Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
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vendredi, décembre 09, 2005 Ashvamedha Ce qu'il fait sombre... Une vague lueur rouge perçe à travers mes yeux englués de mon propre sang. Quel sens à tout cela ? Un parfum de terre retournée m'emplit encore les naseaux, l'autel a été monté, et une agitation incessante bruisse autour de la toile sous laquelle repose mon corps qui commence déjà à refroidir. Mon coeur vient de cesser de battre, laisse un silence affreux emplir l'espace qu'occupait mon corps vivant. Immobile, silencieux, je sens chaque tremblement de la jeune femme qui s'est glissée contre moi. La tradition veut qu'elle mime un accouplement avec ma dépouille de cheval. Son dégoût, son inquiétude impriment leurs mouvements à mes membres inertes. Ses lèvres frémissent tandis que son corps ondule contre le mien. Frêle jeune femme habituée à la douceur du gynécée, que faisons nous là, le sais-tu seulement toi-même ? Les derniers signes de vie me quittent et ma terreur n'a plus la possibilité de s'élancer hors de moi, ne fût-ce que par un frisson d'échine. Je suis emmuré dans ma propre peur, nichée dans ce qu'il reste de vivant dans mon grand corps inutile et roide. Quelque chose se joue, un jeu auquel je ne peux me soustraire, un jeu auquel je ne comprends rien. Ma vie file sans m'apporter le soulagement, la fin de ma terreur qui ne cesse de croître. Au milieu des gesticulations alentour, un pas. Confiant, assuré, il frappe du talon la terre qui répond en une vibration distincte. Le bruit se dessine comme une évidence parmi les parasites, amplifié dans mon crépuscule. C'est lui. Bientôt il se trouve près de ma tête, s'immobilise. Plus aucune lumière ne traverse mes yeux morts, mais je peux sentir sa présence, la chaleur qui émane de lui. Je suis si seul, j'ai si peur. Toi peut-être, tu le possèdes, le sens de tout cela, celui qui me permettra de m'offrir et d'accepter qu'à ton signal, on commence à démembrer mon corps. Si tu ne fais rien, je mourrai et ma terreur deviendra éternelle. Sauve moi.
Il s'agenouille près de mon oreille, prend une profonde inspiration. Sa voix n'est qu'un murmure qui m'est destiné.
Ambe, ambike, ambalike Mère, petite mère, chère petite mère.