Le blog d'une névropathe (mais vous n'avez rien de mieux à faire, vous?)





























 
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Le sieur Jean-Luc-sur-son-blanc-destrier a fait la peau au dragon qui gardait mes Très-Saintes-Pattes-de-Mouche et terrorisait par la même occasion les braves gens vivant dans les vertes contrées de ce pays merveilleux, et cela depuis, pfiuuuu, au moins une année...












 
Fabienne Franseuil est une brelle de la technique, mais l'euthanasie n'est pas autorisee dans ce beau pays. Vous pouvez la joindre via le mail à fabienne.franseuil[at]free.fr. A bonne entendeur... Et puis vous pouvez aussi aller vous promener par :
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Sans Prétention
 
samedi, mai 31, 2008  

Djer

La porte s’ouvre, dans l’encadrement, un garçon aux yeux en amande et au regard clair. Les amandes qui se plissent, deux bras se referment sur moi comme sur un trésor difficilement estimable. Il murmure, sourit, me libère de mes sacs, de ma veste. Mène une bataille rangée contre l’oppression textile.

Par la fenêtre, une église. Au portail de cette église, une dame aux longs cheveux noués en une tresse fine. Je me suis encore arrêtée pour la regarder longuement avant d’aller le rejoindre.
La maison est calme. Il y a toujours un ordinateur allumé et des contacts msn qui dingdonguent de temps à autre. Feeder chante sans discontinuer, se grave en surimpression sur nos mémoires. Il y a ce grand lit dont les pieds cèdent toujours dans les moments les plus inopportuns, nous chassant vers des lieux plus stables.
Une étoile au plafond diffuse sa lumière parcimonieusement.

Ses cheveux en bataille lui donnent un air de doux dingue que je suis dans ses vertiges. Ses lunettes qu’il pose, reprend parfois pour me regarder. Mes mains cartographient, dessinent, inlassables, des sentiers sinueux. L’amour prend le chemin des écoliers, j’atermoie, ponctue, biffe et reprends, puis il me défie du regard en s’humectant l’index et le majeur et je ne réponds plus de rien. Encore une fois les pieds ont cédé dans un grand fracas et il faut déménager sur le canapé.

Il a lu mon journal de voyage en Inde. C’est lui qui me l’a demandé. Garam larki, il m’appelle maintenant. De temps en temps, l’air béat, il lance avec l’accent un « I love my India ». Forcément. Si tu m’aimes, tu l’aimeras aussi.

Son monde. Et le mien.

Bien sûr que je me suis un peu inquiétée quand il m’a dit qu’il y avait là-bas, à Rennes, une copine d’enfance qu’il avait envie de connaître mieux et qu’il allait essayer d’aller la voir bientôt. Cela fait longtemps que j’attends ça. Hormis les surprises que cette badine de vie nous réserve, j’ai confiance. C’est la meilleure forme d’amour que je puisse offrir, des liens qui libèrent plus qu’ils n’enferment. La crainte rend petit et mesquin. Et moi, moi, j’veux être grande et belle.


5:09 PM

 

Pourquoi j’aime les bollywood

Toujours un soir. Je paresse, allongée contre le corps paisible d’Amorgen. Là-bas, sur la table, il doit y avoir deux verres de vin vides, une bouteille épuisée. Je regarde ce panneau de bois représentant deux longues femmes. Une question anodine.

Il la pose avec un air d’incompréhension profonde. Les mots sont hésitants au début, le reste suit en bloc : pourquoi, toi, tu aimes les bollywood ?

Haha. Avec la vie que tu mènes, Fab.

J’aime les bollywood parce que ça parle d’amour et que j’avoue que c’est une émotion que j’aime tout particulièrement, multiforme, métamorphique, une émotion qui rend meilleur, ou pire. Un révélateur.

On pourrait me répondre « Oui mais l’amour des bollywood est sirupeux, on a la sensation que c’est la st Valentin tous les jours ».

