Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur...
Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
samedi, décembre 17, 2005 Partir D'ici quelques heures, je vais prendre mon sac à dos, fermer la porte, et c'est parti pour quinze jours. Loin et autrement. S'éloigner pour mieux s'élancer, pour une année de changements.
Vous craignez de vous ennuyer pendant ces vacances ? Ecrivez sur le thème du voyage. C'est joli, comme mot, voyage. Et tiens, si votre texte me plaît vraiment, je vous offrirai peut-être un petit bout de mon voyage à moi. Une idée comme ça.
Je passerai peut-être du fin fond de la petite mère indienne, mais ne comptez pas trop dessus, dans le sous continent, les connections sont comme les vaches qui traversent les autoroutes : *elle prennent tout leur temps*. Prenez soin de vous, tous autant que vous êtes, et rendez-vous en janvier...
2:26 AM
vendredi, décembre 16, 2005 Karna Depuis plusieurs mois lunaires, les clans les plus prestigieux se pressaient dans ces contrées riches où allait se dérouler le tournoi d'une des princesses les plus convoitées de toute la plaine du nord. Les bannières colorées s'opposaient déjà les unes aux autres, leurs discordances annoncaient déjà le formidable carnage qui lui serait offert d'ici quelques jours. Son premier cadeau de fiancailles, il faut croire qu'il lui plut, car elle en demanderait, encore et encore... Mais cela, ce serait pour plus tard, quand les rouages de la dégénerescence des temps lui feront prendre place sur l'échiquier central de l'avenir du monde. Ils étaient beaux, harnachés pour la lutte, pour gagner la femme, sa renommée et sa terre. Elle était noble, et même quand elle devra s'exiler, se déguiser en servante, elle le restera. Certains princes étaient remarqués, on murmurait sur leur passage, les poètes de cour chantaient leur regard déterminé, leur port haltier, leurs exploits. Il y avait assez de héros pour donner à Draupadi un époux digne de ce nom. Les combats allaient pouvoir commencer. Quand du fin fond de l'assistance se présenta un dernier arrivant, prétendant à la main de la princesse. Il était trapu, hirsute, puissant et farouche. Son corps sombre était buriné par le soleil, charnelle allégeance à ses origines solaires. La poussière volait en gerbes sous ses pas retentissants. Aucune afféterie dans sa démarche, mais les gestes amples de quelqu'un de vrai. De généreux, aussi, au point qu'il en donnera la cuisarde qui lui assurait l'invincibilité face aux hommes. Vous savez quoi ? Ils n'arriveront à le battre que par la ruse. Un fils royal, abandonné par une mère trop jeune, qui lui révèlera sa lignée dans le seul but de sauver ses fils menacés par son bras. Un fils royal qui continuera à se désigner comme "le fils du cocher". Piété filiale. Misérable, sais-tu seulement ce que c'est que la noblesse ? N'avilis pas ce mot en vaines gesticulations, écarte toi devant la grandeur de Karna.
1:00 AM
lundi, décembre 12, 2005 Le prochain épisode D'autres préoccupations m'ont attirée récemment, mais je ne peux plus ajourner le récit des quelques détails que j'ai promis.
Disons que je suis retournée par un biais différents aux petites affaires de peaux. J'avais pourtant été claire, mais, sur un malentendu... J'ai fini par rencontrer le jeune homme. Des corps qui se plaisent, c'est assez rare. Des morsures de la nuit j'ai gardé un temps celle que j'avais à l'épaule gauche. Comme un tatouage à l'encre sympathique. Tatouage temporaire pour un soir de fête. Et après ?
Je me débats dans mes histoires de divorce. L'entrevue avec l'avocat de la mairie... J'explique que d'un commun accord, nous souhaitons divorcer, qu'il m'a soutenue longtemps et que je ne veux pas d'aide financière de sa part (de pension, si vous voulez). Il pointe que je n'ai pas de travail (j'ai beau répondre "pas encore"...), il me dit que je n'ai pas d'appartement (j'ai beau dire...). Me dresse le portrait le plus pessimiste possible de ce qui pourrait se produire. Pas de travail, la possibilité que Thiom me jette hors de l'appartement à partir du moment où les papiers seraient signés. La sécurité de ma situation actuelle. J'ai beau faire preuve d'un certain optimiste, bien entendu j'y ai pensé, à la vie sous les ponts et tout ça. Ca ne me fait pas spécialement de bien d'entendre tout ça de la bouche d'un autre. Plumer la vache à lait, tirer au maximum avantage de la situation. S'opposer au divorce, ce genre de joyeusetés. "Et vous êtes sûre que ça ne peut pas repartir ?". J'ai dit que ça faisait cinq ans qu'on était séparés. Autant pisser dans un violon. "Le divorce est un luxe, et vous n'avez pas les moyens". Pauvre naze. Je ressors de l'entretien avec du gris partout dans la tête. Toutes mes petites angoisses à vif. Je sais tout ça. Je sais. Mais vous savez quoi ? Je m'en fous. Même si Thiom me jetait hors de l'appartement une fois les papiers signés, je serais tout de même mieux dans ma peau, même sous les ponts. Manifestement c'est hors de l'entendement de certains. Que faudrait-il que je fasse ? Une tentative de suicide pour qu'on me permette enfin ce putain de divorce ? Enfin, il paraît que le juge ne peut que retarder la procédure, pas l'interdire. On garde espoir. Au moins je ne suis pas comme les Deschiens que j'ai croisés dans la salle d'attente, à me demander si, pour mon rendez-vous anonyme, on va m'appeler par mon nom.
Repas chez ma mère. Ca commençait bien. Elle avait invité une amie artiste, "pour faire se rencontrer les artistes", a-t-elle dit. Ma mère me considère comme une artiste. Elle essaie de faire un pas vers moi, même si elle n'est pas d'accord avec les choix que j'ai faits en termes d'études. Progresserait-on ? Petit repas mitonné aux petits oignons. Vaisselle agréable à l'oeil, alcools divers, plats raffinés, et ma mère qui par dessus s'excuse parce que "ce n'est pas grand chose, vous savez". Discussion agréable. Jusqu'à la fin. "On a réussi à avoir presque tout le monde à Noël dernier, il n'y avait que toi qui manquait". "Et tu ne voudrais pas revoir tes petits neveux que tu n'as pas vus depuis des années ?" Je lui demande si elle ne pense pas que ça les troublerait un peu de découvrir une tante dont ils n'ont même pas le souvenir. Affirmative, elle me répond que bien sûr que non. Je décline, je décline, je décline. On dirait un Bescherelle. Puis les au revoir. Ma mère qui me prend les joues à deux mains pour m'embrasser. Mes poings dans mes poches, histoire de m'assurer de ne pas faire de mouvements inconsidérés. Ses yeux qui mouillent, elle s'enfuit dans le salon. Je la retrouve appuyée sur le buffet, les larmes coulent maintenant. Elle est, dit-elle tellement contente de m'avoir vue, on se voit si peu. C'est de joie qu'elle pleure, qu'elle dit. D'ordinaire je pleure quand tu es partie, qu'elle dit. Je ne sais pas qui elle cherche à tromper. Si elle souhaite tromper quelqu'un, naturellement. Je quitte l'immeuble la mort dans l'âme. Allume mon discman, tente de chasser la glu dans laquelle je suis empêtrée. Métro. Ticket. Avancer, s'asseoir. Les lumières sont grises. Elle a fait des efforts, mais ça ne suffira pas. J'ai fait des efforts, mais ça ne suffira pas. Ni l'une ni l'autre ne pouvons nous apporter ce dont nous avons besoin. J'ai fait le deuil de ça, mais qu'on m'agite sous le nez les détails de cet échec relationnel, ça non plus ça ne me fait pas de bien.
Brrrr. C'est glacial tout ça. Je referme cet épisode plus chaud. Samedi prochain je pars pour l'Inde. Avec Thiom, sa maman, et une amie commune dont j'ai sans doute déjà parlé ici. Mais avant je continue mes recherches d'emploi, et j'ai des tas de gens à voir, et de choses à faire. Je constate que le compteur de Sans Prétention va bientôt atteindre les trente mille. Et ça, ça fait plaisir, vraiment.
1:51 PM
vendredi, décembre 09, 2005 Ashvamedha Ce qu'il fait sombre... Une vague lueur rouge perçe à travers mes yeux englués de mon propre sang. Quel sens à tout cela ? Un parfum de terre retournée m'emplit encore les naseaux, l'autel a été monté, et une agitation incessante bruisse autour de la toile sous laquelle repose mon corps qui commence déjà à refroidir. Mon coeur vient de cesser de battre, laisse un silence affreux emplir l'espace qu'occupait mon corps vivant. Immobile, silencieux, je sens chaque tremblement de la jeune femme qui s'est glissée contre moi. La tradition veut qu'elle mime un accouplement avec ma dépouille de cheval. Son dégoût, son inquiétude impriment leurs mouvements à mes membres inertes. Ses lèvres frémissent tandis que son corps ondule contre le mien. Frêle jeune femme habituée à la douceur du gynécée, que faisons nous là, le sais-tu seulement toi-même ? Les derniers signes de vie me quittent et ma terreur n'a plus la possibilité de s'élancer hors de moi, ne fût-ce que par un frisson d'échine. Je suis emmuré dans ma propre peur, nichée dans ce qu'il reste de vivant dans mon grand corps inutile et roide. Quelque chose se joue, un jeu auquel je ne peux me soustraire, un jeu auquel je ne comprends rien. Ma vie file sans m'apporter le soulagement, la fin de ma terreur qui ne cesse de croître. Au milieu des gesticulations alentour, un pas. Confiant, assuré, il frappe du talon la terre qui répond en une vibration distincte. Le bruit se dessine comme une évidence parmi les parasites, amplifié dans mon crépuscule. C'est lui. Bientôt il se trouve près de ma tête, s'immobilise. Plus aucune lumière ne traverse mes yeux morts, mais je peux sentir sa présence, la chaleur qui émane de lui. Je suis si seul, j'ai si peur. Toi peut-être, tu le possèdes, le sens de tout cela, celui qui me permettra de m'offrir et d'accepter qu'à ton signal, on commence à démembrer mon corps. Si tu ne fais rien, je mourrai et ma terreur deviendra éternelle. Sauve moi.
Il s'agenouille près de mon oreille, prend une profonde inspiration. Sa voix n'est qu'un murmure qui m'est destiné.
Ambe, ambike, ambalike Mère, petite mère, chère petite mère.
mercredi, décembre 07, 2005 Aventure, bonne aventure "Ils ont eu une aventure", dit la femme épleurée et trahie. Une aventure... il n'y a qu'une femme blessée pour utiliser un tel terme pour des réalités parfois si sordides. Dans sa douleur elle en oublie que l'aventure, c'était ce que chaque jour, à mots couverts, elle demandait à son époux.
"Viens par là, ma chérie, viens je vais te dire la bonne aventure !". Ambiance de fête foraine, ça sent les pralines chaudes, le nougat et la barbapapa. Au fin fond de la pièce, sans doute, une boule de cristal posée sur un tissu à semis d'étoiles dorées. La bonne aventure. Et sur le siège, tu entendras parler d'un grand homme aux yeux de braise, d'une femme mystérieuse, d'une manne inattendue, d'un bonheur rutilant comme un camion de pompier posé au pied du sapin de Noël. Puis tu quitteras la fête, plus triste que jamais. Parce que si peut-être ça marche pour quelques uns, de toutes façons, ce n'est pas à la fête foraine qu'il faut aller pour faire tourner la Roue de la Fortune. Si tu t'y risques là-bas, tout ce que tu auras à la fin c'est un grand hippopotame en peluche dont tu ne sauras que faire.
La Bonne Aventure, ce doit être quelque chose d'autre. Comme un secret coloré qui garde le coeur au chaud. Oui, ça ressemblerait à ça. Ce serait traverser la foule vêtue de vêtements sobres, n'être remarquée de personne, avancer avec un sourire en coin.
3:10 PM
vendredi, décembre 02, 2005 Dans le prochain épisode Vous apprendrez que lever l'épaule gauche peut être un geste amoureux. Vous saurez tout sur les avocats douteux et vous apprendrez une nouvelle expression de mon cru : plumer la vache à lait. Vous en profiterez parce que j'ai payé la chose de quelques larmes et d'une très forte envie de prendre un Lexomil à défaut d'étrangler l'énergumène. Vous apprendrez comment un repas sympathique chez ma mère se termine en effusion de larmes maternelles et en grand moment de solitude... La fille, une fois dans le métro, et après une lutte acharnée, finit par s'y mettre, parce que quand même. Toute cette bonne volonté pour si peu, ça fatigue...
