Le blog d'une névropathe (mais vous n'avez rien de mieux à faire, vous?)





























 
Archives
06/01/2002 - 07/01/2002 07/01/2002 - 08/01/2002 08/01/2002 - 09/01/2002 09/01/2002 - 10/01/2002 10/01/2002 - 11/01/2002 11/01/2002 - 12/01/2002 12/01/2002 - 01/01/2003 01/01/2003 - 02/01/2003 02/01/2003 - 03/01/2003 03/01/2003 - 04/01/2003 04/01/2003 - 05/01/2003 05/01/2003 - 06/01/2003 06/01/2003 - 07/01/2003 07/01/2003 - 08/01/2003 08/01/2003 - 09/01/2003 09/01/2003 - 10/01/2003 10/01/2003 - 11/01/2003 11/01/2003 - 12/01/2003 12/01/2003 - 01/01/2004 01/01/2004 - 02/01/2004 02/01/2004 - 03/01/2004 03/01/2004 - 04/01/2004 04/01/2004 - 05/01/2004 05/01/2004 - 06/01/2004 06/01/2004 - 07/01/2004 07/01/2004 - 08/01/2004 08/01/2004 - 09/01/2004 09/01/2004 - 10/01/2004 10/01/2004 - 11/01/2004 11/01/2004 - 12/01/2004 12/01/2004 - 01/01/2005 01/01/2005 - 02/01/2005 02/01/2005 - 03/01/2005 03/01/2005 - 04/01/2005 04/01/2005 - 05/01/2005 05/01/2005 - 06/01/2005 06/01/2005 - 07/01/2005 07/01/2005 - 08/01/2005 08/01/2005 - 09/01/2005 09/01/2005 - 10/01/2005 10/01/2005 - 11/01/2005 11/01/2005 - 12/01/2005 12/01/2005 - 01/01/2006 01/01/2006 - 02/01/2006 02/01/2006 - 03/01/2006 03/01/2006 - 04/01/2006 04/01/2006 - 05/01/2006 05/01/2006 - 06/01/2006 06/01/2006 - 07/01/2006 07/01/2006 - 08/01/2006 08/01/2006 - 09/01/2006 09/01/2006 - 10/01/2006 10/01/2006 - 11/01/2006 12/01/2006 - 01/01/2007 02/01/2007 - 03/01/2007 05/01/2007 - 06/01/2007 06/01/2007 - 07/01/2007 07/01/2007 - 08/01/2007 08/01/2007 - 09/01/2007 09/01/2007 - 10/01/2007 10/01/2007 - 11/01/2007 11/01/2007 - 12/01/2007 12/01/2007 - 01/01/2008 01/01/2008 - 02/01/2008 03/01/2008 - 04/01/2008 04/01/2008 - 05/01/2008 05/01/2008 - 06/01/2008 06/01/2008 - 07/01/2008 07/01/2008 - 08/01/2008 08/01/2008 - 09/01/2008 10/01/2008 - 11/01/2008 11/01/2008 - 12/01/2008 12/01/2008 - 01/01/2009 01/01/2009 - 02/01/2009 02/01/2009 - 03/01/2009 03/01/2009 - 04/01/2009 04/01/2009 - 05/01/2009 05/01/2009 - 06/01/2009 06/01/2009 - 07/01/2009 09/01/2009 - 10/01/2009 11/01/2009 - 12/01/2009 12/01/2009 - 01/01/2010 << current

Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...












 
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur... Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
< ? ParisBlog * >




























Sans Prétention
 
dimanche, janvier 29, 2006  
Age déraison
Ce sont vos victoires, vos colères, vos déceptions, grandeur et décadence s'embrassant à pleine bouche sur la place publique. Ce sont les fils de vos histoires qui vous maintiennent éveillés jusque tard dans la nuit.
Ce sont les cicatrices que vous portez, et qui montrent que vous avez vécu. Cicatrices vives ou anciennes sur lesquelles glisseront de nouvelles caresses. Votre capacité à vivre alors que beaucoup sont, bien que cliniquement vivants, morts avant dix-sept ans, plus tôt encore parfois.
Ce sont les rides aux yeux qui se plissent quand vous vous ouvrez, enfin.
C'est votre art consommé de la chaleur et de la glace. C'est, inespéré, insolent, votre choix de la chaleur.
C'est votre maîtrise du feu, et aussi, un peu, votre capacité à souffler sur la braise.