Certes les goûts indiens pour les roses rouges sont quelque peu irritants pour moi qui n’aime pas les roses. Mais elle est sirupeuse, l’impulsion d’un amant qui joint les mains de son amante et celle se son meilleur ami parce qu’il sait qu’il ne vivra pas assez longtemps pour qu’elle soit heureuse avec lui ?

On pourrait me répondre « Oui mais ça n’existe pas ce genre d’émotions dans la vraie vie ».
Ah bon ? Ouvre toi aux autres, permets toi d’éprouver ce que tu ressens, vraiment. Ecoute toi, retrouve ton chemin parmi les cadres culturels dans lesquels tu as toujours vécu. Parfois tu te retrouveras dans un cadre ou un autre, d’autres fois, non. Les définitions qu’on t’a données en bagage ne te suffiront plus parce que les sentiments à l’état naturel ne sont ni carrés ni rectangulaires. Une fois ce seuil franchi, tu sauras enfin la nature réelle de ce que tu éprouves.

Ce que j’aime dans les bollywood, c’est que les limites des émotions sautent et se redéfinissent sous l’impératif de l’ouverture et du don. Cela se produit dans une société, la société indienne, qui est très structurée par tout un tas de règles. Les bollywood ont pour moi la valeur d’un exemple dont on peut trouver la déclinaison en moins spectaculaire (ça reste à voir), dans notre société.

Le caractère transgressif et destructurant de l’amour en fait une valeur ambiguë, aussi choyée que crainte et combattue. « Que se passerait-il si tout le monde vivait ainsi ? ». Les choses seraient probablement tout à fait compliquées, d’autant que la réflexion personnelle, et sur ce genre de sujets à plus forte raison, n’est pas encouragée. Elle fait partie, au mieux, de la sphère privée, et pour cause. Je ne vois pas une société encourager des réflexions individuelles qui peuvent la mettre en danger, et peut-être la mener à son extinction. Les religions, les codes civils ont posé des normes pour permettre une perpétuation sociale de génération en génération. Avec la cellule familiale, des fils qui perpétueront le nom. Nos pensées sont marquées par cet impératif de conservation dans la préoccupation dans laquelle nous sommes de « construire » et la manière de le faire.

Voilà pourquoi on me dit que je ne construis rien. Que nous ne construisons rien. J’ai beau ne pas être d’accord, je comprends. Ca ne m’empêchera pas de poursuivre dans cette voie dans laquelle je trouve enfin le meilleur épanouissement. Voilà ce que je vois dans les histoires étranges des bollywood.

Je ne suis qu’une fille, et ce n’est pas moi qui transmettrai le nom de mon père, ni celui de ma mère d’ailleurs. J’ai quitté la maison familiale depuis longtemps. Quand ma mère mourra, j’accepterai son héritage, mais je ne possèderai pas avec d’autres cette maison.

Quand je mourrai, on voudra mettre mon corps dans le caveau familial, quelque part dans l’ouest. L’idée que mon corps soit déposé dans ce caveau à six places (pour mon père, ma mère, mon frère et mes sœurs, ohoo), où l’on a déjà placé mon père, m’est désagréable, mais moins depuis quelque temps finalement. J’y ai pensé quand j’ai divorcé, que si je mourrais maintenant, ce serait à ma famille biologique de disposer de mon corps. J’ai longtemps fantasmé qu’on m’incinère pour que j’échappe à ce retour dans des cadres dans lesquels je ne me retrouve pas. Un enlèvement post mortem. Mais ce n’est qu’un fantasme et je ne veux pas que ceux qui resteront se pourrissent la vie avec cela. Je voudrais qu’ils poursuivent leur chemin. Peut-être que ça leur ferait du bien d’avoir un lieu où retrouver une trace de moi. Je connais mal les mécanismes du deuil.

Je fonde des liens qui pour signifiants, tellement signifiants qu’ils soient à mes yeux et à ceux de qui partage ma vie, n’ont aucune valeur aux yeux de la société, ce que je comprends parfaitement. Au-delà de ma vie et de ceux que j’aime, rien ne restera que quelques écrits, des traces qui se disperseront et perdront leur sens. La postérité ne saura rien d'à quel point on était beaux, forts, puissants et irrésistiblement drôles. La pauvre.