Oula, je me rends compte que ça fait beaucoup. Je sais pas si j'aurai le courage de tout développer... En tout cas : conclusion, des gros moments de tristesse ou d'angoisse, et des moments, heureusement plus grands encore, d'enthousiasme.
6:30 PM
jeudi, novembre 24, 2005 Mâyâ Tu me troubles, le sais tu ? Cela doit être dans tes plans. Tu me fais pleurer, tu me fais rire, c'est toi qui me rends l'oeil brillant ou abattu. Tu m'entoures et je suis pleine de toi tout à la fois. Ton empire sur moi ne connaît pas de limites. Tu fais de moi ce que tu veux. Pour l'instant. Mais tiens le toi pour dit. Je lèverai chacun de tes voiles, patiemment, s'il le faut je déchirerai ceux qui me résisteront. Un à un. Jusqu'au dernier. Et dans l'éternité de cet instant où tout vacille, je te percerai.
1:30 PM
Orage Je parcours en long et en large les plus grandes largeurs de l'appartement. Tête baissée, perdue dans des pensées vertigineuses. Chargée d'une tension presque palpable. Enthousiaste. Quand est-ce que ça a commencé ? Il y a longtemps, mais quand est-ce que ça a commencé vraiment ? ... quand un soir j'ai ouvert mon Robert & Collins. Pile au moment où finalement, j'ai tendu la main vers la couverture bleue. Un équilibre s'est brisé et quelque chose s'est mis en mouvement. A quelle vitesse, avec quelle force ? je ne sais pas. "Sh", "Shambolic", "Shameless", "Shangri-la", "Shape", ... "Shard". Mince, ça n'y est pas. Un nom composé, ce n'est pas très étonnant. Quelques recherches plus tard, je lève le nez des pages et je souris. Le mot est beau. Je sens cette espèce d'électricité qu'on appelle de la curiosité. Et depuis ? Depuis ça se rapproche, comme un orage. De temps à autres, comme aujourd'hui, j'entends un craquement lointain. Cela montera des collines jusqu'à ce que l'air lourd se charge d'un parfum de terre chaude, comme un appel à la pluie. C'est à ce moment que les premières gouttes pourront se mettre à tomber. Parfois l'orage passe sans que le ciel ne s'ouvre. Ce n'est pas important. Ce que je sais, c'est que si la pluie se met à tomber, on ne pourra ni retenir ni différer sa chute.
11:51 AM
lundi, novembre 21, 2005 Liste de courses Monoprix. Je regarde les rayonnages de maquillages. Paumée je suis. Gambergeante, je suis. Je laisse ma pensée se promener. J'avais oublié que comme les chiens sans laisse, elle a tendance en ce moment à aller se rouler dans un truc douteux avant de me revenir dans les pattes. Je sens la panique monter. Jambes coupées, je déambule, j'ai du mal à respirer. Ah, c'était vraiment un truc douteux. Je commence gentiment à paniquer et pour la première fois, je réalise que c'est de la panique. Je me sens vaguement aspirée, alors je me coupe en deux. Je laisse une partie continuer à paniquer, parce que je ne peux pas faire autrement, qu'en plus j'ai oublié ma petite boîte verte. L'autre lève le nez, s'assied, pose les données simples, se dit ok, ça secoue, il faut se concentrer pour pas faire n'importe quoi, et pour le moment il faut s'accrocher à des petits trucs en attendant que ça se calme, et tout ira bien. Je poursuis mes courses. Têtes de brosses à dents, collants chauds, préservatifs, rouge à lèvres. Je rentre, me colle devant la glace, suis le mode d'emploi. Exactement ce que je voulais. Un maquillage joli mais qui sait se faire oublier. Je me dis que j'aimerais bien m'habiller en garce un de ces quatre, mais il fait vraiment trop froid. Ca y est, superficiel et léger. La crise est passée. Je peux passer à autre chose. Les crises passeront d'ici quelques jours je pense, elles ont déjà commencé à s'espacer, me démontent moins. Il y a des choses intéressantes qui se profilent dans ma vie. Il va y avoir des occasions à saisir.
4:29 PM
vendredi, novembre 18, 2005 Et on vivra heureux. Et on n'aura jamais d'enfants Je me repasse les images. Je suis sur le pas de la porte, on est en train de se gondoler dans l'obscurité. Soirée excellente, paisible, qui se termine en fou rire. Je me repasse la suite hypothétique, ce que j'aurais dû faire avant de partir, et que je n'ai pas fait. Le prendre dans mes bras, lui dire que je l'aime. Que je l'aime pour de vrai, qu'il peut compter sur moi. Mais je peux encore le faire. Je crois que je le ferai. Suffit juste que je retrouve un peu de forme... Je ne me sens pas très joyeuse ces derniers jours, la tête pleine de gris et de petites angoisses diverses. Ca passera, il faut juste un peu de temps.
4:19 PM
jeudi, novembre 17, 2005 Des tonnes Dispute avec Thiom... Toujours les mêmes remarques, les mêmes positions. Nous sommes des statues de l'Ile de Pâques : des tonnes, immobiles. On croit être capables de bouger mais en fait on ne bouge pas d'un iota. Il m'a demandé ce que je pensais que ça ferait pour la résolution de nos problèmes relationnels que je sois matériellement indépendante de lui, qu'on ne soit plus dans le même appartement. Lui pense qu'on va cesser de se voir de toutes façons, soit parce qu'on va s'engueuler sans cesse et qu'on n'en aura plus envie (la suite de notre situation actuelle), soit qu'on va arriver à une relation tellement superficielle qu'on cessera naturellement de se voir. Moi je n'en sais rien, et j'ai beau chercher, je n'ai pas le début d'une idée qui vient pour le moment. J'ai le coeur lourd, mais lourd, et j'ai du mal à penser en termes constructifs. Faudrait que je commence par me dire que ça sert pas à grand chose de pleurnicher devant mon ordinateur, par exemple. Allez, ouste.
12:14 PM
Je passe ici parce que j'en ai besoin, parce que je me sens bizarre, et que je ne peux rien en dire, ni maintenant ni plus tard, ni ici ni ailleurs. En laissant une trace ici, je me dis que ça sera moins pénible de garder le silence. Alors disons que je passe pour... dire coucou. Ou bonne nuit. Voilà, c'est ça. Bonne nuit.
1:51 AM
mardi, novembre 15, 2005 Le retour d'Ourson W Il y a des idées qui s'imposent comme des évidences. Je savais que je ne partirais pas sans lui. Je le tenais dans la paume de ma main et je ne me lassais pas de le caresser. Il avait l'air vif, il avait l'air intelligent. Et il avait l'air d'avoir envie de voyager. Je le caressais encore avec un sourire béat quand je suis arrivée à la caisse. La caissière me regardait avec un air amusé. Je suppose qu'elle m'a vue déambuler dans les allées du magasin, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Avec une délicatesse que j'ai rarement vue chez une caissière, elle a glissé l'oreille de mon nouveau compagnon près du lecteur, puis l'a gentiment posé dans un sac plastique (je crois qu'elle me regardait *vraiment* depuis un moment). Je sors, particulièrement satisfaite de ma dernière bêtise.
Neuf novembre, début de soirée. -Comment tu me trouves ? Je fais un tour sur moi-même. Je dois avouer que je fais un peu ma crâneuse. -Tu es habillée comme au XVIIIe siècle. Je ne sais pas si c'est un compliment que me fait Thiom, mais la réponse me convient. Tiens, il faudra que je vous parle de Rouanne. Je m'isole un instant le temps de préparer Ourson W. C'est la première fois qu'il va au restaurant, vous comprenez. Bientôt sans doute, il ira dans des pays lointains, rencontrera des tas de gens différents, il aura des milliers de choses à raconter. Mais pour le moment c'est un petit Ourson un peu perdu... dont l'histoire reste à écrire.
dimanche, novembre 13, 2005 Armistice, marquons une pause dans nos combats et parlons Les mains pas très assurées, la tête en ébullition, je fais le tour de mes 50 bookmarks, puis une fois que la liste épuisée, je me tourne (c'est dire) sur ANPE.fr pour voir les offres disponibles. Après un décortiquage en règle, mes pensées cessent enfin de jouer les kaléïdoscopes. Ceci s'appelle de l'allégresse. Voilà, ça aussi (j'ai de la chance en ce mois de novembre) c'est une rencontre pour de vrai. Avec les côtés clairs et polis mais aussi les autres. J'ai dit des choses que je n'avais jamais dites, parce que ça semblait absolument naturel, que ça se présentait comme ça. Et ça fait un bien... Poser le masque et parler. Je me posais la question de ce qui fait la différence entre ces relations-là et les autres. C'est Thiom qui m'en a donné sans le savoir la clé : il pestait contre les couples trentenaires qu'il fréquente un peu trop en ce moment, et la fadeur qui se dégage d'eux. Interchangeables, c'est le terme qu'il avait utilisé. Voilà. Les rencontres qui comptent pour moi c'est les relations où les personnes ne peuvent en aucun cas être interchangeables. Ca a l'air facile, comme ça, mais même si j'essaie de respecter la différence des uns et des autres, quand on y regarde de plus près ce n'est pas si fréquent que ça. Et novembre m'a déjà offert deux de ces rencontres spéciales. Après, ça prendra le chemin que ça prendra, mais ces moments ils ont du sens en eux-mêmes. Pour moi ils en ont beaucoup :)
9:37 PM
Vide-poches, vide-mots (II)
A ce rythme, bientôt il ne restera plus de moi qu'un petit tas de cendres.
Posséder et détruire.
Et je me mettrai à prendre le contrepied de ce qui te plaît chez moi. Tu ne m'enfermeras pas, pas plus que tu ne t'enfermeras.
Let me in ! (E. Brontë)
Loki. Terreur et ferveur.
Tu t'y casseras les dents.
-Ne t'attache pas à moi. -Laisse moi seulement te connaître. Et tout, je suppose, rentrera dans l'ordre. Ca fonctionne souvent comme ça.
Aime et fais ce que voudras (Saint Augustin)
Je suis amoureuse de la Sainte Trinité : le père, le fils et le fin d'esprit. Je ne vois que ça comme explication.
-Mais tu ne vois pas que tu me fais MAL ? Mon poing se serrait tandis que je me réveillais en larmes, dents serrées. L'image se dilue.
Amours chiennes.
Sois sans peur, esprit volage ! Ce qui est sans début est sans fin. Prends soin de toi. (Lalla)
Maîtresse des épices, elle cuisinait avec concentration, goûtait les plats avec les doigts. Sa manière de vous dire qu'elle vous acceptait.
Dis moi ce que tu voudras, mais ne me crois pas si cruche que je sois incapable de voir que tu TE DETESTES.
-Restez allongée. Vous vous êtes évanouie. La pierre sur laquelle j'étais allongée était plus chaude que mon corps.
vendredi, novembre 11, 2005 Sépia Il y a quelque temps j'avais ouvert la nouvelle ère des amours sépia. Trop tôt sans doute, il me fallait encore mettre de l'ordre dans le bleu et le vert que mon organisme avait assimilés. J'y repensais à l'instant en écoutant Venus in Furs. Infernale lenteur, langueurs lancinantes, élans baroques, cannibalisme d'automne. Son pour son. Mes rêves ont la couleur chaude et pleine d'une prunelle brune brusquement assombrie.
4:52 PM
jeudi, novembre 10, 2005 Ascendant Mon corps rayonne tandis que les battements de mon coeur se calment. Dialogue muet avec moi-même. La chaleur de la couette, je me roule en boule et j'attends. Mes fringales ont du mal à s'éteindre. Dehors le soleil frappe les murs de l'immeuble d'en face. Je ne m'y attendais pas. Je suis en train de retrouver cette poussée ascendante à l'intérieur de la cage thoracique. Et les mains qui tremblent tandis que je danse sur mon tapis rouge. Les mains qui tremblent. Je perds le fil de ce que j'étais en train de penser, me fixe un temps sur un détail, un regard, un parfum, un livre, une remarque, un timbre de voix. Avoir la force de sortir de moi-même et vivre enfin mon propre jeu. Mh. Encore un peu de patience. Pour le moment le temps est à la curiosité, à l'enthousiasme, au travail, aussi. Les mille morts de l'émulation...