En amour, l'âge ne compte pas

Ô jeune homme de soixante ans,
Tombe amoureux si tu veux.
En amour, l'âge ne compte pas.

Une règle de l'amour dit-elle
Qu'il faut avoir entre vingt et vingt-cinq ans ?
Qu'a l'âge à faire avec l'amour ?

A seize ans comme à soixante,
Le fleuve souterrain de l'amour suit son cours.
A soixante ans, le coeur peut encore saigner,
Et les doigts saisis d'amour trembler
Dans une étreinte.

A soixante ans, l'esprit peut encore plonger
Dans une marre de boue et en remonter un lotus.

L'âge est une barrière dérisoire
Par-dessus laquelle on peut sauter à son gré.
Au fur et à mesure que l'âge avance,
La jeune plante de l'amour pousse avec luxuriance,
Atteint le ciel et devient un arbre.
Plus elle avance en âge,
Plus une femme sait aimer.

(Taslima Nasreen)


Personnellement, j'ai un programme précis : j'ai décidé qu'à trente ans je serai bien dans ma peau, qu'à quarante je serais irrésistible, et peut-être même que je draguerai de manière éhontée dans les parcs quand j'aurai les cheveux blancs. Parfaitement. Et je suis en avance. Enfin, sur le premier point, vous l'aurez compris de vous-mêmes...

C'est un hasard mais ce poème explique bien pourquoi j'appelle certaines personnes "jeune homme" ou "belle enfant" sans tenir compte du nombre de bougies qu'ils vont souffler à leur prochain anniversaire. C'est tout simplement parce qu'ils sont encore capables de tomber amoureux.

1:51 AM

samedi, janvier 28, 2006  
Apparition
De loin en loin me revient cette image imprécise issue de mon esprit. Toujours la même. Il y a quelques jours, elle s'est éclaircie.
C'est un homme qui passe de pièce en pièce en marchant lentement. La lueur d'un jour de pluie hésite à percer à travers les fenêtres. Sa tête arrondie est penchée, ses yeux sont fixés au sol. Il a laissé ses lunettes sur la table de nuit et tout est flou autour de lui. De toutes façons il ne regarde rien.
Je ne vois pas les traits de son visage, je ne sais pas si je pourrais le reconnaître si je les voyais. Je laisse les images filer.
Dans ses bras, un enfant, un tout petit enfant dans une épaisse couverture. La maison est silencieuse, au loin on entend les premiers soubresauts de la ville. Tout est calme.

Plus près, plus précis.

L'enfant est une petite fille. Sa petite fille. Il la tient serrée contre lui. D'ordinaire c'est sa femme qui se lève, mais ce matin c'est lui qui vient chercher la petite dans sa chambre. Quelques instants, pour eux et rien qu'à eux. Bientôt il faudra marcher vite, faire du bruit, penser à autre chose, ne plus être ensemble. Bientôt...

Plus près, plus précis.

Le jour a pris sa décision et la pénombre se dissipe. Les rideaux de velours épais et les voilages, encore une fois, n'ont pas gagné leur sempiternelle bataille contre la lumière qui rend ses couleurs à la tapisserie à losanges bruns, ocres et oranges.
Un autre temps.
Confusément je commence à comprendre.

La petite fille s'est rendormie, bercée par les mouvements de son père. Tout à l'heure il la reposera dans le berceau qu'il a fait pour elle. Un grand berceau de bois aux larges bords, pour éviter qu'elle ne tombe et se fasse mal quand elle sera plus grande et qu'elle n'aura plus envie d'attendre qu'il la prenne dans ses bras pour en sortir. Un berceau bleu sombre, orné d'un motif géométrique de grandes fleurs aux couleurs vives. Du rouge, de l'orange, du jaune. Et en dessous, des réseaux de grandes feuilles vert tendre et sombre qui se terminent en crosses. Il lui en a fallu du temps pour le construire, ce berceau. Ca lui permettait d'être avec elle, déjà, d'attendre qu'elle vienne. Il est particulièrement fier des fleurs.

