez vous : je suis conscient". Il répétait ça tandis que sa diction se faisait de moins en moins audible. Et puis avec affolement : "je ne vois plus rien".
Il faisait un temps magnifique ce jour-là. On allait partir en vacances. Je m'inquiétais pour mon dernier bulletin de classe, ça allait gueuler à la maison. Sur le balcon ensoleillé, les capucines faisaient des corolles oranges et jaunes, des feuilles d'un vert triomphant. La vie paraissait vouloir se faire plus douce que d'habitude, par goût de l'ironie, je suppose.
J'ai envie de demander pardon d'avoir écrit de souvenir. J'avais besoin de le poser quelque part. Même avec ce que je sais de mon père, même avec ce que je sais de ma famille, et ce que je pense de tout ça aujourd'hui, ça m'est revenu avec une violence que je n'attendais pas.
6:24 PM