12:46 PM
mardi, novembre 08, 2005 Vide grenier J'ai fait un petit tour de mes posts non publiés récemment, et j'ai décidé de publier, finalement. C'est notamment la raison pour laquelle il y a maintenant trois posts "And I don't ever want to feel like I did that day" (enfin, des récents, je fais un usage plus ou moins régulier de ce titre). J'ai relu et contre toute attente, je n'ai pas trouvé ça jetable. J'ai plein de choses en tête, qui se mélangent à mes petites activités nouvelles. J'ai découvert l'ANPE, les ASSEDIC et la CAF. La plupart ne peuvent rien pour moi. J'ai quand même eu un rendez-vous très spécial hier aux ASSEDIC. Une dame à la peau brune, avec des posters de chevaux à ses murs, qui quand je lui ai dit que je terminais mes études, que je cherchais du travail et que j'allais divorcer prochaînement m'a expliqué tout en douceur et m'a dit avant de partir : "vous allez voir, ça va vous faire du bien, vous allez avoir des plein d'entretiens, vous allez penser à autre chose, et vous avez toute la vie devant vous, et vous êtes très forte, je vous souhaite les meilleures choses.". J'avais très chaud en sortant de son bureau, mais j'avais un grand sourire que j'ai gardé avec soin. Si jamais vous la voyez, soyez adorables avec elle, s'il vous plaît. Donc ça y est, je suis demandeuse d'emploi. Ca fait un peu bizarre à dire, mais si jamais vous entendez parler de quelque chose, dans le domaine de la culture ou dans un autre, n'hésitez pas à m'en toucher deux mots. On ne sait jamais. En janvier dernier carat, il me faut des fiches de paie. J'essaie d'éviter que ça soit caissière, mais je ne suis pas sectaire. Le principal c'est de trouver son propre chemin, n'est-ce pas ?
12:22 PM
Atala Il y a quelque temps, dans un couloir de métro, je suis tombée sur ceci :
Je m’y attendais, l’évènement était prévu de longue date. Je me préparais au choc, mais je ne savais pas que l’image phare serait ce tableau, précisément. Le voir là, même coupé et collé en série dans le couloir d’un métro, m’a forcée à m'arrêter, le coeur battant à tout rompre. Le flux de mes pensées du moment s'est interrompu pour laisser place à celui du temps d'avant, d'il y a longtemps. Si longtemps que je ne me serais pas reconnue. A cette époque, j'étais l'Atala de quelqu'un. Jeune femme pure, passionnée et chrétienne. C'était de cette manière qu'il me percevait. Je me demandais comment il en était venu à m’assigner cette identité. Puis je suis tombée sur ce passage du roman de Châteaubriand.
...Les perpétuelles contradictions de l'amour et de la religion d'Atala, l'abandon de sa tendresse et la chasteté de ses mœurs, la fierté de son caractère et sa profonde sensibilité, l'élévation de son âme dans les grandes choses, sa susceptibilité dans les petites, tout en faisait pour moi un être incompréhensible. Atala ne pouvait pas prendre sur un homme un faible empire : pleine de passions, elle était pleine de puissance ; il fallait ou l'adorer ou la haïr.
Le Génie du Christianisme, Chateaubriand, le romantisme, le vrai, celui qui fait mal pour de vrai, bien plus offensif que le dîner aux chandelles et le bouquet de roses rouges (mais si, enfin, ça fait un moment qu'on sait que le ridicule ne tue pas).
Vous vous en doutez, je n'ai jamais été complètement comme ça. Pas à l’époque du moins. Pour cela il a fallu que je découvre que je pouvais avoir une certaine valeur, ne fût-ce qu’à mes propres yeux.
Une fille statufiée. Statue de porcelaine. Pure, naturellement, d'une pureté qui appelle... la profanation. Je ne sais pas si j'ai raconté ici la manière dont cette histoire s'est terminée. C'était il y a longtemps. C'est presque comme si on parlait de quelqu'un d'autre. Pourtant c'était bien moi, la fille forcée, pas quelque chose de violent, juste un bon mélange de conjonctions psychologiques nocives, juste quelque chose de moche... C'était bien moi encore, la fille qui découvre confusément que la nature a décidé de l'aider à ne pas s'enfoncer davantage. Fausse couche. Bien entendu, je n'avais parlé de la chose à personne à l'époque.
J'ai du mal à dire jusqu'à quel point cet épisode m'a formée par la suite. L’immobilité de la jouvencelle, la pureté, les petits jeux traditionnels du sacrifice et de la possession... me mettent mal à l'aise. Ca fait une bonne dizaine d'années que j'ai pris mes distances avec ces rouages pour commencer à vivre autre chose. Mais c'est en partie ce fonds qui rend ma colère sombre quand une personne mal renseignée me sort : "mais tu chercherais pas le prince charmant toi ?".
Je ne suis plus Atala. A la rigueur, je suis atlante. Atlante de ce en quoi je crois, de ce qui me rend vivante. C'est lourd parfois, je dis pas que je dois pas poser un genou à terre de temps en temps, mais tant que ça tiendra...
12:13 PM
vendredi, novembre 04, 2005 Insomnie Le coeur qui bat lentement, avec une tranquille constance. Un demi sourire. Les yeux fatigués, je remue mes pensées. Je me sens bien. Parfois ce n'est pas évident, c'est comme si on était enfermés dans des bulles, des bulles aux parois très fines mais très solides aussi. Parfois aussi, les parois se fendillent et on parvient à se toucher, enfin. Je ne sais pas ce que ça donnerait si dans ces moments on disait "dis, elle est comment, ta bulle ? Parce que la mienne elle résiste ; à ton avis, comment on pourrait déchirer la paroi ?". Je crois que j'étais intimidée, quand même. Grandes pauses dans la discussion où je me demandais si je trouverais les mots dont j'avais besoin. J'ai réalisé il y a quelques jours que je n'ai presque plus de couples qui se disputent dans la tête. J'ai réalisé que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas évanouie. Je me sens bien.
1:41 AM
vendredi, octobre 28, 2005 And I don't ever want to feel like I did that day Et je ne le vivrai plus. Il n'y aura peut-être personne pour m'attendre quelque part, mais jamais plus je ne me retrouverai seule à attendre sur un quai, le coeur plus lourd que mon sac et une rage triste au ventre. Je crois que ceci s'appelle du "futur performatif". Je persiste et je signe. Je verrai bien jusqu'où ça me mènera. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, je suis confiante, enfin.
12:41 PM
jeudi, octobre 27, 2005 Fantasme Il me posaient toujours la même question, toujours. Selon le degré de délicatesse de l'interlocuteur, elle était posée plus ou moins rapidement, sur un ton plus ou moins grivois qui, je suppose, était supposé me mettre dans tous mes états. "Et c'est quoi ton fantasme ?" J'ai balbutié plusieurs réponses imparfaites. Quand un jour, brusquement, j'ai trouvé. L'ultime fantasme. Celui qui me secouait un grand coup et me faisait pâlir rien que d'y penser. "Mon fantasme, c'est de coucher avec quelqu'un dont je serais amoureuse." Notez que j'aurais pu être plus vache et envisager la réciprocité. Mais même sous cette forme, plus d'un s'y est cassé les dents. Il vaut parfois mieux attendre la confidence plutôt que de la forcer... Tout le monde n'est pas nécessairement prêt à entendre qu'avec le chocolat, il n'y a pas meilleur aphrodisiaque que l'amour.
12:09 AM
mercredi, octobre 26, 2005 Mise au point et petit flash back Vous vous en doutez peut-être, je ne suis pas admissible au concours que j'ai préparé pendant tant d'années. Des années spéciales, les deux dernières tout particulièrement. Années de souffrances, diverses. Des petites, des grandes, des larvées, et tonitruantes. Assez, assez, assez de tout ça. Assez du concours, assez de la souffrance aussi, d'ailleurs. Je me prends par la main et je me dis ne t'inquiètes pas, ça va aller, tu es devenue pour toi même le soutien que tu cherchais chez d'autres. Cette souffrance aura au moins servi à te permettre d'y arriver. Moi je suis là, tu peux compter sur moi pour toujours y être. Je ne suis pas admissible. End of the story. Vous imaginez difficilement ce que ça signifie pour moi. Que tous ceux qui le souhaitent soient déçus de moi, mais vite, qu'on en finisse parce que moi je veux passer à autre chose. Je me suis promis des choses et je veux tenir mes promesses.
Je vous ai pas parlé de Londres, alors brièvement, je vais quand même en dire quelques mots. Ah, Londres ! Mehdi qui m'attend à la sortie de l'Eurostar et qui m'embarque à Camden, aux puces, le long du canal, sous le soleil claironnant de cet été qui se veut indien même outre-Manche. Mehdi qui parle, de petites histoires qui se nouent, de sa fatigue de toujours porter les autres, de son travail. Mehdi au soleil, en terrasse à Camden. Inattendu. Apprécié à sa juste valeur. Il ne faut pas faire les puces avec quelqu'un qui aime les fringues. Il ne faut pas faire les puces avec quelqu'un qui aime vos délires vestimentaires. C'est un coup à se retrouver avec une paire de très jolies petites patform shoes. J'étais très emmerdée. Mais contente, mais emmerdée, mais contente. Bref. J'en avais cherché longtemps en France sans grand succès. Les yeux ébahis et enthousiastes de Mehdi en mal d'anti-conformisme ont eu raison de ma raison. Gni. Soirée chez lui. En entrant dans sa chambre, je ne peux m'empêcher de m'exclamer que c'est l'image de la chambre dans laquelle on ramène un garçon, on dirait vraiment qu'elle est faite pour ça. Sans rire. Indescriptible mais sans appel. Il sourit. Après un repas mitonné à la Mehdi, ça bouge, ça se dandine, ça fait ses "mystérieuses". Je danse souvent sur mon grand tapis rouge, mais je suis généralement seule quand je fais une chose pareille. Je suis un peu surprise de me retrouver à danser avec Mehdi, à faire des mimiques, à ne surtout pas se prendre au sérieux. La soirée n'importe quoi se termine d'ailleurs par le visionnage de la quasi intégrale des calendriers des Dieux du Stade. Les commentaires vont bon train, s'échauffent dans un désaccord sur un cliché, un détail, une préférence qui en dit un peu plus long que la simple sensibilité esthétique de l'un ou de l'autre. J'ai passé la nuit dans ce lit rien que pour moi à me demander le pourquoi de ma première impression avant de plonger dans un sommeil sans rêves. Le lendemain, sur le tard, petit tour au British Museum. J'ai des souvenirs qui me reviennent... Je finis par retrouver, dans un coin, la série de neuf dieux qui me tient tellement à coeur. Ils sont là. Ils sont toujours là. Toujours aussi beaux, parfaitement polis dans leur pierre sombre. Soho n'a pas changé, toujours aussi fourmillant et multiple. Petit pub tout chaud avec un album des Beatles encadré au mur, discussion autour d'une Strongbow (je n'ai jamais réussi à faire semblant d'aimer la Guiness). Mehdi qui me confie des choses étranges sur la manière dont il me perçoit. Me sort une grosse remise en question dans laquelle il me dit tout le mal qu'il pense de lui et, par opposition, tout le bien qu'il pense de moi. C'est fou la propension qu'on peut avoir parfois à envier ce qu'on a pas chez les autres tout en oubliant ce qu'on a soi-même... Pourtant Mehdi c'est quelqu'un qui met au-dessus de son évier de cuisine un poster qui permet de voir la lune même en plein jour... J'étais en train de devenir bleue et j'avais du mal à m'en dépatouiller quand on est sortis se chercher un noodle-bar à China Town. Le long de la Tamise, Big Ben en fond, petite discussion sur un banc, tandis qu'un pauvre guitariste massacre allègrement les Four Fab (je crois que c'est comme ça qu'on dit). Tranquille. Le lendemain, petite course pour choper le bus, Mehdi qui doit retourner en arrière parce qu'il a oublié ses lunettes, et moi qui poursuis vers le centre avec un sandwich confectionné de ses petites mains... et un paquet de bons souvenirs. Dans son dernier mail, il me disait en substance de revenir quand je voulais. Il ne s'est donc pas encore lassé de moi. Il va falloir que je mette bon ordre dans tout ça ;)
7:44 PM
lundi, octobre 24, 2005 Aujourd'hui ... quelque chose s'achève... quelque chose débute... Cette nuit, je crois que je vais dormir plus profondément. Enfin.