Les traits de l'homme ne me sont pas apparus, mais je me souviens parfaitement des fleurs du berceau, et de sa profondeur où j'ai dormi longtemps.

1:55 PM

vendredi, janvier 27, 2006  
Silence radio
Les yeux mi-clos, avant de me plonger sous la couette, je passe ici. Je ne poste pas beaucoup en ce moment ? Vous êtes observateurs. C'est pas moi, c'est le temps qui s'accélère. Encore. Quand j'étais petite, les années étaient longues, mais longues. Aujourd'hui les mois filent sans que j'aie eu le temps de retourner la page du calendrier.
Que dire ? Que dire ici ? Je n'ai pas très envie dans l'immédiat d'écrire l'un de ces petits textes à quadruple sens dont je vous gratifie régulièrement. Finalement pour l'heure je préfère me taire. Quant au reste, je ne sais pas si ça peut vous intéresser...
Mardi je suis retournée au centre de dépistage de la Croix Rouge. Faire le point, tirer un grand trait noir sur les mois qui se sont écoulés, plutôt que de déchirer la page. Il est bien, ce centre, vous devriez aller y faire un petit tour, je suis sûre que ça vous plairait. J'ai repensé aux dernières fois que je m'y suis rendue, à mes colères tonitruantes de devoir y aller toute seule, l'isolement à l'attente des résultats. C'est drôle finalement. Ma place n'est sans doute pas dans le rôle de la petite chose fragile. J'ose penser que je n'ai plus besoin de ça.
Aujourd'hui j'ai décroché ma première proposition concrète pour les artistes à qui je sers d'"agent artistique". Fière, mais fière je suis !
Aujourd'hui j'ai reçu un coup de fil d'une personne avec qui j'ai passé un entretien pour un travail assez intéressant. Je devrais avoir des nouvelles d'ici la fin de la semaine prochaine. Trois personnes encore en lice pour ce poste. J'essaie de ne pas trop y penser.
Ces derniers jours, j'ai appris (par mon silence) à un jeune homme rencontré via Meetic à se civiliser. Il paraît qu'il y a moyen de faire "autre chose". On verra bien.
Hier soir, soirée un peu spéciale avec la belle Arlésienne. Jusqu'au dernier moment j'ai pensé qu'elle ne viendrait pas. Soirée tout ce qu'il y a de plus agréable, très policée. Je reçois ce soir un mail où elle me dit qu'elle a eu du mal à me cerner, qu'elle aimerait savoir qui sont les autres qui me composent. Tiens, quelqu'un qui sait écouter...
Demain je vais déposer mon dossier de demande d'aide juridictionnelle, le premier pas pour divorcer.
C'est incroyable l'incapacité dans laquelle je suis aujourd'hui de parler de ce que je pense vraiment ici. Les lignes que je viens d'écrire ne vont pas au fond des choses. Pourtant, du fond, il y en a en ce moment. Et puis des choses parfaitement incroyables, enthousiasmantes, mirifiques. Mais ce que je pense n'est pas très littéraire en ce moment. Ca me passionne et ça me mène jusqu'à tard dans la nuit, et je me demande si les bénédictions que je reçois de toutes parts vont être contrebalancées par la chute d'un gigantesque tas de briques, mais en parler...
Bon, je vais essayer autre chose.

Ton corps dressé contre le mur
Ecartelé à l'infini,
s'offre et résiste à la torture
de mes caresses, de mes cris
(Higelin, Illicite)