Voilà en quelques mots (et quelques digressions) pourquoi j’aime les bollywood. Qu'est-ce qu'on ne raconterait pas comme bêtises pour ne pas avoir à confesser une attirance coupable pour le grand Shah Rukh Khan, dont les posters pavent les murs de mon petit studio où je rêve qu'un jour il viendra m'enlever pour aller danser une chorégraphie improbable sur les Champs Elysées couverts de tulipes.


3:14 PM

 

Dans les pas du maître

C’est Antisocial qui ouvre le bal quand je me lève (je perds mon sang froid).
Midi passé. Je baille, les yeux collés de sommeil.

Sur l’étagère, un prince se frappe la tête contre les parois de son bocal. Les plantes photosynthétisent gentiment. Je me rallonge pour me rappeler le plaisir de cette nuit. Mon lit.

Je jette un œil sur le bureau. A côté du mammouth violet qui me fait des yeux interloqués entre ses deux grandes défenses incurvées, deux carnets. Aujourd’hui j’ouvre le plus grand, carnet noir à spirales et feuilles blanches. Aujourd’hui j’y poserai une peinture, une nature morte de Cézanne.

J’aurais voulu un maître, je m’en passerai. Pour dire le vrai, je crois ne pas en avoir vraiment besoin.


12:30 PM

mercredi, mai 28, 2008  

Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir

C’est un message. Qui répond au mien, ancien, trop ancien. Tu veux passer chercher les clés. J’espère t’offrir un verre, peut-être manger avec toi si tu as un peu de temps. Je te dis oui, je te dis passe. Je t’attends chez moi, mets sur le feu quelque chose, j’attends que tu m’appelles pour me demander le code. Ca sonnaille au mobile. Tu seras dans cinq minutes devant le Club Med. Pas chez moi. Tu files en voiture et tu ne t’arrêtes pas. Je descends te rejoindre avec un ou deux nuages dans la tête, ça assombrit un peu l’horizon, mais s’il faut, j’y vais. Puis tu trouves à te garer près de chez moi parce que tu te rends compte que la course de relais ça n’est pas très pratique. Je rebrousse chemin, vois ta silhouette devant la porte de l’immeuble. La clé, je te la rends, tu restes debout, tu discutes à peine, tu n’es pas là, tu t’en vas et le gris s’est un peu assombri, juste un peu mais sensiblement.

Je l’ai dit encore, « appelle moi qu’on se fasse quelque chose ensemble », « tu m’avais dit que tu me montrerais comment tu travailles un jour ». Il prend des notes mentales dont il ne fera rien.

Il passe, le temps, tu le sais très bien. Je ne sais pas où tu cours comme cela. Je sais bien que vendredi soir tu es à cette soirée avec plein de gens que je connais, cette soirée à laquelle je suis bien entendu « cordialement invitée ».

Noyés dans la masse. Comme d’habitude.

Je suis assez grande pour distinguer le don et le partage. On ne me fera pas confondre de la figuration et une présence réelle. Je voudrais que tu nous offres du temps. Je me suis usée à te le dire, à te le répéter. Que je voulais un vrai moment - un moment vrai.

Je suis fatiguée, je suis très fatiguée. Il est temps que je fasse quelque chose là-dessus aussi. Quand il y a quelques semaines je comptais sur mes doigts au creux de la vague, il y avait toi, et ta manière de jouer les fantômes dans ma vie.

Je ferai avec toi comme j’ai fait avec d’autres. De ce que tu ne me donnes pas, je te volerai une partie, un bout de toi qui fera partie intégrante de moi. Plutôt que de m’appauvrir à mendier, je m’enrichirai, je m’embellirai à faire vivre cela.

Ma porte te reste ouverte mais je ne peux plus t’attendre.