11:48 PM
jeudi, octobre 20, 2005 Vide-poches, vide-crâne, vide-mots Bon, finalement j'ai laissé le post de la nuit dernière. Ca avait du sens au moment où je l'ai écrit, et ça reste moi jusque dans mes côtés les plus "caricature de moi-même". Tout ne se passe pas toujours sans heurts (comment ça, vous êtes au courant ? ;)). Le léger problème de ce blog c'est que quand ça va pas très bien j'ai tendance à venir m'y calmer. Quand ça va bien, quand je me rappelle du sens du mot "allégresse", je ne prends pas forcément le temps de goûter ces instants suffisamment pour venir mettre un mot ici. Du coup j'apparais sans doute comme une sorte de Calimero-c'est-vraiment-trop-injuste. Ce qui me trouble, c'est qu'il y a eu un moment où j'avais vraiment besoin d'autres personnes pour m'aider à tenir. Je m'étais peut-être créé ce besoin mais il était devenu bien présent. Mes problèmes m'enfoncaient jusqu'au fond de la cuve à chagrin, et je me demandais chaque fois si j'arriverais à remonter, si j'en aurais l'envie, cette fois encore. Aujourd'hui, j'ai mes faiblesses, il y a des moments où j'aurais très envie qu'on me soutienne. Entre l'envie (même la plus forte) et le besoin, il y a une petie différence. Qui fait que j'enchaîne, qui fait que mon monde ne s'arrête pas de tourner autour du soleil. Qui fait que même au milieu de la houle, j'arrive même à apprécier ce qui vient. Va finir par se poser le problème suivant : si je ne suis pas à l'article de la mort, mais que j'ai vraiment envie d'aide, quelle légitimité je pourrais bien avoir à la demander ? Déjà dans les situations de vie ou de mort, j'ai du mal à demander de l'aide, alors là, ça promet d'être coton. Là, vous commencez à vous ennuyer et vous vous demandez quel est le lien avec le titre. Vous pouvez vous le demander longtemps, puisque le lien il se fait avec la suite du post (je transitionne comme je peux, je suis un peu fatiguée encore quand même).
Je me promène avec des phrases qui me reviennent tous les jours. Un petit éventail de phrases, qui évolue au fil du temps. En voilà quelques unes (bien entendu, sous prétexte que je veux en parler ici, elles se font timides). C'est le bazar, vous avez raison. J'ai mis en italiques les citations d'auteurs qui me font résonner quand j'en ai assez de (me ?) raisonner. Le reste, c'est des réflexions que je mène en boucle et qui prennent toujours la forme de la même phrase, des fractions de scénarii improbables. Des choses que j'ai dites à des moments importants. Des choses que j'aurais aimé dire.
"These are the seven stars with their seven rings"
"Je suis le ténébreux, -le veuf, -l'inconsolé Le prince d'Aquitaine à la Tour abolie Ma seule étoile est morte et mon luth constellé Porte le soleil noir de la Mélancolie"
"-Je pénètrerai toujours plus profondément en toi que l'inverse. -On parie ?"
"Sometimes I feel Like I don't have a partner Sometimes I feel Like my only friend Is the city I live in"
"-C'est ridicule, ce que vous êtes en train de faire. -Et c'est la raison principale pour laquelle nous le faisons."
"Je t'aime de tout mon coeur - Quelle phrase étrange. Je n'arrive même pas à la prononcer."
"Votre orgueil vous étouffe. Bientôt plus personne ne pourra rien pour vous."
"Ô mon souverain roi Me voici donc tremblante et seule devant toi"
"Je suis belle, ô mortel ! comme un rêve de pierre."
"Si vous ne m'appelez pas je vous mords."
"La lune a des cicatrices, elle."
"Défends-toi ! Par respect pour tout ce en quoi nous avons voulu croire, bats-toi !"
"I need your arms around me I need to feel your touch"
"Soma-sêma. Saloperie de fonds culturel."
"Regarde moi attentivement. Tu me vois pour la dernière fois."
"Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron, Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la sainte, et les cris de la fée."
"Rassurez vous, je suis très surfaite. On se lasse vite."
"Ah, Déesse, Déesse !"
"-Excusez moi, mais il me semble que vous êtes en train de tenir deux mains ; ne pensez-vous pas qu'il serait important d'en lâcher une ? -Je ne pense pas que cela sera nécessaire."
"Je suis venue pour jouer mon rôle jusqu'au bout."
"-Il est à moi, vous m'avez bien compris ? -Vous savez comme moi que ce n'est pas en enfermant quelqu'un qu'on se l'attache."
"Debout, femme royale !"
"Tout fuit Tout passe. L'espace efface le bruit."
10:08 AM
And I don't ever want to feel like I did that day J'étais venue ici parce que les larmes s'étaient mises à couler et que je n'avais pas de mouchoir. J'ai écrit et puis je n'ai pas réussi à publier. Je reste là, le coeur lourd comme une pastèque. Une pastèque vert sombre, la variété avec des grains. Je reste là, les larmes ont cessé de couler mais la gorge reste nouée. Je tourne et retourne la chose. C'est ridicule, naturellement. Comme toutes les choses fondamentales. Je suis fatiguée. Demain j'aurai sans doute très envie d'effacer ce post.
1:24 AM
And I don't ever want to feel like I did that day Les larmes tombent finalement. La gorge nouée, je passe ici pour essayer de la dénouer avec des mots. Il y a quelques mois, un jeune homme inconnu sur un pont me disait avec un air un peu méprisant : "dis-moi, tu est une romantique, toi". On sentait bien que ça le gênait. Ce qu'il mettait dans le mot romantisme, je suppose que c'est un peu ce qu'on peut voir à la télévision, ou sur Internet à l'époque de la Saint-Valentin. Combien de gondoliers dégoulinants de loooove j'ai pu assommer dernièrement ? Une bonne matière première pour modeler le fameux prince charmant pourtant. Bien éduqué, cultivé, mèche au vent, physique agréable, qui tient la porte quand il est accompagné d'une fille. Ah oui, et drôle. Le parti idéal n'est-ce pas ? Ca a l'air bien pourtant, mais il manque ce qui colle avec la fille. La fille, il lui faudrait autre chose. Un truc qui est pas dans la liste.
Il y en a eu, des gens pour me dire que j'attendais le prince charmant (il y en a même eu un pour me dire, il y a moins de deux ans, que j'étais une fille à n'aimer qu'un seul homme, s'il me lit j'aimerais bien qu'il se manifeste, je suis incapable de me souvenir qui a pu me dire ça).
Mais peut-être que je me trompe, notez. C'est peut-être ridicule d'attendre autre chose que le petit package de base "pas violent-pas trop con-pas trop fade-pas trop égocentrique", espérer apprendre au contact de quelqu'un dans un échange mutuel, espérer une réciprocité de sentiments, espérer un peu de vrai même si ça veut dire affronter toutes ses angoisses les plus informulées, espérer créer une manière de vivre, d'aimer qui me convienne et qui convienne à ceux que j'aime et que j'aimerai. Etre portée toujours par le principe de l'émulation qui fait qu'on devient un peu plus soi au contact des autres. Et puis vivre d'autre chose que de nourritures synthétiques et creuses, vivre d'autre chose que d'expédients, rattraper en une poignée d'instants toute l'éternité que d'autres cherchent, ailleurs, autrement.
12:33 AM
mardi, octobre 18, 2005 Vite Retour de Londres. Quelques photos, peut-être demain, mais le plus important est inphotographiable. Retour ici pour travailler dès que j'ai posé mon sac. Cet après-midi, audition. Du mieux que j'ai pu mais pas excellent. On peut pas couvrir trois ères culturelles s'étendant sur plusieurs millénaires chacune avec une heure par ci, une heure par là durant une grosse semaine sans que ça pose pas un petit problème. J'attends les résultats. En fait non, j'enchaîne plutôt. D'ailleurs il faut que j'y retourne. Se forcer au pragmatisme ; il y a des choses qui aboutiront, d'autre pas. Il faut toujours se battre, pour tout, tout le temps. Mais c'est vraiment pas le moment de baisser sa garde. Ca risque d'être plus tendu prochaînement. Fabienne Franseuil accroche-toi, ça va secouer un peu, on va prendre un peu d'altitude.
4:45 PM
samedi, octobre 15, 2005 Histoire de laisser un petit quelque chose avant de partir Finalement ce n'était pas si difficile, je pensais laisser des tonnes de vides et finalement...
Seven things you plan to do before you die / Sept choses que vous voulez faire avant de mourir 1) M’arranger pour pouvoir dire sans l’ombre d’une hésitation : « je suis heureuse » 2) Vivre un amour qui serait moins fait d’entraves que d’ouverture et de liberté 3) Jouir et faire jouir, une dernière fois et très, très lentement 4) Dire aux gens que j’aime que je les aime 5) Leur offrir une ou deux phrases qu’ils pourront garder et dont ils pourront se servir pour être plus heureux 6) M’assurer que mon corps n’ira pas pourrir dans l’une des six cases du caveau familial 7) Sourire
Seven things you can do / Sept choses que vous faites bien 1) Etre amoureuse 2) Me battre 3) Entrer dans un état contemplatif 4) Ecrire des trucs qui ressemblent à ce que j'ai dans la tête 5) Parler de ce que j’aime 6) Me faire aimer de personnes très différentes 7) Me remettre en question
Seven things you can’t do / Sept choses que vous ne pouvez/savez pas faire 1) Etre très sûre de moi 2) Attraper des choses sur les étagères sans l’aide d’un tabouret (mais je peux me débrouiller toute seule, merci) 3) Me passer de moments rien que pour moi, toute seule 4) Rester de glace, la plupart du temps 5) Vivre une histoire d’amour « classique » 6) Me changer en profondeur si je n’en ressens pas le désir et la nécessité 7) Me passer d’excitation, d’émulation, d’enthousiasme
Seven things that attract you to the opposite sex / Sept choses qui vous attirent dans le sexe opposé 1) L’aura 2) Le regard 3) Le visage 4) Les lèvres 5) Le sexe 6) Leur manière de vivre leurs polarités féminin/masculin, à se débrouiller avec tout ça… 7) Qu’ils ne me voient pas seulement comme une fille
Seven things you say most / Sept choses que vous dites souvent 1) Oh mon dieu 2) Enthousiasme 3) Jeune homme 4) Je ne sais pas si… 5) Je te dérange ? 6) Mais quel boulet ! 7) Ca nous rajeunit pas ma bonne dame
Seven celebrity crushes / Sept béguins pour des célébrités 1) Frédéric Martin 2) Tristan-Edern Vaquette (compliqué, mais on peut appeler ça un crush) 3) Shahrukh Khan 4) Gabriel Davioud 5) Monica Bellucci 6) Aishwarya Rai 7) *Jocker*
Seven people you want to take this quiz / Sept personnes dont vous aimeriez qu'elles répondent aussi à ce questionnaire Je préfère laisser les gens libres de le faire ou pas…
1:06 AM
jeudi, octobre 13, 2005 En passant C'est la guerre. J'ai très peu de temps. J'ai édité un post du premier octobre ; la première partie date du 1er octobre, la fin est plus récente. Le week-end qui vient, je suis à Londres. Mehdi qui m'invite, est manifestement sur le pied de guerre pour me recevoir, j'ai l'impression d'être une sorte de vedette qui vient faire un concert ou une performance ;) Ah oui, et pour vous montrer mon état de décrépitude avancée, j'ai vu ceci :
et en voyant le truc rond immédiatement à droite de la photo de couv du journal, je me suis dit que quand même c'était vachement fort pour un journal pareil d'offrir un préservatif à ses lecteurs. Une bonne dose d'humour. En fait c'était plutôt une myopie accentuée par la fatigue. Dommage, je trouvais ça très drôle.
On se retrouve d'ici une grosse semaine... Grosse audition pour le mardi qui me prendra tout mon temps... Mais je n'ai pas oublié que j'avais un questionnaire sur le feu. J'ai déjà regardé les questions, il risque de répondre jocker à certaines, c'est personnel parfois, enfin je vais essayer tout de même.
7:52 PM
lundi, octobre 10, 2005 Transparence Un soir, une discussion téléphonique entre Paris et Bordeaux. -J'ai peur. Peur que les gens que j'aime meurent. C'est affreux. J'imagine qu'ils meurent les uns après les autres et ça me rend très malheureux. Je marque une pause. Je voudrais ne pas avoir envie de poser cette question, j'en pèse l'indécence, je me prends en pleine face le côté pitoyable de la situation. Je voudrais pouvoir ne lui souhaiter que l'apaisement. Mais je vais la poser quand même, ma question, parce que j'ai besoin de quelque chose, une toute petite chose dont l'absence dans cette histoire fait un fracas incroyable, un fracas que je suis la seule à entendre. A défaut de recevoir ce dont j'ai besoin, je me dis que je vais peut-être recevoir quelque chose qui y ressemble un peu. -... et... et moi ? -pardon ? -et moi, tu penses aussi à ma mort ? -... Non. Mais c'est parce que tu n'existes pas. Tu fais pas partie des gens que je vois tous les jours.
Fabienne Franseuil roule des mécaniques Samedi, belle journée, à suivre deux chasseurs de haute volée dans d'exotiques plaines étrangères... Dire que les endroits par lesquels nous sommes passés sont intra-muros, ça me plonge dans la plus profonde perplexité. J'adore Paris, je me demande bien si j'aurai un jour fini d'explorer les replis de son manteau. Comme tout pays étranger, on est parfois un peu dérouté par la langue, mais on finit par comprendre une bribe, puis deux et on est fier comme le jour de Noël (c'est à dire pas plus que d'habitude, mais content quand même. Oui je sais j'aurais dû dire "content" tout de suite, mais j'aurais pas pu ouvrir de parenthèse pour vous faire perdre le fil). Bien sûr on n'en dit rien et dans le courant de la discussion, on glisse en souriant avec un naturel qu'on espère même pas crédible sa première phrase sujet-verbe-complément. Ah j'en ai appris, sans doute autant que j'en ai oublié, cet après-midi-là. Et je ne manque pas de vous en faire profiter parce que j'aime rendre service.