2:10 AM

lundi, janvier 16, 2006  
Et je taille ma route
Le coeur au bord des lèvres. Encore un bout de vie. Un bout de vie.
Se tenir sur le fil. Je dors non loin de lui. Des années qu'on avait dormi si proches. J'imagine son corps allongé. Si proche. Si proche. Je suis au milieu d'un grand espace glacial, la verrière éclaire le lit de fortune préparé pour moi, chaud et rassurant même pour mon coeur à vif.
Tout ce que je voudrais lui dire. Peut-être la pudeur me sauve ? Peut-être qu'elle m'enferme. Nos visages se confondent. Regarde le fixement, tu me verras. Regarde moi dans les yeux, tu le verras. Puissant, vif, calme et offensif.
Je me rappelle la dernière nuit où j'ai dormi à côté de lui. La nuit du Cavalier à la Lance Molle. Je pense à tout cela en me retournant sans cesse jusqu'à ce que la fatigue me surprenne.
Le lendemain. Ambiance familière. Café amer. C'est étrange le plaisir que j'éprouve à le boire. Le timbre de sa voix qui se mélange à la mienne. Désirs contradictoires. Matin feutré, d'autres dorment dans la maison. La maison. Ma place est là, aussi. L'idée me trouble. J'ai lutté pourtant.
Je l'accompagne jusqu'à la salle de bains. Oh mais je voudrais pas te déranger, et puis ça va consommer beaucoup d'eau... Il veut, il sait. Il me fait couler un bain dans la grande baignoire. Je le regarde faire. Gel douche, et puis la petite touche de lait pour bébé. Il fait son dosage consciencieusement. Des gestes simples, très simples. Désarmants.
Même regard, même visage. Et peut-être, cette capacité à se tailler la part du lion au milieu du chaos. Semblables, mais différents, il faut que j'apprenne. Semblables, mais différents. Différents, mais semblables.

10:15 AM

 
5h40
Je me tourne, me retourne. La tête pleine à éclater, d'idées, de gens, de mots. Ne vous attendez pas à du structuré encore une fois.
Hier en me promenant au hasard, écoutant du chaud et du froid pour garder le cap, j'ai découvert que même Miossec...
Boire, Baiser, Apprendre. Et puis Ta chair ma chère. J'en reste muette. C'est joli. C'est inattendu. C'est très joli.
Je vous avais parlé de félicité ? Voilà, je suis au coeur d'un de ces moments. J'ai ouvert mes volets sur la nuit où se pressent des figures emmitoufflées, qui se hâtent dans toutes les directions. J'en suis une de la pensée...
Pour ma part j'ai le temps de savourer ces premiers moments. Mon premier cadeau de la journée.
Je pense à une jeune fille. Peut-être qu'elle dort, j'espère en tout cas. Rien ne lui a été retiré. A tout hasard, je lui souhaite une nuit paisible et heureuse.
Si j'étais en état, je vous parlerais d'un verre de vin. Je vous parlerais de la place du Panthéon, de cet épisode devenu mythique que je n'arrive pas à écrire depuis... Oh, quatre ans ? Il est tellement chargé d'histoires successives que j'hésite... Ca me prendra sans doute d'un coup, et alors il faudra que je publie sans relire.
Je pense à un petit jeune homme que j'espère moelleusement endormi dans des bras tendres. Pour lui je voudrais une châtoyante fin de carême.
J'ai envie de me trouver au centre d'un grand cirque vide, de raconter l'histoire des âges dans la pénombre. Commencer lentement, tisser le fil qui relie le passé au présent et qui file vers l'avenir (je ne parle pas de destin, je parle d'avenir, toujours). La voix qui résonne dans l'espace obscur, au milieu des ombres furtives. Et puis prendre place entre mes mots, parce que ma place est là. Parce que je sais que la fin de l'éclipse est proche, même si j'en porte toujours la marque.


6:30 AM

samedi, janvier 14, 2006  
A la ramasse
Ouhouuuuuu, Fab, ma chérie, secoue toiiiii !
Rien à faire. Entre les maladies diverses et variées, les dossiers super-ultra urgents et les impératifs vitaux qui demandent du temps, je me demande comment je vais faire pour faire régresser la montagne de choses à faire qui s'amoncelle gentiment jour après jour. Là je sèche.
Vous avez manqué une bonne dizaine d'occasions de vous prendre en pleine face mes élucubrations diverses et variées... Ca mouline dur en ce moment, entre les grands bilans personnels, les déliriums (non, je dirai pas les deliria, je connais mon latin mais je parle français, là) engendrés par mon esprit surchauffé. Parce que c'est un peu la surchauffe, j'ai la tête pleine, les mains qui tremblent, je parcours l'appartement de long en large, l'air très concentré. Bientôt il ne restera plus de moi qu'un petit tas de cendres. Vivre tue.
Comme d'habitude quand j'arrive après un silence riche, ça part dans tous les sens. Accrochez vous. Tiens, je suis tombée en arrêt devant une devanture étrange.
Hier, dispute avec Thiom. Je fatigue, vraiment. On fatigue. Il serait temps que quelque chose change. Je suis sûre que vous aussi vous fatiguez de me lire sortir mes gêgnardises à longueur de posts. Je pense aux papiers de l'avocat que j'ai reçus la veille, les choses se présentent bien, un peu plus lentement que je ne souhaiterais, mais ça avance. Ca ne m'a pas empêchée de me trimballer du gris au-dessus de la tête toute la journée, mélange de colère, de tristesse, de fatigue, avant de trouver une chanson de Kent, "Au revoir, adieu".