11:29 PM

lundi, mai 26, 2008  
Shibari

Je suis debout, les yeux fermés. Inutile de me les bander, tu sais bien que je les garderai fermés jusqu’à ce que ce soit mon corps qui me l’impose.

Un premier contact, le lien qui file le long de ma peau. Chauffant l’épaule, contournant un sein, s’enlaçant à mes poignets maintenus dans mon dos. A mesure que filent les cordes, je me fige dans un silence qu’entrecoupent mon souffle court répondant au tien et le murmure des liens. Sous cette contrainte, les marges pleines de mon plaisir confiant s’étendent librement, ma perception aiguisée, aux aguets dans le silence de la pièce.

Le rayonnement de ton corps près du mien. Tu disposes, t’assures de l’ensemble, son esthétisme, sa fermeté, de son confort aussi. Je sens ton souffle, tes doigts qui me frôlent, ta présence, ta tendresse, en ce moment parfait où bien qu’aveuglée je sais où je suis.

Au fil du cheminement des liens, comme en miroir, d’autres liens, noués il y a longtemps, trop longtemps, glissent et se délient sous ma peau, à mesure que tes doigts cherchent leur chemin.

Puis tu dénoues tes liens et lentement, me rends à moi-même.


Ne t’inquiète pas des traces qu’auront laissé nos jeux sur mon corps ; c’est en moi que se trouvaient les liens les plus douloureux. Quand je partirai, je garderai ce fil de soi, infime, extensible, qui me relie à toi.


12:09 AM

jeudi, mai 22, 2008  
Vide-poches, vide mots

-Je veux pas qu'on se marie, je veux pas qu'on ait d'enfants, je voudrais qu'on fasse un long bout de chemin. Il est tard, l'obscurité dissimule jusqu'aux sourires...

-Occupe-toi d'Amélie

-Ton corps, dressé contre le mur, écartelé à l'infini
s'offre et résiste à la torture de mes caresses, de mes cris

-Bwaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa (bande son "Girls wanna have fun" de Cindy Lauper) (le pire c'est que je le fais presque à chaque fois que j'entends cette chanson)

-c'est en termes de plaisir échangé qu'il faudrait compter.




10:21 PM

mercredi, mai 21, 2008  
Tirer un trait
Ce que je lui reproche ?
Que je n'aie pas eu 15 ans. D'avoir à cet âge été un petit simulacre de mère en même temps que de future épouse, soumise et étriquée.
Qu'il ait invoqué ses tendances suicidaires pour me forcer durant une année n'est rien en comparaison du fait qu'il ait ouvert devant moi un lourd ouvrage d'embryologie pour que je désigne ce qui était sorti de mon corps quelques mois auparavant.
Qu'il m'ait coulée avec lui alors que j'étais sa cadette de quatre ans.

J'en ai eu envie. Retourner le voir, tout piétiner dans sa vie comme il l'avait fait dans la mienne. Avec méthode, consciencieusement. Mes doigts frémissaient d'impatience d'écrire ce fameux mail anodin. Fut un temps je n'aurais reculé devant aucun artifice.

Hier soir, je marche dans la rue Oberkampf, j'écoute de la musique. Au moment où Excalibur de Sheller commence, je lève les yeux et je vois sur le mur trois panneaux que je connais bien. Un timing parfait. Un message on ne peut plus clair.

Mais je n'irai pas. Je ne ferai rien. A cause de lui je n'ai pas eu 15 ans. L'adresse, je l'ai. Je suis à peu près sûre que c'est la bonne. J'ai cette possibilité, le l'ai pesée, mais je ne le ferai pas. Parce que j'ai aujourd'hui des raisons réelles de laisser ça définitivement au passé.

Je n'ai pas eu 15 ans. En toute logique, il me reste une année pour faire plein de bêtises. Yahaaaaaaaaa !