En fin d'après-midi, alors que je m'activais pour attraper au vol une lampe halogène (oui parce que quand ça merde chez moi, ça merde. Vendredi, lors de cette journée de cauchemard, pour couronner le tout, ma lampe halogène est morte. Pas l'ampoule, hein, la *lampe*), j'ai vu ça et je repensai à l'enthousiasme de mes compagnons de l'après-midi devant des figurines de plastique dans des vitrines de verre :
Alors j'ai bien fait attention, et je peux vous dire que là par exemple, il faut se tourner vers quelqu'un et dire "cosplay ?". La prochaine fois que vous passerez sur les quais près de Châtelet, grâce à ce petit tuyau, vous aurez l'air moins ridicule. Non-non, ne me remerciez pas. Mais attention, si vous ne prenez pas l'air assez naturel, les personnes averties risquent de se moquer de vous, je vous aurai prévenus...
12:11 AM
vendredi, octobre 07, 2005
Ce n'est pas normal de pleurer trois jours de suite. Ce n'est pas normal que ça n'aille pas et que ça continue. Il y a un paquet de choses qui ne sont pas normales. Ca fait longtemps que j'ai pas vu le soleil. Je suis fatiguée. Ca ne veut pas s'arrêter de couler, pourtant il y a tout un programme à tenir. Mais ça dépasse et je ne m'en sors pas. Le seul moyen de m'en sortir c'est de jouer à la fille qui se lève, se passe un peu d'eau sur le visage, efface les deux dernières heures, remodèle son cv et sa lettre de motivation pour aller la porter ensuite aux destinataires. J'ai l'impression de tenter l'ascension de l'Everest sans préparation et sans matériel. Bordel Bordel Bordel Allez, le temps file.
12:54 PM
jeudi, octobre 06, 2005 These are the days of open hand Un quai qui se vide, les gens qui s'éloignent, et personne. J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part. Plus tard. Une cuisine dans une maison silencieuse. Deux personnes assises à une table. Il souffle longuement, de fatigue, de lassitude, l'oeil éteint. Elle vient juste d'arriver. C'est la deuxième fois qu'elle manque de repartir, tout de suite. Plus tard. Une fille assise du côté passager pleure à côté d'un jeune homme au visage fermé. J'aimerais avoir été sur le bord de la route pour lui faire un petit signe de la main, lui dire ne t'inquiète pas, ça va aller.
12:29 PM
lundi, octobre 03, 2005 Une étoile, une éclipse, et moi, peut-être Je viens de me rendre compte que les paroles collent tout à fait sur "A ton étoile". La version de Tiersen, naturellement, sinon ça n'est pas drôle. Je l'ai peut-être su quand je l'ai soumise à Nava, si je l'ai su j'ai bien pris soin de l'oublier pour que ça me revienne en pleine face. Le 11 août 1999, rayonnante en plein milieu d'une tempête où personne n'a été épargné, assise quelque part dans le terrain vague de Jussieu la Bilalienne, je me plaçais sous le signe de l'éclipse. Je pensais au démon à la gueule ouverte, yeux écarquillés, sourcils froncés, deux croissants de lune dans les mains. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, cette image m'avait apaisée. Et aujourd'hui ?
6:55 PM
samedi, octobre 01, 2005 Typos et fond Il frappe à la fenêtre, le petit râblé, visage hilare, petits cheveux toujours trop longs retombant sur ses petites lunettes ovales. Un seul regard, et avant même qu'il ouvre la bouche, je m'attends à ce qu'il va dire. -alors, ça vous a plu ? Dans le langage de l'enfant Bhija, il convient de prononcer la phrase précédente : "alors, ça vous a trop fait triper, n'est-ce pas ?". Je soupire. -ben... -vous l'avez pas lu ? (et voilà, forcément, si je ne tombe pas en pâmoison devant le chef d'oeuvre, la seule explication rationnelle, c'est naturellement que je ne l'ai pas lu) -euh, en fait... -bon alors ? Je sens qu'il commence à s'impatienter, relativement. Je cherche les mots pour dire ce que je pense sans blesser. -eh bien disons, euh, j'ai pas trop accroché... En fait. Enfin un peu, enfin il y a des passages qui sont... Enfin. -Bon ça vous a pas plu. Pourtant c'est bon. -Bhija, vous êtes mignon. Je suppose que ça l'agace, mais c'est vrai. Une telle suffisance finit par avoir quelque chose d'attendrissant. A petites doses tout de même. Cette capacité à (faire mine de) considérer comme une chose acquise qu'on l'adore. -Bon mais alors qu'est-ce qui vous a pas plu ? Lippe basse du petit garçon qui arrive pas à faire semblant jusqu'au bout. Je n'arrive plus à me souvenir de ce que j'avais dit à l'époque. Il y a prescription, c'était bien en... Pffff... Il y a trois ans et demi, quatre. Et puis c'était un petit texte qui parlait d'un week-end sensuel avec une jeune fille (ce n'est pas rien mais il a fait mieux). Je crois pas avoir osé lui dire qu'en fait il tombait dans les deux défauts que je trouve les plus emmerdants dans l'érotique, d'une part la mièvrerie, d'autre part la technicité froide. Véronique et Davina dans un cadre en forme de coeur. Toutouyoutout mon amour (tiens, je dois penser un peu trop à Duras en ce moment). Pourtant il en a écrit, des trucs que j'ai aimés. Je me souviens d'un bout de roman qui partait dans tous les sens avec une scène de transmission du souffle face à la Tour Eiffel en plein hiver : une vraie belle scène. Mais la petite nouvelle érotique me laissait de glace. J'y repensais il y a quelques jours. Je voulais la ré-écrire, la fameuse nouvelle. Mais j'aurais été mal à l'aise d'entrer dans les souvenirs de quelqu'un pour tailler à vif... C'est très personnel finalement de pointer un détail, de polir les angles, de reprendre l'ensemble pour offrir de la rondeur aux sécheresses, d'aiguiser le style autant que les appétits de personnages liés par de simples fils de soie. Et puis finalement ça fonctionne peut-être comme les langues vivantes : la meilleure méthode pour écrire ce genre de littératures, ne serait-ce pas tout simplement tomber amoureux ? Cannibalisme d'automne, festins baroques, syncope et constance, lenteurs graves et poursuites dans un jeu de dédales ; délirer d'amour, dériver d'ardeur... Ce serait une bien belle période pour cela.
1:02 AM
vendredi, septembre 30, 2005 De retour (en chansons) Bon, ça ne passera pas tout de suite mais quelques antidotes se sont montrés efficaces. Pour vous donner une idée, je suis en train d'écouter ceci (je me suis débrouillée pour que tu n'aie qu'un lien à cliquer, c'est bon, tu crois que tu pourras y arriver ?). Ca colle assez bien à l'esprit du moment, avec un peu plus de fatigue tout de même. Il serait temps que je lâche un peu Miossec. Il serait temps que je cesse de perdre du temps comme si je devais en avoir toujours. C'est décousu, là ? C'est normal, je suis pas encore tout à fait remise. J'écoute ça, la tête sur les mains, je me remets certaines idées en place. Et puis si après ça tu as le coeur fendu en deux, tu peux écouter ça, ça ira tout de suite mieux. D'ailleurs ça va pas si mal, si ?
Dans ma boîte est tombée une proposition qui disait en substance : "dis ça te dirait de t'occuper de la vente de mes spectacles ? Il doit y avoir assez d'argent pour rémunérer deux personnes." Sachant que ce sont des spectacles carrément super, je devrais pas avoir à trop pousser mon enthousiasme... Je ne peux pas vous dire le nom dudit groupe ou vous faire écouter ce qu'ils font, vous comprendrez pourquoi. Par contre, si vous avez aimé les aventures dans les méandres du collège Jacques Decour, je suis tombée sur un petit morceau qui me fait penser un peu à cette ambiance. Aldebert. Je crois que je vais me renseigner un peu plus sur le jeune homme.
1:00 AM
jeudi, septembre 29, 2005 Pause Un début de nuit recroquevillée au fond de mon lit. Il pleut dans ma tête. Ce matin je n'avais pas envie de me lever. Pas de cataclysme. Juste un gros raz le bol, là tout de suite. Alors je vais faire autre chose, travailler beaucoup par exemple, et je reviens quand ça va mieux. Ca m'évitera de dire des choses désagréables. Et qui serviront à rien, surtout. A bientôt.
11:03 AM
mardi, septembre 27, 2005 Et toujours aucun sens Ceci est un texte que j'ai écrit il y a quelques mois. Ca aurait pu être une chanson, mais j'ai la colère gênante. Et il arrive encore qu'on ne me voie pas alors que j'aimerais bien. Ca ne sera donc pas une chanson. A moins que je ne m'y mette moi-même. Ca faisait un moment que je vous avais pas entraînés dans les coins sombres. J'avais peur que vous me preniez pour une fille mièvre...
C’est le métal qui protège C’est le métal qui ruine Dis moi y as-tu songé ce qu’on laisse derrière soi tout ce qu’on ne saura jamais chercher finir par trouver Raisons, motifs, outrages Mais la sève toujours la sève Qui te ronge qui t’affame Toujours trop ou trop peu Les mains vides et la rage Un monde en diagonale Et toujours aucun sens Et toujours aucun sens
Sourd, muet, aveuglé Et la tristesse sans fard Horizons assombris De la fadeur partout Tout boire jusqu’à la lie Oublier chaque fois Le hasard n’a pas su Fossoyeur du désordre Toutes ses bonnes intentions La chaleur et le bruit En compagnes fraternelles Et l’ivresse enfin Et toujours aucun sens Et toujours aucun sens
Enfermé en soi-même Plus sûrement qu’ailleurs Encore les poings qui saignent Existences imprécises Les visages qui s’effacent Le parfum de la terre Le diaphragme qui grille D’être toujours témoin De la même inconstance La furie mensongère Quel sens à tout cela Y croyais tu dis moi A la sève apaisée Aux lendemains qui chantent A vivre à en crever Mais toujours aucun sens Mais toujours aucun sens
lundi, septembre 26, 2005 Conte rendu L'histoire commence vendredi soir. J'ai redressé mon appart comme j'ai pu pour pouvoir le recevoir. La lune décroissante a surveillé les opérations. Des années qu'elle domine la cheminée. Des histoires astrales me viennent en tête, je repense à un démon dévoreur qui avale régulièrement le soleil et la lune dans ma petite mythologie. Je repense au 11 août 1999. Et puis j'ai vu le jeune homme que je devais recevoir. Fidèle à son image. Sa stature imposante me rendait plus petite encore. Je regrettai très fort feu mes chaussures à plate-forme spéciales concert, dont les trapèzes me permettaient de gagner d'un coup quinze bons centimètres. Trouver autre chose. Du coup j'ai commencé par le perdre dans le quartier de gare de l'Est, par lui faire enlever ses chaussures, deux fois, pour ensuite le couvrir de cendres, et lui faire boire du lait dans la paume de sa main droite. Après ça allait mieux, un peu ;) Discussion fournie jusque tard dans la nuit. Petit à petit les chronologies qui se mettent en place. Des portes qui s'entrouvrent, un peu. Un japonais le samedi midi avec deux personnes très agréables, ça parle de plein de trucs bien et notamment, dans le désordre, de Japon, de bouquins et de godes à paillettes (enfin, d'un gode à paillettes, ce qui est amplement suffisant). On embraye sur un circuit exhaustif de visite des échoppes de jeux de rôle, de bd, manga et affiliés. Je comprends mieux pourquoi les rôlistes sont attirés par ce coin. Nos guides connaissent leur domaine, c'est du pur bonheur. Moi qui n'y connais rien j'écoute, et ce qui fait du bien c'est qu'ils se donnent le mal de repêcher la pauvre béotienne que je suis sur le sujet. Déjà ça c'est pas rien. Ce qui est beau aussi c'est l'enthousiasme qui se dégage de chacun des trois. Bon d'accord ça les fout sans doute régulièrement dedans financièrement mais c'est tellement bon de voir des gens vivants que je me demande si on pourrait pas demander à la Sécurité Sociale de couvrir un peu leurs frais de temps en temps. Et puis ce circuit avait la vertu de ceux qui l'ont mené, c'était le circuit de gens qui avaient vraiment envie de faire plaisir à leur visiteur, et ça c'est peut-être ce qui m'a le plus touchée. Des personnes que je reverrai avec un vrai plaisir. Soirée avec Thiom et un parfait inconnu, petits plats dans les grands avec foie gras et confit à la Thiom, une soirée qui file gentiment. Sinon oui, il y a eu un dimanche, consacré en somme à la contre-productivité dans son immaculée splendeur, avant que je ne raccompagne mon invité jusqu'à la gare. J'ai poussé mon perfectionnisme dans la contre-productivité jusqu'à oublier chez moi le thé que j'avais promis à Forgon (je reparlerai de lui une autre fois). Pour la deuxième fois de la journée. Avec le feu dessous. J'entends d'ici les applaudissements à la Pérusse devant la performance.