Mais avec le noyau dur
Ceux qui restent à mon sursis
Je vais te bouffer, Ô ma vie,
J'boufferai même tes épluchures

Il faut se dire adieu
Se dire au revoir
Ca dépend des dieux
Au revoir adieu


Je pense à ce que j'ai appris ces dernières années. Etre aussi peu mesquine que possible, me demander ce que j'éprouve, me mettre à la place de l'autre autant que je peux, vivre dans le mouvement. C'est peut-être ce dernier point qui me trouble le plus, il faut dire qu'il est assez récent. Il y a quelques années, quand j'ai commencé ce blog, par exemple, je cherchais à fixer les choses importantes. Une construction avec des fondations bétonnées me semblait l'entreprise la plus solide. Peur que la moindre chose change, j'étais prise dans un carcan de métal que je reserrais moi-même dès que je pensais que j'avais un peu de place pour respirer. Récente nouvelle, j'ai trouvé du travail qui en mars devrait me propulser loin pour plusieurs mois, intéressant mais trop mal payé pour que je puisse me permettre de prendre une petite chambre en colocation (eh oui, un petit jeune adorable avait réussi le tour de force de me donner envie de me remettre en colocation)... Je n'aurais peut-être pas de pied à terre à moi sur Paris dans cette période. Pas de chez moi pendant plusieurs mois, c'était tout bonnement inconcevable il y a quatre ans.
Partir ? Ouh, je ne dis pas que ça ne me fait pas un peu peur, mais je me dis que j'ai peu d'attaches, que celles qui comptent survivront à cet éloignement. Et je pense qu'à moi, ça me ferait beaucoup, beaucoup de bien. Tout n'est pas encore sûr et confirmé, mais sauf autre poste très alléchant sur Paris, ça se fera.

Tous mes enthousiasmes se sont réveillés et me laissent épuisée sur les rives de mes journées bizarres. Il va falloir que je trouve le moyen de soutenir ce rythme délicieusement infernal, ou la prophétie du petit tas de cendre va vraiment finir par s'accomplir. Je suis tellement bien dans ce déséquilibre.

8:37 PM

mardi, janvier 10, 2006  
Vertige

Apportez moi du vin
Que je tache ma robe
Car je chancelle d'amour
Et l'on m'appelle sage


(Hafiz, cité par Gide dans les Nourritures Terrestres)

6:17 PM

lundi, janvier 09, 2006  
Infidèle
-Tu n'as donné aucune chance à notre relation.
Phrase étrange. Je marque une pause. Comment réagirait-il si je lui disais ce que je pense réellement ? Que cette relation écrasée au sol manque de... transcendance ?
Alors je prends le temps de lui montrer les signes extérieurs du phénomène, point par point, que ce qu'il éprouve n'a rien à voir avec moi. Que jamais cela n'a eu quelque chose à voir avec moi. Non que ça me plaise. C'est une rencontre qui n'a pas eu lieu. Peut-être que je n'ai pas su lui plaire suffisamment pour qu'il se mette vraiment en danger.
Cause the love that you gave that we made wasn't able to make it enough for you to be open wide (no).
Je lui parle de solitude, je lui parle de son désir aveugle, indifférencié. Que moi aussi j'ai fait partie de cette bouillie dont il se satisfait, ou dont il fait mine de se satisfaire. Que ce n'est pas grave, mais qu'il ne faut pas confrondre certains élans. Que je crois toujours en une certaine forme de fidélité, mais que je ne vois pas comment on peut être fidèle à une personne avec qui l'on n'a pas de liens élémentaires, quand ni l'un ni l'autre ne s'est... révélé ? Je garde le silence sur le fait que (tant qu'à sortir les grandes phrases) c'est lui qui s'est montré infidèle. A ce qu'il était peut-être, à ce que je suis sans doute. Que ma place n'est, et n'a jamais été, là.
Je ne suis pas sûre qu'il soit capable de comprendre ça. Je ne suis pas sûre qu'il en aie réellement envie. Et je n'ai plus envie d'expliquer.