1:02 AM

mardi, mai 20, 2008  
Subversion et submersion, ou "Ne t'éloigne pas trop du bord du pédiluve, mon chéri"
Soirée avec les copains théâtreux. Une sorte de répèt autour d'une scène pour rire où il est question d'une vieille femme qui raconte ses aventures sensuelles et sexuelles. C'est amusant, c'est joli. Le St Pourçain coule gentiment et les langues se délient. Il y a une fille qui lance quelques mots sur des histoires d'épilation qui amorçent une discussion plus large sur le sexe, la libération sexuelle, la libération des moeurs. J'écoute beaucoup. Et puis forcément puisqu'on s'engage dans un domaine où j'ai quelque chose à dire de pas trop stupide et de pas trop bateau, je jette une première remarque. Laisse passer quelque temps, en lance une deuxième. Quelque chose cloche. Les participants s'émerveillent de leur audace, et moi je ne vois rien. On n'a pas commencé le début du quart de l'introduction que les voilà pleinement satisfaits. Il faudra que le mec d'une s'épile parce que sinon, plus de pipe, et la libération sexuelle touça, on a fait vachement de progrès, on peut... enfin... si on voulait on pourrait. Et on parlerait librement, mais pas de ça quand même parce que faut pas déconner.
Je suis pleine de bonne volonté et j'aurais bien aimé y croire, hein. On était un ramassis de trentenaires, en 2008. A trente ans, on a eu un peu l'occasion de se tester, voir un peu ses limites, se triturer d'un peu partout avec les doigts, les méninges et tout le reste, on se connaît un peu mieux, on connaît un peu mieux le corps des autres. Les propos peuvent se permettre d'avoir du corps. Saloperie d'anniversaire de mai 68, misérable miroir de notre pauvreté et de notre indigence.

Une discussion aussi subversive qu'un mode d'emploi de la Tisanière, autant de sensualité qu'un Epilady. Je vide mon verre. J'ai horreur des villes fantômes, où tu crois te promener dans une avenue animée et où tu pousses la porte du saloon pour constater qu'elle n'ouvre que sur le désert.

8:40 AM

lundi, mai 19, 2008  
Amour laborieux

On n’est pas éduqués à connaître la nature exacte de ce qui nous lie aux autres.

Ca m’est tombé dessus l’été dernier, en août à Hyderabad. J’étais en transit pour Aurangabad, une trentaine d’heures de voyage en tout. J’arrive dans l’Hyderabad mélangée, où se pressent les femmes voilées, les femmes en sari, les hommes pressés qui vont rejoindre leurs familles dans les alentours de cette ville fourmillante. Un cyber. Un joli cyber, avec de l’air frais, des ordinateurs en état de marche et une connexion qui va un peu plus vite que ce que j’ai eu dans la vieille ville de Bénarès.

Je lis mes mails. Je suis seule, et je me sens seule. Besoin du contact des miens dans tout le bordel de ce voyage. Et puis je regarde ça (profite, j'enlève dans une semaine maximum) :


C’est pas tout à fait ce que j’écoute d’ordinaire, mais ça me fait du bien. Et ça me rappelle quelque chose. Je regarde à nouveau, je regarde en boucle, je regarde le reste. Et ça fait tilt.

On en a traversé, des moments pas intéressants. On s’est disputés, déchirés, avant d’arriver enfin à la conclusion qu’on ne cherchait pas la même chose. Et puis on s’est perdus de vue.

Mais il y a une chose, une seule, qui est toujours restée. Une seule sur laquelle j’avais en lui une confiance absolue. Bien sûr, j’étais mal placée pour que cette confiance puisse avoir du crédit. Pourtant, après tout ce temps, elle est restée intacte.
Quand il se mettait devant son écran, ses consoles, dans la touffeur de sa chambre. Son visage de profil. Les éléments qui reviennent en boucle, modifiés, remodifiés, modifiés encore, léchés, pétris, polis jusqu’à ce qu’il soit tard, très tard. Cent fois sur le métier. Cette exigence du détail, tout simplement fascinante. Jusqu’au résultat final.

Il a cette capacité à concevoir, à sentir les choses que j’ai eu le plaisir de connaître de près. Dans ces moments-là il était vivant. Il était beau.

Pour tout cela, respect, monsieur, profond respect.

6:19 PM

 
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