11:53 PM
jeudi, septembre 22, 2005 Fabienne Franseuil chez Paris Dernière ? Rentrant chez moi, dans ce soleil rasant qui rend les gens beaux. Sur la place, un jeune homme m'interpelle. -C'est quoi ça ? Il désigne mon dos. J'ôte une oreillette, interromps mon dialogue muet avec Barbara. J'explique. Il sourit. -Vous connaissez Paris Dernière ? Vous savez, l'émission de Ardisson ? Ils font des sujets sur des choses comme ça. Vous devriez les contacter, ça les intéresserait... Faut faire connaître ça, ça serait bien de diffuser... C'est courageux en tout cas de faire ça... Je m'empourpre discrètement, regarde le microscopique détail qui a entraîné la discussion, remercie chaleureusement. "Courageux", quel drôle d'adjectif.
9:41 PM
Soma sêma ? On m'a posé il y a quelque temps une question toute simple. "Vous souvenez vous du moment où vous avez eu le plus mal physiquement ?" Ce n'est pourtant pas compliqué, et depuis le temps que je fulmine contre le dénigrement du corps que nous impose notre culture... Pourtant impossible de répondre à cette question, et pas à une autre. On ne se blesse pas qu'à vos champs de bataille... 9:27 PM
Pars surtout ne te retourne pas Fais ce que tu dois faire sans moi Quoi qu'il arrive je serai toujours avec toi alors pars et surtout ne te retourne pas. Jacques Higelin.
Plusieurs mois qu'elle revient sans cesse, la petite chanson, régulièrement. Voir, savoir, quand les autres ricanent aveuglément sous l'effet de l'ignorance ou de la peur. Comme si je n'avais pas assez de la mienne à affronter. Parfois c'est... dur. Les dunes succèdent aux dunes, parfois un mirage, parfois une image lointaine, et le plus souvent le seul son de mes pas étouffés par le sable. Ce n'est pas tout à fait le moment de penser à ça. Je sais ce que je laisse derrière moi ; je sais ce que je cherche. Un revers de la main et je continue mon chemin.
12:55 AM
samedi, septembre 17, 2005 J'aime. Mon patrimoine Ca y est, j'ai compris, hier, le sens de ce thème des journées du patrimoine. Il suffisait de corriger la ponctuation. J'ai compris quand j'ai vu que le collège-lycée Jacques Decour ouvrait ses portes. Peut-être était-ce déjà le cas les années précédentes, mais je ne m'en suis rendu compte que cette année. Ca devait bien faire une bonne douzaine d'années que je n'étais pas entrée. Jacques Decour. 5ème 2. 1989-90, quelque chose comme ça. En Allemagne, le Mur venait de tomber. Dans ma tête, les murs se faisaient plus que jamais infranchissables. Emmurée vivante, voilà ce que j'étais. Mon père venait de faire une rupture d'anévrisme. De l'autre côté de la frontière. 47 ans. Malformation vasculaire. Indétectable avant qu'il ne soit trop tard. Et héréditaire. Merci mon petit papa. Tu m'auras au moins offert Paris, en dernier cadeau. Et ça, c'était un vrai cadeau. Pendant que tu étais dans le coma, j'entrais à Jacques Decour. J'allais y faire un exposé avec Sarah sur le Requiem de Mozart. J'y travaillais encore quand un matin très tôt, ma grande soeur est venue dans ma chambre me dire qu'"il va falloir que tu sois très forte". Ne décrochez jamais le téléphone avant huit heures du matin, vous apprendrez les mauvaises nouvelles bien assez tôt. Je n'étais pas là pour présenter l'exposé. Jacques Decour. Cours d'anglais. Ah, les cours d'anglais. Les places imposées par la prof. Et puis ce déplacement tout aussi imposé par la même prof, parce que le gars Clément, un cador angélique et infernal à la fois, avait tendance à trop discuter avec son petit camarade et sans doute pas en anglais. J'étais à l'origine à côté d'une petite blonde toute timide, qui devait s'appeler Frédérique. La petite blonde s'est retrouvée à côté d'un petit jeune homme qui s'appelait Grégory K. Tandis que de mon côté, je déménageais derrière avec le gars Clément. Devant moi, j'avais le dos de mon premier amour. Bien sûr le jour où j'ai dû m'installer à côté du cador, je ne savais pas que j'avais juste devant moi mon premier amour. On était en début d'année scolaire. C'est peu à peu que j'ai réalisé ce qu'il se passait. Un amour fort est comme une maladie, on peut en suivre la progression jusque dans son organisme. Une légère tension, un léger tremblement. Trois fois rien. Quelques dixièmes de degrés, juste ce qu'il faut pour que les joues s'empourprent, imperceptiblement (du moins c'était ce que j'espérais). Et on a beau essayer de prévoir le truc en se couvrant, en buvant du jus d'orange par intra-veineuses, rien à faire, ça vous prend à la gorge puis ça vous secoue et vous ne maîtrisez plus rien. Mon niveau d'anglais doit sans doute énormément à cette situation. Plusieurs années après, une autre histoire entérinerait la chose : être capable de m'exprimer en anglais était devenu chez moi un acte d'amour. J'ai eu l'occasion de contempler à loisir le dos du jeune Grégory. Une stature fine, il n'était pas du genre à frapper comme un malade en basket. Un garçon qui préférait rester à l'intérieur quand les autres faisaient un foot dehors. Et la chevelure de Grégory, de lourdes boucles sombres et brillantes. Si j'avais pu faire le lien entre cette chevelure et celle que les sculpteurs hellénistiques faisaient à leurs statues d'éphèbes, je serais aujourd'hui l'une des plus éminentes héllénistes de la scène française. J'étais fascinée. Grégory faisait de la calligraphie. Il avait découvert la calligraphie en début d'année. Petit porte-plume, plume étroite et courte, encre de Chine. Il calligraphiait avant le cours, dans ces salles profondes et sombres aux fenêtres qui forcent à regarder haut pour apercevoir un bout de ciel (bonne habitude si vous voulez mon avis, de forcer les enfants à porter leur regard vers le haut ;)). Deux yeux d'un brun chaud cerclés de petites lunettes arrondies (ne vous demandez pas pourquoi je suis attachée à mes petites lunettes). Penché sur sa feuille, luttant contre l'encre rétive qui parfois, pour se venger, lui tachait les doigts. Son silence, sa silhouette penchée sur le papier me reviennent encore aujourd'hui. Je regardais les porte-plumes fleurir sur les tables des plus brutaux des garçons de ma classe en souriant de ces tentatives de duplication. Je n'étais pas la seule que fascinait le garçon calligraphe. Moi-même je sacrifiais à la calligraphie, écrivant des choses que je n'aurais naturellement avoué sous aucune torture. J'avais fait l'acquisition d'un porte-plume de couleur bleue, sur lequel je montais des plumes rigides comme la justice, mais qui s'assouplissaient au fur et à mesure. Si bien que même la gauchère que je suis parvenait à des résultats presque satisfaisants. Qu'écrivait-il, le calligraphe ? Ca je n'en ai jamais rien su. Que voulez-vous, je pouvais me disputer à grand renfort de noms d'oiseaux avec tous les garçons de la classe, il y en avait un, un seul que j'évitais soigneusement. C'était tellement systématique que je suppose que quelqu'un d'un peu attentif aurait pu se rendre compte de ce qu'il se tramait bien avant que je m'en rende compte moi-même. La règle s'était composée progressivement en moi comme une évidence élémentaire : on ne touche pas au garçon calligraphe. Trop secret, trop fascinant. Ce garçon n'était pas pour moi. D'ailleurs ce n'était pas un garçon, c'était K., c'était pas pareil... Je ne pouvais pas supporter l'idée qu'il apprenne... Et même quand quelques années, j'avais envisagé de lui dire, je préparais une petite valise et je projetais de repartir pour l'Allemagne. Il était impossible qu'il sache et que nous vivions dans le même pays. Une telle situation m'aurait semblé d'une prétention délirante, et pour tout dire sacrilège. Je n'osais pas l'appeler par son prénom. Pour moi il était K. Un nom à consonnance juive, qui posait assez de distance pour que je puisse m'en servir. Je ne sais pas pourquoi j'avais évoqué son nom devant ma mère, mais elle m'avait parlé de mères juives, de leur traditionnelle possessivité (ah le grand savoir maternel...), touça touça... Une barrière qui venait s'ajouter à mes propres murs. Ah ça pour sûr, mon secret était bien gardé : je n'avais aucune chance. Avec un garçon je n'avais aucune chance (de toutes façons les garçons ne m'intéressaient pas) alors avec K... Alors je déambulais dans la cour, je l'observais de loin, à la dérobée.
Je le regardais, toujours du coin de l'oeil, sourire d'un fin sourire, l'oeil plus brillant que jamais, pendant que des caïds de la classe bloquaient toutes les serrures des portes des salles de cours de la cour du collège, juste histoire d'échapper à une dizaine de minutes de maths pour le prix modique d'un demi-sachet de pipas (à peine trois francs à l'époque si je me souviens bien). Les portes grises refusaient de recracher les écorces de graines de tournesol savamment insérées, et la prof avait envie de se pendre. Elle pouvait se rassurer, ce n'était pas elle, mais son collègue d'histoire qui allait, quelques années plus tard... ce vieux fou de Fontaine ne vivrait pas si vieux. Il m'avait appris la loi de l'Habeas Corpus, il m'avait appris aussi que j'étais capable de faire des choses qui me ressemblent, et que ces choses pouvaient avoir de la valeur. Sa salle de classe était au deuxième étage, je n'ai pas trouvé le grand escalier carré en bois qui sentait le chaud et menaçait ruine. A la place, des installations complètement rénovées, lino au sol et grilles de métal. Autres temps... Là où se trouvait le fief de "ce vieux fou de Fontaine", l'estrade où il gesticulait avec enthousiasme, le ventre rebondi et la barbe grisonnante sous son visage de père-Noël sous acide, il y avait une salle de techno habitée par un petit bonhomme qui s'occupait de petites voitures télécommandées (oups, des robots, devrais-je dire ;)) et qui offrait aux visiteurs une petite démonstration. J'étais la seule visiteuse. Dans un discours qu'il avait manifestement préparé, il a commencé à m'expliquer les activités qu'il faisait avec les enfants. Voyant mon sourire fendu jusqu'aux oreilles, il a marqué une pause au cours de laquelle il m'a demandé si j'avais un enfant scolarisé ici. Voilà bien longtemps qu'on m'appelle madame, mais j'avoue que celle-ci, on ne me l'avait encore jamais faite ;) J'explique ce que je fabrique ici, sans cesser de sourire.
Son téléphone sonne et je peux me replonger dans les méandres de mes souvenirs. La classe de Fontaine. Je l'avais revu quelques années après mon départ, je lui avais dit combien ses cours avaient pu compter pour moi. A cette époque les lieux n'avaient pas encore changé. Fontaine de son côté avait déjà fait une dépression, s'en relevait comme il pouvait. Il était plus calme qu'au temps où je prenais place sur les chaises de sa classe. Il faut se méfier des gens qui sourient, qui manifestent leur énergie vitale avec trop d'ostentation. Ils sont fragiles. Si jamais ils cessent de briller de l'intérieur durant une période prolongée, ils réalisent qu'ils sont dans le noir et prennent tellement peur que la réalité leur devient insupportable. La classe de ce vieux fou de Fontaine était pleine de lumière, il y avait de petites fenêtres qui donnaient sur les toits de l'immeuble d'en face. Le sol était de parquet, quand il faisait chaud la pièce fleurait le bois chaud et la craie, quand nous revenions du sport et qu'il avait plu à seaux, elle sentait le bois mouillé et tous les parfums des bonbecs qu'on achetait en face de l'école dans une petite échoppe qui vendait des araîgnées et des rats en gélatine, énormes aussi grands que nos mains ouvertes à plat et tout colorés, et puis des pipas, en prenant bien soin de garder les écorces pour les cours de math du matin.