3:46 PM

mardi, janvier 03, 2006  
FF Neuf
Me voilà de retour. Arrivée hier soir, complètement déphasée, dans un appartement glacial, sans eau chaude. J'allume toutes les bougies comme si j'attendais quelqu'un...
Vous savez quoi ? Je commence 2006 amoureuse. Ce n'est pas une grande nouvelle ? Vous avez raison. C'est Thiom qui m'a demandé si j'étais amoureuse, début décembre. Je crois qu'il pensait à quelqu'un en particulier, mais je ne sais pas qui. La réponse est venue immédiatement. La détailler est bien plus compliqué.
Mon voyage en Inde... Les strates profondes et superficielles se mélangent dans ma tête. J'ai encore vu et vécu des choses fantastiques, j'ai voyagé en moi-même aussi... Partir loin pour se regarder marcher.
J'ai revu Calcutta, Babylone bizarre et bondée, j'ai retrouvé la sensation d'assister à des milliers de films diffusés en même temps en pleine rue. Une petite fille qui porte de l'eau dans une cruche, un vendeur de jus de canne à sucre, des jeunes qui se tiennent par les mains et les épaules en faisant beaucoup de bruit. Des bimbo sur-occidentalisées qui vont prier Kâli dans un temple paisible du nord de la ville. Les contradictions réunies dans un étrange balancement, un mouvement fascinant pour notre culture qui veut imposer contre vents et marées qu'une porte est ouverte ou fermée, en oubliant qu'elle peut être entr'ouverte.
Retour au musée de Calcutta, sombre, je me prosterne mentalement devant mes dieux à moi, les liens qui m'attachent à eux et dont je ne dis rien. Le coeur au bord des lèvres. Je suis seule dans les salles. Solitude de l'étude, propice au recueillement.
Les gens qui passent me scrutent, on doit s'y habituer là-bas. On est tellement bizarres il faut le dire. S'ils savaient jusqu'à quel point...
Bhubaneshvar. Une ville plus petite, peu touristique, mais avec quelques merveilles pour qui fait l'effort. J'ai reçu mon compte de ces petites merveilles. Rencontre, enfin, avec des amis de longue date, amis de pierre que je me languissais de pouvoir voir enfin de mes propres yeux.
Bhubaneshvar, ça a été aussi l'occasion de découvrir les hopitaux indiens. Passablement malade en pleine nuit, vertiges, taches devant les yeux, pliée en deux, pas moyen de trouver un docteur, du coup, en toute logique, petit tour à l'hopital pour en trouver un qui me prescrive ce qu'il fallait. Sauf qu'ils m'ont gardée... Intraveineuse avec goutte-à-goutte (ah oui, et des bulles aussi, partout ;-)), plantée après plusieurs tentatives infructueuses parce que "vous avez pas de veines". Piqûres en nombres et produits variés et exotiques... Les infirmières et les médecins qui pour la plupart ne parlent pas anglais... Et puis les indications les plus imprécises, "ne buvez pas", "oh il vous faut boire au moins un litre et demi d'eau", "non vous ne pouvez pas manger", "tenez on va essayer de vous trouver un repas mais c'est pas sûr parce que la cuisine de l'hopital n'a pas encore été construite". Changement d'hopital en cours de route, pour ne plus être dans un dortoir avec des gens qui se agonisaient toute la nuit. Je me retrouve dans un hopital sympa, où les infirmières ne parlent toujours pas anglais, et où on diffuse en boucle et à plein tubes des chants religieux à 10h et 5h du matin... J'espère ne pas avoir besoin de repos pour guérir.
L'épisode se termine par une fuite de l'hopital au bout du deuxième jour, avec un bras manifestement plus grand que l'autre (on ne peut pas faire circuler les eaux du Gange par les veines de quelqu'un sans qu'il en reste quelques traces).