Le dernier cours de Fontaine. Ca je ne l'ai jamais oublié. Le contenu du cours m'échappe un peu, comme il m'avait passablement échappé alors. J'avais la tête ailleurs. J'étais en train d'envisager de faire une chose absolument délirante, et j'essayais de rassembler tout ce que je pouvais avoir de courage pour le faire. Quelques jours plus tôt j'avais fait l'acquisition à la papeterie au bout de la rue d'un porte-plume de couleur verte. Non, je n'avais pas perdu le bleu. Non, la couleur me convenait toujours et le mécanisme fonctionnait encore à merveille. La fin du cours s'approchait dangereusement, et la cloche a sonné sans que j'aie suffisamment de courage pour mettre en oeuvre mon plan. Tout le monde ramassait ses affaires en faisant un boucan incroyable, le dernier jour de classe de l'année, la dernière heure de cours avant les vacances. Dehors il faisait beau, j'étais toujours assise, à peine mobile dans une vaine tentative de ramasser mes affaires pour les fourrer dans mon sac. Je n'avais pas déblayé la moitié de mon fourbi que Grégory passait le seuil de la porte et s'engageait dans le couloir. Je me sentais misérable, mais j'avais une idée de ce que ça serait si je ne faisais pas quelque chose. Je me suis levée et j'ai filé à toute vitesse, le poing serré sur mon porte-plume bleu. Grégory K. avait eu du mal à se frayer un chemin dans le couloir, tout le monde chahutait. Je ne sais pas si je l'avais appelé ou si je lui avait tapé sur l'épaule, je suppose que je l'avais appelé parce qu'il ne faut tout de même pas exagérer. De manière assez inattendue, il s'est retourné. Affolement général. J'avais la tête pleine de mots qui, bien alignés quand je préparais mentalement ce moment, s'étaient complètement mélangés. La course sans doute. J'ai fini par balbutier, rouge comme une pivoine, que je venais d'acheter un nouveau porte-plume et que du coup je n'avais plus besoin de l'ancien qui fonctionne encore très bien hein, "et comme tu fais de la calligraphie... tu le veux ?". Il m'a dit que c'était très sympa, m'a remerciée, puis il a repris son cheminement vers la sortie. Naturel, désarmant. Bras ballants, vidée, je suis restée un peu dans le couloir. Je tenais à peine sur mes jambes, les larmes me montaient aux yeux, c'était ridicule mais quand même, j'avais beau cligner comme une folle pour éviter qu'elles ne tombent ça n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter. Je regardais par la fenêtre, ici : et je l'ai vu marcher gentiment, traversant la cour en diagonale. A cette époque il n'y avait pas ces préfabriqués. En tremblant, je suis retournée dans la salle de cours, j'ai fini de déblayer mes affaires en quatrième vitesse puis je suis descendue tout aussi vite. Je descendais en essayant de retenir les détails de ces lieux, je longeai le cloître et bientôt j'étais dehors. Dehors, sa silhouette avait disparu.
Je changeais de collège l'année suivante, je quittais Jacques Decour, dans le 9e, pour un collège du 13e, à dix minutes de là où nous vivions... Je n'avais pour ainsi dire pas le droit de sortir. Paris étant à l'époque pour ma mère "cette catin de Babylone", raison de plus. Raison de plus effectivement pour que de mon côté j'essaie tous les chemins histoire de voir un peu de pays avant de rentrer. Comme par hasard, mon trajet favori, c'était la ligne de bus du 67 que je prenais place Pigalle.
L'un des seuls cas où j'aie désobéi à ma mère, c'était quand l'année suivante, en fin d'après midi, au lieu d'aller en permanence parce que le prof de musique était malade, je me projetais dans le métro comme un boulet de canon pour être à la sortie de Jacques Decour avant la fin des cours. Absolue nécessité. Même si je n'ai jamais plus osé lui adresser la parole. Voilà. Mon patrimoine, c'est ça. Les photos sont un peu claires, donnent une vision paisible, plutôt à l'image de mon état d'esprit d'hier. Le temps passe. Et c'est bien.
8:55 PM
vendredi, septembre 16, 2005 Quand je mange des raviolis, je me sens moins seule ... parce que j'ai l'impression d'avoir un animal de compagnie. Auquel je suis en train de servir sa pâtée ;)
9:36 PM
Epuisant ...d'être appréciée de quelqu'un qui vous méprise trois lignes de dialogue plus loin. On va y aller doucement, ce soir. Pourquoi faut-il que ça tourne au vinaigre ? Pourquoi si rapidement ? Pourquoi faut-il que je le prenne si mal ? Pourquoi faut-il que je me sente si coupable, d'office ? Je sais ce n'est pas très profond, très littéraire, ni très productif, j'avais juste besoin de poser ça quelque part.
9:02 PM
mercredi, septembre 14, 2005 Send me dead flowers to my wedding Mon cerveau est un petit rigolo. Cette nuit j'ai rêvé que je me mariais. Oui, je sais, je suis encore mariée, mais ce n'est pas la première chose qui me surprend dans ce rêve... Pour en rajouter un peu à l'incongruité de la situation, c'était un mariage traditionnel. Je ne pensais pas que le musée des ATP de Strasbourg m'avait marqué à ce point, ma visite date d'il y a deux ans. Ce mariage était précédé de deux cortèges. Le premier, allant de la maison de la fiancée à celle du fiancé, avait déjà eu lieu. Le second se rendait en sens inverse jusqu'à la maison de la fiancée où les festivités devaient se dérouler. C'est à l'occasion de ce cortège que commence mon rêve. Je suis la file des gens qui marchent dans les hautes herbes à travers les champs. Manifestement, mes parents vivent dans une maison très reculée. Le cortège se compose de personnes vêtues de vêtements traditionnels, la coiffe arrondie, l'étoffe sombre des hommes, le visage fermé et grave de tous. Quelques jeunes gens s'agitent un peu pour tenter de donner une allure de fête à la chose. Mais c'est surtout le silence qui rêgne au-dessus des têtes penchées dans la marche. Je remarque une chose étrange : je suis habillée pour ma part de manière bien étrange, longue robe ocre, chapeau à motif de pelage de vache, bottes rose-violacé, improbables. Je me demande ce que je suis en train de penser de ce qui se passe, et pourquoi je me suis habillée de cette manière. Les autres à côté ne prêtent pas attention à moi, ils me verront bien assez tôt dans cette tenue que je n'aurais pas le mauvais goût (supplémentaire) d'enlever, par orgueil sans doute. Parmi ces gens se trouve mon futur époux. Je fais de mon mieux pour ne pas voir son visage mais les personnes à côté de moi portent des portraits de lui. Je détourne le regard et presse le pas. Je dépasse le sommet de la colonne puis j'entre dans ma maison. Une grande bâtisse au toit pentu, à l'intérieur de bois sombre, morcellé en pièces par des cloisons, de bois également. On se croirait presque dans une maison japonaise. Tout est vide pour accueillir les invités, et ma mère passe d'une porte à l'autre pour les derniers préparatifs. Elle s'arrête net quand elle me voit et se met à me suivre tandis que j'erre aussi profondément que je peux dans les fin fonds de la maison. Elle aussi tient un portrait. -Mais tout de même il va être ton époux ! Tu ne veux pas le voir avant ? -Je t'ai déjà dit que ça n'avait aucun intérêt. -Tu n'es pas venue aux rendez-vous qu'on avait fixés, tu ne sais pas qui il est, vous n'avez pas appris à vous connaître. C'est là que je lâche la phrase autour de laquelle tourne tout ce rêve. -J'apprendrai à l'aimer. Résignée, j'ai vraiment l'air déterminée. Je n'en démordrai pas. Ce seront des noces de glace. Même quand il entrera et s'installera dans l'une des pièces, je m'arrangerai pour ne jamais avoir à en passer le seuil. Je le connais juste assez pour savoir que ce n'est pas un méchant garçon, qu'il y a peut-être moyen de coexister pacifiquement avec lui, en bonne intelligence. Et les femmes s'activent pour la cérémonie qui doit avoir lieu à l'église voisine.
Mais qu'est-ce que je fabrique dans ce rêve ? Dites, s'il m'arrivait quelque chose dans ce genre, vous viendriez à mon secours ?
9:11 PM
mardi, septembre 13, 2005 Hommes, vous êtes pires que nuls, vous êtes petits. Et laids. (Tristan-Edern Vaquette) (et merci à Kobal2, parce que quand même) J'ai renoué un tout petit peu avec MSN et certains de ses habitants, juste le temps de me retrouver dans une situation étrange qui m'a fait regretter de ne pas avoir plutôt choisi un bon bouquin le soir où je me suis mis en tête de me reconnecter. Il y a un moment où on est obligé de croire un minimum ce que racontent nos contemporains pour interagir un peu avec le monde extérieur. Or je viens d'apprendre que même ce minimum est excessif pour certaines personnes. Je suis naïve ? Voilà comment ce qui devait être une belle aventure de non-exclusivité (je ne voudrais pas souiller le terme de polyamour en le compromettant hors de cette parenthèse) se transforme en relation extra-conjugale. La personne avec laquelle j'ai frayé était certes bel et bien dans une relation libertine avec sa copine, c'est seulement que celle-ci n'était pas encore au courant... En somme, un moment laid, médiocre, sans aucun intérêt. C'est un peu ce que j'ai pensé de celui qui était à côté de moi quand j'ai appris qu'il n'avait pas cessé de me mentir de manière éhontée, et ce pour des raisons qui restent plus que nébuleuses. Non que je me prenne pour le Bras Armé de la Justice, pour la Championne de la Morale, mais bizarrement j'ai une nette préférence pour les personnes qui comme moi essaient de jouer cartes sur table. J'aurais autant aimé ne pas me retrouver mêlée aux histoires à double fond d'un pauvre petit garçon perdu au seuil de sa quarantaine. Brrrrr. J'aurais voulu être ailleurs. Enfin ce n'est pas très important. Je suppose qu'il faut bien que ça arrive de temps en temps. Pour toutes les fois où j'ai posé ma confiance entre les mains de ceux qui ont su la garder.
5:58 PM
lundi, septembre 12, 2005 Sous les mots Je me promène avec une phrase en pendentif. Je la porte depuis que j'ai réalisé qu'elle n'avait pas qu'un sens.
La suite a du mal à s'enclencher mais je suis de retour, après une période de turbulences où je me suis murée dans le silence, pour vivre autre chose. Mon courrier en retard prend des allures bibliques, le nombre de gens que je devrais recontacter est alarmant, mais j'assure, j'ai confiance. Samedi c'était l'anniversaire de Thiom, ça m'a demandé pas mal de travail pour préparer tout ça. Je voulais que ça me ressemble, et ça a marché au delà de ce que j'aurais pu espérer. C'était important. Avant ça, j'ai failli partir à Rome et finalement je suis partie à Epi-nal. Eh bien croyez moi si vous voulez, c'est une ville très agréable, même si effectivement, c'est minuscule, et que je suppose que c'est une autre paire de manches quand il tombe des hallebardes ou qu'on est bloqué par la neige. Nancy aussi, jolie ville, avec quelques bâtiments à tomber dans le style art Nouveau. Ne le répétez pas mais je nourris depuis de nombreuses années une tendre affection pour Emile Gallé et Daum. Je suis fascinée, leurs travaux font partie de ceux vers lesquels je pourrais revenir avec une fébrilité renouvelée. Depuis mon retour à Paris, je passe de belles journées, un peu brumeuses parfois, à danser sur mon tapis rouge sur les dernières acquisitions musicales de cet appartement, je croque à pleines dents dans des fruits qui me rendent l'été que je n'ai pas eu, je bois dans les verres les plus fins que j'ai des vins sombres, j'ai rencontré quelques personnes vives que je croise de loin en loin, je lis, aussi, des livres que je n'arrive pas à lâcher. Je me suis un peu laissée rêver à ce que je ferais si j'avais davantage de temps. J'ai posé quelques lignes. Alors forcément, au moment d'écrire tout ça ici de manière bien ordonnée, ça a du mal à sortir. Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé.
9:45 AM
mardi, août 30, 2005 La suite, bordel, la suite ! Comme je m'y attendais, une drôle de période suit celle des écrits. Je suis vidée, épuisée, préoccupée aussi. Le vernis a craqué tout à l'heure, juste un peu. L'angoisse a commencé à m'étrangler tout doucement. Les questions que j'avais laissées en suspens pendant la période de révision des écrits sont revenues, plus pressantes et plus nombreuses. Les choix m'attendent, certains me font peur mais je les prendrai. En janvier ma vie sera complètement différente. En janvier je prends mon indépendance financière et matérielle. Il y a un paquet de choses que je devrai apprendre en quatrième vitesse et sur le tas. C'est bien. Ca fait peur mais c'est bien. Mais ça fait peur. Voilà où j'en suis. Je me raccroche à l'idée que les choses vont dans la bonne direction, même si ça risque de secouer un peu. C'est par là que je vais. Ce que j'avais commencé à construire, je l'ai démonté, peu à peu, pour arriver à des bases que j'espère plus solides, plus épanouissantes. Le début de ma vie d'adulte a commencé très vite, je me suis engagée dans une relation très forte avec Thiom, qui finalement n'a pas pu pu porter ses fruits et s'est retournée contre l'un et l'autre. Je me suis lancée dans d'autres relations, j'ai rencontré Nava. Dans cette relation il s'est produit des choses bonnes, et aussi un paquet de choses dévastatrices qui font qu'aujourd'hui je ne veux plus le voir. Question d'estime de soi, de perspective aussi. Il m'a fallu quand même du temps pour que les choses se décantent et que je comprenne ce qu'il fallait que je fasse. J'espère avoir appris à me protéger un peu, j'espère avoir appris à prendre de meilleures décisions. Enfin je ne me berce pas trop d'illusions, je suppose que je ferai encore un tas de bêtises, j'espère au moins qu'elles seront différentes. Je m'étais promis qu'à trente ans je serai bien dans ma peau. Aussi paradoxal que mes petits entreprises de déconstruction puissent paraître, je me rapproche de cette ambition. Mais je n'ai pas d'idée très précise d'où je me trouverai pour l'anniversaire de mes trente ans. Tout ce que je commence à savoir c'est où je ne me trouverai pas. Ca me rassure un peu. J'ai fait demi-tour sur une grande autoroute, comme si j'avais oublié en chemin quelque chose d'important. Voilà comment je me sens. Mais je sais que cette autoroute, je la reprendrai dans le sens orthodoxe, finalement. Et ce jour-là, elle me mènera à Rome.
7:49 PM
samedi, août 27, 2005 Premier jour de paix Ca y est, les épreuves sont terminées, enfin, les écrites du moins. Repos, maintenant. Ré-apprendre à penser en d'autres termes que la pure fonctionnalité... Encore déphasée. Des news plus tard...
5:40 PM
jeudi, août 18, 2005 Message à caractère informatif J'arrive à la fin de mes révisions. J'ai laissé (presque) toutes les petites interrogations autres que le concours de côté. J'espère m'offrir un vrai week-end cette semaine, sans livres, sans dissert, sans plans, rien que du repos, du soleil s'il y en a. Et sans prises de têtes, conflits cornéliens, ou rebondissements divers de dernière minute, si possible. S'il y a parmi vous des personnes qui trouveraient le moment approprié pour faire une grande mise à plat de problèmes vieux de plusieurs années ce week-end, s'il y en a qui ont découvert que la terre finalement était plate et qui veulent absolument m'en faire part, elles seraient gentilles de prendre un ticket pour l'après-concours. Si elles ne comprennent pas, qu'elles fassent comme si, ça sera amplement suffisant pour le moment. Merci d'avance. Sinon je confirme, c'est bien la dernière année que je fais ça.
1:07 PM
mardi, août 09, 2005 Des bouts de vie dans l'éphéméride Aujourd'hui c'est la saint Amour. Laissons tomber cinq minutes le Massacre de la Saint Valentin, ce qui s'est passé hier, ce qui se passera sans doute demain. Aujourd'hui c'est la saint Amour. Ca fait des années que quand il s'agit de trinquer, je bois toujours à la santé de l'amour fou. D'ordinaire on me regarde un peu de travers, un petit sourire en coin. Du genre : "elle est encore innocente, elle en reviendra". J'en ai pris bien comme il fallait, plein la face, j'ai couru à perdre haleine pour me cogner contre le mur d'impasses, j'ai aimé sans l'être en retour, j'ai été aimée sans aimer en retour, j'ai trahi et j'ai été trahie, parfois, j'ai aimé platoniquement, charnellement, avec les doigts, du bout des yeux, j'ai aimé comme on lit un bouquin au soleil, j'ai aimé à me sentir plus forte, plus grande, presque accomplie. Et le plus fort, c'est que je sais qu'il me reste des sphères d'amour à découvrir. Je porte dans mon coeur certains noms, certains prénoms qui sont autant d'amulettes qui me protègent. Grégory K. est l'un d'eux. Ce fut le premier. Pas un jour sans que je pense à lui. Silhouette vidée du peu d'historicité qu'il pouvait avoir, il est devenu pour moi la quintessence de l'amour qui rend meilleur, qui pousse loin dans les plaines des possibles. Je suis folle ? Sans doute, et alors ? tu auras une médaille pour ta salubrité mentale, tes dents blanches et ton haleine fraîche quand tu crèveras.
Je pense à bien d'autres personnes, elles m'accompagnent. J'essaie de n'en garder que le meilleur, les moments qui ont eu une réelle valeur à mes yeux. M'en servir pour avancer. Et en vivre d'autres, ailleurs, différemment. Ce soir je lèverai mon verre à la santé de l'amour fou. Parce que j'y crois, encore et toujours.
11:04 AM
lundi, août 08, 2005
Je crois n’avoir jamais été aussi mal et désorientée de toute ma vie. Comme il y a cinq ou six ans, lors de cette nuit dont datent les traces que j’ai sur la main droite. J’ai écrit ce matin un mail d’adieu à Nava, il en a accusé réception. Même si je pense que c’est bien et que je sais pourquoi je l’ai fait, ça s’est passé de manière très houleuse avant le message final. Sensation de vide, même si le vide était déjà là ça a quelque chose de... très troublant. Encore un adjectif qui ne correspond pas à la réalité, mais je n'ai pas la force de chercher mieux pour le moment. Mine de rien, et aussi parce qu'il n'y avait rien à dire, j’ai enchaîné sur une séance de travail avec Thiom, séance qui a dérivé en dispute de fond, une dispute grave. Il est parti de ma chambre en disant « si je suis le problème, vivement qu’on ne se voie plus ; quand je pense que tout le monde est comme ça ». Si seulement on arrivait à communiquer correctement, mais c'est bloqué, plus que jamais, et tout ce qu'on arrive à faire c'est à se faire du mal. Tout les problèmes se mélangent dans ma tête ; il serait temps de faire le point, de faire le tri. J’ai peur d’aller chez mon médecin parce que j’ai presque peur qu’il me fasse interner vu mon état. Cette peur vient à la fois de mon mépris alimenté de celui des autres et de l’état physique dans lequel je suis, où toute mes réactions naturelles (dormir quand je suis fatiguée, manger quand j’ai faim) sont complètement abolies. Il est urgent de faire quelque chose. Il faut que je m’en sorte. Il y a des choses importantes qui se décident maintenant. Pour l'heure je me sens comme un funambule. Un fumanbule qui viendrait de se rendre compte qu'il n'y a pas de corde en dessous. Rationnaliser et faire réapparaître la corde avant de tomber.
7:07 PM
samedi, août 06, 2005 Rétrospective L'année dernière, dès que j'avais terminé de travailler, je me mettais à pleurer. Je fuyais un problème que j'avais avec Thiom et qui me donnait encore plus de mépris de moi. Pour compliquer les choses, j'avais aussi des problèmes avec Nava. Ces mois d'été 2004 ont été très durs. Je crois que je ne savais pas encore à quel point. Cette année ? Je traverse une période étrange, faite de grands bas, de quelques très rares échappées vers le haut, et d'un état d'esprit étrange... J'affronte presque autant que je fuis, ç'en devient épuisant. Mais ça tient pour le moment. Je campe à Beaubourg pour la fin de ma période de préparation du concours. J'y trouve une ambiance propice au travail, je m'y trouve complètement plongée, sans livres, sans vaisselle, sans courrier, sans mail, sans lit, sans disputes avec Thiom. Je n'ai rien d'autre à faire que de bosser, là-bas. Je laisse à la porte tout le monde, les gentils et les moins gentils, ceux à la compagnie desquels je préfère faire du *tricot* dans mon lit (si vous êtes une fille, essayez un jour de troquer une soirée galère et décevante contre une soirée à tricoter au fond de votre lit, vous comprendrez le caractère profondément spirituel et jouissif de la chose). Je les retrouve peut-être en sortant, mais en attendant, quel bien ça fait... Je note ça ici parce que je suppose que j'aurai envie plus tard de savoir ce que j'avais pensé dans cette période qui est l'un des moments-clé de ma vie, et quand je vois combien c'est nébuleux déjà maintenant...
10:18 PM
jeudi, août 04, 2005 Suspendue dans le vide Voilà. Encore une discussion difficile avec Thiom. D'un commun accord nous avons décidé de l'arrêter parce qu'on risquait d'y passer toute la nuit. Cet arrêt, bien qu'il me semble préférable, me laisse dans un état tangent. J'ai pris un quart de Lexomil pour essayer de faire passer la vague, je m'apprête à m'allumer un narguilé à la pomme. Ca ne passe pas, j'ai une boule dans la gorge et mes clis qui clignent sans arrêt trahissent la vanité de mes tentatives de calme olympien. Mes yeux se posent sur une boîte de couleur bleue électrique, qui contient deux types d'étoffes. Une idée me vient. Je me glisse dans la plus douce des deux. Curieuses circonstances. Curieux effet. Je me calme peu à peu. Vous ne pensiez pas m'offrir une armure contre la morosité, je suppose. Pourtant en ces temps de guerre civile, c'est le premier usage que j'aurai fait de votre cadeau. Il est vraiment temps que je vous dise merci.
10:46 PM
mercredi, août 03, 2005 Je vais bien finir par en parler Ca fait deux jours maintenant que c'est arrivé. Mes mains s'en sont mises à trembler ; elles tremblent encore un peu de temps en temps. J'ai beau ne pas savoir qui vous êtes, je dois reconnaître que la situation me plaît. J'écris ici pour que vous sachiez que j'ai bien reçu votre cadeau, et que je vous écrirai prochaînement. Dès que les choses se seront stabilisées un tant soit peu.
11:40 PM
AnonyME Bientôt minuit dans le petit bar glauque. Dans le fond de la salle, une fille penchée sur un cahier. La fumée l'entoure, épaisse, nocive mais rassurante. Personne n'ose lui parler, on n'a jamais fait mieux comme carapace qu'un cahier et un stylo. Le verre est presque vide, la fille aussi. Arrive le moment critique où il va bien falloir se demander quoi faire de tout ce vide. L'écriture se fait plus nerveuse, tenir, il faut tenir. Le navire craque. Les yeux toujours fixés sur la page, elle entend le pas du serveur qui vient ramasser son verre dans l'espoir de pouvoir partir un peu plus tôt. -Vous voulez autre chose ? -Oui, je voudrais bien. Le temps marque une pause sur cette phrase qui n'a de sens que pour elle. C'était ce qu'elle pensait en tout cas.
3:21 PM
lundi, juillet 25, 2005 La rumeur Une remarque qui m'était destinée dans une nuit récemment passée me tourne en tête. En substance et hors de tout contexte, puisque ce n'est pas le propos, il était question de s'abstenir. Que je m'abstienne. D'écrire. Parfois. Il est vrai qu'il y a quelques semaines, j'ai modifié partiellement ma manière de venir écrire ici. Pour le meilleur et sans doute pour le pire, je me suis accrochée, j'ai laissé libre cours à d'autres envies, j'ai laissé s'exprimer certaines choses que je n'aurais pas dites il y a trois mois. Et j'ai écrit. J'ai résisté à la tentation d'effacer. Pour ne pas me retrouver asphyxiée. Les messages un peu superficiels que j'ai pu écrire récemment sont d'un côté des manières de redéfinir un peu Fabienne Franseuil, en un peu moins dure, moins grave, parce que je ne suis pas que ça. Parce que je passe toutes mes journées sur ce mode et que j'ai besoin d'air. Parce que aussi, j'aimerais bien sortir un peu de mes ruminations, qu'elles sont parfois trop sombres pour que je les sorte. Dans cette situation je suis trop frustrée pour ne rien laisser. Quant à mes posts "sérieux" de ces derniers temps, les hygiénistes froids diront "oh c'est bien que tu t'exprimes, ça doit te faire du bien" en dodelinant de la tête avec un air bien propre, bien "les problèmes arrivent aux autres et viennent des autres" plein de comisération qui me donnerait des envies d'étranglement. Ceux qui auront compris que oui, c'est eux que je vise, entre autres, se diront que je joue un double jeu, que ce n'est pas bien. Ceux qui se sont dit que Fabienne, elle baisse, qu'ils commencent par cultiver leur jardin, puis qu'ils viennent me trouver. Ca fait bien longtemps que j'attends un adversaire réel. Un peu d'émulation, l'ami(e), tu ne pourrais me faire plus beau cadeau.
1:07 PM