Et puis les trains, avec leur vie propre, les vendeurs de thé qui passent toute la nuit en criant "chaï chaï chaï", les marchands de mouchoirs bariolés, de nourritures diverses dont le sillage parfumé persiste longtemps après le passage du vendeur.
Petit trip en voiture pour une journée, visite d'un de mes temples favoris, puis une cérémonie que j'attendais depuis longtemps. Nous traversons des villages minuscules fichés dans des bananeraies, autour de petits points d'eau parsemés de lotus roses. Je me demande comment vivent les gens de ces villages, comment ils voient la vie, le monde qui les entoure. Je regrette de n'avoir que quelques mots de hindi.
Petite étape plage dans une station balnéaire indienne. Je me rends compte qu'à part quelques perdus à gauche et à droite, on n'a rencontré presque aucun touriste éranger. On s'en passe très bien. Mais vu notre caractère exceptionnel, les Indiens nous demandent souvent de poser pour une photo, au point que nous sommes parfois obligés de refuser pour pouvoir avoir un peu la paix. La rançon du succès. Il faut dire qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de blancs qui pêchent à la lisière des vagues...
Je profite d'un peu de calme pour appeler Chal. Le fait que je ne passe pas par le Karnataka l'a mis en froid. Mais dès la seconde où il réalise que c'est moi qu'il a au bout du fil, tout s'évanouit. "Anywhere with you". Encore un drôle de lien.
Puis 24h de train pour rejoindre Hyderabad. Sur le quai, je discute avec un mec qui commence une thèse en sociologie sur les dalits (les Intouchables, dont il est membre). Discussion intéressante, on échange nos mails, le sujet m'intéresse, il me dit qu'il m'enverra les articles qu'il a déjà publiés. Puis chacun s'installe dans son wagon pour dormir. Il dit qu'il descend dans quatre heures seulement pour prendre une correspondance, on se souhaite un bon voyage et on se dit au revoir.
Installation sur les couchettes du train. Il y en a trois par mur, je me colle dans la couchette centrale. J'ai un peu l'impression d'être prise en sandwich mais ça va.
Enfin, ça va jusqu'à ce qu'à quatre heure et demie, le mec avec qui j'avais discuté ne débarque sous mon nez en plein milieu de mon sommeil. "Je vous dérange ?" Grml. Il commence à me parler assez fort, se rapproche de plus en plus. Des sensations bizarres me viennent, une espèce de malaise me vient, mais je me dis que c'est pas possible, il avait l'air civilisé le monsieur. Il me pince la joue, me sort que c'est une sacrée chance qu'on a eue de se rencontrer. Ca me semble bien étrange, comme formulation. C'est un peu dangereux de parler pour l'autre sans savoir ce qu'il en pense...
Là où ça a commencé à craindre c'est quand il a tenté de m'embrasser de force, la main derrière la nuque. La configuration des lieux me donne la désagréable sensation d'être coincée. "Vous devriez partir maintenant". Petit moment de panique entre la veille et le sommeil.
Le train indien. Les rizières qui défilent derrière les palmiers et les bananiers, les aigrettes blanches qui pêchent dans les étendues d'eau où le ciel se reflète, le vert tendre des jeunes pousses de riz. Les gens qui se lavent aux rivières. Femmes en sari qui travaillent aux champs. Des milliers d'images, et toujours, le parfum de la terre.
C'est avec tout cela que je rentre. Et plus encore.

Moi je pense que 2006 sera un très bon cru. Je sais que ça promet d'être une galère sans nom, mais qu'on aura des vrais moments de pure félicité. Et que c'est ça qui comptera. A tout prendre en tout cas, je préfère ça à une vie sans chaos mais sans goût. Se battre, encore, détourner la puissance de la rage pour faire quelque chose.
Belle année à vous.

11:14 AM

 
This page is powered by Blogger.
 XML